Vous vous souvenez de votre déception de collégien ou de lycéen à décortiquer un poème de Baudelaire ? A le réduire à une approche scolaire, technique . Les oeuvres qui se laissent résumer peuvent éventuellement se limiter à ce résumé. Les œuvres véritables résistent, dépassent l’approche technique, esthétique, universitaire, les grilles de lectures.
C’est le cas d’Inverso Mundus qui crée un univers, une esthétique, un tempo, une cohérence qui lui sont propres. On se sent privilégié d’assister à une projection de ce qui ne peut se réduire à une video. Il y a là, en effet, l’expérience d’une forme d’initiation – à vivre au cœur d’Annecy pendant que d’autres, autour, se promènent, goûtent aux plaisirs du lac tout proche – apparemment hors du temps, du quotidien et dont la portée artistique, émotionnelle et politique submerge, dépasse le lieu, le contexte, l’époque. L’esthétique, le foisonnement créatif, certaines tonalités qui rappelleraient la Renaissance, le ralenti des images, la musique classique habillent la douce violence du sens ; car tout, dans Inverso Mundus, est décalage, rappelant inévitablement les théories de Mickaël Bakhtine qui présente le carnaval comme l’un des thèmes culturels et artistiques fondamentaux traversant l’Occident, de Rabelais à Hugo, de Flaubert à Maupassant , par exemple, pour nous Français.
Le carnaval ? C’est la soupape qui permet à la société de continuer à fonctionner : défilé, défoulement, masque qui autorise les excès, inversions des valeurs, du haut et du bas, du masculin et du féminin, de l’Homme et de l’animal…Rappelons-nous le Molière d’Ariane Mnouchkine, de la violence des scènes de carnaval auxquelles assiste le futur Molière.
Monstres, chimères et autres créations habitent Inverso Mundus, êtres fabuleux nageant ou volant, on ne sait trop, structures d’algues devenant palais qui nous transportent dans leur mouvement et nous font nous demander si les monstres, finalement, ne sont pas les humains, leur fonctionnement technique, administratif sclérosant.
Inverso Mundus relève de l’utopie d’autant plus rafraîchissante que notre monde est noyé de chiffres, de statistiques, soumis aux lois de la productivité et du rendement. L’œuvre d’AES+F fait exploser ces cadres pour proposer , à la manière d’un carnaval, un nouvel équilibre du haut et du bas , des humains et des chimères, nouvel équilibre qui remplace le cloisonnement de notre monde géré par des gens sans imagination, bouffée d’air pur, respiration différente.
Nous retrouvons ce thème du carnaval – décidément – dans l’exposition que le Musée/Château d’Annecy consacre au travail et à l’œuvre de Jean-François Laguionie dont le nouveau film d’animation Louise en hiver sera projeté en avant première mondiale pendant le Festival International du Film d’Animation (13/18 juin).
A y réfléchir, ne serait-ce pas Carnaval toute l’année désormais ? Dans les domaines de la politique, de l’économie, du travail, des relations internationales.. ?
L’art n’occuperait-il pas une place fondamentale dans nos sociétés pendant que la politique et l’économie, malheureusement, deviennent avant tout spectacle, illusion, paraître ?
Dans son livre Comment vivre lorsqu’on ne croit en rien ?, Alexandre Lacroix cite Nietzsche : « Qu’est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d’anthropomorphismes, bref, une somme de relations humaines qui ont été rhétoriquement faussées, transposées, ornées, et qui, après un long usage, semblent à un peuple fermes, canoniales et contraignantes ; les vérités sont les illusions dont on a oublié qu’elles le sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération, non plus comme des pièces de monnaie, mais comme métal. »
« Et si l’on partage cette vision des choses (écrit Alexandre Lacroix), alors il faut se rendre à cette conclusion inévitable : rien n’est plus profond que l’art, qui est un jeu avec la création des métaphores, avec la fabrication des apparences. En un mot, rien de plus profond que la surface. »
Rien de plus profond qu’Inverso Mundus projeté sur la surface d’un immense écran !
C’est le cas d’Inverso Mundus qui crée un univers, une esthétique, un tempo, une cohérence qui lui sont propres. On se sent privilégié d’assister à une projection de ce qui ne peut se réduire à une video. Il y a là, en effet, l’expérience d’une forme d’initiation – à vivre au cœur d’Annecy pendant que d’autres, autour, se promènent, goûtent aux plaisirs du lac tout proche – apparemment hors du temps, du quotidien et dont la portée artistique, émotionnelle et politique submerge, dépasse le lieu, le contexte, l’époque. L’esthétique, le foisonnement créatif, certaines tonalités qui rappelleraient la Renaissance, le ralenti des images, la musique classique habillent la douce violence du sens ; car tout, dans Inverso Mundus, est décalage, rappelant inévitablement les théories de Mickaël Bakhtine qui présente le carnaval comme l’un des thèmes culturels et artistiques fondamentaux traversant l’Occident, de Rabelais à Hugo, de Flaubert à Maupassant , par exemple, pour nous Français.
Le carnaval ? C’est la soupape qui permet à la société de continuer à fonctionner : défilé, défoulement, masque qui autorise les excès, inversions des valeurs, du haut et du bas, du masculin et du féminin, de l’Homme et de l’animal…Rappelons-nous le Molière d’Ariane Mnouchkine, de la violence des scènes de carnaval auxquelles assiste le futur Molière.
Monstres, chimères et autres créations habitent Inverso Mundus, êtres fabuleux nageant ou volant, on ne sait trop, structures d’algues devenant palais qui nous transportent dans leur mouvement et nous font nous demander si les monstres, finalement, ne sont pas les humains, leur fonctionnement technique, administratif sclérosant.
Inverso Mundus relève de l’utopie d’autant plus rafraîchissante que notre monde est noyé de chiffres, de statistiques, soumis aux lois de la productivité et du rendement. L’œuvre d’AES+F fait exploser ces cadres pour proposer , à la manière d’un carnaval, un nouvel équilibre du haut et du bas , des humains et des chimères, nouvel équilibre qui remplace le cloisonnement de notre monde géré par des gens sans imagination, bouffée d’air pur, respiration différente.
Nous retrouvons ce thème du carnaval – décidément – dans l’exposition que le Musée/Château d’Annecy consacre au travail et à l’œuvre de Jean-François Laguionie dont le nouveau film d’animation Louise en hiver sera projeté en avant première mondiale pendant le Festival International du Film d’Animation (13/18 juin).
A y réfléchir, ne serait-ce pas Carnaval toute l’année désormais ? Dans les domaines de la politique, de l’économie, du travail, des relations internationales.. ?
L’art n’occuperait-il pas une place fondamentale dans nos sociétés pendant que la politique et l’économie, malheureusement, deviennent avant tout spectacle, illusion, paraître ?
Dans son livre Comment vivre lorsqu’on ne croit en rien ?, Alexandre Lacroix cite Nietzsche : « Qu’est-ce donc que la vérité ? Une multitude mouvante de métaphores, de métonymies, d’anthropomorphismes, bref, une somme de relations humaines qui ont été rhétoriquement faussées, transposées, ornées, et qui, après un long usage, semblent à un peuple fermes, canoniales et contraignantes ; les vérités sont les illusions dont on a oublié qu’elles le sont, des métaphores qui ont été usées et qui ont perdu leur force sensible, des pièces de monnaie qui ont perdu leur empreinte et qui entrent dès lors en considération, non plus comme des pièces de monnaie, mais comme métal. »
« Et si l’on partage cette vision des choses (écrit Alexandre Lacroix), alors il faut se rendre à cette conclusion inévitable : rien n’est plus profond que l’art, qui est un jeu avec la création des métaphores, avec la fabrication des apparences. En un mot, rien de plus profond que la surface. »
Rien de plus profond qu’Inverso Mundus projeté sur la surface d’un immense écran !
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