"Un tête-à-tête haut en couleurs qui se prête idéalement à la (re)découverte de la Fabric et de son espace d’exposition augmenté " écrit Jean-Marc Salomon.
Deux artistes différents et complémentaires.
Jean-Xavier Renaud nous a accordé un entretien. Nous restituons la déclaration de Franz Schimpl lors du vernissage de l’exposition avant de le rencontrer prochainement pour mieux le découvrir.
Deux artistes différents et complémentaires.
Jean-Xavier Renaud nous a accordé un entretien. Nous restituons la déclaration de Franz Schimpl lors du vernissage de l’exposition avant de le rencontrer prochainement pour mieux le découvrir.
Jean-Xavier Renaud
En découvrant vos œuvres je me suis dit « C’est bien, il y a une sorte de fouillis effervescent. » Qu’en pensez-vous ?
Vous avez raison, c’est un peu comme des pensées, un peu fouillis effervescent, oui, comme le sont souvent les pensées. En tout cas dans ma tête. Je peins comme je pense, c’est quelque chose d’assez direct, franc dans l’écriture, dans la possibilité de couches, même orales. Oui, c’est comme si j’écrivais ce que je pense.
Pour peindre, cette spontanéité doit s’organiser ?
J’ai pour ça des stratagèmes assez simples, comme l’utilisation de médiums de type aquarelle, des médiums de l’immédiat, rapides et faciles à mettre en œuvre. Je peux ainsi mettre en image une idée, une intention, une pulsion en une ou deux journées. Les huiles-vous en voyez aussi exposées- demandent un temps plus long, pour le séchage, etc.
A regarder certains tableaux on a l’impression de vivre une sorte de psychanalyse en direct, la vôtre et la nôtre, par les connexions que vous faites. Vos tableaux ont des titres ?
Oui, et ils sont importants. Ils permettent d’ouvrir la lecture de l’image. Ils ne sont pas affichés directement sous les pièces qui forment une installation à appréhender dans un ensemble, mais il est possible d’aller chercher ces titres et de basculer dans une nouvelle lecture de l’image.
Vos tableaux s’inspirent du quotidien, du cinéma, de l’environnement social… Vous partez sur cette œuvre du film « Le silence des agneaux. » C’est tout un foisonnement.
D’autant plus qu’Hannibal Lecter devient « Hannibal Lecteur » en train de lire un livre.
Comme ici avec TOTAL contrôle.
Ce sont des ruptures, du larsen qui permettent d’ouvrir l’iconographie qui traduit ma manière d’évoluer dans une géographie du territoire réel et de sa représentation.
C’est un peu une géographie de votre cerveau.
C’est ça. Tout se mélange.
C’est le propre de l’intelligence de créer des liens ; et de l’art aussi. Vous reliez vos pensées entre elles, vous les reliez au monde et vous nous les faites partager.
C’est exactement mon idée.
En découvrant vos œuvres je me suis dit « C’est bien, il y a une sorte de fouillis effervescent. » Qu’en pensez-vous ?
Vous avez raison, c’est un peu comme des pensées, un peu fouillis effervescent, oui, comme le sont souvent les pensées. En tout cas dans ma tête. Je peins comme je pense, c’est quelque chose d’assez direct, franc dans l’écriture, dans la possibilité de couches, même orales. Oui, c’est comme si j’écrivais ce que je pense.
Pour peindre, cette spontanéité doit s’organiser ?
J’ai pour ça des stratagèmes assez simples, comme l’utilisation de médiums de type aquarelle, des médiums de l’immédiat, rapides et faciles à mettre en œuvre. Je peux ainsi mettre en image une idée, une intention, une pulsion en une ou deux journées. Les huiles-vous en voyez aussi exposées- demandent un temps plus long, pour le séchage, etc.
A regarder certains tableaux on a l’impression de vivre une sorte de psychanalyse en direct, la vôtre et la nôtre, par les connexions que vous faites. Vos tableaux ont des titres ?
Oui, et ils sont importants. Ils permettent d’ouvrir la lecture de l’image. Ils ne sont pas affichés directement sous les pièces qui forment une installation à appréhender dans un ensemble, mais il est possible d’aller chercher ces titres et de basculer dans une nouvelle lecture de l’image.
Vos tableaux s’inspirent du quotidien, du cinéma, de l’environnement social… Vous partez sur cette œuvre du film « Le silence des agneaux. » C’est tout un foisonnement.
D’autant plus qu’Hannibal Lecter devient « Hannibal Lecteur » en train de lire un livre.
Comme ici avec TOTAL contrôle.
Ce sont des ruptures, du larsen qui permettent d’ouvrir l’iconographie qui traduit ma manière d’évoluer dans une géographie du territoire réel et de sa représentation.
C’est un peu une géographie de votre cerveau.
C’est ça. Tout se mélange.
C’est le propre de l’intelligence de créer des liens ; et de l’art aussi. Vous reliez vos pensées entre elles, vous les reliez au monde et vous nous les faites partager.
C’est exactement mon idée.
A ceci s’ajoutent les couleurs qui frappent énormément. Elles en rajoutent en énergie.
C’est quelque chose que j’analyse moins mais d’hyper viscéral. C’est une viscéral. La relation à la couleur est directe. C’est un terrain de jeu qui s’ouvre à moi. La pluie, le béton, le gris, le verdâtre, la boue, la nature, l’architecture, tout se mélange…
Vous ressentez les couleurs ?
J’ai une affection, une sorte de besoin, de gourmandise qui consiste à retranscrire ce que je perçois dans le réel. Je déteste les temps ensoleillés qui écrasent tout. Je n’y ai plus de place.
Quand on regarde attentivement « Dévotion », on se demande si vous avez un psy.
Je n’en ai plus ; c’est lui qui est malade maintenant (rires).
Plus on regarde, plus on voit de connexions, de liens… Au-delà de ce que certains pourraient prendre pour de la provocation, c’est surtout joyeux.
A partir de l’observation du réel, de situations, je file directement dans une sorte de fiction, de docu-fiction plutôt joyeuse. Une sorte de médicament pour moi, pourquoi pas ? La création de ces images me permet de me remettre en permanence en accord avec le réel. Sinon il est insupportable.
Et avec « La carrière franco-italienne », vous n’allez pas être poursuivi pour plagiat des Nymphéas ? (rires)
Ma référence est plutôt du côté des peintures à la chaîne chinoises pour les touristes. Je me suis amusé à jouer avec cette frontière.
[Nous nous dirigeons vers une toile de très grand format.]
Sur cette toile, l’énergie est quasi électrique. Avec un véritable foisonnement qui fait penser à une jungle.
C’est effectivement une boule d’énergie pure qui s’appelle « Route de vaches 4 », le plus grand format d’une série que j’ai réalisée. J’habite à Hauteville, dans l’Ain, sur le plateau jurassien, au beau milieu de la nature. J’interroge l’idée de nature et de culture. Le paysage est façonné par les vaches ce qui fait qu’y vivent certaines espèces et pas d’autres qui sont mangées. Les vaches font des passages dans les taillis, dans les buissons, elles façonnent l’environnement. Et on pourrait penser, d’après cette représentation que j’en fais, que c’est l’Amazonie, la jungle…
C’est quelque chose que j’analyse moins mais d’hyper viscéral. C’est une viscéral. La relation à la couleur est directe. C’est un terrain de jeu qui s’ouvre à moi. La pluie, le béton, le gris, le verdâtre, la boue, la nature, l’architecture, tout se mélange…
Vous ressentez les couleurs ?
J’ai une affection, une sorte de besoin, de gourmandise qui consiste à retranscrire ce que je perçois dans le réel. Je déteste les temps ensoleillés qui écrasent tout. Je n’y ai plus de place.
Quand on regarde attentivement « Dévotion », on se demande si vous avez un psy.
Je n’en ai plus ; c’est lui qui est malade maintenant (rires).
Plus on regarde, plus on voit de connexions, de liens… Au-delà de ce que certains pourraient prendre pour de la provocation, c’est surtout joyeux.
A partir de l’observation du réel, de situations, je file directement dans une sorte de fiction, de docu-fiction plutôt joyeuse. Une sorte de médicament pour moi, pourquoi pas ? La création de ces images me permet de me remettre en permanence en accord avec le réel. Sinon il est insupportable.
Et avec « La carrière franco-italienne », vous n’allez pas être poursuivi pour plagiat des Nymphéas ? (rires)
Ma référence est plutôt du côté des peintures à la chaîne chinoises pour les touristes. Je me suis amusé à jouer avec cette frontière.
[Nous nous dirigeons vers une toile de très grand format.]
Sur cette toile, l’énergie est quasi électrique. Avec un véritable foisonnement qui fait penser à une jungle.
C’est effectivement une boule d’énergie pure qui s’appelle « Route de vaches 4 », le plus grand format d’une série que j’ai réalisée. J’habite à Hauteville, dans l’Ain, sur le plateau jurassien, au beau milieu de la nature. J’interroge l’idée de nature et de culture. Le paysage est façonné par les vaches ce qui fait qu’y vivent certaines espèces et pas d’autres qui sont mangées. Les vaches font des passages dans les taillis, dans les buissons, elles façonnent l’environnement. Et on pourrait penser, d’après cette représentation que j’en fais, que c’est l’Amazonie, la jungle…
La jungle dans le Jura.
Exactement. Il s’agit de dire que ce qu’on voit est dû à notre présence, à son résultat.
Et le regard qu’on porte sur ce qui nous environne crée quelque chose. Vous créez doublement ce que vous voyez et représentez.
Oui, ce filtre se rajoute. Le regard ne peut pas être neutre. Pour revenir à la question d’énergie, j’ai l’impression de rater ma vie quand j’en manque et que je ne suis pas en forme pour peindre.
Le lien entre vous et l’œuvre doit être direct.
C’est vital.
Exactement. Il s’agit de dire que ce qu’on voit est dû à notre présence, à son résultat.
Et le regard qu’on porte sur ce qui nous environne crée quelque chose. Vous créez doublement ce que vous voyez et représentez.
Oui, ce filtre se rajoute. Le regard ne peut pas être neutre. Pour revenir à la question d’énergie, j’ai l’impression de rater ma vie quand j’en manque et que je ne suis pas en forme pour peindre.
Le lien entre vous et l’œuvre doit être direct.
C’est vital.
Affiche de l'exposition. Autoportrait pas en pied, celui-ci étant dans la dérision. Franz Schimpl
Franz Schimpl
« Je vais essayer de parler de mon art. Je ne sais pas si on peut parler d’art. C’est une passion du dessin qui m’a toujours accompagnée depuis mon enfance. J’ai toujours dessiné, pour n’importe quel événement, n’importe quel lien avec une personne. En grandissant je me suis rendu compte que c’est vachement important de savoir dessiner, mieux que de jouer de la guitare.
Dans les années 60/70, par l’effet du hasard, j’ai pas mal été dans la presse alternative, j’ai rejoint l’équipe de Hara-Kiri et de Charlie. Beaucoup de dessins de presse, de dessins satiriques, de dessins porno parce qu’à l’époque la pornographie ne se diffusait pas dans les écoles. Je dessinais énormément de petits dessins de BD pornographiques que je vendais pour avoir de l’argent de poche avec lequel j’achetais des 33 tours.
Après cette première époque, je suis arrivé à Annecy pour des raisons d’amour, et à Annecy, rien ! En 75, rien ! J’ai toujours travaillé parce que je ne vivais pas de mon travail d’artiste. J’ai travaillé bêtement parce qu’en même temps ce côté dessin prenait de l’ampleur.
Petit à petit, en rejoignant mon épouse architecte et le travail me laissant des petites pauses, j’ai commencé à faire des choses, sans trop savoir quoi. Pour la série des SDF, j’ai fait une aquarelle. « Tiens, marrant. » Une deuxième. « Tiens, marrant. » J’ai continué le trajet et j’en ai fait trente-et-une qui racontaient une histoire. SDF parce que c’est un peu mon histoire qui est celle de beaucoup de gens : on a peut-être un domicile mais dans la tête, on est sans domicile.
De fil en aiguille, j’ai continué dans la série « Addictions », un sujet qui me touche aussi. Je préfère y rester sur un plan humoristique parce que même si des choses nous touchent et nous blessent, ce n’est pas pour ça qu’il faut en pleurer. »
« Je vais essayer de parler de mon art. Je ne sais pas si on peut parler d’art. C’est une passion du dessin qui m’a toujours accompagnée depuis mon enfance. J’ai toujours dessiné, pour n’importe quel événement, n’importe quel lien avec une personne. En grandissant je me suis rendu compte que c’est vachement important de savoir dessiner, mieux que de jouer de la guitare.
Dans les années 60/70, par l’effet du hasard, j’ai pas mal été dans la presse alternative, j’ai rejoint l’équipe de Hara-Kiri et de Charlie. Beaucoup de dessins de presse, de dessins satiriques, de dessins porno parce qu’à l’époque la pornographie ne se diffusait pas dans les écoles. Je dessinais énormément de petits dessins de BD pornographiques que je vendais pour avoir de l’argent de poche avec lequel j’achetais des 33 tours.
Après cette première époque, je suis arrivé à Annecy pour des raisons d’amour, et à Annecy, rien ! En 75, rien ! J’ai toujours travaillé parce que je ne vivais pas de mon travail d’artiste. J’ai travaillé bêtement parce qu’en même temps ce côté dessin prenait de l’ampleur.
Petit à petit, en rejoignant mon épouse architecte et le travail me laissant des petites pauses, j’ai commencé à faire des choses, sans trop savoir quoi. Pour la série des SDF, j’ai fait une aquarelle. « Tiens, marrant. » Une deuxième. « Tiens, marrant. » J’ai continué le trajet et j’en ai fait trente-et-une qui racontaient une histoire. SDF parce que c’est un peu mon histoire qui est celle de beaucoup de gens : on a peut-être un domicile mais dans la tête, on est sans domicile.
De fil en aiguille, j’ai continué dans la série « Addictions », un sujet qui me touche aussi. Je préfère y rester sur un plan humoristique parce que même si des choses nous touchent et nous blessent, ce n’est pas pour ça qu’il faut en pleurer. »
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