Hier 19 juin 2018, Shabnam Anvar animait une table ronde sur le thème de l’économie circulaire en ouverture de la CleanTech Week. Elle a bien voulu répondre à quelques questions de Move-On.
Shabnam Anvar, pourriez-vous définir simplement ce qu’est l’économie circulaire ?
La manière la plus simple est de dire que l’économie circulaire fonctionne comme un arbre. Elle puise ses ressources dans le sol pour nourrir et faire grandir l’arbre en interaction avec son environnement, le soleil et la pluie, pour se nourrir et les feuilles qui tombent –ce que nous, humains, percevons comme du déchet – constituent les nouvelles ressources pour nourrir et faire grandir l’arbre. La boucle est bouclée de manière naturelle. Ce modèle paraît simple et évident mais une usine a des difficultés à l’adopter totalement. Des entreprises vont cependant de plus en plus vers ce modèle. Ceci passe par une prise en compte dès l’aval de la manière dont on choisit les matières qu’on utilise, durables ou non, de la manière dont on conçoit les produits ensuite afin qu’ils soient réparables, qu’ils puissent durer et qu’en fin de vie toutes les matières qui composent le produit puissent être recyclées.
Il n’y a pas très longtemps quelqu’un définissait à la radio le produit de luxe par le fait qu’il est réparable. Finalement l’économie circulaire serait le luxe pour tout le monde !
Les acteurs de l’économie circulaire que j’ai pu identifier travaillent sur la qualité. Un exemple ? Cette cafetière garantie cinq ans, dont toutes les pièces sont échangeables mais qui coûte 150 euros alors que les gens préfèrent l’objet à 15 euros qu’on jette tous les ans. Dans ces conditions la qualité à du mal à s’imposer.
Il faut donc une prise de conscience, un changement des comportements.
A tous les niveaux. Il faut aussi de la réglementation. Il faut arriver à cerner le problème et à activer tous les leviers en même temps et non un seul.
L’économie circulaire donne l’impression de revenir avec la plus grande intelligence à des choses qui ont pu exister autrefois…
Oui, associées à l’innovation, aux technologies les plus en pointe, c’est ce que fait l’entreprise Energy Pool Technolac dans le domaine de la gestion de l’énergie, par exemple. En fait, dans certains domaines on revient tout simplement au bon sens et dans d’autres les choses sont totalement nouvelles. C’est un mix.
Pourquoi cette démarche d’économie circulaire n’a-t-elle pas été suivie plus tôt ? On est en train de changer de modèle économique, culturel, de conscience, de compréhension… On s’est laissé aller à la facilité ?
Je ne sais pas. Personnellement je suis sensibilisée à ce sujet depuis que je suis toute petite. Je ne comprends pas pourquoi on était si peu nombreux. Il faut peut-être se trouver vraiment dans une crise pour faire changer les choses. Beaucoup de gens tirent la sonnette d’alarme depuis les années 70/80. Espérons qu’elle sera entendue cette fois-ci.
Shabnam Anvar, pourriez-vous définir simplement ce qu’est l’économie circulaire ?
La manière la plus simple est de dire que l’économie circulaire fonctionne comme un arbre. Elle puise ses ressources dans le sol pour nourrir et faire grandir l’arbre en interaction avec son environnement, le soleil et la pluie, pour se nourrir et les feuilles qui tombent –ce que nous, humains, percevons comme du déchet – constituent les nouvelles ressources pour nourrir et faire grandir l’arbre. La boucle est bouclée de manière naturelle. Ce modèle paraît simple et évident mais une usine a des difficultés à l’adopter totalement. Des entreprises vont cependant de plus en plus vers ce modèle. Ceci passe par une prise en compte dès l’aval de la manière dont on choisit les matières qu’on utilise, durables ou non, de la manière dont on conçoit les produits ensuite afin qu’ils soient réparables, qu’ils puissent durer et qu’en fin de vie toutes les matières qui composent le produit puissent être recyclées.
Il n’y a pas très longtemps quelqu’un définissait à la radio le produit de luxe par le fait qu’il est réparable. Finalement l’économie circulaire serait le luxe pour tout le monde !
Les acteurs de l’économie circulaire que j’ai pu identifier travaillent sur la qualité. Un exemple ? Cette cafetière garantie cinq ans, dont toutes les pièces sont échangeables mais qui coûte 150 euros alors que les gens préfèrent l’objet à 15 euros qu’on jette tous les ans. Dans ces conditions la qualité à du mal à s’imposer.
Il faut donc une prise de conscience, un changement des comportements.
A tous les niveaux. Il faut aussi de la réglementation. Il faut arriver à cerner le problème et à activer tous les leviers en même temps et non un seul.
L’économie circulaire donne l’impression de revenir avec la plus grande intelligence à des choses qui ont pu exister autrefois…
Oui, associées à l’innovation, aux technologies les plus en pointe, c’est ce que fait l’entreprise Energy Pool Technolac dans le domaine de la gestion de l’énergie, par exemple. En fait, dans certains domaines on revient tout simplement au bon sens et dans d’autres les choses sont totalement nouvelles. C’est un mix.
Pourquoi cette démarche d’économie circulaire n’a-t-elle pas été suivie plus tôt ? On est en train de changer de modèle économique, culturel, de conscience, de compréhension… On s’est laissé aller à la facilité ?
Je ne sais pas. Personnellement je suis sensibilisée à ce sujet depuis que je suis toute petite. Je ne comprends pas pourquoi on était si peu nombreux. Il faut peut-être se trouver vraiment dans une crise pour faire changer les choses. Beaucoup de gens tirent la sonnette d’alarme depuis les années 70/80. Espérons qu’elle sera entendue cette fois-ci.
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Impossible de résister à un commentaire !
L’économie circulaire est à l’économie linéaire ce que l’intelligence en arborescence est à l’intelligence linéaire. La linéarité est peut-être le chemin le plus court et le plus immédiatement rentable mais l’arborescence et la circularité emmènent bien plus loin en créant de véritables liens.
Pour compléter cette discussion avec Shabnam Anvar et étayer le propos, voici deux extraits du livre d’ Anna Lowenhaupt Tsing « Le champignon de la fin du monde »
« Le progrès marche droit devant, emportant dans son rythme effréné d’autres types de temporalité. Sans ce tempo impérieux, nous pourrions y être sensibles. Chaque entité vivante rejoue le monde, que ce soit à travers les rythmes de croissance saisonniers, les schémas vitaux de la reproduction ou les expansions territoriales. Au sein d’une même espèce, on trouve ainsi de multiples filières temporelles qui s’entrelacent dans la manière dont les organismes se recrutent les uns les autres et se coordonnent pour remodeler des paysages entiers… La curiosité dont je me fais ici l’avocate suit à la trace de telles temporalités multiples. Grâce à elles, les arts de décrire et d’imaginer se voient revitalisés… Agnostiques quant à une direction qui serait en train d’être prise de manière inéluctable, il s’agit plutôt de chercher du côté de ce qui a été ignoré, de ce qui n’a jamais concordé avec la linéarité du progrès…
Le concept d’agencement peut nous aider… Les agencements sont des rassemblements toujours ouverts. Ils nous permettent de nous interroger sur des effets de communauté sans avoir à les assumer. Ils nous montrent la possibilité de tisser des histoires à partir de ce qui, toujours, est en train de se refaçonner. Pour mon propos, j’ai donc besoin de me fier à quelque chose d’autre que des organismes du type « éléments constitutifs ». J’ai besoin de me situer sur cette fine frontière où des modes de vie, y compris ceux du non-vivant se croisent… Pour approcher les êtres vivants, il a été de coutume de s’en tenir préalablement à l’identification des espèces. Mais ce n’est ici plus satisfaisant. Les modes d’existence que nous considérons tiennent au fait qu’ils sont des effets imprévus, issus de rencontres… Les agencements ne mettent pas seulement ensemble des modes de vie ; ils en fabriquent. Penser grâce aux agencements nous oblige ainsi à nous demander : comment des rassemblements deviennent-ils parfois des « événements », c’est-à-dire quelque chose de plus grand que la somme des parties ?
Impossible de résister à un commentaire !
L’économie circulaire est à l’économie linéaire ce que l’intelligence en arborescence est à l’intelligence linéaire. La linéarité est peut-être le chemin le plus court et le plus immédiatement rentable mais l’arborescence et la circularité emmènent bien plus loin en créant de véritables liens.
Pour compléter cette discussion avec Shabnam Anvar et étayer le propos, voici deux extraits du livre d’ Anna Lowenhaupt Tsing « Le champignon de la fin du monde »
« Le progrès marche droit devant, emportant dans son rythme effréné d’autres types de temporalité. Sans ce tempo impérieux, nous pourrions y être sensibles. Chaque entité vivante rejoue le monde, que ce soit à travers les rythmes de croissance saisonniers, les schémas vitaux de la reproduction ou les expansions territoriales. Au sein d’une même espèce, on trouve ainsi de multiples filières temporelles qui s’entrelacent dans la manière dont les organismes se recrutent les uns les autres et se coordonnent pour remodeler des paysages entiers… La curiosité dont je me fais ici l’avocate suit à la trace de telles temporalités multiples. Grâce à elles, les arts de décrire et d’imaginer se voient revitalisés… Agnostiques quant à une direction qui serait en train d’être prise de manière inéluctable, il s’agit plutôt de chercher du côté de ce qui a été ignoré, de ce qui n’a jamais concordé avec la linéarité du progrès…
Le concept d’agencement peut nous aider… Les agencements sont des rassemblements toujours ouverts. Ils nous permettent de nous interroger sur des effets de communauté sans avoir à les assumer. Ils nous montrent la possibilité de tisser des histoires à partir de ce qui, toujours, est en train de se refaçonner. Pour mon propos, j’ai donc besoin de me fier à quelque chose d’autre que des organismes du type « éléments constitutifs ». J’ai besoin de me situer sur cette fine frontière où des modes de vie, y compris ceux du non-vivant se croisent… Pour approcher les êtres vivants, il a été de coutume de s’en tenir préalablement à l’identification des espèces. Mais ce n’est ici plus satisfaisant. Les modes d’existence que nous considérons tiennent au fait qu’ils sont des effets imprévus, issus de rencontres… Les agencements ne mettent pas seulement ensemble des modes de vie ; ils en fabriquent. Penser grâce aux agencements nous oblige ainsi à nous demander : comment des rassemblements deviennent-ils parfois des « événements », c’est-à-dire quelque chose de plus grand que la somme des parties ?