« Royal Corgi », scandalously drôle !

Le film réalisé par Ben Stassen et Vincent Kesteloot s’ouvre sur un Buckingham qui colle au plus près au fonctionnement du Buckingham tel qu’on l’imagine, luxe, calme et ancienneté.
Le train train habituel dans un cocon british jusqu’à ce que déboule Rex, un chiot Corgi facétieux, irrévérencieux, provocateur et ambitieux qui vient compléter et chambouler trois générations de Corgis compassés et vieillis sous l’étiquette du Palais.
 
L’ordre établi est bouleversé, trahisons, crocs en patte, rivalités, ambition, jalousie donnent naissance à une série de gags, de retournements de situations dont le rythme soutenu mène à une issue heureuse -pas pour tout le monde- et drôle.
 
Normal, c’est un conte.
 

Un conte pour enfants avec ce qu’il faut d’initiation à la sagesse du genre l’union fait la force et « Discours de la servitude volontaire » de La Boétie en  réflexion sur la notion de liberté.
Un conte, mais aussi une satire propre à amuser les adultes, avec références à Trump, allusion au prénom Charlie et à sa connotation de traîtrise, connotation cinématographique du prénom Wanda, de Tyson dans le milieu de la boxe…
Un film réjouissant à voir en famille pendant qu’à l’écran le Prince Philip lit un bouquin sur le moyen de flinguer son chien.
Un apprentissage de la vraie vie, quoi ! avec un pont qui en évoque un autre, l’irruption des roturiers au sein de la noblesse ainsi qu’un hommage particulier aux couvre-chefs royaux.

Ce samedi 30 mars, pour l’avant-première du film aux Cinémas Pathé d’Annecy, Matthieu Zeller, producteur et président des Studios nWave Pictures (Bruxelles) souligne que l’écriture de l’histoire a commencé avant l’élection de Trump et que l’équipe ne savait pas à l’époque si le Président des USA ne serait pas une Présidente.
 
Pour le film, l’élection de Donald a constitué une aubaine : une mèche de cheveux, un portable, un comportement de parvenu et le tour était joué. Il a été relativement simple aussi de trouver la bonne distance pour la reine, entre respect littéral et liberté d’interprétation autorisée par le court métrage réalisé avec Son Altesse Royale pour les JO de Londres.

Une petite allusion au Brexit, peut-être, lorsque l’un des personnages demande s’il est possible de revoter.
 

Quant à la créativité et à la cohérence, elles vont de pair pendant toute la réalisation du film car l’équipe de nWave Pictures est relativement réduite au regard des mastodontes USiens, ce qui permet une concertation permanente.
 
Le film est en tête dans les nombreux pays où il sort, chose remarquable car l’humour est plutôt affaire de culture, de tradition locale et de langage, ce dernier produisant des surprises dans certaines adaptations*. Mais Elisabeth et Donald sont des personnages de portée mondiale, des archétypes en quelque sorte.
 
Comme Ben Stassen et Ramin Djawadi se connaissent depuis très longtemps, le second a accepté de composer la musique du film. Dans la version française les voix des trois personnages principaux sont celles de Guillaume Gallienne, de Franck Gastambide et de Shy’m. Matthieu Zeller s’amuse à souligner qu’une voix doit être incarnée, qu’elle ne se résume pas à des ondes sonores mais que l’enveloppe charnelle, le milieu social…de l’interprète comptent aussi. Ce qui donne une sorte d’alliance entre le Trône britannique et la Comédie Française !
 
*Fellini avait piqué une énorme colère en découvrant que, dans l’adaptation de l’un de ses films en français, tous les « porca madona » avaient été repris et traduits !