Prince du jazz éthiopien

L'accordéoniste, chef d'orchestre chevronné, arrangeur et claviériste Hailu Mergia est un prince du jazz éthiopien. Dans les années 70, il était claviériste et accordéoniste du Walias Band, l'un des groupes les plus populaires de l'âge d'or de la musique éthiopienne.

En 1981, après la seule tournée du groupe aux États-Unis, Mergia reste dans la capitale, fuyant le régime militaire brutal du Derg qui avait pris le contrôle de son pays natal. Mais il n'a jamais cessé de faire de la musique, s'affirmant comme un pionnier du son afro-funk éthiopien et faisant l'objet du mini-doc « 2022 IT IS A SOUL : A Portrait of Hailu Mergia ».

L'histoire de Hailu Mergia est celle d'une survie et d'une justice tardive pour des années d'exil : Le maestro, qui était le leader du groupe de danse préféré d'Addis-Abeba, Walias, a émigré aux États-Unis après l'arrivée au pouvoir du régime de Mengistu en Éthiopie. Après avoir dirigé plusieurs entreprises, il a fini par devenir chauffeur de taxi à l'aéroport Dulles de Washington, tout en continuant à s'entraîner au clavier sur la banquette arrière de son véhicule pendant les temps morts. En 2013, Hailu est revenu sur le circuit de la musique live après que le blogueur devenu propriétaire de label Brian Shimkovitz de Awesome Tapes From Africa l'avait trouvé pour rééditer son effort solo inhabituel et multipistes de 1986 His Classical Instrument - « Si Cluster avait été originaire d'Éthiopie plutôt que d'Allemagne, c'est probablement à cela qu'il aurait ressemblé. », a écrit Pitchfork, célébrant l'album. À la tête d'un trio doté d'une section rythmique redoutable, il a joué dans de nombreux clubs à guichets fermés et s'est produit dans des festivals de premier plan. On peut dire sans risque que l'intérêt renouvelé pour les grooves éthio décontractés de Mergia a atteint son apogée après qu'il a sorti son album de retour « Lala ». En 2018, le compositeur a fait l'objet d'articles dans des journaux de premier plan comme le New York Times et The Guardian et a donné plus de 70 concerts dans toute l'Europe en l'espace d'un an. En mars, le successeur de Lala Belu, Yene Mircha, se produira dans les rues et prouvera facilement qu'à 73 ans, ce musicien chevronné a encore quelques cordes à son arc.