Francis Poulenc est mis à l’honneur dans La Vierge Noire et le Voyou

L’ouvrage de 166 pages a été publié chez Des Auteurs Des Livres. Avec un titre énigmatique aux yeux de celles et ceux qui ne connaissent pas encore le génie de Poulenc, sa signification se dévoile doucement, au cœur de ce récit biographique. L’auteur Xavier-Marie Garcette est un habitué des textes historiques, où il met en scène des personnages fruits de son imagination, qui interagissent avec de véritables personnages historiques. Dans Trévizac, le peintre Renoir avait réalisé le portrait de la grand-mère du héros. Le Marquis de Saint-Sozy invitait Mozart chez lui dans le Quercy. Même si l’auteur est né à la capitale, il est tombé sous le charme de Brive-la-Gaillarde et la région du Massif central. C’est pourquoi ce sont des sites que l’on rencontre souvent au fil de ses récits passionnants. Avec une plume digne des grands auteurs classiques, cet amoureux des arts rend hommage à des artistes qu’il admire et qu’il connaît bien.
Dans son nouveau livre intitulé La Vierge Noire et Le Voyou : Une brève histoire de Francis Poulenc, Xavier-Marie Garcette introduit le lecteur directement dans le grand bain.

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Évoluant dans l’aristocratie et la bourgeoisie, ce personnage torturé peine à trouver satisfaction. Dans son premier chapitre baptisé Les Biches, le musicien croise la route d’un balayeur dans la rue. En 1924, Poulenc est alors mécontent de ses performances, se plaignant d’un vide existentiel. Souvent au cœur de bals et soirées mondaines, il fréquente Cocteau ou encore Marie-Laure de Noailles, descendante du Marquis de Sade. Poulenc développe des habitudes de dandy, comme se rendre à des bals costumés, en l’hommage de Proust qui partage bien des points en commun avec le pianiste.
Alors qu’il demande la main de Raymonde à sa sœur Alice Ardoin, Poulenc est écarté. À l’occasion d’une soirée arrosée, il devient la cible de Richard Chanlaire, qui fait partie de ses amants. Malheureusement, sa passion dévorante le trouble : l’histoire si vite démarrée s’embrase. En résultent des cendres, qui ne découragent pas Poulenc sur la voie du sexe, malgré des phases dépressives répétées. L’homosexualité étant taboue, il tente de la vivre comme il peut. D’ailleurs, il croise la route de Raymond Destouches, son « chauffeur » — avec qui il entretient une longue relation complexe.

Pour ce catholique très pieux qui enchaîne les péchés, cette figure maternelle le rassure et le guide. C’est une source d’inspiration, un moyen de l’apaiser, dans sa souffrance constante…
Alors qu’il s’adonne à son Art, la France est occupée par les nazis. Selon lui, il participe à l’effort de guerre, à sa manière. Très éloigné des problèmes que rencontre le peuple à cet instant de privation, Poulenc grandit, vieillit — continuant inlassablement de composer et de créer du contenu… Mais les temps changent. L’époque des bals et des soirées costumées est révolue, laissant place à une nostalgie qui l’atteint en plein cœur…
Xavier-Marie Garcette ne manque pas d’humour, en dépit des épisodes tragiques. Par exemple, il n’hésite pas à dépeindre le personnage de Francis comme un boute-en-train, malgré des situations difficiles, où son héros est malmené par l’existence. Lorsque son amant décide de se marier avec une femme, il enchaîne les plaisanteries et anime les noces. Le laissant avec un baiser final, il sait qu’il a durablement marqué la vie de cet homme qui s’est rangé…

Comme un tourbillon, il ne s’arrête jamais et voyage, toujours. Le lecteur l’imagine aisément, en train de composer, possédé par des muses religieuses. Il est aussi question de la remise en question existentielle, pour ces grands artistes qui ont l’impression d’avoir atteint leur âge d’or. Après l’ascension et la concrétisation d’immenses projets, que reste-t-il à venir ? Quand est-ce que l’on doit se retirer de la scène ? Finalement, Poulenc doute souvent, mais sort du lot, par ses réalisations grandioses, qui s’immiscent jusqu’aux sphères les plus élevées et prestigieuses de la société et du monde artistique. Par exemple, le chapitre 12 fait référence aux Dialogues de carmélites. On lui propose de faire un ballet pour la Scala.
En dépit de ses amours aveuglants, fulgurants, Poulenc est sévèrement marqué par cette passion, ce « trop-plein » d’émotions qui le submerge à tout instant et peut le faire chanceler. D’ailleurs, cela alerte et inquiète son entourage, qui prend soin de lui. Même lorsqu’il semble sur le point de s’effondrer, Poulenc se redresse, plus fort qu’avant. Ce n’est pas pour rien qu’il accorde une grande importance à la devise « Firma spes ut rupes » : « l’Espérance ferme comme le rocher. N’est-ce pas une devise sublime ? Elle vient me redonner courage chaque fois que l’angoisse m’étreint et que je suis gagné par le sentiment de n’être bon à rien… » Un passage marquant à la page 123.
En définitive, Xavier-Marie Garcette réussit haut la main le défi de la biographie, résultat d’un intense travail de recherches, finement documenté.

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Site de l'auteur : https://xaviermarie-garcette.fr/