Kalilou Diakité présente un essai sur la condition des femmes

Kalilou Diakité navigue avec aisance à travers les genres littéraires, c’est le moins qu’on puisse dire. Coordinateur éducatif le jour, il se transforme la nuit en écrivain, poète et scénariste chevronné, dont les mots résonnent avec l’écho de sa réalité. Avec lui, pas le temps pour les artifices. Il faut exposer et exploiter la réalité du terrain. Ce conteur urbain présente un essai féministe, où il célèbre le genre féminin.

Découvrir qu’un homme est la plume derrière un essai féministe peut, de prime abord, surprendre. En effet, le féminisme est souvent perçu comme un champ d’expression et de lutte principalement féminin. Pourtant, c’est précisément ce qui rend l’initiative de Diakité non seulement rafraîchissante, mais aussi profondément encourageante.

Cela démontre une prise de conscience et une volonté d’engagement qui transcendent les genres, le fait que la lutte pour l’égalité et la reconnaissance des droits des femmes n’est pas l’apanage exclusif des femmes. Les hommes, en tant qu’alliés potentiels, peuvent jouer un rôle crucial dans cette quête en amplifiant les voix féminines, en défiant les stéréotypes de genre et en contribuant activement au démantèlement des structures patriarcales. La démarche de Diakité est un rappel que le féminisme gagne à être inclusif, enrichi par diverses perspectives, y compris celles des hommes qui choisissent de se tenir aux côtés des femmes dans cette lutte essentielle pour l’égalité.

Dans son ouvrage, Kalilou Diakité détruit les stéréotypes en célébrant l’esprit indomptable de la femme, plutôt que de se focaliser sur son aspect physique. On peut citer par exemple ce passage :

« Souffrance de la femme-objet, celle qui n’est perçue que comme de la chair par les réseaux de prostitution, par Daesh, Boko Haram et même par nos sociétés qui cantonnent la femme à n’être qu’un objet de tous les désirs, à une plastique, à un physique. Les femmes valent pourtant bien davantage que leur apparence. » Diakité n’hésite pas à mélanger les époques en citant différentes grandes figures : « Vous êtes douées d’une intelligence qui n’a rien à envier à l’homme, en témoignent vos Prix Nobel de physique et de littérature, vous êtes des êtres exceptionnels. Comment ne pas penser à Fawcett Milicent Garett, cette suffragette et réformatrice qui s’est battue pour que les femmes obtiennent le droit de vote en Grande — Bretagne, à l’humanisme de Lady Diana, au destin d’Anne Frank, à Florence de Nightingale, aux sacrifices de Cavell Edith ? »

Dans son exploration de la féminité, Kalilou Diakité présente la maternité non pas comme une simple fonction biologique, mais comme une manifestation puissante du pouvoir créateur inhérent à chaque femme. Il écrit par exemple :

« Sacrifices de ces mères partout dans le monde que les enfants, aujourd’hui devenus adultes, oublient. Nous sommes si ingrats à votre égard, la plus grande fortune du monde ne pourra jamais rembourser un coup de pied dans votre ventre, vos nuits blanches, vos inquiétudes, vos pleurs… »

Diakité élève la maternité à un statut d’acte de sacrifice suprême, en soulignant son rôle dans la formation de la société et dans le façonnement des générations futures. Par ces mots, il célèbre la femme comme une gardienne de la vie, mais aussi comme une architecte de l’avenir. Dans une démarche ouverte sur tous les physiques et toutes les religions, l’auteur tient à réunir toutes les femmes, venues des quatre coins du monde :

« Grandes, petites, minces, fortes, yeux bleus, noirs, peau blanche, métissée… peu importent votre physique, votre couleur, vous êtes des femmes, les mères de l’humanité, l’exclamation de la vie. »

L’on pourrait dire que l’auteur encourage l’acceptation de la féminité dans toute sa diversité et ses manifestations, tout en critiquant les normes sociétales rigides qui cherchent à définir et à limiter la beauté féminine et donc, à l’imposer. Il affirme la beauté universelle de chaque femme, quels que soient son pays d’origine ou ses ornements, les proclamant toutes « Miss Univers ».

D’ailleurs, Diakité n’hésite pas à plonger dans les problématiques complexes entourant la femme voilée. En abordant la mode islamique et la diversité féminine au sein de l’islam, il invite à une réflexion sur la perception de la femme voilée, souvent réduite à des stéréotypes de soumission, sans chercher à comprendre la volonté de la femme concernée. Il critique vivement la société qui oblige les femmes à se conformer à des idéaux de beauté irréalistes, allant des régimes et crèmes antirides aux pratiques dangereuses comme l’éclaircissement de la peau, imposant un modèle unique de beauté qui nie la diversité naturelle des femmes…

Entre autres, l’auteur aborde frontalement les violences infligées aux femmes, dénonçant avec véhémence les justifications fallacieuses souvent avancées pour excuser ces actes répréhensibles. Il réfute catégoriquement toute excuse liée aux soucis quotidiens ou à l’alcool comme raison valable de lever la main sur une femme, soulignant l’inacceptabilité totale de la violence conjugale qui peut conduire au décès tragique de la victime… Enfin, Diakité encourage les femmes à briser le silence et à s’extraire de ces situations toxiques pour entamer un processus de reconstruction personnelle, même si ce n’est jamais si facile.

À travers tous ces exemples, Diakité utilise sa plume pour dénoncer les multiples formes de violence contre les femmes : qu’elles soient des pressions de la société ou bien le sexisme pur et simple. Son message est clair : la violence contre les femmes est une violation inexcusable de leurs droits humains fondamentaux, nécessitant une mobilisation collective pour son éradication.

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