Vincent, tu te rends à Angoulême depuis une quinzaine d’années et tu remarques qu’un vent nouveau anime le Festival depuis deux ans.
Le Festival existe depuis quarante-six ans et vivait un peu sur ses acquis, de son organisation. Ça roulait de manière normée. Beaucoup faisaient avec, certains admiraient, d’autres s’en plaignaient. Ils ne savaient pas trop quelle direction prendre pour réinventer leur festival parce que la nécessité du changement ne s’imposait pas. Il a fallu un nouveau directeur arrivé il y a deux ans, Stéphane Beaujean. Il vient du monde de la librairie…
Tu défends ta corporation.
Non. Il est vraiment en contact avec les auteurs depuis longtemps. Il a un regard intérieur au festival mais aussi extérieur, qui lui a permis, au-delà de ses compétences, d’apporter un nouveau souffle avec l’aide de toute l’équipe. Avant lui, on songeait plutôt à conforter ce qui était en place qu’à le changer.
Le nombre d’expositions, par exemple, a beaucoup évolué. Un Festival mondial de la bande dessinée se doit d’apporter autre chose que tous les albums qu’on trouve en librairie. Il y a les auteurs, bien sûr, mais ils ne sont pas forcément accessibles. On a envie de voir la bande dessinée autrement, de mettre les mains dedans.
Pourquoi les expositions ont-elles tant d’importance ?
La BD quitte alors le monde de l’objet pour prendre une autre dimension. Quand j’ai une planche originale entre les mains la relation est différente. Je prends vraiment conscience de la présence et du travail de l’artiste. J’ai eu le bonheur de voir l’exposition de Taiyo Matsumoto, un extraordinaire auteur de mangas. C’est une chance rarissime de voir des originaux de manga, le trait, les retouches, le format des pages, la texture du papier… ça donne vraiment envie de lire. C’est l’intérêt des expositions.
Le Festival existe depuis quarante-six ans et vivait un peu sur ses acquis, de son organisation. Ça roulait de manière normée. Beaucoup faisaient avec, certains admiraient, d’autres s’en plaignaient. Ils ne savaient pas trop quelle direction prendre pour réinventer leur festival parce que la nécessité du changement ne s’imposait pas. Il a fallu un nouveau directeur arrivé il y a deux ans, Stéphane Beaujean. Il vient du monde de la librairie…
Tu défends ta corporation.
Non. Il est vraiment en contact avec les auteurs depuis longtemps. Il a un regard intérieur au festival mais aussi extérieur, qui lui a permis, au-delà de ses compétences, d’apporter un nouveau souffle avec l’aide de toute l’équipe. Avant lui, on songeait plutôt à conforter ce qui était en place qu’à le changer.
Le nombre d’expositions, par exemple, a beaucoup évolué. Un Festival mondial de la bande dessinée se doit d’apporter autre chose que tous les albums qu’on trouve en librairie. Il y a les auteurs, bien sûr, mais ils ne sont pas forcément accessibles. On a envie de voir la bande dessinée autrement, de mettre les mains dedans.
Pourquoi les expositions ont-elles tant d’importance ?
La BD quitte alors le monde de l’objet pour prendre une autre dimension. Quand j’ai une planche originale entre les mains la relation est différente. Je prends vraiment conscience de la présence et du travail de l’artiste. J’ai eu le bonheur de voir l’exposition de Taiyo Matsumoto, un extraordinaire auteur de mangas. C’est une chance rarissime de voir des originaux de manga, le trait, les retouches, le format des pages, la texture du papier… ça donne vraiment envie de lire. C’est l’intérêt des expositions.
Elles permettent de voir les bandes dessinées comme des œuvres d’art.
L’expression « neuvième art » prend alors tout son sens.
Il y avait bien sûr l’exposition de l’invité d’honneur Richard Corben, celle de Bernadette Després, autrice de Tom-Tom et Nana, qu’on connaît bien autour d’Annecy puisque qu’elle est venue aux deux derniers Festivals de Sevrier, le Comics avec l’exposition Batman…et il y en a eu d’autres, ce qui fait que tous les types de lecteurs ont pu être concernés et satisfaits. Les plus oubliés habituellement, manga, comics et jeunesse étaient mis en avant cette année.
La BD représente tout un univers, c’est ce qui apparaît chez BD Fugue avec les livres, les objets, les affiches, les genres différents.
On peut même dire que ce sont des univers.
Qui vont vers la création et qui se complètent.
Il arrive que des clients viennent pour le bar et qu’ils aient un coup de cœur pour une image, pour une affiche. Finalement ils sont amateurs de bandes dessinées sans le savoir. Tout est affaire de curiosité.
C’est la même démarche qu’à Angoulême, on entre par une porte et on peut en découvrir d’autres.
L’autre nouveauté d’Angoulême est la reconnaissance accrue des femmes.
Qui est légitime. Le choix du Grand Prix d’Angoulême célèbre quelqu’un pour sa carrière, pour ce qu’il a apporté aux autres auteurs. Ce qui pose un peu problème parce que, même s’il y a un nombre de plus en plus important de femmes dans le monde de la bande dessinée, leur carrière est encore trop jeune pour être auréolée du Grand Prix. Il faut attendre encore quelques années, même si certaines écoles de graphisme comptent plus de femmes que d’hommes.
On parle de cuisine masculine ou féminine ; la même distinction peut être établie pour la BD ?
C’est un sujet de réflexion à lui tout seul. On pourrait dire que, autant il y a des auteurs hommes qui s’enferment dans un genre, autant des autrices s’enferment elles aussi, sans doute inconsciemment. Mais il y a beaucoup d’œuvres qui ne dépendent pas du sexe de l’artiste. Pour les femmes, il y a Claire Wendling, Alexe et bien d’autres desquelles fait partie Emil Ferris qui a reçu le Fauve d’Or 2019 pour « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres ». Son dessin n’est pas genré du tout.
L’expression « neuvième art » prend alors tout son sens.
Il y avait bien sûr l’exposition de l’invité d’honneur Richard Corben, celle de Bernadette Després, autrice de Tom-Tom et Nana, qu’on connaît bien autour d’Annecy puisque qu’elle est venue aux deux derniers Festivals de Sevrier, le Comics avec l’exposition Batman…et il y en a eu d’autres, ce qui fait que tous les types de lecteurs ont pu être concernés et satisfaits. Les plus oubliés habituellement, manga, comics et jeunesse étaient mis en avant cette année.
La BD représente tout un univers, c’est ce qui apparaît chez BD Fugue avec les livres, les objets, les affiches, les genres différents.
On peut même dire que ce sont des univers.
Qui vont vers la création et qui se complètent.
Il arrive que des clients viennent pour le bar et qu’ils aient un coup de cœur pour une image, pour une affiche. Finalement ils sont amateurs de bandes dessinées sans le savoir. Tout est affaire de curiosité.
C’est la même démarche qu’à Angoulême, on entre par une porte et on peut en découvrir d’autres.
L’autre nouveauté d’Angoulême est la reconnaissance accrue des femmes.
Qui est légitime. Le choix du Grand Prix d’Angoulême célèbre quelqu’un pour sa carrière, pour ce qu’il a apporté aux autres auteurs. Ce qui pose un peu problème parce que, même s’il y a un nombre de plus en plus important de femmes dans le monde de la bande dessinée, leur carrière est encore trop jeune pour être auréolée du Grand Prix. Il faut attendre encore quelques années, même si certaines écoles de graphisme comptent plus de femmes que d’hommes.
On parle de cuisine masculine ou féminine ; la même distinction peut être établie pour la BD ?
C’est un sujet de réflexion à lui tout seul. On pourrait dire que, autant il y a des auteurs hommes qui s’enferment dans un genre, autant des autrices s’enferment elles aussi, sans doute inconsciemment. Mais il y a beaucoup d’œuvres qui ne dépendent pas du sexe de l’artiste. Pour les femmes, il y a Claire Wendling, Alexe et bien d’autres desquelles fait partie Emil Ferris qui a reçu le Fauve d’Or 2019 pour « Moi, ce que j’aime, c’est les monstres ». Son dessin n’est pas genré du tout.
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Et tu as réussi à prolonger Angoulême en faisant venir Joff Winterhart en dédicace chez BD Fugue Annecy.
Joff faisait partie de la sélection officielle du Festival. Son éditeur a jugé bon de le faire venir à Angoulême et de prolonger sa présence sur le sol français en une tournée. Emily Gleason, des éditions Ça et Là, elle-même Prix Révélation à Angoulême, a remarqué mon enthousiasme pour « Courtes distances » de Joff et les choses se sont faites naturellement.
Rendez-vous chez notre partenaire BD Fugue :
Joff faisait partie de la sélection officielle du Festival. Son éditeur a jugé bon de le faire venir à Angoulême et de prolonger sa présence sur le sol français en une tournée. Emily Gleason, des éditions Ça et Là, elle-même Prix Révélation à Angoulême, a remarqué mon enthousiasme pour « Courtes distances » de Joff et les choses se sont faites naturellement.
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