Rémi Perrier, votre société RPO fabrique des souvenirs depuis 1984. Pour fabriquer des souvenirs, il faut d’abord passer par du spectacle vivant, ce qui pose problème en ce moment.
Effectivement, le spectacle n’est pas très vivant en ce moment. Il faut garder un peu d’humour dans la situation que nous subissons. J’essaye toujours de relativiser, de prendre du recul sans être une blanche colombe ou faire de la démagogie. Des gens sont dans une situation bien plus dramatique que la mienne, même si ce qui nous arrive est grave. Certains ont besoin d’argent pour nourrir leur famille parce que la cantine coûte habituellement moins cher que de nourrir ses enfants à la maison. Il y a les gens malades et des situations pires encore. Pour moi c’est un drame uniquement économique. Il y a bien sûr une dimension humaine de déception. J’ai le cœur gros mais je suis en pleine santé et je pense aux autres.
RPO, Musilac, c’est toute une chaîne. L’annulation d’un événement touche des professions, des statuts, des individus.
Oui, un festival n’est pas que le petit porte monnaie de Rémi Perrier. Si on parle de Musilac, ce sont des centaines de cachets d’intermittents, tous les corps de métiers, des menuisiers, des plombiers… c’est de l’économie induite qui se nourrit, au bon sens du terme, d’un événement. Concernant Musilac, les retombées économiques locales en termes de salaires, de prestataires, de remplissage des chambres d’hôtes, des hôtels… représentent plusieurs millions d’euros. L’incidence de cette annulation va bien au-delà de Musilac lui-même et de la société RPO.
Il est peut-être prématuré d’en parler maintenant, comment se feront les choses à la sortie du confinement ?
On apprend presque minute par minute les infos. Ce qui est clair, c’est qu’il n’y aura pas de Musilac en 2020. Le déconfinement va changer ma vie personnelle, un peu ma vie professionnelle avec ma casquette RPO qui va prendre le pas sur celle de Musilac. Même si les choses s’améliorent, ce que je souhaite vivement, l’avenir de Musilac à l’heure actuelle est très incertain. Il n’est pas sûr qu’une édition ait lieu en 2021 ; d’autres festivals sont dans cette incertitude.
On essaye actuellement de bénéficier, dans le bon sens du terme, des aides d’urgences annoncées et on attend d’autres choses pour ne pas mourir : nous n’avons pas les reins assez solides pour faire face à une tonne de dépenses avec zéro recette.
La 19 ° édition de Musilac s’annonçait, l’événement était pérennisé depuis bientôt 20 ans, mais les artisans que nous sommes ont besoin du soutien des pouvoirs publics, la ville d’Aix-les-Bains, le Département de Savoie, la Communauté de Communes et la Région AURA. Je ne pleurniche pas, comme beaucoup de gens dans d’autres activités nous avons besoin d’aide pour continuer d’exister. Un coup mortel risque d’être porté aussi à de nombreuses autres professions et corporations.
Effectivement, le spectacle n’est pas très vivant en ce moment. Il faut garder un peu d’humour dans la situation que nous subissons. J’essaye toujours de relativiser, de prendre du recul sans être une blanche colombe ou faire de la démagogie. Des gens sont dans une situation bien plus dramatique que la mienne, même si ce qui nous arrive est grave. Certains ont besoin d’argent pour nourrir leur famille parce que la cantine coûte habituellement moins cher que de nourrir ses enfants à la maison. Il y a les gens malades et des situations pires encore. Pour moi c’est un drame uniquement économique. Il y a bien sûr une dimension humaine de déception. J’ai le cœur gros mais je suis en pleine santé et je pense aux autres.
RPO, Musilac, c’est toute une chaîne. L’annulation d’un événement touche des professions, des statuts, des individus.
Oui, un festival n’est pas que le petit porte monnaie de Rémi Perrier. Si on parle de Musilac, ce sont des centaines de cachets d’intermittents, tous les corps de métiers, des menuisiers, des plombiers… c’est de l’économie induite qui se nourrit, au bon sens du terme, d’un événement. Concernant Musilac, les retombées économiques locales en termes de salaires, de prestataires, de remplissage des chambres d’hôtes, des hôtels… représentent plusieurs millions d’euros. L’incidence de cette annulation va bien au-delà de Musilac lui-même et de la société RPO.
Il est peut-être prématuré d’en parler maintenant, comment se feront les choses à la sortie du confinement ?
On apprend presque minute par minute les infos. Ce qui est clair, c’est qu’il n’y aura pas de Musilac en 2020. Le déconfinement va changer ma vie personnelle, un peu ma vie professionnelle avec ma casquette RPO qui va prendre le pas sur celle de Musilac. Même si les choses s’améliorent, ce que je souhaite vivement, l’avenir de Musilac à l’heure actuelle est très incertain. Il n’est pas sûr qu’une édition ait lieu en 2021 ; d’autres festivals sont dans cette incertitude.
On essaye actuellement de bénéficier, dans le bon sens du terme, des aides d’urgences annoncées et on attend d’autres choses pour ne pas mourir : nous n’avons pas les reins assez solides pour faire face à une tonne de dépenses avec zéro recette.
La 19 ° édition de Musilac s’annonçait, l’événement était pérennisé depuis bientôt 20 ans, mais les artisans que nous sommes ont besoin du soutien des pouvoirs publics, la ville d’Aix-les-Bains, le Département de Savoie, la Communauté de Communes et la Région AURA. Je ne pleurniche pas, comme beaucoup de gens dans d’autres activités nous avons besoin d’aide pour continuer d’exister. Un coup mortel risque d’être porté aussi à de nombreuses autres professions et corporations.
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Les contacts avec ces structures publiques se renouent actuellement. Il y a une visibilité ? Un timing est prévu ?
On est dans l’urgence absolue, même si le terme convient davantage à d’autres préoccupations comme la santé. Nous avons saisi tous les gens concernés mais nous n’avons aucune réponse pour l’instant. Ce n’est pas un reproche, simplement un constat. Il y a d’autres choses à gérer, qui sont vitales. Il n’en demeure pas moins que nous allons nous aussi "mourir" si nous n’avons pas de réponses, si nous ne sommes pas accompagnés.
Et puis j’ai la modeste prétention d’estimer qu’un festival comme Musilac et d’autres, au-delà de l’argent permet de rassembler des gens autour d’un projet artistique, scientifique éventuellement, ou sportif et revêt une dimension indispensable de partage, d’échange.
La période que nous subissons va dans le sens de ce que vous dites. Ce qui semble tout à fait naturel habituellement prend maintenant une autre importance.
Des gens se sont connus à Musilac, ils ont aujourd’hui des enfants. Je peux paraître très fleur bleue mais p….., m… ! Musilac est un événement qui ne la surjoue pas.
Je ne veux pas la surjouer non plus mais, pendant la seconde guerre mondiale, son ministre de la guerre demande un jour à Churchill de transformer le budget de la culture en effort de guerre et Churchill lui répond "À quoi ça sert qu’on fasse la guerre s’il n’y a plus de culture ?"
Toutes proportions gardées, bien sûr, il est essentiel de maintenir tous les lieux d’échange, de partage comme Musilac.
... N'hésitez pas à laisser vos commentaires de votre soutien en bas de cette page.
On est dans l’urgence absolue, même si le terme convient davantage à d’autres préoccupations comme la santé. Nous avons saisi tous les gens concernés mais nous n’avons aucune réponse pour l’instant. Ce n’est pas un reproche, simplement un constat. Il y a d’autres choses à gérer, qui sont vitales. Il n’en demeure pas moins que nous allons nous aussi "mourir" si nous n’avons pas de réponses, si nous ne sommes pas accompagnés.
Et puis j’ai la modeste prétention d’estimer qu’un festival comme Musilac et d’autres, au-delà de l’argent permet de rassembler des gens autour d’un projet artistique, scientifique éventuellement, ou sportif et revêt une dimension indispensable de partage, d’échange.
La période que nous subissons va dans le sens de ce que vous dites. Ce qui semble tout à fait naturel habituellement prend maintenant une autre importance.
Des gens se sont connus à Musilac, ils ont aujourd’hui des enfants. Je peux paraître très fleur bleue mais p….., m… ! Musilac est un événement qui ne la surjoue pas.
Je ne veux pas la surjouer non plus mais, pendant la seconde guerre mondiale, son ministre de la guerre demande un jour à Churchill de transformer le budget de la culture en effort de guerre et Churchill lui répond "À quoi ça sert qu’on fasse la guerre s’il n’y a plus de culture ?"
Toutes proportions gardées, bien sûr, il est essentiel de maintenir tous les lieux d’échange, de partage comme Musilac.
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