Bertrand Mounier fait partie de la compagnie Boîte aux Lettres , qu'il a cofondée, et joue dans la pièce Le jeu de l'amour et du hasard
Un moment passé à bavarder avec Bertrand Mounier accompagné de Salomé Villiers, du théâtre, de Marivaux, de la troupe qu’ils ont fondée.
Bertrand Mounier, il paraît que jouer à domicile est un avantage pour les sportifs. Et pour les acteurs ?
C’est un avantage dans la mesure où le public est déjà plus ou moins conquis, mais c’est aussi une pression supplémentaire parce qu’il faut être bon.
Mais votre expérience du théâtre vous apporte suffisamment d’assurance.
Oui, nous venons surtout de donner la centième de ce spectacle à Paris et nous sommes rôdés. Même si on n’est jamais totalement satisfait, il y a des bases solides.
Qu’est-ce qui vous a mené vers le théâtre ?
Quand j’avais douze ans, ma maman me propose d’aller voir une de ses amies qui joue dans une association amateur un spectacle baroque au foyer des jeunes de Saint-Jorioz. C’est le coup de cœur et je me dis « C’est ce que je veux faire. » J’ai suivi des cours à ce foyer, ensuite je me suis inscrit à l’option théâtre du lycée Baudelaire (Annecy). Huit heures de théâtre par semaine et une professeur, Mme Manteau, absolument passionnante. En plus de la théorie, cette option nous permet d’avoir des abonnements à Bonlieu où je commence à découvrir les grandes mises en scène avec Jean-Pierre Vincent, André Engel. Je passe mon bac et j’ai ensuite un petit doute sur le fait de partir à Paris. Une peur de la distance car ma famille est très proche, très soudée. Je m’inscris à Lyon 2, en 1° année des arts du spectacle et Lettres Modernes, car mes parents me poussent à avoir un diplôme. C’est une horreur. C’est totalement impersonnel, comme les cours en amphithéâtre ; ça reste théorique et le fait d’analyser à fond me donne l’impression de dénaturer le théâtre au lieu de le faire vivre.
J’arrête donc la fac en fin de première année pour entrer au cours Myriade dirigé par Georges Montillier, un ancien pensionnaire de la Comédie Française. Trois ans de travail et de préparation aux écoles nationales. Je suis trop jeune pour réussir aux concours, alors je pars à Paris, me réinscris à la fac par sécurité. Je décroche le concours du conservatoire du 11° où je rencontre Salomé Villiers, la metteur en scène de la pièce que nous jouons actuellement et François Nambot qui y joue Dorante.
Vous jouez donc ensemble depuis un certain temps.
SV_ C’est d’abord Bertrand qui s’est attaché à la mise en scène de Yerma, de Garcia Lorca et puis c’est maintenant moi qui assure la mise en scène.
Une forme d’échange ?
BM_ Nous sommes trois membres fondateurs de la compagnie, avec tous les trois des capacités de comédiens et de metteurs en scène. Les choses se décident à l’envie de chacun pour se concrétiser en un travail d’équipe jusqu’au jour où nous aurons trois spectacles qui auront du succès et tourneront en même temps.
Vous jouez actuellement Le jeu de l’amour et du hasard. Pourquoi ce choix ?
SV_ J’ai grandi avec cette pièce que j’ai étudiée au collège, au lycée sans y être très sensible. C’est pendant mon premier cours de théâtre que j’en ai découvert la poésie. Mon apprentissage a continué au conservatoire ; j’ai joué les rôles de Lisette et de Silvia…et je me suis rendue compte que cette pièce est incroyablement moderne et que je m’y reconnais totalement. Elle pose la question de savoir si on est condamné à rester toujours dans la même classe sociale, si l’amour est déterminé par ce conditionnement. Ce n’est pas encore Figaro qui lève le poing contre la noblesse mais Marivaux questionne. C’est une pièce très féministe qui dresse des portraits de femmes rares à l’époque. Marivaux était un analyste très fin du cœur humain. On prête cette formule à Voltaire « Cet analyste du cœur humain qui pèse des œufs de mouche dans des balances en toile d’araignée. » La devise de Marivaux était « Castigat ridendo mores », soit « Corrigeons les mœurs par le rire. », ce qui est un message important aujourd’hui parce que le rire est le meilleur moyen pour atteindre directement un public et le faire rire jaune…
En quoi consiste le travail de l’acteur ?
SV_ C’est la très grande précision qui lui apporte la liberté nécessaire pour rencontrer le public.
BM _ D’ailleurs les choses évoluent au fil des représentations. La langue des grands textes classiques permet d’y découvrir chaque fois quelque chose … Et nous formons une famille, cela doit se sentir dans notre jeu.
L’amour et le respect des grands textes, la volonté de les faire vivre dans une véritable rencontre avec le public et l’esprit d’une troupe de théâtre unie donnent aux représentations de la compagnie La boîte aux Lettres une couleur particulière, simple, naturelle, évidente.
La simplicité exige beaucoup de talent et de travail. Une réussite !
Bertrand Mounier, il paraît que jouer à domicile est un avantage pour les sportifs. Et pour les acteurs ?
C’est un avantage dans la mesure où le public est déjà plus ou moins conquis, mais c’est aussi une pression supplémentaire parce qu’il faut être bon.
Mais votre expérience du théâtre vous apporte suffisamment d’assurance.
Oui, nous venons surtout de donner la centième de ce spectacle à Paris et nous sommes rôdés. Même si on n’est jamais totalement satisfait, il y a des bases solides.
Qu’est-ce qui vous a mené vers le théâtre ?
Quand j’avais douze ans, ma maman me propose d’aller voir une de ses amies qui joue dans une association amateur un spectacle baroque au foyer des jeunes de Saint-Jorioz. C’est le coup de cœur et je me dis « C’est ce que je veux faire. » J’ai suivi des cours à ce foyer, ensuite je me suis inscrit à l’option théâtre du lycée Baudelaire (Annecy). Huit heures de théâtre par semaine et une professeur, Mme Manteau, absolument passionnante. En plus de la théorie, cette option nous permet d’avoir des abonnements à Bonlieu où je commence à découvrir les grandes mises en scène avec Jean-Pierre Vincent, André Engel. Je passe mon bac et j’ai ensuite un petit doute sur le fait de partir à Paris. Une peur de la distance car ma famille est très proche, très soudée. Je m’inscris à Lyon 2, en 1° année des arts du spectacle et Lettres Modernes, car mes parents me poussent à avoir un diplôme. C’est une horreur. C’est totalement impersonnel, comme les cours en amphithéâtre ; ça reste théorique et le fait d’analyser à fond me donne l’impression de dénaturer le théâtre au lieu de le faire vivre.
J’arrête donc la fac en fin de première année pour entrer au cours Myriade dirigé par Georges Montillier, un ancien pensionnaire de la Comédie Française. Trois ans de travail et de préparation aux écoles nationales. Je suis trop jeune pour réussir aux concours, alors je pars à Paris, me réinscris à la fac par sécurité. Je décroche le concours du conservatoire du 11° où je rencontre Salomé Villiers, la metteur en scène de la pièce que nous jouons actuellement et François Nambot qui y joue Dorante.
Vous jouez donc ensemble depuis un certain temps.
SV_ C’est d’abord Bertrand qui s’est attaché à la mise en scène de Yerma, de Garcia Lorca et puis c’est maintenant moi qui assure la mise en scène.
Une forme d’échange ?
BM_ Nous sommes trois membres fondateurs de la compagnie, avec tous les trois des capacités de comédiens et de metteurs en scène. Les choses se décident à l’envie de chacun pour se concrétiser en un travail d’équipe jusqu’au jour où nous aurons trois spectacles qui auront du succès et tourneront en même temps.
Vous jouez actuellement Le jeu de l’amour et du hasard. Pourquoi ce choix ?
SV_ J’ai grandi avec cette pièce que j’ai étudiée au collège, au lycée sans y être très sensible. C’est pendant mon premier cours de théâtre que j’en ai découvert la poésie. Mon apprentissage a continué au conservatoire ; j’ai joué les rôles de Lisette et de Silvia…et je me suis rendue compte que cette pièce est incroyablement moderne et que je m’y reconnais totalement. Elle pose la question de savoir si on est condamné à rester toujours dans la même classe sociale, si l’amour est déterminé par ce conditionnement. Ce n’est pas encore Figaro qui lève le poing contre la noblesse mais Marivaux questionne. C’est une pièce très féministe qui dresse des portraits de femmes rares à l’époque. Marivaux était un analyste très fin du cœur humain. On prête cette formule à Voltaire « Cet analyste du cœur humain qui pèse des œufs de mouche dans des balances en toile d’araignée. » La devise de Marivaux était « Castigat ridendo mores », soit « Corrigeons les mœurs par le rire. », ce qui est un message important aujourd’hui parce que le rire est le meilleur moyen pour atteindre directement un public et le faire rire jaune…
En quoi consiste le travail de l’acteur ?
SV_ C’est la très grande précision qui lui apporte la liberté nécessaire pour rencontrer le public.
BM _ D’ailleurs les choses évoluent au fil des représentations. La langue des grands textes classiques permet d’y découvrir chaque fois quelque chose … Et nous formons une famille, cela doit se sentir dans notre jeu.
L’amour et le respect des grands textes, la volonté de les faire vivre dans une véritable rencontre avec le public et l’esprit d’une troupe de théâtre unie donnent aux représentations de la compagnie La boîte aux Lettres une couleur particulière, simple, naturelle, évidente.
La simplicité exige beaucoup de talent et de travail. Une réussite !