"Fortuna" est passé en avant première aux Cinémas Nemours d'Annecy, en collaboration avec Plan Large et la Cimade. Sortie nationale le 19 septembre 2018.
La poésie dit sans raconter. Elle fait naître, elle évoque. C’est pourquoi le film de Germinal Roaux est poésie. Il dit l’exil, la traversée des mers, l’arrachement, la solitude, l’amour, la foi. Il dit l’essentiel, l’intime . L’essentiel est indicible mais poétiquement évocable : les vagues des pérégrinations marines déroulant à l’infini leur consistance nuageuse, la beauté figée des montagnes enneigées.
« Fortuna » ne montre pas le voyage migratoire parce que celui-ci ne s’arrête pas aux rivages de l’Europe ou d’ailleurs, il continue dans le corps et dans l’esprit de ceux qui l’ont vécu. Là est peut-être la véritable frontière avec les « pays d’accueil ».
Fortuna fait naître en nous la sensation que nous sommes tous migrants en ce monde, que les autres, fuyant leurs pays, déplacent nos propres frontières morales, philosophiques ,religieuses, citoyennes, questionnent la légitimité indiscutable de nos lois, nous demandent qui nous sommes et nous forcent à évoluer pour renaître avec eux.
Les autres nous questionnent et font de nous (ou non) des êtres humains.
Michel Rocard, à qui il ne s’agit pas ici de faire un procès, a déclaré «La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Formulation intéressante. La misère est une donnée, la résultante d’une mesure ; les gens qui en souffrent sont des miséreux.
Les gens.
Les mouvements migratoires mettent en route des gens animés de passions, d’espoirs, de doutes, imprégnés comme nous d’une culture ; la rencontre avec ces gens nous questionne sur l’ordre et le désordre, la justice et l’injustice, l’individu et la société, les principes et la réalité.
« Fortuna » est une rencontre avec les gens, donc avec nous-mêmes, une renaissance : « Si le grain ne meurt… » Un film qui n’a pas besoin d’effets spéciaux pour bouleverser simplement l’ordre du monde et l’esprit du public.
La poésie dit sans raconter. Elle fait naître, elle évoque. C’est pourquoi le film de Germinal Roaux est poésie. Il dit l’exil, la traversée des mers, l’arrachement, la solitude, l’amour, la foi. Il dit l’essentiel, l’intime . L’essentiel est indicible mais poétiquement évocable : les vagues des pérégrinations marines déroulant à l’infini leur consistance nuageuse, la beauté figée des montagnes enneigées.
« Fortuna » ne montre pas le voyage migratoire parce que celui-ci ne s’arrête pas aux rivages de l’Europe ou d’ailleurs, il continue dans le corps et dans l’esprit de ceux qui l’ont vécu. Là est peut-être la véritable frontière avec les « pays d’accueil ».
Fortuna fait naître en nous la sensation que nous sommes tous migrants en ce monde, que les autres, fuyant leurs pays, déplacent nos propres frontières morales, philosophiques ,religieuses, citoyennes, questionnent la légitimité indiscutable de nos lois, nous demandent qui nous sommes et nous forcent à évoluer pour renaître avec eux.
Les autres nous questionnent et font de nous (ou non) des êtres humains.
Michel Rocard, à qui il ne s’agit pas ici de faire un procès, a déclaré «La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde». Formulation intéressante. La misère est une donnée, la résultante d’une mesure ; les gens qui en souffrent sont des miséreux.
Les gens.
Les mouvements migratoires mettent en route des gens animés de passions, d’espoirs, de doutes, imprégnés comme nous d’une culture ; la rencontre avec ces gens nous questionne sur l’ordre et le désordre, la justice et l’injustice, l’individu et la société, les principes et la réalité.
« Fortuna » est une rencontre avec les gens, donc avec nous-mêmes, une renaissance : « Si le grain ne meurt… » Un film qui n’a pas besoin d’effets spéciaux pour bouleverser simplement l’ordre du monde et l’esprit du public.
Germinal Roaux à Annecy ©Didier Devos
Grâce à l’association Plan Large, Move On a pu rencontrer Germinal Roaux
Peut-on dire qu’à travers la question des migrants vous traitez la notion de passage, de transformation de soi, de renaissance ?
J’ai essayé de mettre un visage, de raconter un destin. On entend parler depuis des années maintenant de cette tragédie de la migration, par la radio, par la télévision on prend connaissance de ces morts en Méditerranée, essentiellement sous la forme de chiffres face auxquels on se sent impuissant, c’est pourquoi j’ai essayé avec le cinéma, avec la poésie de trouver un chemin qui nous permette de nous resensibiliser à des questions essentielles qui ne traitent pas que de la migration, mais aussi du sens qu’on peut donner à une vie, de notre capacité ou non à grandir, à évoluer. Dans ce film, il s’agit du parcours d’une jeune fille qui devient femme, du passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Le passage du temps, aussi, vous est cher.
Je l’ai observé dans les différents centres de réfugiés dans lesquels je suis allé pour rencontrer des réfugiés. L’une des choses qui frappent est l’attente. Des gens qui attendent sans savoir de quoi demain sera fait. J’ai donc traité du temps qui passe, de l’attente pour permettre aussi aux spectateurs d’avoir le temps d’opérer une réflexion. Il fallait laisser de l’espace pour que chacun puisse rentrer dans le film avec son propre vécu et puisse se mettre en mouvement.
Le temps du film est le temps nécessaire à l’héroïne, Fortuna, pour qu’elle accepte le changement après avoir été dans le refus, dans l’incompréhension. Tout se passe dans un huis clos, dans un temps arrêté. Dans le huis clos de la langue, aussi.
Ce monastère, à deux mille mètres d’altitude, se prêtait aussi à exprimer cette attente. Il s’agit de l’hospice du Simplon, un lieu que je connaissais. Le premier objectif de « Fortuna » était de parler de ces jeunes migrants non accompagnés, de leur destin. Ma compagne fait de l’alphabétisation dans des classes d’accueil pour jeunes réfugiés. Mes rencontres avec eux m’a tellement bouleversé que j’ai eu l’idée d’en faire un film. La question des chanoines, plus religieuse, est arrivée ensuite.
Vous posez la question des migrants dans toute sa complexité, mais aussi celle de l’existence du monastère, de la foi et de la vie des moines.
Je souhaitais parler de notre difficulté à accueillir l’autre, de la différence. Je ne voulais pas faire un film religieux mais ce lieu, cette communauté de moines permettait de se poser des questions que je n’aurais sans doute pas pu poser ailleurs, d’élever le niveau de ces questions. Je voulais que ces chanoines ne soient pas enfermés dans des dogmes religieux mais qu’ils puissent les dépasser, qu’ils puissent nous rencontrer, nous spectateurs à travers ces questions. Je ne me sens pas religieux mais profondément habité par la question spirituelle. J’ai l’impression que ceci fait défaut dans le monde actuel.
Avec la photographie, d’une certaine façon, je viens du documentaire. J’observe les choses, les gens, les personnages, réfugiés, éducateurs, chanoines, leur façon de fonctionner a inspiré beaucoup de choses dans le film. La difficulté à accueillir l’autre ressemble d’ailleurs à la difficulté que j’ai eu à aller faire un film chez eux. Quand je suis allé voir les chanoines pour leur dire que je souhaitais tourner un film dans leur monastère, ça n’a pas été évident .Ils n’avaient pas envie d’être dérangés par une équipe de cinéma. Ils ont lu le scénario, se sont réunis en chapitre, ont demandé à me revoir et ont décidé de nous accueillir avec une grande générosité et une grande bienveillance.
Peut-on dire qu’à travers la question des migrants vous traitez la notion de passage, de transformation de soi, de renaissance ?
J’ai essayé de mettre un visage, de raconter un destin. On entend parler depuis des années maintenant de cette tragédie de la migration, par la radio, par la télévision on prend connaissance de ces morts en Méditerranée, essentiellement sous la forme de chiffres face auxquels on se sent impuissant, c’est pourquoi j’ai essayé avec le cinéma, avec la poésie de trouver un chemin qui nous permette de nous resensibiliser à des questions essentielles qui ne traitent pas que de la migration, mais aussi du sens qu’on peut donner à une vie, de notre capacité ou non à grandir, à évoluer. Dans ce film, il s’agit du parcours d’une jeune fille qui devient femme, du passage de l’adolescence à l’âge adulte.
Le passage du temps, aussi, vous est cher.
Je l’ai observé dans les différents centres de réfugiés dans lesquels je suis allé pour rencontrer des réfugiés. L’une des choses qui frappent est l’attente. Des gens qui attendent sans savoir de quoi demain sera fait. J’ai donc traité du temps qui passe, de l’attente pour permettre aussi aux spectateurs d’avoir le temps d’opérer une réflexion. Il fallait laisser de l’espace pour que chacun puisse rentrer dans le film avec son propre vécu et puisse se mettre en mouvement.
Le temps du film est le temps nécessaire à l’héroïne, Fortuna, pour qu’elle accepte le changement après avoir été dans le refus, dans l’incompréhension. Tout se passe dans un huis clos, dans un temps arrêté. Dans le huis clos de la langue, aussi.
Ce monastère, à deux mille mètres d’altitude, se prêtait aussi à exprimer cette attente. Il s’agit de l’hospice du Simplon, un lieu que je connaissais. Le premier objectif de « Fortuna » était de parler de ces jeunes migrants non accompagnés, de leur destin. Ma compagne fait de l’alphabétisation dans des classes d’accueil pour jeunes réfugiés. Mes rencontres avec eux m’a tellement bouleversé que j’ai eu l’idée d’en faire un film. La question des chanoines, plus religieuse, est arrivée ensuite.
Vous posez la question des migrants dans toute sa complexité, mais aussi celle de l’existence du monastère, de la foi et de la vie des moines.
Je souhaitais parler de notre difficulté à accueillir l’autre, de la différence. Je ne voulais pas faire un film religieux mais ce lieu, cette communauté de moines permettait de se poser des questions que je n’aurais sans doute pas pu poser ailleurs, d’élever le niveau de ces questions. Je voulais que ces chanoines ne soient pas enfermés dans des dogmes religieux mais qu’ils puissent les dépasser, qu’ils puissent nous rencontrer, nous spectateurs à travers ces questions. Je ne me sens pas religieux mais profondément habité par la question spirituelle. J’ai l’impression que ceci fait défaut dans le monde actuel.
Avec la photographie, d’une certaine façon, je viens du documentaire. J’observe les choses, les gens, les personnages, réfugiés, éducateurs, chanoines, leur façon de fonctionner a inspiré beaucoup de choses dans le film. La difficulté à accueillir l’autre ressemble d’ailleurs à la difficulté que j’ai eu à aller faire un film chez eux. Quand je suis allé voir les chanoines pour leur dire que je souhaitais tourner un film dans leur monastère, ça n’a pas été évident .Ils n’avaient pas envie d’être dérangés par une équipe de cinéma. Ils ont lu le scénario, se sont réunis en chapitre, ont demandé à me revoir et ont décidé de nous accueillir avec une grande générosité et une grande bienveillance.
Les plans fixes magnifiques sur la montagne enneigée montrent que le temps de la nature et le temps humains ne sont pas les même et nous fait prendre conscience que nous sommes tous des migrants sur terre.
Absolument. J’ai souhaité faire un film qui nous mette en mouvement, qui nous permette de nous interroger dans un monde qui va très vite, dans un cinéma qui va lui aussi très vite et nous hypnotise, nous rend otages de cette vitesse et dans l’impossibilité de nous retrouver nous-mêmes. »Fortuna » donne le temps de rencontrer les personnages, de sentir les éléments, le vent, la neige, le côté minéral de la montagne, le temps de contempler.
Ce résultat nécessite plusieurs étapes à partir du travail d’écriture. Je pars de questions qui me concernent, qui m’interrogent, en prenant le risque de m’y mettre à nu, d’être parfois naïf, mais j’y vais avec le cœur, avec une grande sincérité. Ensuite je retrouve la langue photographique pendant le tournage, avec le noir et blanc que je travaille depuis très longtemps, avec toute cette gamme de gris qui permet de développer des questions philosophiques, du sombre extrême à la lumière. Le tournage se passe en général assez vite. Il s’agit d’aller chercher ce qu’on a écrit en restant ouvert à l’inconnu, sans être bloqué. Il faut improviser, changer, voir ce que la nature nous offre et comment on peut la saisir.
Le montage, lui, a été assez long, dans une recherche d’épure, pour aller à l’os, presque tout enlever pour nous donner plus. Le rythme du montage s’est fait de manière très organique, pas intellectualisée. Un rythme organique s’est installé à voir ces images, à les laisser durer pour trouver un battement juste.
Aujourd’hui on nous abreuve d’explications, de sursignification qui saturent le spectateur. Le rythme de « Fortuna », le dépouillement, la dimension poétique nous laissent une liberté totale pour entrer dans le film et éprouver le fait que les gens que vous montrez sont vivants, qu’ils ne sont pas des statistiques, des chiffres. Ce qui nous rend plus vivants en retour. Plus humains, ce qui fait qu’on porte le film en nous encore après la projection, on continue à respirer avec lui.
On peut créer un lien avec ce qu’on voit. Un jour, avant le tournage, sous la douche, j’essayais de me souvenir des films qui m’avaient vraiment marqué en établissant une comparaison avec toutes les séries que j’avais pu voir pendant des heures et dont il ne me reste rien.
Les films qui m’ont le plus marqué sont ceux qui, sur le moment, ont été les plus difficiles, ceux qui m’ont demandé un engagement. C’est ce qui m’a aidé à faire confiance au spectateur, à l’intelligence et au vécu de chacun pour établir une relation entre ce qu’on lui montre et ce qu’il reçoit. Pour cela il faut du temps et de l’espace. Je pars de ma sincérité, de ma langue qui est le noir et blanc. Les questions qu’aborde le film sont très personnelles. Je me suis dit que c’est ce qui permettrait d’être entendu.
Vous évoquez le voyage à travers des images très poétiques, vous ne le montrez pas. C’est aussi parce que ce voyage n’est jamais terminé, chaque migrant le porte pour toujours en lui et vous nous le transmettez.
Oui et j’ai aussi essayé d’épurer cette question du voyage, de ne pas montrer des images qu’on a déjà vues, de laissé à chacun la possibilité d’interpréter, de réactiver des souvenirs à travers les images que je présente.
On a l’impression que votre film inverse les choses : la vie se passe dans un huis clos et la loi y fait une irruption violente par l’intermédiaire de la police.
Parce qu’on est proche de Fortuna, on la suit dans ses épreuves, dans son parcours ; c’est ce qui nous manque aujourd’hui dans cette crise migratoire qui est aussi une crise de l’accueil.
J’ai essayé de développer cette question dans le grand dialogue de la fin du film, entre l’éducateur social et le prieur interprété par Bruno Ganz, pour nous faire sortir de nos certitudes. Je voulais qu’on adhère dans un premier temps à la position de l’éducateur avant de passer à une prise de hauteur apportée par Bruno Ganz qui bouleverse les choses pour nous ouvrir, pour dépasser nos certitudes.
En France quelqu’un a dit qu’on ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde…La formulation est intéressante parce que la misère est une donnée, une évaluation alors que les miséreux sont des gens, comme nous. Nous tenons la réalité à distance par les mots que nous employons….Vous posez la question du bien et du mal, vous montrez que les deux se rejoignent et peuvent s’inverser.
Oui, peut-on imposer à l’autre notre vision du bien et faire le mal par le bien qu’on impose ?Mes rencontres avec le public sont d’ailleurs bouleversantes parce qu’on traite de ces questions. Le débat avec le public a duré plus d’une heure à Annecy. Il est important de souligner que Fortuna ne traite pas que de la migration mais touche beaucoup d’autres thèmes. Cette question de faire le bien peut aussi toucher l’éducation d’un enfant, par exemple.
Absolument. J’ai souhaité faire un film qui nous mette en mouvement, qui nous permette de nous interroger dans un monde qui va très vite, dans un cinéma qui va lui aussi très vite et nous hypnotise, nous rend otages de cette vitesse et dans l’impossibilité de nous retrouver nous-mêmes. »Fortuna » donne le temps de rencontrer les personnages, de sentir les éléments, le vent, la neige, le côté minéral de la montagne, le temps de contempler.
Ce résultat nécessite plusieurs étapes à partir du travail d’écriture. Je pars de questions qui me concernent, qui m’interrogent, en prenant le risque de m’y mettre à nu, d’être parfois naïf, mais j’y vais avec le cœur, avec une grande sincérité. Ensuite je retrouve la langue photographique pendant le tournage, avec le noir et blanc que je travaille depuis très longtemps, avec toute cette gamme de gris qui permet de développer des questions philosophiques, du sombre extrême à la lumière. Le tournage se passe en général assez vite. Il s’agit d’aller chercher ce qu’on a écrit en restant ouvert à l’inconnu, sans être bloqué. Il faut improviser, changer, voir ce que la nature nous offre et comment on peut la saisir.
Le montage, lui, a été assez long, dans une recherche d’épure, pour aller à l’os, presque tout enlever pour nous donner plus. Le rythme du montage s’est fait de manière très organique, pas intellectualisée. Un rythme organique s’est installé à voir ces images, à les laisser durer pour trouver un battement juste.
Aujourd’hui on nous abreuve d’explications, de sursignification qui saturent le spectateur. Le rythme de « Fortuna », le dépouillement, la dimension poétique nous laissent une liberté totale pour entrer dans le film et éprouver le fait que les gens que vous montrez sont vivants, qu’ils ne sont pas des statistiques, des chiffres. Ce qui nous rend plus vivants en retour. Plus humains, ce qui fait qu’on porte le film en nous encore après la projection, on continue à respirer avec lui.
On peut créer un lien avec ce qu’on voit. Un jour, avant le tournage, sous la douche, j’essayais de me souvenir des films qui m’avaient vraiment marqué en établissant une comparaison avec toutes les séries que j’avais pu voir pendant des heures et dont il ne me reste rien.
Les films qui m’ont le plus marqué sont ceux qui, sur le moment, ont été les plus difficiles, ceux qui m’ont demandé un engagement. C’est ce qui m’a aidé à faire confiance au spectateur, à l’intelligence et au vécu de chacun pour établir une relation entre ce qu’on lui montre et ce qu’il reçoit. Pour cela il faut du temps et de l’espace. Je pars de ma sincérité, de ma langue qui est le noir et blanc. Les questions qu’aborde le film sont très personnelles. Je me suis dit que c’est ce qui permettrait d’être entendu.
Vous évoquez le voyage à travers des images très poétiques, vous ne le montrez pas. C’est aussi parce que ce voyage n’est jamais terminé, chaque migrant le porte pour toujours en lui et vous nous le transmettez.
Oui et j’ai aussi essayé d’épurer cette question du voyage, de ne pas montrer des images qu’on a déjà vues, de laissé à chacun la possibilité d’interpréter, de réactiver des souvenirs à travers les images que je présente.
On a l’impression que votre film inverse les choses : la vie se passe dans un huis clos et la loi y fait une irruption violente par l’intermédiaire de la police.
Parce qu’on est proche de Fortuna, on la suit dans ses épreuves, dans son parcours ; c’est ce qui nous manque aujourd’hui dans cette crise migratoire qui est aussi une crise de l’accueil.
J’ai essayé de développer cette question dans le grand dialogue de la fin du film, entre l’éducateur social et le prieur interprété par Bruno Ganz, pour nous faire sortir de nos certitudes. Je voulais qu’on adhère dans un premier temps à la position de l’éducateur avant de passer à une prise de hauteur apportée par Bruno Ganz qui bouleverse les choses pour nous ouvrir, pour dépasser nos certitudes.
En France quelqu’un a dit qu’on ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde…La formulation est intéressante parce que la misère est une donnée, une évaluation alors que les miséreux sont des gens, comme nous. Nous tenons la réalité à distance par les mots que nous employons….Vous posez la question du bien et du mal, vous montrez que les deux se rejoignent et peuvent s’inverser.
Oui, peut-on imposer à l’autre notre vision du bien et faire le mal par le bien qu’on impose ?Mes rencontres avec le public sont d’ailleurs bouleversantes parce qu’on traite de ces questions. Le débat avec le public a duré plus d’une heure à Annecy. Il est important de souligner que Fortuna ne traite pas que de la migration mais touche beaucoup d’autres thèmes. Cette question de faire le bien peut aussi toucher l’éducation d’un enfant, par exemple.
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Il est intéressant de noter que votre questionnement sur les migrants vienne de Suisse alors qu’on parle bien davantage des pays méditerranéens, mais de Suisse pratiquement jamais.
Par rapport à beaucoup d’autres questions aussi ! (rires partagés). Mais la Suisse a toujours été un lieu de passage.
Par rapport à beaucoup d’autres questions aussi ! (rires partagés). Mais la Suisse a toujours été un lieu de passage.