Le Dernier Soulèvement : les limites de l’écologie

Le dernier soulèvement récemment publié par Sébastien Garnier chez IGB Anticipation offre une plongée dans un monde où la Révolution écologiste a triomphé… Malheureusement, les humains sont aisément corruptibles, séduits par le pouvoir. En résulte donc une tyrannie, où le peuple est surveillé, contraint de répondre à des exigences très poussées. Tout est sous contrôle, les individus ne jouissent d’aucune liberté.
 Le « héros » de cette intrigue est Lazare : un courtisan vivant à la capitale. Il a l’habitude de se rendre chez la Comtesse, une horrible dominatrice, qui abuse fortement de sa position sociale et de sa richesse. La biorévolution, incarnée par le chancelier Valdeck, est un régime autoritaire. Ses représentants sont prêts à tout pour maintenir ce régime révolutionnaire, qui est vraiment compromis par les récentes découvertes de Gertrud von Clausewitz, experte du GIEC. Ce personnage déclare qu’il y a bien un changement climatique observable, qui se produit partout sur Terre. Voilà qui remettrait en question la légitimité de la Bio-Révolution… Pendant ce temps, Lazare se rapproche de Gertrud et en apprend plus sur l’Histoire censurée — surtout aux côtés de la Comtesse de Roquefeuil, qui possède une collection d’objets en plastique, une matière rare qui symbolise le passé. Lazare pensait tout connaître, mais il se trompait sur toute la ligne. À l’image de néo qui s’éveille dans Matrix, le poids de la vérité semble insoutenable. Dans ces livres d’Histoire modifiés par la propagande, Lazare découvre la réalité, ce qui bouleverse également le lecteur qui se sent aussi investi que lui…

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Au fil des chapitres, les dissidents au pouvoir se manifestent, sortent de l’ombre. Ils sont déterminés à faire tomber la Révolution, n’en déplaise à « Mère », l’intelligence artificielle hybride, conçue à partir d’un être humain. Paris brûle ! Les arbres s’embrasent. Toute cette violence heurte l’écosystème, ce qui choque et déplaît au chancelier… Dans ce texte, l’on visualise parfaitement les scènes de révolte, un peu comme dans les Misérables de Victor Hugo, en version roman d’anticipation. Lazare devient une figure de proue étonnante et détonante, s’adressant à la foule. Quant aux forces de l’ordre, elles se montrent impitoyables envers le peuple. Vaut mieux sauver les arbres qu’un être humain qui pense différemment…
Le Dernier Soulèvement est un ouvrage de science-fiction vraiment original, qui transporte le lecteur dans l’imaginaire riche de l’auteur. Voilà qui réussit à composer une fresque à la fois complexe et cohérente, où l’écologie sombre du côté obscur.  

D’ailleurs, les thématiques abordées dans le livre sont d’actualité, notamment la question de la nature et de la façon dont nous traitons notre planète. À petite échelle, chacun peut faire un pas mais ce sont surtout les industries qui sont responsables des gaz à effet de serre… Mais l’histoire ne se contente pas seulement de dresser un constat alarmant et pessimiste, elle propose également une réflexion éclairée sur la place de l’humain dans cette nature et sur les dangers d’un pouvoir trop concentré entre des mains avides.
Le style de l’écrivain est fluide et très agréable, avec des descriptions précises et des dialogues percutants, qui permettent de visualiser facilement les lieux et les personnages. En résulte une œuvre originale, qui sort du lot et qui plaira particulièrement aux fans des ambiances postapocalyptiques.

L’auteur joue avec les époques, en empruntant un lexique très ancien, dans un futur qui est finalement en stagnation. Cela fait penser à la série télévisée Arcane, produite par Netflix elle-même inspirée du vaste univers de League of Legends. Des technologies de pointe comme les Révélateurs, des robots, mais aussi une grande vague d’obscurantisme, dominée par une propagande très vicieuse…
En réalité, cet ouvrage offre un moment de divertissement inoubliable, en dépit de son volume très épais. D’ailleurs, la lecture est très rapide, puisque l’écrivain maîtrise ses scènes d’action, entrecoupées de réflexions. Les chapitres sont à couper le souffle et le lecteur n’aura aucun mal à se projeter dans cet univers qui est à la fois beau, terrible et effrayant. Les émotions sont mises en avant, mais aussi le développement des personnages, qui sont tous très aisément identifiables. C’est une des grandes forces de ce roman : le développement et l’évolution de chaque nom. Certains exaltent dans le Mal, d’autres se situent dans l’entre-deux. Finalement, ce n’est pas vraiment le genre de l’auteur de dépeindre des personnages dichotomiques. L’humanité est grise, en demi-teinte et chacun porte en lui son lot d’erreurs, de réussites.

Cependant, il est important d’ajouter que ce livre n’est pas du tout anti-écologiste ou climatosceptique. Bien au contraire, ce serait là une très mauvaise analyse de ce récit, qui éveille les consciences dans les formes. En bref, un roman à découvrir de toute urgence et à dévorer lors d’un voyage ou dans son lit.

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Le site de Sébastien Garnier : http://sebastien-garnier.com/
Le site de l'éditeur : Igb Editions