Nous avons rencontré David Sala qui dédicaçait Le joueur d’échecs, son dernier album, chez BD Fugue//Annecy le 13 octobre 2017
David Sala, pourquoi avez-vous décidé de réaliser votre Joueur d’échecs ?
Le joueurs d’échecs fait partie des lectures qui m’ont marqué quand j’étais jeune. Je l’ai lu il y a une vingtaine d’années. Il y a la force du récit, l’originalité de l’histoire, le lien avec la vie de l’auteur et son drame personnel, la montée du nazisme. Le livre est donc riche, riche aussi de symboles et en lien avec une réalité que l’on retrouve dans le monde contemporain, actuel.
Par l’intermédiaire du dessin, votre livre accentue l’idée d’enfermement, lorsqu’on voit le bateau comme perdu en mer, par exemple. La vie elle-même pourrait être perçue comme un enfermement.
Le parallèle est évident entre le fumoir et la geôle du personnage. Je me suis, par rapport au texte de Zweig, permis cette particularité d’adapter toutes les séquences de nuit en séquences de jour pour illuminer l’album et pour apporter des contrastes . Tous les flash back, toutes les confessions sont livrés en extérieur mais effectivement le drame se joue en huis clos.
Toujours dans des cases. Comme nous dans nos vies.
Oui, absolument.
La qualité du dessin, le rendu des couleurs font penser à une sorte de mélancolie, de nostalgie.
Cette tonalité fait partie intégrante de l’œuvre de Zweig. La nostalgie y est très présente, en particulier dans ses derniers livres. Je l’ai un peu accentuée par le traitement de ce bateau, les personnages habillés plutôt dans le style années vingt que quarante. C’est l’idée d’un monde perdu qui ressort du bilan que fait Zweig et du Joueur d’échecs. Son monde est mort, les barbares ont pris le pouvoir. Ce pourquoi il s’est constamment battu, l’amour de l’art, de la poésie, de la littérature va mourir avec les nazis.
David Sala, pourquoi avez-vous décidé de réaliser votre Joueur d’échecs ?
Le joueurs d’échecs fait partie des lectures qui m’ont marqué quand j’étais jeune. Je l’ai lu il y a une vingtaine d’années. Il y a la force du récit, l’originalité de l’histoire, le lien avec la vie de l’auteur et son drame personnel, la montée du nazisme. Le livre est donc riche, riche aussi de symboles et en lien avec une réalité que l’on retrouve dans le monde contemporain, actuel.
Par l’intermédiaire du dessin, votre livre accentue l’idée d’enfermement, lorsqu’on voit le bateau comme perdu en mer, par exemple. La vie elle-même pourrait être perçue comme un enfermement.
Le parallèle est évident entre le fumoir et la geôle du personnage. Je me suis, par rapport au texte de Zweig, permis cette particularité d’adapter toutes les séquences de nuit en séquences de jour pour illuminer l’album et pour apporter des contrastes . Tous les flash back, toutes les confessions sont livrés en extérieur mais effectivement le drame se joue en huis clos.
Toujours dans des cases. Comme nous dans nos vies.
Oui, absolument.
La qualité du dessin, le rendu des couleurs font penser à une sorte de mélancolie, de nostalgie.
Cette tonalité fait partie intégrante de l’œuvre de Zweig. La nostalgie y est très présente, en particulier dans ses derniers livres. Je l’ai un peu accentuée par le traitement de ce bateau, les personnages habillés plutôt dans le style années vingt que quarante. C’est l’idée d’un monde perdu qui ressort du bilan que fait Zweig et du Joueur d’échecs. Son monde est mort, les barbares ont pris le pouvoir. Ce pourquoi il s’est constamment battu, l’amour de l’art, de la poésie, de la littérature va mourir avec les nazis.
Le joueur d’échecs est aussi un combat de l’imagination contre le simple calcul et l’avidité.
Nous avons deux personnages avec chacun un comportement totalement différent. C’est l’opposition entre la barbarie et l’esprit. Le champion du monde est une force brute, dénuée de toute capacité d’imagination, uniquement intéressé par l’argent. Sans culture.
La référence à Klimt est évidente dans votre dessin ; il y en a d’autres.
Oui, je me suis nourri de beaucoup de choses.
C’est certainement pour cette raison qu’après la lecture il est agréable de feuilleter le livre, pour voir comment se répondent vos dessins. Mais il faut quand même du culot pour « recomposer » le livre de Zweig !
L’œuvre est très impressionnante quand on l’aborde comme simple dessinateur. Je ne suis ni auteur, ni écrivain .On y va sur la pointe des pieds d’autant plus que le livre est mondialement connu. Il faut donc l’aborder en tant que narrateur. Je suis là pour raconter par les images. Il faut parfois interpréter, remplacer les mots par l’image, traduire les émotions d’une autre manière, inventer une autre narration et ne pas se contenter de faire du texte illustré.
Il faut avoir « digéré » le livre pour le restituer autrement.
C’était véritablement le défi. Certaines séquences, en particulier, constituaient un défi narratif .Comment traduire la solitude, le temps qui passe, le vide, la descente aux enfers, la folie ?
On parlait de vos influences nombreuses ; on pense au Cri de Munch et à bien d’autres mais l’ensemble est très cohérent et nous plonge vraiment dans le monde intérieur du héros.
C’était le cœur du problème. Cette plongée était difficile à rendre par l’image. Le silence, la folie intérieure. Il ne fallait pas travailler sur l’expression physique, le personnage ne pouvait pas se mettre à hurler, à se rouler par terre…Il fallait rendre l’idée « d’un silence bruyant ».
Votre expression fait aussi réaliser que le bateau sur lequel se situe la narration est à la surface de l’eau mais au-dessus d’une sacrée profondeur qui pourrait représenter bien des choses et parmi elles la profondeur du personnage.
Exactement. Il faut laisser le lecteur imaginer le bouillonnement, la frayeur…
Justement, quand on feuillette votre livre après lecture, cela recrée un autre mouvement, une autre perception. Si l’on se reporte à vos albums pour les plus jeunes, on retrouve une richesse, un foisonnement dans vos dessins et dans l’utilisation des couleurs.
Oui, cet album est un pont, un défi graphique. Il fallait donner un aspect lumineux à cette histoire très sombre.
Nous avons deux personnages avec chacun un comportement totalement différent. C’est l’opposition entre la barbarie et l’esprit. Le champion du monde est une force brute, dénuée de toute capacité d’imagination, uniquement intéressé par l’argent. Sans culture.
La référence à Klimt est évidente dans votre dessin ; il y en a d’autres.
Oui, je me suis nourri de beaucoup de choses.
C’est certainement pour cette raison qu’après la lecture il est agréable de feuilleter le livre, pour voir comment se répondent vos dessins. Mais il faut quand même du culot pour « recomposer » le livre de Zweig !
L’œuvre est très impressionnante quand on l’aborde comme simple dessinateur. Je ne suis ni auteur, ni écrivain .On y va sur la pointe des pieds d’autant plus que le livre est mondialement connu. Il faut donc l’aborder en tant que narrateur. Je suis là pour raconter par les images. Il faut parfois interpréter, remplacer les mots par l’image, traduire les émotions d’une autre manière, inventer une autre narration et ne pas se contenter de faire du texte illustré.
Il faut avoir « digéré » le livre pour le restituer autrement.
C’était véritablement le défi. Certaines séquences, en particulier, constituaient un défi narratif .Comment traduire la solitude, le temps qui passe, le vide, la descente aux enfers, la folie ?
On parlait de vos influences nombreuses ; on pense au Cri de Munch et à bien d’autres mais l’ensemble est très cohérent et nous plonge vraiment dans le monde intérieur du héros.
C’était le cœur du problème. Cette plongée était difficile à rendre par l’image. Le silence, la folie intérieure. Il ne fallait pas travailler sur l’expression physique, le personnage ne pouvait pas se mettre à hurler, à se rouler par terre…Il fallait rendre l’idée « d’un silence bruyant ».
Votre expression fait aussi réaliser que le bateau sur lequel se situe la narration est à la surface de l’eau mais au-dessus d’une sacrée profondeur qui pourrait représenter bien des choses et parmi elles la profondeur du personnage.
Exactement. Il faut laisser le lecteur imaginer le bouillonnement, la frayeur…
Justement, quand on feuillette votre livre après lecture, cela recrée un autre mouvement, une autre perception. Si l’on se reporte à vos albums pour les plus jeunes, on retrouve une richesse, un foisonnement dans vos dessins et dans l’utilisation des couleurs.
Oui, cet album est un pont, un défi graphique. Il fallait donner un aspect lumineux à cette histoire très sombre.
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