In Homo Veritas de Denis Fournaud : lisez les réflexions de Sined

En effet, il n’y a pas de narrateur à proprement parler. Derrière ses maximes de sagesses, l’écrivain est en réalité un auteur de 78 ans. Après la préface, l’artiste adopte immédiatement un ton humoristique et engagé à la fois. Ce dernier croit « que l’important est de réfléchir en rigolant, et j’ai compris que la meilleure loi n’est pas celle du connuisant. »

De plus, Sined compte délaisser la langue française, préférant créer de nouveaux mots et termes, qui sont définis au fil du livre. Certaines parties de l’œuvre incluent des entrées datées. En fait, ce contenu a déjà été publié sur son blog. Duanrof traite d’un thème qu’il désire exploiter à fond, tout au long de l’ouvrage : le bon sens du rire et son pouvoir sont largement sous-estimés… Dans cette œuvre très insolite et au style familier, l’auteur n’hésite pas à explorer des expressions relativement vulgaires, en ignorant les règles de décence. Un peu comme un Diogène moderne, il vit dans un tonneau et use de sarcasme, de cynisme pour attaquer son adversaire.

Selon l’artiste de ce manifeste, un homme ou une femme qui utilise le rire et l’emploie intelligemment peut vaincre le transhumanisme. En effet, Sined pense que l’humanité peut être sauvée en adoptant une posture stratégique vis-à-vis du rire, de la perception de soi et des autres.

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Dans l’ensemble, le ton de Sined — l’alter ego de Fournaud — est provocateur et parfois même cruel. Après tout, il se place dans la lignée de Desproges. Il n’hésite pas à rendre hommage au dieu du rire, Momos, dont le nom signifie directement sarcasme ou raillerie en grec. Dans une autre partie du livre, l’auteur reprend Érasme et interroge le rire, exposant des caricatures, entre autres. Il faut dire qu’à l’époque de Rabelais, de nombreux penseurs associaient le rire à la folie. Plus qu’un réflexe, une réaction à une blague ou à une situation, le rire devient un acte engagé et une forme d’activisme, qui permet de nous opposer à la stupidité humaine. Préoccupé par la défense de la place des femmes dans le monde, l’auteur n’hésite pas à inclure des noms tels que Cynthea Fleury ou Mariana Grasselli Meier. Le livre inclut même une section dédiée aux femmes qui ont été victimes de cette bêtise massive. Parmi les combats menés par l’écrivain, il y a aussi une lutte contre les abus de la technologie. C’est ce que l’auteur considère comme transhumanisme : cela comprend la robotique, l’explosion d’internet, mais également l’exploration spatiale… Que l’on soit d’accord ou non, ce livre a pour qualité d’aiguiser son esprit critique. En effet, le lecteur peut tout à fait réfuter les propos de Fournaud, en lui opposant d’autres arguments.
 
Parmi les points les plus sensibles de Sined, l’intelligence artificielle est sévèrement attaquée. En raison de son âge avancé, l’auteur exprime un sentiment d’injustice et de colère, vis-à-vis de ces programmes qui prennent le relais. Même si ces services améliorent considérablement les conditions de vie, ils amèneraient aussi à une certaine paresse intellectuelle.

Les gens sont donc bloqués, contraints par l’élitisme, qui demande et exige la gravité en tout temps. Les grandes figures de la technologie moderne ont en effet des projets impressionnants. Comme en témoignent des milliardaires à la Jeff Bezos : capables de voyager dans l’espace, mais ne proposant aucune solution à la pauvreté ou aux guerres dans le monde…

Ce livre, qui invite au rire, incarne une certaine philosophie insouciante, composée de nombreuses sections différentes convergentes autour d’une théorie générale sur l’humour. De plus, le texte présente une bibliographie impressionnante, démontrant une véritable recherche derrière ce projet en apparence fantasque.
Qu’est-ce qui est plus important : le bonheur ou la connaissance ? Peut-être qu’une balance entre les deux peut exister… Douce utopie !

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