Promenade avec Eric dans son exposition.
Nous sommes devant une photo qui tranche avec ce qu’on voit tout autour : une photo très colorée qui montre pas mal de gens.
En réalité l’objectif de mon exposition a été un peu chamboulé par l’incendie de l’hôtel de ville. J’ai obtenu l’autorisation d’y faire une série de photos. Lors de ma demande, j’ai précisé que je souhaitais réaliser des photos pour mon exposition « Annecy Autrement » qui ne soit pas un reportage mais quelque chose de décalé.
Les photos qui ouvrent sur l’expo sont complétées par celles que montre une video à l’autre bout de la salle, dans un autre esprit. Lors des prises de vue il faisait très froid, il n’y avait pas beaucoup de lumière, il a fallu travailler en pose longue.
Ce qui frappe quand on découvre cette série, c’est le contraste entre la netteté presque hyperréaliste des lieux et le personnage qui ressemble un peu à un fantôme. On a l’impression de présence et d’absence, ce qui convient bien à un entre deux entre un incendie et une reconstruction.
Je voulais donner cette impression de souvenirs qui habite la mairie, d’autant plus que j’ai photographié la salle des mariages.
Il y a presque une contradiction entre le mariage et le deuil puisque votre personnage est une jeune femme en robe de mariée.
À quoi il faut ajouter une mise en abyme si vous regardez bien. Sur certaines photos mon modèle apparaît en fantôme, sur d’autres non ; c’est le passé et le présent.
J’invite les gens à se remémorer la mairie, le lieu des mariages, avec une touche un peu nostalgique et je suggère, par l’intermédiaire des photos montrant des danseurs, que la vie peut renaître.
Le travail sur la lumière donne tout leur éclat aux photos. La densité de la vie.
Les images de la Mairie ont été réalisées avec au minimum quatre photographies dont les temps d’exposition étaient différents. Ce procédé, le HDR permet de déboucher les zones trop sombres et d'éviter les surexpositions.
Avec un peu d’humour, on pourrait dire que vos scènes de mariage ressemblent à des chantiers avec un chariot, des casques, un ruban rouge et blanc…
Tout est mis en scène avec des objets qui étaient sur place. J’ai réalisé quatre séances de prises de vues à la Mairie d'Annecy, et j'y ai intégré le chariot très rapidement. Il m’a d’abord gêné avant que je pense à l’incorporer au décor dans lequel il apporte de la couleur, un élément graphique et décalé.
Le cadre inhabituel donne un côté un peu italien à l’architecture. On la voit comme un palais. En l’état, les lieux ont un cachet fou.
Je voulais souligner la beauté d’un lieu endommagé.
Parfois la mise en scène, certains détails font aussi penser à un théâtre.
La succession de portes ouvertes sur le côté laisse travailler l’imagination vers un hors champ. La touche d’évanescence contribue à cette évasion poétique. L’image du fantôme m’a semblé pertinente pour incarner plusieurs dimensions temporelles à la fois et nous emmener vers un ailleurs.
Nous sommes devant une photo qui tranche avec ce qu’on voit tout autour : une photo très colorée qui montre pas mal de gens.
En réalité l’objectif de mon exposition a été un peu chamboulé par l’incendie de l’hôtel de ville. J’ai obtenu l’autorisation d’y faire une série de photos. Lors de ma demande, j’ai précisé que je souhaitais réaliser des photos pour mon exposition « Annecy Autrement » qui ne soit pas un reportage mais quelque chose de décalé.
Les photos qui ouvrent sur l’expo sont complétées par celles que montre une video à l’autre bout de la salle, dans un autre esprit. Lors des prises de vue il faisait très froid, il n’y avait pas beaucoup de lumière, il a fallu travailler en pose longue.
Ce qui frappe quand on découvre cette série, c’est le contraste entre la netteté presque hyperréaliste des lieux et le personnage qui ressemble un peu à un fantôme. On a l’impression de présence et d’absence, ce qui convient bien à un entre deux entre un incendie et une reconstruction.
Je voulais donner cette impression de souvenirs qui habite la mairie, d’autant plus que j’ai photographié la salle des mariages.
Il y a presque une contradiction entre le mariage et le deuil puisque votre personnage est une jeune femme en robe de mariée.
À quoi il faut ajouter une mise en abyme si vous regardez bien. Sur certaines photos mon modèle apparaît en fantôme, sur d’autres non ; c’est le passé et le présent.
J’invite les gens à se remémorer la mairie, le lieu des mariages, avec une touche un peu nostalgique et je suggère, par l’intermédiaire des photos montrant des danseurs, que la vie peut renaître.
Le travail sur la lumière donne tout leur éclat aux photos. La densité de la vie.
Les images de la Mairie ont été réalisées avec au minimum quatre photographies dont les temps d’exposition étaient différents. Ce procédé, le HDR permet de déboucher les zones trop sombres et d'éviter les surexpositions.
Avec un peu d’humour, on pourrait dire que vos scènes de mariage ressemblent à des chantiers avec un chariot, des casques, un ruban rouge et blanc…
Tout est mis en scène avec des objets qui étaient sur place. J’ai réalisé quatre séances de prises de vues à la Mairie d'Annecy, et j'y ai intégré le chariot très rapidement. Il m’a d’abord gêné avant que je pense à l’incorporer au décor dans lequel il apporte de la couleur, un élément graphique et décalé.
Le cadre inhabituel donne un côté un peu italien à l’architecture. On la voit comme un palais. En l’état, les lieux ont un cachet fou.
Je voulais souligner la beauté d’un lieu endommagé.
Parfois la mise en scène, certains détails font aussi penser à un théâtre.
La succession de portes ouvertes sur le côté laisse travailler l’imagination vers un hors champ. La touche d’évanescence contribue à cette évasion poétique. L’image du fantôme m’a semblé pertinente pour incarner plusieurs dimensions temporelles à la fois et nous emmener vers un ailleurs.
Nous nous trouvons maintenant devant une autre série de photos.
Là vos personnages ne sont plus des fantômes mais ils sont essentiellement seuls. Dans une forme de solitude. Pris dans un mouvement immobile. Beaucoup de gris, de blanc, de noir, de la couleur qui n’en est pas précisément…
Chez moi la solitude est un thème récurrent. Je suis d’ailleurs devenu un solitaire pour diverses raisons, dont certaines professionnelles. Notre monde nous isole de plus en plus les uns des autres. C’est criant, ça se voit à travers ces photos. On m’a dit qu’elles dégagent une certaine tristesse.
On peut y voir aussi le mouvement en lenteur, qui se déploie comme le temps passe. Le temps habite toutes vos photos sous des expressions très diverses. Il est absorbé par le paysage, par la neige.
Mes saisons préférées pour faire des photos à Annecy sont l’automne et l’hiver. Il y a moins de monde. J’aime bien faire des photos du lac sur lesquelles on ne voit pas le lac. Il est suggéré.
Nous parlons de solitude : par principe, pour prendre une photo, on isole une partie d’un tout. Et dans une autre série, vous passez des fantômes aux ombres.
J’adore travailler sur les contrastes de lumière. Le noir et blanc a un côté très graphique. Mes personnages sont soit une ombre, soit en contraste total avec le paysage auquel ils apportent une autre dimension.
Il y a aussi les représentations du lac à son plus bas niveau, toujours un aspect décalé comme ce type qui semble avoir fait naufrage avec son pédalo.
Prendre une photo, c’est capter et immobiliser de la lumière.
C’est dessiner avec la lumière.
Là vos personnages ne sont plus des fantômes mais ils sont essentiellement seuls. Dans une forme de solitude. Pris dans un mouvement immobile. Beaucoup de gris, de blanc, de noir, de la couleur qui n’en est pas précisément…
Chez moi la solitude est un thème récurrent. Je suis d’ailleurs devenu un solitaire pour diverses raisons, dont certaines professionnelles. Notre monde nous isole de plus en plus les uns des autres. C’est criant, ça se voit à travers ces photos. On m’a dit qu’elles dégagent une certaine tristesse.
On peut y voir aussi le mouvement en lenteur, qui se déploie comme le temps passe. Le temps habite toutes vos photos sous des expressions très diverses. Il est absorbé par le paysage, par la neige.
Mes saisons préférées pour faire des photos à Annecy sont l’automne et l’hiver. Il y a moins de monde. J’aime bien faire des photos du lac sur lesquelles on ne voit pas le lac. Il est suggéré.
Nous parlons de solitude : par principe, pour prendre une photo, on isole une partie d’un tout. Et dans une autre série, vous passez des fantômes aux ombres.
J’adore travailler sur les contrastes de lumière. Le noir et blanc a un côté très graphique. Mes personnages sont soit une ombre, soit en contraste total avec le paysage auquel ils apportent une autre dimension.
Il y a aussi les représentations du lac à son plus bas niveau, toujours un aspect décalé comme ce type qui semble avoir fait naufrage avec son pédalo.
Prendre une photo, c’est capter et immobiliser de la lumière.
C’est dessiner avec la lumière.
Qu’on retrouve dans ces touches de couleur représentées par ces gens qui se déplacent sur le fond gris de l’hiver.
La difficulté est d'essayer de faire sortir quelque chose de la banalité du quotidien. Une des approches consiste à trouver un endroit, une scène qui va permettre de composer avec une partie du paysage. Pour l’une des photos exposées ici, je me trouvais sur le Pâquier assez éloigné du bord du lac. J’ai aperçu un cycliste avec un ciré jaune longer le lac et j'ai couru pour le photographier ; dix minutes plus tard, je me suis couché dans la neige au même endroit pour prendre un autre cycliste. J’y ai fait trois photos significatives à dix minutes d’intervalle.
La difficulté est d'essayer de faire sortir quelque chose de la banalité du quotidien. Une des approches consiste à trouver un endroit, une scène qui va permettre de composer avec une partie du paysage. Pour l’une des photos exposées ici, je me trouvais sur le Pâquier assez éloigné du bord du lac. J’ai aperçu un cycliste avec un ciré jaune longer le lac et j'ai couru pour le photographier ; dix minutes plus tard, je me suis couché dans la neige au même endroit pour prendre un autre cycliste. J’y ai fait trois photos significatives à dix minutes d’intervalle.
Pourquoi « Annecy Autrement » qui est le titre de cette exposition et sera celui de votre livre ?
Autrement par rapport aux cartes postales, par rapport aux vues des vieilles prisons, aux sites Instagram et autres.
Pour moi, il est important que la photo soit le résultat de que je veux montrer au delà de ce que je vois. Souvent, le quidam photographie instantanément ce qu'il découvre.
Le photographe, lui, tourne autour du sujet pour rechercher la meilleure manière de le faire ressortir en essayant de ne pas tomber dans les clichés.
Il apporte un regard vraiment personnel, particulier.
C’est ce qu’il faut essayer de faire. Sur cette photo, par exemple, le décalage entre les feuilles d'automne très colorées dans l'arbre et le paysage en neige donne une note particulière, renforcée par la présence du personnage.
On revient à cet entre deux.
Qui permet de sortir de l’ordinaire.
Autrement par rapport aux cartes postales, par rapport aux vues des vieilles prisons, aux sites Instagram et autres.
Pour moi, il est important que la photo soit le résultat de que je veux montrer au delà de ce que je vois. Souvent, le quidam photographie instantanément ce qu'il découvre.
Le photographe, lui, tourne autour du sujet pour rechercher la meilleure manière de le faire ressortir en essayant de ne pas tomber dans les clichés.
Il apporte un regard vraiment personnel, particulier.
C’est ce qu’il faut essayer de faire. Sur cette photo, par exemple, le décalage entre les feuilles d'automne très colorées dans l'arbre et le paysage en neige donne une note particulière, renforcée par la présence du personnage.
On revient à cet entre deux.
Qui permet de sortir de l’ordinaire.
Exposition Annecy Autrement
Forum Exposition / Bonlieu Annecy jusqu’au 30 août 2020 : Tous les jours sauf le lundi, de 13 à 19 heures.
Forum Exposition / Bonlieu Annecy jusqu’au 30 août 2020 : Tous les jours sauf le lundi, de 13 à 19 heures.
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Le livre « Annecy Autrement » (56 photographies) sera en vente très prochainement, pour les amoureux d’Annecy, les passionnés de photo, ceux qui souhaitent voir la ville à travers un regard qui la leur fasse redécouvrir, entre passé et présent, entre mouvement et instantané, entre ombres et lumière.
Retrouvez les galeries d'Eric Monvoisin sur ericmonvoisin-photo.com
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