Sans la liberté François Sureau (Tracts Gallimard, septembre 2019)
« Je tiens pour vain l’exercice d’indignation. L’indignation suppose je ne sais quel optimisme que je ne partage plus, l’idée qu’une protestation bien argumentée pourrait faire dévier le cours des choses. Nous n’en sommes plus là. Nous nous sommes déjà habitués à vivre sans la liberté…
La société de liberté se définit bien par un climat général qui non seulement rend la vie supportable, mais aussi permet seul une organisation politique légitime, où le citoyen n’a pas à craindre l’intimidation, surtout en ce qui concerne le choix de ses dirigeants. On peut dire tant qu’on voudra que les libertés ne sont pas de même nature, que celle de boire des bocks en terrasse ne se compare pas à celle d’écrire ou de publier. C’est bien possible, et c’est tout à fait indifférent. Personne d’autre que le citoyen libre n’a qualité pour juger de l’emploi qu’il fait de sa liberté, sauf à voir celle-ci disparaître. Ainsi la loi ne peut-elle permettre à l’Etat de restreindre abusivement la liberté d’aller et venir, de manifester, de faire connaître une opinion, de s’informer, de penser pour finir….
Par liberté j’entends aussi liberté à l’égard des formes de la vie sociale, et l’on ne peut qu’être frappé par le fait que les dispositifs répressifs…ont surtout servi les intérêt de la bourgeoisie d’argent, à laquelle les droits sociaux ont dû être rattachés de haute lutte…
Nous avions fait des droits de l’homme le principe de notre gouvernement, mais nous n’avons pas cessé de trouver de bonnes raisons de les méconnaître, si bien que nous n’avons plus ni vraiment de liberté ni vraiment de gouvernement…
Nous pourrions bien sûr, d’abord, exiger davantage des dirigeants que nous nous sommes donnés. Depuis vingt ans c’est la courte vue des bureaux qui l’emporte, et nous voici roulés dans la carte judiciaire ou renvoyés à la commission Tartemolle… Les gouvernants ne sont pas seuls en cause. Nous le sommes d’abord, en ce que les gouvernants sont portés par intérêt à vouloir nous satisfaire…
La liberté est une manière d’être. »
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« Je tiens pour vain l’exercice d’indignation » écrit François Sureau neuf ans après la parution d' "Indignez-vous !"De Stéphane Hessel. (indigène éditions) 14 pages dont le poids pourrait être traduit par une tête de chapitre.
« L’indifférence : la pire des attitudes »Et par cette conclusion :
« A ceux et celles qui feront le XXI° siècle, nous disons avec notre affection :Lectures à compléter, bien sûr, avec les neuf pages de « Matin brun », Franck Pavloff chez Cheyne éditions, courte parabole accessible à tous dont le poids de pensée est inversement proportionnel au nombre de pages et à la facilité de lecture.
CRÉER, C’EST RÉSISTER.
RÉSISTER, C’EST CRÉER. »