Les frontières qui définissent la vieille ville sont essentiellement mentales. Jusqu’en 1850, Annecy tournait le dos au lac considéré comme malsain, abritant moustiques et autres menaces.
C’est le tourisme qui change cette perception grâce aux touristes de cure venus en train d’Aix-les-Bains. Jusqu’à cette époque, la ville s’organise autour du Thiou qui apporte l’eau courante, fournit la force motrice et sert d’égout naturel.
Tout naturellement, la rue Sainte Claire suit le cours du Thiou que l’on domestique grâce à un système d’écluses afin d’éviter les inondations. Divers aménagements y sont pratiqués à la demande de particuliers, d’un chapelier qui utilise l’eau pour la réalisation de feutre, de potier….
L’exposition présente des documents d’époque dont les intentions sont diverses :
_ décrire la vieille ville et la faire connaître.
_ la magnifier (œuvres de G. Loppé, Firmin Salabert,P Cabaud….)
_ montrer l’état de délabrement, les mutations, les changements.
_ montrer la vie, les habitants à travers scènes, marchés, commerces.
_ mettre en avant les rapports humains, l’énergie des habitants.
Vient ensuite un jeu de regards qui expose les photos de Jean-Pierre Lamy prises en 1967 et celles de Denis Vidalie réalisées 50 ans plus tard. Elles montrent les mêmes lieux et offrent un jeu de comparaison très riche : on peut y comparer deux époques, bien sûr, mais plus localement l’évolution du quartier, ce qui a été conservé, transformé, ce qui a disparu. Travail de mémoire.
Des interviews d’habitants qui ont vécu leur enfance dans la vieille ville complètent cette restitution.
Dans les années 60, le lieu était le quartier pauvre d’Annecy, le « quartier arabe », gris, insalubre, habité par des ouvriers, dans lequel vivaient aussi des communautés italienne et portugaise.
Début 20° siècle, pensant qu’on en arriverait à la démolition, les familles propriétaires vendent les immeubles par petits bouts . Si ce sont des pauvres qui l’habitent, le quartier se caractérise par une fraternité forte et la sécurité qu’il apporte à ceux qui y vivent, alors qu’il est perçu comme dangereux par les Annéciens.
Pourtant une mixité s’installe par l’intermédiaire des jeux d’enfants et les jours de marché sur lequel on retrouve les producteurs d’Aix dont les récoltes ont trois semaines d’avance sur celles d’Annecy grâce au climat.
Dans ce « ghetto » les commerces sont multiples : tripiers, matelassier, maraîchers, grainetiers, vente de caoutchoucs, de lingerie….
La concurrence des libres services à partir de 1965 (les magasins Carrefour naissent à Annecy avec la famille Fournier) pousse ses habitants à redonner vie à la Vieille Ville au travers de manifestations culturelles, fêtes, concerts, retour des Alpages, Noctibules…
Il est intéressant de souligner que cet élan culturel prolonge ce qui avait été initié avec la Résistance qui avait instauré une forme d’égalité à travers les discussions, les échanges, la lecture, percevant la culture un outil de cohésion.
A partir de 1965, une forte priorité est donnée au logement et dans le même temps on entreprend la réhabilitation du quartier considéré comme un patrimoine.
Sur le lieu de La Manufacture désaffectée en 1955 se construit un nouveau quartier qui inclut une nouvelle touche de culture avec les Cinémas Nemours.
L’exposition conçue par Bruno Cottin ne se contente pas de rappeler, de montrer, elle questionne et invite à envisager ensemble l’avenir du quartier.
Si le progrès améliore en apportant sécurité, salubrité et confort, s’il repose sur les efforts conjoints des politiques, des habitants, il inclut inévitablement la notion de partage puisque la Vieille Ville accueille visiteurs, commerçants, particuliers, créateurs…
Il est indispensable de réfléchir à ce « progrès » : ville verte ? écocitoyenneté ?
Finalement, ne peut-on pas considérer que « partager », c’est faire se rencontrer harmonieusement le passé et l’avenir pour le bien du plus grand nombre ?
C’est à quoi nous invite cette exposition.
C’est le tourisme qui change cette perception grâce aux touristes de cure venus en train d’Aix-les-Bains. Jusqu’à cette époque, la ville s’organise autour du Thiou qui apporte l’eau courante, fournit la force motrice et sert d’égout naturel.
Tout naturellement, la rue Sainte Claire suit le cours du Thiou que l’on domestique grâce à un système d’écluses afin d’éviter les inondations. Divers aménagements y sont pratiqués à la demande de particuliers, d’un chapelier qui utilise l’eau pour la réalisation de feutre, de potier….
L’exposition présente des documents d’époque dont les intentions sont diverses :
_ décrire la vieille ville et la faire connaître.
_ la magnifier (œuvres de G. Loppé, Firmin Salabert,P Cabaud….)
_ montrer l’état de délabrement, les mutations, les changements.
_ montrer la vie, les habitants à travers scènes, marchés, commerces.
_ mettre en avant les rapports humains, l’énergie des habitants.
Vient ensuite un jeu de regards qui expose les photos de Jean-Pierre Lamy prises en 1967 et celles de Denis Vidalie réalisées 50 ans plus tard. Elles montrent les mêmes lieux et offrent un jeu de comparaison très riche : on peut y comparer deux époques, bien sûr, mais plus localement l’évolution du quartier, ce qui a été conservé, transformé, ce qui a disparu. Travail de mémoire.
Des interviews d’habitants qui ont vécu leur enfance dans la vieille ville complètent cette restitution.
Dans les années 60, le lieu était le quartier pauvre d’Annecy, le « quartier arabe », gris, insalubre, habité par des ouvriers, dans lequel vivaient aussi des communautés italienne et portugaise.
Début 20° siècle, pensant qu’on en arriverait à la démolition, les familles propriétaires vendent les immeubles par petits bouts . Si ce sont des pauvres qui l’habitent, le quartier se caractérise par une fraternité forte et la sécurité qu’il apporte à ceux qui y vivent, alors qu’il est perçu comme dangereux par les Annéciens.
Pourtant une mixité s’installe par l’intermédiaire des jeux d’enfants et les jours de marché sur lequel on retrouve les producteurs d’Aix dont les récoltes ont trois semaines d’avance sur celles d’Annecy grâce au climat.
Dans ce « ghetto » les commerces sont multiples : tripiers, matelassier, maraîchers, grainetiers, vente de caoutchoucs, de lingerie….
La concurrence des libres services à partir de 1965 (les magasins Carrefour naissent à Annecy avec la famille Fournier) pousse ses habitants à redonner vie à la Vieille Ville au travers de manifestations culturelles, fêtes, concerts, retour des Alpages, Noctibules…
Il est intéressant de souligner que cet élan culturel prolonge ce qui avait été initié avec la Résistance qui avait instauré une forme d’égalité à travers les discussions, les échanges, la lecture, percevant la culture un outil de cohésion.
A partir de 1965, une forte priorité est donnée au logement et dans le même temps on entreprend la réhabilitation du quartier considéré comme un patrimoine.
Sur le lieu de La Manufacture désaffectée en 1955 se construit un nouveau quartier qui inclut une nouvelle touche de culture avec les Cinémas Nemours.
L’exposition conçue par Bruno Cottin ne se contente pas de rappeler, de montrer, elle questionne et invite à envisager ensemble l’avenir du quartier.
Si le progrès améliore en apportant sécurité, salubrité et confort, s’il repose sur les efforts conjoints des politiques, des habitants, il inclut inévitablement la notion de partage puisque la Vieille Ville accueille visiteurs, commerçants, particuliers, créateurs…
Il est indispensable de réfléchir à ce « progrès » : ville verte ? écocitoyenneté ?
Finalement, ne peut-on pas considérer que « partager », c’est faire se rencontrer harmonieusement le passé et l’avenir pour le bien du plus grand nombre ?
C’est à quoi nous invite cette exposition.
A propos de jeux d'enfants, cet extrait d'un texte de Baudelaire "Le joujou du pauvre."
…Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.
Le luxe, l'insouciance et le spectacle habituel de la richesse, rendent ces enfants-là si jolis, qu'on les croirait faits d'une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.
À côté de lui, gisait sur l'herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d'une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l'enfant ne s'occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu'il regardait :
De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.
À travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l'enfant pauvre montrait à l'enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c'était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.
Et les deux enfants se riaient l'un à l'autre fraternellement, avec des dents d'une égale blancheur.
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