Entretien avec le réalisateur Fellipe Barbosa dont le film Gabriel et la montagne a été très remarqué et primé à Cannes en mai 2017. Move-On Magazine remercie les cinémas Nemours à Annecy et l'association Plan Large.
Synopsis
"Avant d'intégrer une prestigieuse université américaine, Gabriel Buchmann décide de partir un an faire le tour du monde. Après dix mois de voyage et d'immersion au cœur de nombreux pays, son idéalisme en bandoulière, il rejoint le Kenya, bien décidé à découvrir le continent africain. Jusqu'à gravir le Mont Mulanje au Malawi, sa dernière destination.
(Un très bon film, comme Gabriel et la montagne, ne peut pas plus se réduire à un synopsis qu’une recette réussie à une série d’ingrédients).
Transcrire littéralement l’entretien que Fellipe Barbosa nous a accordé serait simple, mais le sens de cet échange et du film dépasse de loin une simple conversation.
Gabriel et la montagne (titre qui s’est imposé au réalisateur dès le départ) est à prendre au sens littéral et au sens littéraire, métaphorique : Gabriel et la vie. Si Gabriel y a laissé la sienne, il nous ouvre le chemin à la manière d’un poète dans notre monde matérialiste, programmé, qui a tant besoin de liberté, d’affranchissement, de recherche de soi et de sincérité. Au risque parfois de se tromper ou de paraître arrogant.
Gabriel et la montagne est un parcours de vie, une recherche permanente de soi, de la bonne distance à soi et aux autres.
L’exigence existentielle de Gabriel est de n’être un touriste ni à ses propres yeux, ni en amour, ni dans la société. Être soi sans recul, sans distance, pleinement, au risque de choquer, d’être incompris.
Escalader la vie.
Une vie qui ne se raconte pas mais nous saisit de découverte en découverte, de rencontre en rencontre, à en oublier les contraintes et le temps, l’horloge qui, inexorable, nous rattrape.
Nous nous sommes demandé, avec Fellipe Barbosa , pourquoi tant de photos , de documents de selfies réalisés par Gabriel au cours de son périple. Je crois avoir trouvé la réponse dans un petit livre savoureux, La reine des lectrices. Alan Benett y écrit "On n’écrit pas pour rapporter sa vie dans ses livres, mais pour la découvrir".
Faisant revivre Gabriel, de qui il était un ami d’enfance, Fellipe est, d’une certaine manière, ce poète exigeant qui défriche le chemin de sa propre vie plus qu’il ne fait du cinéma.
Du cinéma Gabriel et la montagne ? Bien mieux, bien au-delà. La fluidité d’une vie qui s’invente, qui s’écrit dans la recherche d’une liberté intemporelle. La recherche de la pureté, de la plus grande légèreté possible dans la trajectoire d’une vie de funambule.
Ne pas être touriste, ne pas être une pièce rapportée. Être soi.
Le film réalisé avec peu de moyens, dans une adhésion parfaite de toute l’équipe, colle parfaitement à ce qu’on imagine de Gabriel. Fluidité, mouvement, légèreté jusqu’à l’envol final qui transcende tout.
Gabriel et la montagne est poésie, sobre, simple et nous permet de réaliser que le plus grand effet spécial est notre propre vie pour peu qu’on décide de la vivre pleinement.
Un poème, un chant qui s’ouvre sur un plan séquence d’une beauté saisissante, animé d’un mouvement et de vibrations sonores qui nous accompagnent vers le berceau de l’humanité.
(Un très bon film, comme Gabriel et la montagne, ne peut pas plus se réduire à un synopsis qu’une recette réussie à une série d’ingrédients).
Transcrire littéralement l’entretien que Fellipe Barbosa nous a accordé serait simple, mais le sens de cet échange et du film dépasse de loin une simple conversation.
Gabriel et la montagne (titre qui s’est imposé au réalisateur dès le départ) est à prendre au sens littéral et au sens littéraire, métaphorique : Gabriel et la vie. Si Gabriel y a laissé la sienne, il nous ouvre le chemin à la manière d’un poète dans notre monde matérialiste, programmé, qui a tant besoin de liberté, d’affranchissement, de recherche de soi et de sincérité. Au risque parfois de se tromper ou de paraître arrogant.
Gabriel et la montagne est un parcours de vie, une recherche permanente de soi, de la bonne distance à soi et aux autres.
L’exigence existentielle de Gabriel est de n’être un touriste ni à ses propres yeux, ni en amour, ni dans la société. Être soi sans recul, sans distance, pleinement, au risque de choquer, d’être incompris.
Escalader la vie.
Une vie qui ne se raconte pas mais nous saisit de découverte en découverte, de rencontre en rencontre, à en oublier les contraintes et le temps, l’horloge qui, inexorable, nous rattrape.
Nous nous sommes demandé, avec Fellipe Barbosa , pourquoi tant de photos , de documents de selfies réalisés par Gabriel au cours de son périple. Je crois avoir trouvé la réponse dans un petit livre savoureux, La reine des lectrices. Alan Benett y écrit "On n’écrit pas pour rapporter sa vie dans ses livres, mais pour la découvrir".
Faisant revivre Gabriel, de qui il était un ami d’enfance, Fellipe est, d’une certaine manière, ce poète exigeant qui défriche le chemin de sa propre vie plus qu’il ne fait du cinéma.
Du cinéma Gabriel et la montagne ? Bien mieux, bien au-delà. La fluidité d’une vie qui s’invente, qui s’écrit dans la recherche d’une liberté intemporelle. La recherche de la pureté, de la plus grande légèreté possible dans la trajectoire d’une vie de funambule.
Ne pas être touriste, ne pas être une pièce rapportée. Être soi.
Le film réalisé avec peu de moyens, dans une adhésion parfaite de toute l’équipe, colle parfaitement à ce qu’on imagine de Gabriel. Fluidité, mouvement, légèreté jusqu’à l’envol final qui transcende tout.
Gabriel et la montagne est poésie, sobre, simple et nous permet de réaliser que le plus grand effet spécial est notre propre vie pour peu qu’on décide de la vivre pleinement.
Un poème, un chant qui s’ouvre sur un plan séquence d’une beauté saisissante, animé d’un mouvement et de vibrations sonores qui nous accompagnent vers le berceau de l’humanité.
Un poème dont le titre est métaphore, qui à la manière d’un Rimbaud fusionne des éléments apparemment étrangers :
Ne pouvant fondre ensemble des contraires, Gabriel et la montagne les emporte en un mouvement incessant jusque dans la mort et nous livre son anti héros "Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change" pour reprendre le vers célèbre de Mallarmé.
Dans la conversation, Fellipe Barbosa a le souci du détail, précise tel aspect du tournage, la part du scénario écrit et de l’improvisation, la recherche des lieux exacts, des personnages rencontrés réellement par Gabriel et qui jouent et revivent leur propre rôle, non pas dans un souci technique, mais dans une recherche de vérité, comme si le film n’était pas terminé, comme s’il le portait encore en lui ; et comme lui, le spectateur le porte à son tour, partageant avec Gabriel et Fellipe cet hymne à la vie.
Le prochain film de Fellipe Barbosa devrait évoquer son amie photographe Leila Alaoui, dont la vie a été fauchée par un attentat à Ouagadougou.
"Il ne voudrait pas devenir un jour un cinéaste cynique, qui fasse du cinéma pour faire du cinéma".
Aucun risque, poète !
« J’ai embrassé l’aube d’été
…
J’ai marché, réveillant les haleines vives et tièdes, et les
Pierreries regardèrent, et les ailes
Se levèrent sans bruit.
…
Je ris au wasserfall blond qui s’échevela à travers les sapins : à la cime
Argentée je reconnus la déesse.
…
En haut de la route, près d’un bois de lauriers, je l’ai entourée avec
Ses voiles amassés, et j’ai senti un peu
Son immense corps. L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.
…
Aube Rimbaud
Ne pouvant fondre ensemble des contraires, Gabriel et la montagne les emporte en un mouvement incessant jusque dans la mort et nous livre son anti héros "Tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change" pour reprendre le vers célèbre de Mallarmé.
Dans la conversation, Fellipe Barbosa a le souci du détail, précise tel aspect du tournage, la part du scénario écrit et de l’improvisation, la recherche des lieux exacts, des personnages rencontrés réellement par Gabriel et qui jouent et revivent leur propre rôle, non pas dans un souci technique, mais dans une recherche de vérité, comme si le film n’était pas terminé, comme s’il le portait encore en lui ; et comme lui, le spectateur le porte à son tour, partageant avec Gabriel et Fellipe cet hymne à la vie.
Le prochain film de Fellipe Barbosa devrait évoquer son amie photographe Leila Alaoui, dont la vie a été fauchée par un attentat à Ouagadougou.
"Il ne voudrait pas devenir un jour un cinéaste cynique, qui fasse du cinéma pour faire du cinéma".
Aucun risque, poète !
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