1° chronique
L'allumeur de réverbères
Le Petit Prince de Saint-Exupéry et la force d’inertie
La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même :
Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.
Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur :
Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.
Toute ressemblance avec des personnages ou des faits existants n'est pas accidentelle.
Le Petit Prince de Saint-Exupéry et la force d’inertie
La cinquième planète était très curieuse. C'était la plus petite de toutes. Il y avait là juste assez de place pour loger un réverbère et un allumeur de réverbères. Le petit prince ne parvenait pas à s'expliquer à quoi pouvaient servir, quelque part dans le ciel, sur une planète sans maison, ni population, un réverbère et un allumeur de réverbères. Cependant il se dit en lui-même :
Peut-être bien que cet homme est absurde. Cependant il est moins absurde que le roi, que le vaniteux, que le businessman et que le buveur. Au moins son travail a-t-il un sens. Quand il allume son réverbère, c'est comme s'il faisait naître une étoile de plus, ou une fleur. Quand il éteint son réverbère, ça endort la fleur ou l'étoile. C'est une occupation très jolie. C'est véritablement utile puisque c'est joli.
Lorsqu'il aborda la planète il salua respectueusement l'allumeur :
- Bonjour. Pourquoi viens-tu d'éteindre ton réverbère ?Et il éteignit son réverbère.
- C'est la consigne, répondit l'allumeur. Bonjour.
- Qu'est-ce que la consigne ?
- C'est d'éteindre mon réverbère. Bonsoir. Et il le ralluma.
- Mais pourquoi viens-tu de le rallumer ?
- C'est la consigne, répondit l'allumeur.
- Je ne comprends pas, dit le petit prince.
- Il n'y a rien à comprendre, dit l'allumeur. La consigne c'est la consigne. Bonjour.
Puis il s'épongea le front avec un mouchoir à carreaux rouges.
- Je fais là un métier terrible. C'était raisonnable autrefois. J'éteignais le matin et j'allumais le soir. J'avais le reste du jour pour me reposer, et le reste de la nuit pour dormir...
- Et, depuis cette époque, la consigne a changé?
- La consigne n'a pas changé, dit l'allumeur. C'est bien là le drame ! La planète d'année en année a tourné de plus en plus vite, et la consigne n'a pas changé ».
Toute ressemblance avec des personnages ou des faits existants n'est pas accidentelle.
2° chronique
Move-On a demandé à Alain Carré, acteur romantique et atypique duquel vous trouverez le portrait dans un précédent article, ce que lui inspire cette période de confinement.
Voici sa réponse précédée d’une phrase d’introduction évoquant une caisse et un mouton. C’est drôle puisque nous avions déjà en tête cette histoire d’allumeur de réverbère.
A chacun d’accommoder son mouton et la norme !
Voici sa réponse précédée d’une phrase d’introduction évoquant une caisse et un mouton. C’est drôle puisque nous avions déjà en tête cette histoire d’allumeur de réverbère.
A chacun d’accommoder son mouton et la norme !
Je suis d’accord avec Flaubert. L’effort vient après le mot qui suit le mot qui engendre la phrase à remédier dans le placard de mes insomnies. Ecrire est un acte contre nature. Un enjambement de trop quand le quotidien ruine la qualité du silence. La nuit seule convient à la littérature. Le sujet n’est jamais le livre. Si le contenu ne se donne pas à la poésie, la rumeur éteint tout propos dans l’œuf.
L’histoire ne m’intéresse pas. Je voudrais être capable d’écrire un récit immobile, sans vie, fossilisé dans le texte. Une sorte de non-dit. L’opposé systématique d’un plan bien structuré de la combinaison des idées et du style. Un ouvrage sans vie et cependant grouillant. Une matière inerte mais réverbérante. Serai-je capable d’écrire une page sans la moindre rature, une épure d’aquarelle de la mémoire bue par le papier qui la broie ?
Je n’arrive jamais à relire ce qui m’habite. Sans doute ai-je la haine de tout confinement. La poisse de la liberté me hante et terrasse mes envies de stationnement. L’évasion n’est-elle pas la mère de tous les rejets ?
Au diable – ce dieu à l’envers – la signification virale de notre Peine qui êtes aux cieux.
L’Enfer n’est que l’anamorphose du Paradis si tant est qu’il existe ailleurs que sur la terre où nous mourrons de joie et d’agonie, mes sœurs, mes semblables.
3° chronique
On ne va pas se mentir.
Ni se cacher derrière notre petit doigt.
Ni se cacher derrière un masque, ou une absence de masque.
« On ne va pas se mentir » fait partie de ces expressions qui relèvent du tic verbal, un peu comme le très en vogue « voilà » ou le tellement injustifié et passe partout « juste ». C’est juste incroyable. Non ? Si !
On ne va pas se mentir puisque notre époque développe à l’extrême l’art de la rhétorique manipulatrice. Ne nous mentons pas et acceptons la manipulation sémantique dans les domaines politique, commercial, diplomatique, dans les ressources humaines et dans tous les secteurs de l’expression par la langue, par l’image, par les signes, par les chiffres et les statistiques.
Puisque nous nous mentons sans cesse, ne nous mentons plus, acceptons le mensonge comme base de l’expression.
Pour revenir à un terme comme ce fameux « juste » qu’on accommode à toutes les sauces et à tout bout de phrase, c’est ce qu’on appelle un mot explétif. Il ne joue aucun rôle dans la syntaxe d’une phrase, on pourrait très bien s’en passer mais il sert de liant ; ce qui pourrait faire réfléchir à la fonction politique occupée très souvent de façon explétive par des personnes qui développent davantage un aspect collant que liant.
En cette période où fleurissent habituellement les carnavals, l’absence de masques fait doublement défaut.
Ni se cacher derrière notre petit doigt.
Ni se cacher derrière un masque, ou une absence de masque.
« On ne va pas se mentir » fait partie de ces expressions qui relèvent du tic verbal, un peu comme le très en vogue « voilà » ou le tellement injustifié et passe partout « juste ». C’est juste incroyable. Non ? Si !
On ne va pas se mentir puisque notre époque développe à l’extrême l’art de la rhétorique manipulatrice. Ne nous mentons pas et acceptons la manipulation sémantique dans les domaines politique, commercial, diplomatique, dans les ressources humaines et dans tous les secteurs de l’expression par la langue, par l’image, par les signes, par les chiffres et les statistiques.
Puisque nous nous mentons sans cesse, ne nous mentons plus, acceptons le mensonge comme base de l’expression.
Pour revenir à un terme comme ce fameux « juste » qu’on accommode à toutes les sauces et à tout bout de phrase, c’est ce qu’on appelle un mot explétif. Il ne joue aucun rôle dans la syntaxe d’une phrase, on pourrait très bien s’en passer mais il sert de liant ; ce qui pourrait faire réfléchir à la fonction politique occupée très souvent de façon explétive par des personnes qui développent davantage un aspect collant que liant.
En cette période où fleurissent habituellement les carnavals, l’absence de masques fait doublement défaut.
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4° chronique
Entendu cette remarque faite par une promeneuse à des voisins habitant près de la piste cyclable qui longe le lac d'Annecy :
La pratiquante de paddle vue sur le lac devait avoir le même type d'absence de raisonnement...
- Ils interdisent de se promener sur la piste alors qu'il n'y a personne !
C'est justement parce que c'est interdit qu'il n'y a personne, ou presque !
La pratiquante de paddle vue sur le lac devait avoir le même type d'absence de raisonnement...