On se demande comment est née dans l’esprit de Jul l’idée de raconter l’installation aux USA des juifs fuyant l’Europe du 19° siècle. Sans doute sa formation d’historien. Sa fantaisie n’est jamais gratuite et invite de manière ludique à la réflexion comme dans la série Silex and the city et La Planète des sages ou Platon La Gaffe en collaboration avec Charles Pépin.
Les dessins d’Achdé savent être dans la ligne de ses prédécesseurs tout en apportant une dynamique en cohérence avec le propos de Jul.
L’avantage de ce voyage dans le passé est qu’il nous ramène dans le présent et même, au-delà, dans une sorte de présent de vérité générale à travers l’éternelle question « Qui est l’Autre ? »
Dans cet album, Lucky Luke devient le Candide de Voltaire ou le Persan de Montesquieu et son regard naïf permet de redéfinir la notion de juif en jouant des clichés et des préjugés.
Quand notre héros demande comment reconnaître un juif, on lui répond « C’est comme un Américain mais en plus pessimiste…C’est comme un Français, quoi . »
Lorsqu’un cowboy qui prend les juifs pour des mormons se vante « Moi, les gens comme eux, je les sens » on pense au film Le vieil homme et l’enfant et on se dit que , même s’il n’est pas physiquement représenté dans cette histoire, Rantanplan n’est pas loin.
Moïshé, le père de famille juif, n’est pas non plus à l’abri d’une gentille critique (et le lecteur à travers lui) lorsqu’il découvre que Lucky Luke, si sympathique et protecteur, n’est pourtant pas juif… et Jolly Jumper non plus ! Ceci montre à quel point chacun de nous voit le monde entier à travers sa grille de lecture personnelle reposant sur sa culture, sa religion, ses préjugés…
Cette terre promise est aussi une tendre et amicale réflexion sur le personnage de Lucky Luke. L’histoire commence par un dialogue de vaches paissant dans un pré sous le regard de notre cowboy dont elles font l’éloge alors qu’un peu plus loin Rachel Stern, prototype de la mère juive s’inquiète de sa santé et de sa solitude « Il vous faudrait une femme… Soyez honnête, Monsieur Luke, Vous n’en avez pas assez d’être un cowboy solitaire ? »
Un humour permanent habite cet album émaillé de perles :
Moïshé Stern est « Le tailleur le plus rapide à l’est de la Vistule » et les juifs « des spécialistes de l’inconfort du voyage » Il est aussi question des Pieds Noirs et du Sentier, fait allusion à Woody Allen, de Funes, Boris Vian, Eddy Mitchell, Enrico Macias, Einstein, Gotham City, à la psychanalyse dont il serait à craindre de ne jamais se relever… un véritable festival qui explose en un bouquet final
linguistique particulièrement savoureux mêlant le langage indien et la gastronomie tunisienne.
Une franche rigolade intelligente qui dépasse les frontières, unit les peuples, métisse les cultures et invite à rencontrer l’Autre , rigolade qui s’incarne finalement dans cette délicieuse préparation de pemmican boulettes ou pemmican méchoui unissant les cuisines indiennes et d’Afrique du nord, instillant le complexe d’Œdipe dans la culture indienne.
Un album à lire et à relire comme les meilleurs Astérix ! Et peu ou prou comme Proust à part que quand tu as lu À la recherche du temps perdu et Le temps retrouvé et que tu as retrouvé le temps perdu la boucle est bouclée, non ?
À savourer, comme le couscous hosbane ou la melloukhia, que vous aurez plaisir à découvrir si vous ne les connaissez déjà.
Les dessins d’Achdé savent être dans la ligne de ses prédécesseurs tout en apportant une dynamique en cohérence avec le propos de Jul.
L’avantage de ce voyage dans le passé est qu’il nous ramène dans le présent et même, au-delà, dans une sorte de présent de vérité générale à travers l’éternelle question « Qui est l’Autre ? »
Dans cet album, Lucky Luke devient le Candide de Voltaire ou le Persan de Montesquieu et son regard naïf permet de redéfinir la notion de juif en jouant des clichés et des préjugés.
Quand notre héros demande comment reconnaître un juif, on lui répond « C’est comme un Américain mais en plus pessimiste…C’est comme un Français, quoi . »
Lorsqu’un cowboy qui prend les juifs pour des mormons se vante « Moi, les gens comme eux, je les sens » on pense au film Le vieil homme et l’enfant et on se dit que , même s’il n’est pas physiquement représenté dans cette histoire, Rantanplan n’est pas loin.
Moïshé, le père de famille juif, n’est pas non plus à l’abri d’une gentille critique (et le lecteur à travers lui) lorsqu’il découvre que Lucky Luke, si sympathique et protecteur, n’est pourtant pas juif… et Jolly Jumper non plus ! Ceci montre à quel point chacun de nous voit le monde entier à travers sa grille de lecture personnelle reposant sur sa culture, sa religion, ses préjugés…
Cette terre promise est aussi une tendre et amicale réflexion sur le personnage de Lucky Luke. L’histoire commence par un dialogue de vaches paissant dans un pré sous le regard de notre cowboy dont elles font l’éloge alors qu’un peu plus loin Rachel Stern, prototype de la mère juive s’inquiète de sa santé et de sa solitude « Il vous faudrait une femme… Soyez honnête, Monsieur Luke, Vous n’en avez pas assez d’être un cowboy solitaire ? »
Un humour permanent habite cet album émaillé de perles :
Moïshé Stern est « Le tailleur le plus rapide à l’est de la Vistule » et les juifs « des spécialistes de l’inconfort du voyage » Il est aussi question des Pieds Noirs et du Sentier, fait allusion à Woody Allen, de Funes, Boris Vian, Eddy Mitchell, Enrico Macias, Einstein, Gotham City, à la psychanalyse dont il serait à craindre de ne jamais se relever… un véritable festival qui explose en un bouquet final
linguistique particulièrement savoureux mêlant le langage indien et la gastronomie tunisienne.
Une franche rigolade intelligente qui dépasse les frontières, unit les peuples, métisse les cultures et invite à rencontrer l’Autre , rigolade qui s’incarne finalement dans cette délicieuse préparation de pemmican boulettes ou pemmican méchoui unissant les cuisines indiennes et d’Afrique du nord, instillant le complexe d’Œdipe dans la culture indienne.
Un album à lire et à relire comme les meilleurs Astérix ! Et peu ou prou comme Proust à part que quand tu as lu À la recherche du temps perdu et Le temps retrouvé et que tu as retrouvé le temps perdu la boucle est bouclée, non ?
À savourer, comme le couscous hosbane ou la melloukhia, que vous aurez plaisir à découvrir si vous ne les connaissez déjà.
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