Au-delà des faits, des souffrances corporelles et mentales subies pendant 19 mois par quatre-vingt-quatorze étudiants qui ont eu grand tort de vouloir penser par eux-mêmes à l’époque où le Maroc était dirigé par le roi Hassan II et par le général Oufkir, le livre de Tahar Ben Jelloun pointe l’importance de la langue, non pas d’un point de vue élitiste, mais parce qu’elle accompagne soit l’ouverture à la culture et à la liberté, soit l’enfermement dans un système de (non) pensée et de fonctionnement.
La langue peut donner vie en nommant, en donnant une identité, ou nier et tuer. A la suite des révoltes pour le pain, dans les années 80, le roi Hassan II traitait le peuple de « populace » ; il prit la précaution d’imposer aux professeurs étrangers d’enseigner la langue française comme outil de communication et non de pensée. Michel Rocard, homme de bonne volonté, déclarait « L’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut prendre part à l’accueil de cette misère. » Il semble plus facile de parler de misère que des miséreux. On inventa par la suite les « vraies gens ».
On se souvient de ces amis marocains sursautant aux coups frappés à leur porte après la tombée de la nuit, de ces enseignants exclus définitivement pour avoir osé faire grève, de ces jeunes gens raflés et confrontés à une accusation bidon pour les forcer à s’enrôler dans l’armée, de ces 52 syndicalistes enseignants emprisonnés dans les années 80…
La langue peut donner vie en nommant, en donnant une identité, ou nier et tuer. A la suite des révoltes pour le pain, dans les années 80, le roi Hassan II traitait le peuple de « populace » ; il prit la précaution d’imposer aux professeurs étrangers d’enseigner la langue française comme outil de communication et non de pensée. Michel Rocard, homme de bonne volonté, déclarait « L’Europe ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle peut prendre part à l’accueil de cette misère. » Il semble plus facile de parler de misère que des miséreux. On inventa par la suite les « vraies gens ».
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« La punition » de Tahar Ben Jelloun voit son dénouement avec le putsch raté de Skhirat, qui pourrait presque laisser croire que justice est parfois possible.
La prison peut être physique, mentale, linguistique, ouvertement pratiquée ou insidieuse.
Vivre pleinement consiste à s’en affranchir. Tahar Ben Jelloun a emprunté ce chemin il y a plus de cinquante ans.
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