La théorie des deux dimensions
Daniel est un adepte de la théorie des deux dimensions qui évoque la différence abyssale entre les deux genres, héritée de la sélection naturelle : l’un agit sous l’effet d’une sexualité « cérébrale » mais l’autre de la pulsion « génitale ». Et cette notion serait un véritable conditionnement de l’esprit. En d’autres termes, les hommes et les femmes sont aux antipodes en matière de sexe. Par exemple, là où ce qui excite le plus un homme est le corps d’une femme nue, ce qui excite le plus une femme est… un bébé !
Comprendre l’énigme du désir sexuel chez la femme
C’est ce que n’aura de cesse de faire Daniel. Obnubilé par cette théorie des deux dimensions, il va analyser toutes ses relations, amoureuses ou de passage. Il va faire énormément d’expériences sexuelles, et va finir par vénérer les travailleuses du sexe. Les prostituées vont devenir pour lui la référence de l’univers charnel des hommes car elles sont les seules à être capables de supporter leurs dépendances et leurs déviances. Cette fascination sera telle qu’il va vouloir les protéger, et va finir par choisir l’une d’elles, Claudia, comme âme sœur.
Trouver un sens à la vie commune
Mais la vie à deux à ses limites pour un homme qui en veut toujours plus, et qui se laisse trop facilement entraîner par un monde à la dérive. Il finit par délaisser Claudia et devenir le jouet d’une autre femme. Cette relation est toxique et obsessionnelle. Il croit gérer la situation mais il est sur le point de faire une grande chute. Jusqu’à ce qu’un évènement vienne tout chambouler !
Un texte fort, puissant mais ô combien cru et déstabilisant
Tout au long du récit, on suit la plongée vers les abysses d’un homme qui croit qu’il est dans son bon droit en agissant de la sorte, en ayant un comportement misogyne et phallocentrique, car selon la théorie des deux dimensions, c’est en quelque sorte écrit dans ses gènes. Il va de dérives en désires, parfois en agissant de façon purement immorale. Et lorsqu’il semble remonter la pente, un autre évènement vient semer le chaos, une nouvelle rencontre, une autre opportunité. Comment peut-il croire que ses agissements sont excusables ? En se reposant sur le fameux livre « Putain » qui lui permet de légitimer ses actes.
Un plume à découvrir : Marc Sinclair
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L’auteur détaille tous ses propos avec minutie. La vie de Daniel est décortiquée, mais aussi le contexte social, les tendances du moment qui ont un impact certain sur la vie de tout un chacun. Les références sont très nombreuses. Pour exemple, on peut citer l’époque où Daniel était courtier et se voyait devenir le héros du film Wall Street d’Oliver Stone. Les références littéraires sont également nombreuses, car il vénère inconditionnellement le marquis de Sade. Daniel se lance parfois dans de grandes réflexions qui permettent de suivre son cheminement de pensée.
« Suicide d’une masculinité toxique » de Marc Sinclair est un roman très riche, captivant, qui use d’explications psychanalystes. C’est également une réflexion féministe sur la réalité de la masculinité toxique.