Pour être sur terre, exister sur terre, il faut aussi prendre un peu de hauteur, voir autrement, à une autre échelle afin de relier hommes et lieux, cultures, civilisations.
C’est ce que fait Laurent Pernot qui cite et expose parmi ses œuvres Terre des hommes de Saint-Exupéry.
Laurent Pernot, quel est votre parcours ?
J’ai d’abord une formation de photographe et j’ai ensuite suivi des études tournées vers l’art, plus particulièrement l’art contemporain. Je suis notamment passé par l’école du Fresnoy où j’ai commencé à réaliser des projets, des installations video à partir de photos et en films également.
J’ai aujourd’hui une pratique très polymorphe. Je travaille avec différents medias de l’image fixe ou en mouvement, je pratique la sculpture, je réalise des installations sonores. Ma pratique n’est pas définie par l’approche matérielle.
Est-ce que ça veut dire que vous êtes encore en train de vous chercher ou bien cette façon de pratiquer, très ouverte, vous convient particulièrement ?
C’est la nature propre de ma démarche, qui passe bien sûr par des étapes de recherche. Aborder de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux m’impose de continuer à chercher. J’ai toujours souhaité travailler de nouveaux supports mais ce qui m’importe d’abord, ce sont les idées. Les matériaux ne sont que des outils pour les réaliser.
Vous pensez que certaines idées s’exprimeront mieux à travers tel ou tel matériau.
Absolument. Avec la video « classique » de quelques minutes projetée en boucle, j’aborde davantage la question de l’apparition, de l’éphémère, de la magie de la projection. Le rapport à l’image est très immersif, de l’ordre du rêve.
Ici, au Point Commun, je présente deux pièces très oniriques ; une toute petite qui relève presque de la magie, avec l’apparition d’une image video dans une boule de verre et une autre pièce qui relève aussi de l’apparition d’une fenêtre lumineuse qui flotte dans l’espace et à travers laquelle on aperçoit un paysage. Oui, c’est vrai, quand je travaille l’idée d’apparition, de fantomatique, de magie, de rêve…j’ai tendance à aller du côté de la video.
Comme la video, la sculpture me permet de travailler le temps, mais davantage son aspect suspendu, arrêté, comme en photographie, finalement, qui capte et immobilise un instant.
Dans cette exposition, on peut voir un arbre en béton dont la présence est très proche d’un fossile qui proviendrait d’un temps très reculé, le résidu d’un temps passé qui serait figé dans sa posture. Pour d’autres sculptures, je fige littéralement certains objets par un processus de glaciation artificielle afin de les faire apparaître comme littéralement couverts de neige.
C’est ce que fait Laurent Pernot qui cite et expose parmi ses œuvres Terre des hommes de Saint-Exupéry.
Laurent Pernot, quel est votre parcours ?
J’ai d’abord une formation de photographe et j’ai ensuite suivi des études tournées vers l’art, plus particulièrement l’art contemporain. Je suis notamment passé par l’école du Fresnoy où j’ai commencé à réaliser des projets, des installations video à partir de photos et en films également.
J’ai aujourd’hui une pratique très polymorphe. Je travaille avec différents medias de l’image fixe ou en mouvement, je pratique la sculpture, je réalise des installations sonores. Ma pratique n’est pas définie par l’approche matérielle.
Est-ce que ça veut dire que vous êtes encore en train de vous chercher ou bien cette façon de pratiquer, très ouverte, vous convient particulièrement ?
C’est la nature propre de ma démarche, qui passe bien sûr par des étapes de recherche. Aborder de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux m’impose de continuer à chercher. J’ai toujours souhaité travailler de nouveaux supports mais ce qui m’importe d’abord, ce sont les idées. Les matériaux ne sont que des outils pour les réaliser.
Vous pensez que certaines idées s’exprimeront mieux à travers tel ou tel matériau.
Absolument. Avec la video « classique » de quelques minutes projetée en boucle, j’aborde davantage la question de l’apparition, de l’éphémère, de la magie de la projection. Le rapport à l’image est très immersif, de l’ordre du rêve.
Ici, au Point Commun, je présente deux pièces très oniriques ; une toute petite qui relève presque de la magie, avec l’apparition d’une image video dans une boule de verre et une autre pièce qui relève aussi de l’apparition d’une fenêtre lumineuse qui flotte dans l’espace et à travers laquelle on aperçoit un paysage. Oui, c’est vrai, quand je travaille l’idée d’apparition, de fantomatique, de magie, de rêve…j’ai tendance à aller du côté de la video.
Comme la video, la sculpture me permet de travailler le temps, mais davantage son aspect suspendu, arrêté, comme en photographie, finalement, qui capte et immobilise un instant.
Dans cette exposition, on peut voir un arbre en béton dont la présence est très proche d’un fossile qui proviendrait d’un temps très reculé, le résidu d’un temps passé qui serait figé dans sa posture. Pour d’autres sculptures, je fige littéralement certains objets par un processus de glaciation artificielle afin de les faire apparaître comme littéralement couverts de neige.
Le temps est l’une des clés fondamentales, en art comme en philosophie. Comment le traduire ? Par la lumière ? Autrement ?
Absolument. D’ailleurs la lumière est très importante dans mon travail. Pour cette exposition au Point Commun, j’ai vraiment souhaité travailler la lumière.
Vous réalisez une exposition en fonction du lieu ?
Oui, pour cette exposition, on a filtré la lumière du jour qui apparaît teintée dans la première salle afin de donner une atmosphère très solaire et très chaleureuse qui évoque l’aurore ou le coucher de soleil. La deuxième salle baigne dans le bleu de la nuit et la dernière, qui présente les videos, baigne dans le noir. Ceci constitue une sorte de narration, d’écriture, de chemin.
Le noir apporte une connotation sombre ?
Non, l’une des œuvres s’intitule d’ailleurs Even black turns colors. Même le noir contient la couleur. On sait que derrière le ciel lumineux, l’univers est noir. La couleur et la lumière sont contenues dans le noir. Tout est indissociable.
Pour revenir à la science, à la philosophie, je suis fasciné par ces périodes de l’Histoire où les savants communiquaient, circulaient énormément, où l’on faisait assez peu de distinction entre les différentes disciplines…
Un peu comme l’honnête homme du 17°siècle par exemple.
Oui. Cette circulation des disciplines m’intéresse beaucoup, qui permet de faire s’entrecroiser des regards, des théories, des sensibilités, des émotions propres à différentes disciplines, la science, l’astrophysique ,la littérature ,le cinéma, la philosophie, les croyances…
Votre conception et votre pratique de l’art sont une manière d’échapper à l’embrigadement, à la spécialisation qui pèsent de plus en plus.
Exactement.
C’est ce qui vous apporte de la liberté ?
De la liberté, oui, et c’est aussi une forme de résistance, même si il est indispensable aujourd’hui d’être spécialisé, dans certains domaines de recherche.
Je pense que la majorité des artistes le sont devenus parce qu’ils ont ce besoin, cette nécessité de prendre du recul. De garder une certaine distance avec le réel.
Ce qui ne veut pas dire s’en échapper complètement, mais maintenir une distance, la bonne distance pour voir.
On prend parfois un peu plus, parfois un peu moins de recul, mais dans le but de toujours voir les choses dans leur globalité. Je m’intéresse à la théorie des systèmes, de la complexité.
Cette exposition montre un livre, Terre des hommes, de Saint-Exupéry, qui raconte la terre vue d’avion, les relations humaines aussi, mais essentiellement comment il passe d’une ville à l’autre, d’une civilisation à une autre. Il décrit les villes vues du ciel de jour, de nuit, les chaînes de montagnes, les lacs, les nuages…Saint-Exupéry prend du recul, de la hauteur pour voir ce qui relie tous ces territoires, tous ces individus. Prendre du recul permet de voir ce qui nous relie.
Et de nous voir nous-mêmes différemment. De nous connaître mieux. Comme Montesquieu avec les Lettres persanes, Voltaire dans certains contes philosophiques.
Finalement, réaliser une exposition est une façon de cultiver son jardin.
Oui, on pourrait même imaginer monter une exposition sur Montesquieu, Voltaire…
Absolument. D’ailleurs la lumière est très importante dans mon travail. Pour cette exposition au Point Commun, j’ai vraiment souhaité travailler la lumière.
Vous réalisez une exposition en fonction du lieu ?
Oui, pour cette exposition, on a filtré la lumière du jour qui apparaît teintée dans la première salle afin de donner une atmosphère très solaire et très chaleureuse qui évoque l’aurore ou le coucher de soleil. La deuxième salle baigne dans le bleu de la nuit et la dernière, qui présente les videos, baigne dans le noir. Ceci constitue une sorte de narration, d’écriture, de chemin.
Le noir apporte une connotation sombre ?
Non, l’une des œuvres s’intitule d’ailleurs Even black turns colors. Même le noir contient la couleur. On sait que derrière le ciel lumineux, l’univers est noir. La couleur et la lumière sont contenues dans le noir. Tout est indissociable.
Pour revenir à la science, à la philosophie, je suis fasciné par ces périodes de l’Histoire où les savants communiquaient, circulaient énormément, où l’on faisait assez peu de distinction entre les différentes disciplines…
Un peu comme l’honnête homme du 17°siècle par exemple.
Oui. Cette circulation des disciplines m’intéresse beaucoup, qui permet de faire s’entrecroiser des regards, des théories, des sensibilités, des émotions propres à différentes disciplines, la science, l’astrophysique ,la littérature ,le cinéma, la philosophie, les croyances…
Votre conception et votre pratique de l’art sont une manière d’échapper à l’embrigadement, à la spécialisation qui pèsent de plus en plus.
Exactement.
C’est ce qui vous apporte de la liberté ?
De la liberté, oui, et c’est aussi une forme de résistance, même si il est indispensable aujourd’hui d’être spécialisé, dans certains domaines de recherche.
Je pense que la majorité des artistes le sont devenus parce qu’ils ont ce besoin, cette nécessité de prendre du recul. De garder une certaine distance avec le réel.
Ce qui ne veut pas dire s’en échapper complètement, mais maintenir une distance, la bonne distance pour voir.
On prend parfois un peu plus, parfois un peu moins de recul, mais dans le but de toujours voir les choses dans leur globalité. Je m’intéresse à la théorie des systèmes, de la complexité.
Cette exposition montre un livre, Terre des hommes, de Saint-Exupéry, qui raconte la terre vue d’avion, les relations humaines aussi, mais essentiellement comment il passe d’une ville à l’autre, d’une civilisation à une autre. Il décrit les villes vues du ciel de jour, de nuit, les chaînes de montagnes, les lacs, les nuages…Saint-Exupéry prend du recul, de la hauteur pour voir ce qui relie tous ces territoires, tous ces individus. Prendre du recul permet de voir ce qui nous relie.
Et de nous voir nous-mêmes différemment. De nous connaître mieux. Comme Montesquieu avec les Lettres persanes, Voltaire dans certains contes philosophiques.
Finalement, réaliser une exposition est une façon de cultiver son jardin.
Oui, on pourrait même imaginer monter une exposition sur Montesquieu, Voltaire…
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