Comme Mlle Caroline était la première arrivée, ce vendredi 9 novembre 2018, à la séance de dédicaces chez BD Fugue Annecy, notre entretien a été plus long. Normal(?) Mais Mathou a aussi du répondant.
Mlle Caroline nous sommes chez BD Fugue. Vous mettez en scène Vincent, qui nous accueille ici. Votre libraire est si important ?
Ah, ben oui ! Mais c’est une blague qui court, à chaque BD il me disait « Je ne suis toujours pas dedans. » Celle-ci était parfaite pour le caser !
Autrefois, la vie d’artiste renvoyait à quelque chose de bohème, olé olé. Vous n’êtes pas dans cette veine-là.
C’est normal, c’est ma vie à moi !
Tout est autobiographique ?
Tout !
Vos parents ont réagi comment ?
Ils me font rarement des retours sur mes BD. Pour celle-ci j’ai eu les premiers retours de ma mère. Par mail, elle m’a dit…
Qu’elle suit une thérapie ? (rires).
Non, que c’est drôle, très bien vu, qu’elle avait découvert une autre vision de ce qu’elle-même avait vécu et qu’elle était soulagée que je ne les aie pas trop égratignés.
Est-ce que c’est difficile de parler de son environnement familial, de ses proches ?
C’est un peu compliqué parce que j’ai vraiment eu le sentiment de ne pas avoir été écoutée toute mon enfance, quand j’avais des velléités d’artiste. Ils essayaient d’étouffer le truc…
En croyant bien faire, non ?
Ah mais bien sûr ! Bien sûr ! Comme tous parents. Mais depuis toute petite je ne faisais que ça, je dessinais. Ça me semblait évident ! Ils le voyaient bien. A la place ils me proposaient d’être notaire ; c’était tellement éloigné ! J’aurais certainement eu plus d’argent, j’aurais été mieux installée dans ma vie professionnelle, moins angoissée, mais je ne sais pas si je serais plus heureuse pour autant.
V Puisqu’on parle d’être installée,ous avez une telle manière de représenter les maisons qu’on peut y voir des visages, là, regardez, et aussi sur le pigeonnier.
Mais oui, carrément ! C’est drôle !
Ce qui montre que les maisons sont très importantes pour vous.
Oui, on a beaucoup déménagé quand j’étais petite. Celle-ci, je l’ai revue il y a quelques années alors qu’elle est habitée par d’autres gens. Je l’ai revue avec des yeux d’adulte et elle était encore plus belle. Avec plein de trucs que je n’avais pas vus. Elle avait été réaménagée, elle avait changé de genre mais elle restait toujours aussi mystérieuse.
La maison de nos souvenirs est à l’intérieur de nous. Dans notre mémoire. A ce propos, vous avez une sacrée mémoire, quand vous faites le portrait de tous les étudiants en art, par exemple.
Je m’en souviens comme si c’était hier, mais il y en a que j’ai complètement oubliés. Il y en a plein que je revois aussi maintenant, d’autres que je ne revois plus mais dont je me souviens.
Puisqu’on parle de mémoire, il y a aussi la relation au temps. Votre livre se termine par une « Non Fin ». Vous reprenez l’expression d’un prof que vous avez eu, mais vous auriez pu l’oublier, ou ne pas vous l’approprier.
Ça m’avait marqué parce qu’on voit ça à la fin de plein d’ouvrages et lui nous avait dit « Mais non » ; un autre professeur nous disait « Pas un jour sans un trait, les enfants. »
Vous êtes une sorte d’éponge avec pas mal d’humour et un peu d’ironie en plus de l’émotion. Mais votre approche du temps peut faire penser à une démarche qui n’aurait pas un début et une fin précis, pas limitée.
Ça me fait ça avec les Pixies. Très souvent on a l’impression que le début de leur chanson a été coupé et qu’ils prennent dès le milieu. Je trouve ça génial !
A un moment, vous parlez de déchets qu’on balance dans la nature et qui cherchent à se décomposer encore très longtemps après…alors que vos souvenirs ne se décomposent pas.
Ola-là, c’est vrai ! D’ailleurs on a passé quinze ans à retaper un vieux chalet, à trier des trucs, à se faire ch…à aller de déchèterie en déchèterie alors qu’avec mon père, on prenait la 4L et on jetait tout dans la nature. On a jeté des frigos, des choses en métal qui doivent encore être dans ce coin d’Ardèche magnifique avec cette espèce de poubelle à ciel ouvert au milieu. Je me demande pourquoi les gens n’ont pas réagi plus tôt.
Et on trimballe un peu nos souvenirs dans des poubelles…
Qui s’ouvrent à la faveur d’un mot, d’une phrase.
Autant vous donnez plein de détails sur vos amis, les étudiants, autant quand votre compagnon arrive, c’est « L’Homme », comme une évidence.
Oui (tendresse). C’est l’évidence. Mais j’ai un peu parlé de lui dans les précédentes BD, je ne vais pas non plus en rajouter.(rires).
Je comprends, c’est vous la vedette !
Vous rigolez, c’est lui la vedette ! Dans mes dédicaces on ne me parle que de lui. C’est une espèce de fantasme collectif. Et quand il vient de temps en temps, les lecteurs et lectrices font « Oh, Raf ! » C’est un truc de fou. Il peut être à Paris et on me dit « Votre mari n’était pas à Tignes, en train de faire des photos ? » On ne me reconnaît que si je suis avec lui. Je trouve ça très marrant parce que ça le met hyper mal à l’aise.
Mlle Caroline nous sommes chez BD Fugue. Vous mettez en scène Vincent, qui nous accueille ici. Votre libraire est si important ?
Ah, ben oui ! Mais c’est une blague qui court, à chaque BD il me disait « Je ne suis toujours pas dedans. » Celle-ci était parfaite pour le caser !
Autrefois, la vie d’artiste renvoyait à quelque chose de bohème, olé olé. Vous n’êtes pas dans cette veine-là.
C’est normal, c’est ma vie à moi !
Tout est autobiographique ?
Tout !
Vos parents ont réagi comment ?
Ils me font rarement des retours sur mes BD. Pour celle-ci j’ai eu les premiers retours de ma mère. Par mail, elle m’a dit…
Qu’elle suit une thérapie ? (rires).
Non, que c’est drôle, très bien vu, qu’elle avait découvert une autre vision de ce qu’elle-même avait vécu et qu’elle était soulagée que je ne les aie pas trop égratignés.
Est-ce que c’est difficile de parler de son environnement familial, de ses proches ?
C’est un peu compliqué parce que j’ai vraiment eu le sentiment de ne pas avoir été écoutée toute mon enfance, quand j’avais des velléités d’artiste. Ils essayaient d’étouffer le truc…
En croyant bien faire, non ?
Ah mais bien sûr ! Bien sûr ! Comme tous parents. Mais depuis toute petite je ne faisais que ça, je dessinais. Ça me semblait évident ! Ils le voyaient bien. A la place ils me proposaient d’être notaire ; c’était tellement éloigné ! J’aurais certainement eu plus d’argent, j’aurais été mieux installée dans ma vie professionnelle, moins angoissée, mais je ne sais pas si je serais plus heureuse pour autant.
V Puisqu’on parle d’être installée,ous avez une telle manière de représenter les maisons qu’on peut y voir des visages, là, regardez, et aussi sur le pigeonnier.
Mais oui, carrément ! C’est drôle !
Ce qui montre que les maisons sont très importantes pour vous.
Oui, on a beaucoup déménagé quand j’étais petite. Celle-ci, je l’ai revue il y a quelques années alors qu’elle est habitée par d’autres gens. Je l’ai revue avec des yeux d’adulte et elle était encore plus belle. Avec plein de trucs que je n’avais pas vus. Elle avait été réaménagée, elle avait changé de genre mais elle restait toujours aussi mystérieuse.
La maison de nos souvenirs est à l’intérieur de nous. Dans notre mémoire. A ce propos, vous avez une sacrée mémoire, quand vous faites le portrait de tous les étudiants en art, par exemple.
Je m’en souviens comme si c’était hier, mais il y en a que j’ai complètement oubliés. Il y en a plein que je revois aussi maintenant, d’autres que je ne revois plus mais dont je me souviens.
Puisqu’on parle de mémoire, il y a aussi la relation au temps. Votre livre se termine par une « Non Fin ». Vous reprenez l’expression d’un prof que vous avez eu, mais vous auriez pu l’oublier, ou ne pas vous l’approprier.
Ça m’avait marqué parce qu’on voit ça à la fin de plein d’ouvrages et lui nous avait dit « Mais non » ; un autre professeur nous disait « Pas un jour sans un trait, les enfants. »
Vous êtes une sorte d’éponge avec pas mal d’humour et un peu d’ironie en plus de l’émotion. Mais votre approche du temps peut faire penser à une démarche qui n’aurait pas un début et une fin précis, pas limitée.
Ça me fait ça avec les Pixies. Très souvent on a l’impression que le début de leur chanson a été coupé et qu’ils prennent dès le milieu. Je trouve ça génial !
A un moment, vous parlez de déchets qu’on balance dans la nature et qui cherchent à se décomposer encore très longtemps après…alors que vos souvenirs ne se décomposent pas.
Ola-là, c’est vrai ! D’ailleurs on a passé quinze ans à retaper un vieux chalet, à trier des trucs, à se faire ch…à aller de déchèterie en déchèterie alors qu’avec mon père, on prenait la 4L et on jetait tout dans la nature. On a jeté des frigos, des choses en métal qui doivent encore être dans ce coin d’Ardèche magnifique avec cette espèce de poubelle à ciel ouvert au milieu. Je me demande pourquoi les gens n’ont pas réagi plus tôt.
Et on trimballe un peu nos souvenirs dans des poubelles…
Qui s’ouvrent à la faveur d’un mot, d’une phrase.
Autant vous donnez plein de détails sur vos amis, les étudiants, autant quand votre compagnon arrive, c’est « L’Homme », comme une évidence.
Oui (tendresse). C’est l’évidence. Mais j’ai un peu parlé de lui dans les précédentes BD, je ne vais pas non plus en rajouter.(rires).
Je comprends, c’est vous la vedette !
Vous rigolez, c’est lui la vedette ! Dans mes dédicaces on ne me parle que de lui. C’est une espèce de fantasme collectif. Et quand il vient de temps en temps, les lecteurs et lectrices font « Oh, Raf ! » C’est un truc de fou. Il peut être à Paris et on me dit « Votre mari n’était pas à Tignes, en train de faire des photos ? » On ne me reconnaît que si je suis avec lui. Je trouve ça très marrant parce que ça le met hyper mal à l’aise.
Dédicace "Ma vie d'artiste" avec Mlle Caroline et "Et puis Colette" avec Mathou chez BD Fugue Annecy
Avec Hollande, beaucoup de gens on découvert l’anaphore, « Moi président, moi président… » Dans votre livre, il y a deux moments où vous répétez, mais c’est comme si le temps s’arrêtait, comme un bug quand il est question d’école et d’argent avec votre agent.
Je reprends la même phrase en changeant seulement un mot. C’est quand il fallait être payée. Parce que l’argent, quand on est artiste, est un truc totalement aberrant. Je n’avais pas de quoi acheter un biberon à mon premier enfant. Oui, vous avez raison, il y a des moments où ça a beugué. C’est marrant que vous pointiez ça parce que la correctrice pensait que c’était une erreur. Elle voulait la corriger.
On a parlé du temps, des souvenirs mais le thème principal est la relation aux autres, l’affirmation de soi…
Et le manque de confiance. Totale ! (intonation totalement navrée !).
Mais justement, comment on passe de ce manque de confiance à l’idée de raconter sa vie ? C’est le grand écart ?
Justement ; Comme lorsque j’étais petite, je n’avais tellement pas confiance en moi que je n’arrêtais pas de faire les tests dans les magazines à la c… pour adolescentes et j’étais contente parce que la grille de résultats me permettait de me ranger dans une case. Pour répondre à ce type de questionnaire, il fallait se dévoiler alors que j’aurais aimé rester cachée tout le temps.
Alors l’école a été une torture ?
Il fallait bien y aller pour faire des études et pour réussir dans la vie, comme me le disait ma maman, pour ne pas dépendre d’un homme…
Mais vous dépendez de Raf maintenant !
C’est lui qui dépend de moi ! Ok !(revolvers factices et rieurs à la place des yeux).J’avais pas de copains, j’étais dans mon coin.
Avec la relation aux autres, vous parlez aussi de la relation à l’autorité, aux préjugés..tout ce qui empêche d’être vraiment soi.
Ben ou ! Ben oui, c’est ça. Je n’ai pas assez de confiance en moi pour dire merde à tout ça.
Et en même temps c’est ce qui donne une œuvre.
C’est le truc de l’artiste maudit, sûrement. J’aurais moins de trucs à raconter si ça avait été facile dès le début.
C’est autobiographique, mais ça touche le lecteur parce que beaucoup de gens peuvent se mettre à votre place.
Comme pour tous mes albums. Quand je parle d’être enceinte, c’est pour dire que ce n’est pas forcément génial et que ça ne correspond pas forcément à ce qu’on vous met dans la tête depuis que vous êtes toute petite. Beaucoup de femmes le pensent. La dépression, on n’en parle pas mais je sais que beaucoup de gens pensent comme moi. En fait, je suis hyper banale[ce qui est un oxymore traduisant parfaitement la complexité de Mlle Caroline, mais chut, on ne le lui dira pas !].
Votre point de vue est totalement féminin sans être féministe. Comme celui de Mathou, d’ailleurs. C’est intéressant parce que, quand il y a une revendication, la réflexion s’arrête au cadre de cette revendication alors que vous ouvrez sur une réflexion beaucoup plus large.
Peut-être aussi parce qu’il y a de la lassitude. Dès qu’on essaye de revendiquer, on s’en prend plein la gueule, on nous traite de tous les noms. On est plus efficace, finalement, en citant simplement les faits, alors que la revendication peut bloquer plein de personnes.
Le fait que dans les dédicaces de festival il y a 95% d’hommes, ça me soûle ! Maintenant j’ai envie de demander qui est invité pour savoir si j’irai à un festival….et la bouffe est souvent dégueulasse.
Et je reviens une fois de plus à la notion de temps. Il y a un moment dans le livre qui renvoie au moment que vous vivez réellement. Vous écrivez « Il est vingt-trois heures quarante-huit, je termine cette page. »
Oui !J’adore mêler ces moments. En fait, je n’y suis pas encore arrivée mais j’aimerais faire un album que je n’arrive pas encore à conceptualiser…en mise en abyme, en interactivité avec le lecteur. Je vois à peu près la porte qu’il faut que j’ouvre mais je n’y arrive pas encore. « Vous êtes en train de me lire, vous m’avez entre les mains. »
Ce qui peut prêter à confusion ! (rires)
Vous me lisez et pendant que je réalisais la page que vous êtes en train de lire, il était vingt-trois heures, j’étais en pyjama, ou bien je revenais d’une soirée avec des copines…le livre devient un personnage.
Je reprends la même phrase en changeant seulement un mot. C’est quand il fallait être payée. Parce que l’argent, quand on est artiste, est un truc totalement aberrant. Je n’avais pas de quoi acheter un biberon à mon premier enfant. Oui, vous avez raison, il y a des moments où ça a beugué. C’est marrant que vous pointiez ça parce que la correctrice pensait que c’était une erreur. Elle voulait la corriger.
On a parlé du temps, des souvenirs mais le thème principal est la relation aux autres, l’affirmation de soi…
Et le manque de confiance. Totale ! (intonation totalement navrée !).
Mais justement, comment on passe de ce manque de confiance à l’idée de raconter sa vie ? C’est le grand écart ?
Justement ; Comme lorsque j’étais petite, je n’avais tellement pas confiance en moi que je n’arrêtais pas de faire les tests dans les magazines à la c… pour adolescentes et j’étais contente parce que la grille de résultats me permettait de me ranger dans une case. Pour répondre à ce type de questionnaire, il fallait se dévoiler alors que j’aurais aimé rester cachée tout le temps.
Alors l’école a été une torture ?
Il fallait bien y aller pour faire des études et pour réussir dans la vie, comme me le disait ma maman, pour ne pas dépendre d’un homme…
Mais vous dépendez de Raf maintenant !
C’est lui qui dépend de moi ! Ok !(revolvers factices et rieurs à la place des yeux).J’avais pas de copains, j’étais dans mon coin.
Avec la relation aux autres, vous parlez aussi de la relation à l’autorité, aux préjugés..tout ce qui empêche d’être vraiment soi.
Ben ou ! Ben oui, c’est ça. Je n’ai pas assez de confiance en moi pour dire merde à tout ça.
Et en même temps c’est ce qui donne une œuvre.
C’est le truc de l’artiste maudit, sûrement. J’aurais moins de trucs à raconter si ça avait été facile dès le début.
C’est autobiographique, mais ça touche le lecteur parce que beaucoup de gens peuvent se mettre à votre place.
Comme pour tous mes albums. Quand je parle d’être enceinte, c’est pour dire que ce n’est pas forcément génial et que ça ne correspond pas forcément à ce qu’on vous met dans la tête depuis que vous êtes toute petite. Beaucoup de femmes le pensent. La dépression, on n’en parle pas mais je sais que beaucoup de gens pensent comme moi. En fait, je suis hyper banale[ce qui est un oxymore traduisant parfaitement la complexité de Mlle Caroline, mais chut, on ne le lui dira pas !].
Votre point de vue est totalement féminin sans être féministe. Comme celui de Mathou, d’ailleurs. C’est intéressant parce que, quand il y a une revendication, la réflexion s’arrête au cadre de cette revendication alors que vous ouvrez sur une réflexion beaucoup plus large.
Peut-être aussi parce qu’il y a de la lassitude. Dès qu’on essaye de revendiquer, on s’en prend plein la gueule, on nous traite de tous les noms. On est plus efficace, finalement, en citant simplement les faits, alors que la revendication peut bloquer plein de personnes.
Le fait que dans les dédicaces de festival il y a 95% d’hommes, ça me soûle ! Maintenant j’ai envie de demander qui est invité pour savoir si j’irai à un festival….et la bouffe est souvent dégueulasse.
Et je reviens une fois de plus à la notion de temps. Il y a un moment dans le livre qui renvoie au moment que vous vivez réellement. Vous écrivez « Il est vingt-trois heures quarante-huit, je termine cette page. »
Oui !J’adore mêler ces moments. En fait, je n’y suis pas encore arrivée mais j’aimerais faire un album que je n’arrive pas encore à conceptualiser…en mise en abyme, en interactivité avec le lecteur. Je vois à peu près la porte qu’il faut que j’ouvre mais je n’y arrive pas encore. « Vous êtes en train de me lire, vous m’avez entre les mains. »
Ce qui peut prêter à confusion ! (rires)
Vous me lisez et pendant que je réalisais la page que vous êtes en train de lire, il était vingt-trois heures, j’étais en pyjama, ou bien je revenais d’une soirée avec des copines…le livre devient un personnage.
Tout ce que vous dites depuis le début de notre conversation montre que vous avez une manière de penser très personnelle alors que la plupart des gens pensent de manière linéaire, comme ce que l’école nous impose.
Nous sommes tellement liés à notre enfance, même devenus adultes, que ça ne fait qu’aller et venir. Ce que l’on fait maintenant est une réponse à ce qui s’est passé avant. Pour peu qu’on entreprenne une psychanalyse, c’est fantastique, fabuleux, il y a tellement de trucs…
Vous dites ça comme si c’était évident. Beaucoup ne veulent pas voir, pas découvrir.
Bien sûr. Les pauvres !
Il vous reste encore tellement de choses personnelles à dire ?
Oui , oui, plein.
Et la conversation, animée, passionnée roule encore sur l’album qui traite d’autisme, sur la collaboration avec Christophe André…et revient bien plus tard sur la cohérence entre le propos et le dessin : quand Mlle Caroline évoque un papillon, elle dessine, même inconsciemment, un papillon. Amusez-vous à le chercher dans « Ma vie d’artiste »
Nous sommes tellement liés à notre enfance, même devenus adultes, que ça ne fait qu’aller et venir. Ce que l’on fait maintenant est une réponse à ce qui s’est passé avant. Pour peu qu’on entreprenne une psychanalyse, c’est fantastique, fabuleux, il y a tellement de trucs…
Vous dites ça comme si c’était évident. Beaucoup ne veulent pas voir, pas découvrir.
Bien sûr. Les pauvres !
Il vous reste encore tellement de choses personnelles à dire ?
Oui , oui, plein.
Et la conversation, animée, passionnée roule encore sur l’album qui traite d’autisme, sur la collaboration avec Christophe André…et revient bien plus tard sur la cohérence entre le propos et le dessin : quand Mlle Caroline évoque un papillon, elle dessine, même inconsciemment, un papillon. Amusez-vous à le chercher dans « Ma vie d’artiste »
Entretien avec Mathou pour « Et puis Colette » dont Sophie Henrionnet est la scénariste
Mathou, d’où vient le titre de votre BD ?
Et puis Colette ? On voulait l’appeler « Colette » et puis dans l’album il y a une phrase « Et puis il y a Colette, je ne sais pas comment je vais m’en débrouiller… » et on a trouvé que ça donnait plus de corps de mettre ces petits mots en plus.
Ce qui donne un petit côté incomplet, on se demande ce qui manque avec ce « Et puis Colette ».
C’est vrai, c’est un peu ça qui permet d’ouvrir sur le côté indécision qui traverse tout le livre.
Puisque vous abordez le thème de l’indécision, chaque chapitre commence par « Celle qui s’ennuyait, celle qui voyageait… »Comme elle ne sait pas décider, Anouk dresse sans arrêt des listes de pour et de contre…et tout trouve sa place et sa cohérence à la fin de l’histoire.
Tout bascule à la fin lorsqu’elle dit à Colette « Je ne sais pas où on ira, mais on ira toutes les deux. » Il y a l’idée d’une unité trouvée.
C’est l’enfant qui apprivoise l’adulte ?
Exactement, avec la référence au Petit Prince. Colette a du caractère. C’était une volonté de Sophie de faire douter sur qui est l’adulte et qui est l’enfant dans cette histoire. Moi, je pense que c’est Colette qui prend la main d’Anouk et pas l’inverse. C’est elle qui permet la décision d’Anouk.
La relation entre le dessin et l’histoire est intéressante. Le dessin est un peu naïf, à plat, comme l’histoire qui peut se lire à un premier niveau mais ouvre aussi sur tout un tas de choses personnelles.
Tout à fait. Le truc « plein de choses perso », c’est tout à fait vrai. Mes sœurs habitent très loin, l’une en Argentine et l’autre dans le sud de la France. Comme je ne les vois pas souvent, je voulais écrire sur ce thème, « Des sœurs qui ne se voient plus sont quand même des sœurs. » C’est la phrase la plus forte pur moi dans cet album.
Les liens sont très importants, les liens familiaux, les fleurs qui créent du lien, comme les livres…
Je trouvais aussi que c’était très joli à dessiner, poétique, que ça allait mettre un peu de vie, de choses joyeuses dans cette histoire. Je lis beaucoup de livres, oui, mais dans l’album ils ouvrent sur « un métier rêvé », les métiers qui ouvrent l’imaginaire.
Et auteur, ça ne fait pas rêver ?
Maintenant que je suis auteur, je sais que non (rires).
Passer d’un blog à un album, ça change quoi ?
C’est la première fois que je fais une histoire complète. Avant, je faisais plutôt des illustrations. J’ai réalisé que je peux aller plus loin dans le dessin, dans l’histoire, dans le travail, que je peux mieux rendre ce qu’il y a en moi. Ça m’a ouvert un grand champ des possibles sur mon travail.
Mathou, d’où vient le titre de votre BD ?
Et puis Colette ? On voulait l’appeler « Colette » et puis dans l’album il y a une phrase « Et puis il y a Colette, je ne sais pas comment je vais m’en débrouiller… » et on a trouvé que ça donnait plus de corps de mettre ces petits mots en plus.
Ce qui donne un petit côté incomplet, on se demande ce qui manque avec ce « Et puis Colette ».
C’est vrai, c’est un peu ça qui permet d’ouvrir sur le côté indécision qui traverse tout le livre.
Puisque vous abordez le thème de l’indécision, chaque chapitre commence par « Celle qui s’ennuyait, celle qui voyageait… »Comme elle ne sait pas décider, Anouk dresse sans arrêt des listes de pour et de contre…et tout trouve sa place et sa cohérence à la fin de l’histoire.
Tout bascule à la fin lorsqu’elle dit à Colette « Je ne sais pas où on ira, mais on ira toutes les deux. » Il y a l’idée d’une unité trouvée.
C’est l’enfant qui apprivoise l’adulte ?
Exactement, avec la référence au Petit Prince. Colette a du caractère. C’était une volonté de Sophie de faire douter sur qui est l’adulte et qui est l’enfant dans cette histoire. Moi, je pense que c’est Colette qui prend la main d’Anouk et pas l’inverse. C’est elle qui permet la décision d’Anouk.
La relation entre le dessin et l’histoire est intéressante. Le dessin est un peu naïf, à plat, comme l’histoire qui peut se lire à un premier niveau mais ouvre aussi sur tout un tas de choses personnelles.
Tout à fait. Le truc « plein de choses perso », c’est tout à fait vrai. Mes sœurs habitent très loin, l’une en Argentine et l’autre dans le sud de la France. Comme je ne les vois pas souvent, je voulais écrire sur ce thème, « Des sœurs qui ne se voient plus sont quand même des sœurs. » C’est la phrase la plus forte pur moi dans cet album.
Les liens sont très importants, les liens familiaux, les fleurs qui créent du lien, comme les livres…
Je trouvais aussi que c’était très joli à dessiner, poétique, que ça allait mettre un peu de vie, de choses joyeuses dans cette histoire. Je lis beaucoup de livres, oui, mais dans l’album ils ouvrent sur « un métier rêvé », les métiers qui ouvrent l’imaginaire.
Et auteur, ça ne fait pas rêver ?
Maintenant que je suis auteur, je sais que non (rires).
Passer d’un blog à un album, ça change quoi ?
C’est la première fois que je fais une histoire complète. Avant, je faisais plutôt des illustrations. J’ai réalisé que je peux aller plus loin dans le dessin, dans l’histoire, dans le travail, que je peux mieux rendre ce qu’il y a en moi. Ça m’a ouvert un grand champ des possibles sur mon travail.
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