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Move-On Magazine

ASTERS, une fleur, une association très active qui préserve la biodiversité


Rencontre avec Thierry Lejeune, Président d’Asters


| Publié le Jeudi 26 Septembre 2019 |

ASTERS, une fleur, une association très active qui préserve la biodiversité
ASTERS est un acronyme qui renvoie à une fleur et à la notion d’étoile, d’astre donc de rayonnement.
Oui, c’est une fleur d’automne très colorée.

La notion de rayonnement convient bien à l’association ASTER parce que vous êtes en relation avec beaucoup de structures et vous jouez le rôle d’intermédiaire, de passeur.
Nous sommes une association de techniciens, sans orientation militante, qui a accumulé des compétences en matière de gestion des espaces naturels depuis 43 ans pour faire passer des idées, donner des conseils, pour apporter des appuis. J’aime bien l’idée d’être aux côtés, ou bien ensemble. Voilà notre philosophie.

Et l’objectif est la préservation de la nature, de la biodiversité.
Sur le plan technique, nous aimons bien le mot « biodiversité »qui désigne à la fois les espèces, la faune, la flore, les milieux, leur évolution, leur fonctionnement. J’aime dire que nous sommes une ONG en charge de la biodiversité de notre territoire.

Il y a 43 ans, l’association était un véritable précurseur.
L’histoire a commencé de façon assez inédite. Les fonctionnaires de la DDF, l’ancienne direction de l’agriculture et de la forêt, ont décidé que la situation en Haute-Savoie ne pouvait plus durer. Des espaces constituaient de véritables pépites quant à la biodiversité des paysages et ils étaient soumis à d’énormes pressions : là un projet de marina, ici un projet de lotissements , de création ou d’extension de domaine skiable. D’où la création de 9 réserves naturelles d’Etat qui bénéficient d’un statut très solide et l’idée de ne pas en laisser la gestion à des locaux, ce qui aurait pu entraîner quelques travers.
Une structure commune à tout le département a donc été créée afin de gérer ces réserves : l’intelligence de la démarche a été de lancer en même temps les réserves et l’outil de gestion fiable, neutre, détaché des contextes locaux, ce qui n’est pas toujours le cas.
La base de notre travail repose toujours sur la recherche et les connaissances scientifiques ; c’est indispensable face aux élus , ça donne du sens et légitime notre démarche.
Nous avions organisé avec le département un colloque dont le thème était « De la connaissance à l’action. » Il date de 25 ans mais n’a pas vieilli.
Nous essayons de connaître, de porter les connaissances, de proposer notre appui aux diverses collectivités pour gérer, expertiser et communiquer.

La politique d’ASTERS n’est ni de droite, ni de gauche, c’est la nature.
C’est la biodiversité qui n’a pas toujours été bien traitée par tous les bords politiques.

Puisqu’ASTERs est d’abord l’interlocuteur de structures, de collectivités de communes…comment le particulier peut-il prendre conscience de son action et de ses effets ?
Nous avons des actions de communication et de pédagogie qui passent par des articles dans telle ou telle revue sur les métiers de l’environnement, sur le retour du gypaète, sur le bouquetin que la pose d’une puce va permettre de suivre. Nous communiquons sur les zones humides et leur intérêt, sur le marnage naturel ou provoqué du lac d’Annecy afin que le particulier se rende compte que la nature est un élément vital de son environnement.
Les réserves naturelles proposent des panneaux, des guides papier ou par i-phone, ce qui montre bien qu’un gestionnaire s’en occupe pour développer aussi des actions de connaissance et d’expertise.
Les écoles bénéficient de différentes animations comme Sentinelles du Lac  qui permettent aux classes de se transformer en explorateurs scientifiques. Il y aurait bien d’autres exemples.
Notre but n’est pas de faire connaître ASTERS mais plutôt de permettre aux gens de prendre conscience que les milieux naturels doivent être gérés pour leur profit.

Gypaete. Photo Julien Heuret
Gypaete. Photo Julien Heuret
Notre slogan est « Aujourd’hui pour demain. »
 
Nous touchons ici à des besoins vitaux parce que nous sommes, avec Paris, le département dans lequel s’exercent le plus de pressions sur nos espaces naturels. Giono disait « Ce dont on te prive, c’est de vent et de soleil, les vrais besoins de l’homme. » Nous en sommes vraiment au niveau du besoin, besoin de s’alimenter, de boire, d’être aimés, entourés, et besoin de nature.

En agissant sur toute la chaîne de la préservation, recherche, observation, gestion, formation…Asters agit à la fois en fonction du passé, dans le présent et pour l’avenir.
Il ne s’agit pas d’une simple photo que l’on prendrait. Les milieux sont capables de résilience, il faut comprendre comment ils en sont arrivés là aujourd’hui et voir où ils en seront demain. C’est une attention de tous les instants, rythmés par les saisons, par les excès de chaleur dommageables aux réserves d’eau…. ASTERS est aussi en charge de la réintroduction du gypaète barbu, un oiseau dont la reproduction nécessite 7 ans de travail, d’attention.

L’eau est l’une des grandes questions actuelles.
L’évolution climatique a des conséquences sur la flore, sur la faune, sur les risques naturels. Nous n’en avons pas encore saisi toute l’ampleur qui est encore plus rapide dans les Alpes que dans d’autres régions.

Les Suisses viennent de constater la disparition d’un glacier.
Le phénomène s’accélère. J’aime bien prendre l’exemple du lagopède, un oiseau de montagne qui change de couleur en fonction de la saison. On le chasse, ce qui est une bêtise monstrueuse. Il a tendance à disparaître à cause de la prédation, à cause des pratiques sportives (elles ont leur intérêt mais peuvent entraîner des conséquences sur le milieu, comme le parapente, le golf, la répétition des trails, le ski, les raquettes hors piste. Le outdoor, utile économiquement , nécessite de trouver des équilibres). Même si on protège le lagopède des activités humaines, il va disparaître à cause du réchauffement climatique qui le pousse à monter en altitude, là où les milieux ne sont pas adaptés à ses besoins.                                                                                                                                                                Mais revenons directement à la question de l’eau. L’un de nos chercheurs travaille sur les glaciers, leur fonte rapide va entraîner des manques en eau pour les activités humaines.
Le lac d’Annecy est alimenté par quelques rivières, le Laudon, par le Biolon et principalement par l’Ire et l’Eau Morte, qui viennent des Bauges via les marais de Giez, Faverges, Doussard, la réserve du Bout du Lac, c’est pourquoi il faut impérativement préserver ces zones. Nos ressources en eau se constituent à des dizaines, voire des centaines de kilomètres, d’où la nécessité de préserver aussi le bassin versant de l’Arve.

Il faut donc avoir un regard qui porte sur une grande étendue de temps et d’espace à la fois.
ASTERS existe depuis 43 ans, nous l’avons signalé, nos bases de données remontent loin dans le temps et nous travaillons dans le cadre de différents réseaux : les réseaux alpins, les réseaux des grands lacs, Alparc qui s’étend jusqu’à la Slovénie, le réseau des Conservatoires, celui des Réserves. Ceci nous permet de confronter nos expériences, nos recherches. Il est impossible de dire « On va gérer notre petite mare à canards, et le reste on s’en fiche ! »
Les phénomènes qui nous frappent sont à l’échelle de la planète. Il a été démontré que la catastrophe de Tchernobyl a laissé des traces dans les lacs d’altitude, au beau milieu de réserves ! Et l’on retrouve dans ces lacs de la pollution au plastique, comme en Méditerranée ou dans les Océans

Chamois Photo Franck Miramand
Chamois Photo Franck Miramand
Concluons sur une bonne nouvelle, les futurs locaux d’ASTER.
La bonne nouvelle est aussi que nous sommes tous les jours sur le terrain avec notre équipe de 46 personnes, que nous gérons 107 actions, 22000 hectares d’espaces naturels en Haute-Savoie, que nous travaillons pour les communes, les collectivités, le Département, l’Etat.

Nous allons créer un pôle d’excellence environnementale qui sera un lieu de travail, d’échanges, de ressources. Il sera installé au Manoir de Novel. Nous allons y travailler avec le Conservatoire de Botanique, celui du Littoral (ce que nous faisons déjà), avec différentes universités, des Fondations comme Eau Neige et Glace. Nous accueillerons des jeunes, des expositions  à rayonnement local ou plus important, à portée scientifique ou bien artistique. Nous serons liés au quartier, à l’agglomération, au département et comptons rayonner au-delà.
 
 
Siège à Pringy :
84 route du Viéran
PAE de Pré Mairy
74370 PRINGY
Tél : 04 50 66 47 51


Antenne de Sallanches :
38 rue de l'Annexion
74700 SALLANCHES
Tél : 04 50 93 93 70


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