A LOVE SUPRÊME, L’art est une doublure cul de la réalité / Bonlieu Scène Nationale Annecy du 11 au 18 décembre 2018 ©Bonlieu Annecy
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A Love Supreme, texte de Xavier Durringer, avec Nadia Fabrizio, mise en scène et scénographie de Dominique Pitoiset.
Seule en scène, virée sans préavis de son boulot d’effeuilleuse en peep show, l’héroïne vide son sac au propre et au figuré, le temps d’une dernière lessive en lavomatic, image de son taf qui consistait à lessiver le client.
Interrogation sur l’utilité de l’art, le texte de Xavier Durringer foisonne de références au cinéma et à la musique : De Niro, Harvey Keytel, Cassavetes, Spike Lee, Fassbinder, le merveilleux « Mourir d’aimer » avec Romy Schneider, Coltrane, bien sûr ; même Kafka est suggéré avec une histoire de cafard et de métamorphose.
Notre effeuilleuse a plus d’éthique que les patrons pour lesquels elle travaille, comme les artistes comparés au marché de l’art. C’est peut-être ce qui l’éjecte du circuit, de la fraternité professionnelle davantage que la limite d’âge. A travers ce qui lui arrive il est possible de voir le sort réservé aux licenciés de tous horizons, jetés sans préavis mais fiers de leur travail, de la famille à laquelle ils ont appartenu.
Texte sur l’identité, sur la mémoire, sur la culture, sur le regard, « A Love Supreme » est porté sans effets inutiles par Nadia Fabrizzio qui donne au métier d’effeuilleuse ses lettres de noblesse.
Avec ce spectacle Dominique Pitoiset passe d’une certaine manière de la maman à la putain, autre référence au cinéma, « A love suprême » succède à son avant-dernière création, « Le livre de ma mère » avec Patrick Timsit. Il continue d’interroger la norme, la normalité sociale, individuelle, intime, biologique, médicale…
On retrouve dans sa mise en scène cette cohérence qui lui est habituelle et qui consiste à donner sa juste place à chaque élément, lumière et musique comprises afin de créer un ensemble dans lequel toutes les parties se répondent.
La fameuse recette du bœuf à la gelée de Françoise, que Proust décrit : tout y est lié par la gelée et chaque ingrédient y garde son goût propre.
C’est ceci qui permet d’écrire et de raconter une histoire, de faire culture, de faire naître, à travers et au-delà d’un corps, le désir.
Et puis Lavilliers avec « Pigalle la Blanche ». Chaleur et sensualité.
Seule différence entre un lavomatic et la réalité ? Dans le premier, il y a un numéro d’appel en cas d’urgence.
Lors de la création de « La résistible ascension d’Arturo Ui », Move-On avait demandé à Dominique Pitoiset à quoi sert le théâtre. Il semblerait que la réponse soit livrée ici.
Seule en scène, virée sans préavis de son boulot d’effeuilleuse en peep show, l’héroïne vide son sac au propre et au figuré, le temps d’une dernière lessive en lavomatic, image de son taf qui consistait à lessiver le client.
Interrogation sur l’utilité de l’art, le texte de Xavier Durringer foisonne de références au cinéma et à la musique : De Niro, Harvey Keytel, Cassavetes, Spike Lee, Fassbinder, le merveilleux « Mourir d’aimer » avec Romy Schneider, Coltrane, bien sûr ; même Kafka est suggéré avec une histoire de cafard et de métamorphose.
Qui regarde qui ?
Le public qui assiste à la pièce ? Les clients de l’ex strip teaseuse ? Elle-même qui regarde la société ou bien qui s’interroge sur sa vie ? « J’en ai joué, des rôles… » dit-elle. Et même doublure cul de la star dans un film.
Notre effeuilleuse a plus d’éthique que les patrons pour lesquels elle travaille, comme les artistes comparés au marché de l’art. C’est peut-être ce qui l’éjecte du circuit, de la fraternité professionnelle davantage que la limite d’âge. A travers ce qui lui arrive il est possible de voir le sort réservé aux licenciés de tous horizons, jetés sans préavis mais fiers de leur travail, de la famille à laquelle ils ont appartenu.
Texte sur l’identité, sur la mémoire, sur la culture, sur le regard, « A Love Supreme » est porté sans effets inutiles par Nadia Fabrizzio qui donne au métier d’effeuilleuse ses lettres de noblesse.
Avec ce spectacle Dominique Pitoiset passe d’une certaine manière de la maman à la putain, autre référence au cinéma, « A love suprême » succède à son avant-dernière création, « Le livre de ma mère » avec Patrick Timsit. Il continue d’interroger la norme, la normalité sociale, individuelle, intime, biologique, médicale…
On retrouve dans sa mise en scène cette cohérence qui lui est habituelle et qui consiste à donner sa juste place à chaque élément, lumière et musique comprises afin de créer un ensemble dans lequel toutes les parties se répondent.
La fameuse recette du bœuf à la gelée de Françoise, que Proust décrit : tout y est lié par la gelée et chaque ingrédient y garde son goût propre.
C’est ceci qui permet d’écrire et de raconter une histoire, de faire culture, de faire naître, à travers et au-delà d’un corps, le désir.
Et puis Lavilliers avec « Pigalle la Blanche ». Chaleur et sensualité.
Seule différence entre un lavomatic et la réalité ? Dans le premier, il y a un numéro d’appel en cas d’urgence.
Lors de la création de « La résistible ascension d’Arturo Ui », Move-On avait demandé à Dominique Pitoiset à quoi sert le théâtre. Il semblerait que la réponse soit livrée ici.