Magali Croset – Calisto puisque vous maniez l’oxymore dans votre livre, il serait possible de se demander si l’Italie n’est pas une sorte d’immense orgasme permanent.
Je pense que l’Italie est vraiment construite sur des oxymores, comme l’expression « orgasme permanent » en constitue un. Sur des oxymores, des ambivalences, des ambigüités, des nuances.
Evoquer l’orgasme à propos de mon livre me plaît parce que j’ai voulu parler du désir et du plaisir. Pour l’orgasme, il faut cette phase d’excitation anticipée et ce point d’acmé orgastique et le plaisir qui est ressenti pendant mais aussi après coup. Mon livre se construit, finalement, comme un orgasme. Oui.
A sa lecture, on a droit à l’orgasme gastronomique mais pas sexuel.
J’ai censuré l’orgasme sexuel que j’ai décalé vers l’orgasme culinaire pour obtenir un effet de sublimation comme on dit en psychanalyse, pour partir de la libido sexuelle, de l’excitation et arriver à quelque chose de plus conceptuel, plus intellectuel, culturel aussi. Ma démarche souhaite partir du plaisir pour en faire de la littérature. C’est ce que j’apporte de nouveau dans Dolce Italia qui, je pense, n’est pas « un livre de plus » sur l’Italie. En parlant de plaisir, je pars de ma singularité pour questionner l’universel.
Ce livre est aussi le récit d’une initiation qui ne semble d’ailleurs pas terminée.
Je l’espère. Je voulais montrer comment, à travers mon regard, un voyage, un séjour et puis une vie de quelques années dans un lieu peuvent nous transformer. Cette transformation personnelle peut éventuellement entraîner des transformations au niveau des lecteurs qui se diront « Ah cela je ne l’ai pas vécu, j’ai envie de le vivre et j’irai voir. »
Je pense que l’Italie est vraiment construite sur des oxymores, comme l’expression « orgasme permanent » en constitue un. Sur des oxymores, des ambivalences, des ambigüités, des nuances.
Evoquer l’orgasme à propos de mon livre me plaît parce que j’ai voulu parler du désir et du plaisir. Pour l’orgasme, il faut cette phase d’excitation anticipée et ce point d’acmé orgastique et le plaisir qui est ressenti pendant mais aussi après coup. Mon livre se construit, finalement, comme un orgasme. Oui.
A sa lecture, on a droit à l’orgasme gastronomique mais pas sexuel.
J’ai censuré l’orgasme sexuel que j’ai décalé vers l’orgasme culinaire pour obtenir un effet de sublimation comme on dit en psychanalyse, pour partir de la libido sexuelle, de l’excitation et arriver à quelque chose de plus conceptuel, plus intellectuel, culturel aussi. Ma démarche souhaite partir du plaisir pour en faire de la littérature. C’est ce que j’apporte de nouveau dans Dolce Italia qui, je pense, n’est pas « un livre de plus » sur l’Italie. En parlant de plaisir, je pars de ma singularité pour questionner l’universel.
Ce livre est aussi le récit d’une initiation qui ne semble d’ailleurs pas terminée.
Je l’espère. Je voulais montrer comment, à travers mon regard, un voyage, un séjour et puis une vie de quelques années dans un lieu peuvent nous transformer. Cette transformation personnelle peut éventuellement entraîner des transformations au niveau des lecteurs qui se diront « Ah cela je ne l’ai pas vécu, j’ai envie de le vivre et j’irai voir. »
Un orgasme en Italie…
C'est effectivement une invitation à l’initiation ou à l’orgasme. C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire à propos de mon livre.
Vous évoquez le syndrome stendhalien et le sortez de la poussière universitaire. « Ce coup de foudre esthétique engage tout un cocktail chimique qui inonde le corps jusqu' à faire vaciller l’esprit. » écrivez-vous.
Il y a encore beaucoup à écrire sur le syndrome stendhalien ; j’ai d’ailleurs suggéré une thèse. Un écrivain en séjour à la Villa Medicis travaille actuellement je crois sur le sujet en le circonscrivant à Florence. Ce syndrome peut se ressentir partout, face à un spectacle, à une œuvre d’art, une performance…
Mais de préférence en Italie.
Pour moi oui, et puis c’est historiquement et plus précisément de Florence, qu’il nous vient.
Nous rejoignons ce que vous disiez tout à l’heure, un orgasme se prépare, même intellectuellement. Pour apprécier pleinement l’Italie, il faut une préparation culturelle, une attente et, paradoxalement, une surprise le plus souvent.
C’est cela. Un terrain de prédisposition à la découverte, au désir. Il faut se rendre disponible au plaisir éventuel sans savoir quand il va surgir. Je précise que c’est ici la sexologue qui parle. Il faut cette envie d’avoir envie pour vivre l’expérience du plaisir au moment où elle surgit. Autrement c’est beaucoup plus compliqué.
Cette manière d’envisager les choses relève de l’érotisme, qui est relié à tout un tissu ainsi qu’au temps alors que la pornographie est coupée du reste de la réalité.
Oui. On n’est plus alors exclusivement dans la sexualité mais dans un au-delà de la sexualité, un érotisme avec tout le contexte que cela implique, contexte intérieur et extérieur.
Vous écrivez « Chanter plutôt que de laisser place à l’indécence du réel », vous évoquez le tissu de relations à la sortie de l’église…L'Italie serait donc la scène d'une immense représentation.
C’est pour cette raison qu’on l’aime, elle est le berceau de l’opéra, du spectacle, des harangues de la Rome antique dans les forums. La présence de l’oralité traverse l’histoire romaine et se retrouve dans la culture populaire. C’est ce qui me fascine, alors qu’ici, en France, on devient de plus en plus taiseux au quotidien. On parle peu à la boulangère quand on va acheter son pain alors qu’en Italie ça fait partie du principe de vie au quotidien. En Italie je me sens différente parce qu’une forme d’altruisme s’empare de moi. Par la parole, les Italiens tournent les choses en dérision ou les subliment, ils peuvent en faire une chanson pour continuer d’avancer, se dire « Les drames sont là, mais on va en faire quelque chose, autre chose dans la joie. »
Les Italiens ont la capacité de dépasser les clivages, les oppositions qui nous paralysent en France.
Nous sommes plus cartésiens, davantage dans une rationalité philosophique, historique, intellectuelle, dans une dialectique qui nous enferme souvent alors que les Italiens ont cette philosophie des échanges et du lien. En Italie, on dépasse les oxymores pour arriver à un état supérieur là où en France on s’arrêterait à la contradiction. Les Italiens ont le sens des articulations.
Difficile d’arrêter avec Magali Croset-Calisto une conversation si passionnée. Il est encore question de l’Italie pays du jeu, jeu avec soi, les autres, l’Histoire, la culture, ce jeu des articulations qui est le voyage.
C'est effectivement une invitation à l’initiation ou à l’orgasme. C’est le plus beau compliment qu’on puisse me faire à propos de mon livre.
Vous évoquez le syndrome stendhalien et le sortez de la poussière universitaire. « Ce coup de foudre esthétique engage tout un cocktail chimique qui inonde le corps jusqu' à faire vaciller l’esprit. » écrivez-vous.
Il y a encore beaucoup à écrire sur le syndrome stendhalien ; j’ai d’ailleurs suggéré une thèse. Un écrivain en séjour à la Villa Medicis travaille actuellement je crois sur le sujet en le circonscrivant à Florence. Ce syndrome peut se ressentir partout, face à un spectacle, à une œuvre d’art, une performance…
Mais de préférence en Italie.
Pour moi oui, et puis c’est historiquement et plus précisément de Florence, qu’il nous vient.
Nous rejoignons ce que vous disiez tout à l’heure, un orgasme se prépare, même intellectuellement. Pour apprécier pleinement l’Italie, il faut une préparation culturelle, une attente et, paradoxalement, une surprise le plus souvent.
C’est cela. Un terrain de prédisposition à la découverte, au désir. Il faut se rendre disponible au plaisir éventuel sans savoir quand il va surgir. Je précise que c’est ici la sexologue qui parle. Il faut cette envie d’avoir envie pour vivre l’expérience du plaisir au moment où elle surgit. Autrement c’est beaucoup plus compliqué.
Cette manière d’envisager les choses relève de l’érotisme, qui est relié à tout un tissu ainsi qu’au temps alors que la pornographie est coupée du reste de la réalité.
Oui. On n’est plus alors exclusivement dans la sexualité mais dans un au-delà de la sexualité, un érotisme avec tout le contexte que cela implique, contexte intérieur et extérieur.
Vous écrivez « Chanter plutôt que de laisser place à l’indécence du réel », vous évoquez le tissu de relations à la sortie de l’église…L'Italie serait donc la scène d'une immense représentation.
C’est pour cette raison qu’on l’aime, elle est le berceau de l’opéra, du spectacle, des harangues de la Rome antique dans les forums. La présence de l’oralité traverse l’histoire romaine et se retrouve dans la culture populaire. C’est ce qui me fascine, alors qu’ici, en France, on devient de plus en plus taiseux au quotidien. On parle peu à la boulangère quand on va acheter son pain alors qu’en Italie ça fait partie du principe de vie au quotidien. En Italie je me sens différente parce qu’une forme d’altruisme s’empare de moi. Par la parole, les Italiens tournent les choses en dérision ou les subliment, ils peuvent en faire une chanson pour continuer d’avancer, se dire « Les drames sont là, mais on va en faire quelque chose, autre chose dans la joie. »
Les Italiens ont la capacité de dépasser les clivages, les oppositions qui nous paralysent en France.
Nous sommes plus cartésiens, davantage dans une rationalité philosophique, historique, intellectuelle, dans une dialectique qui nous enferme souvent alors que les Italiens ont cette philosophie des échanges et du lien. En Italie, on dépasse les oxymores pour arriver à un état supérieur là où en France on s’arrêterait à la contradiction. Les Italiens ont le sens des articulations.
Difficile d’arrêter avec Magali Croset-Calisto une conversation si passionnée. Il est encore question de l’Italie pays du jeu, jeu avec soi, les autres, l’Histoire, la culture, ce jeu des articulations qui est le voyage.
Articles similaires...
-
Demain la lune sera rouge de Nelly Sanoussi : une dystopie féministe puissante
-
C'était Juste Une Blague de Caroline Peiffer : un roman coup de poing sur le harcèlement scolaire
-
Saint-Cyr-sur-Mer, Vue avec le cœur - Un livre qui capture l’essence de la Provence
-
Le Monde de Gigi de William Maurer : un conte moderne plein de magie
-
Marguerite Laleyé sonde les méandres de « L’Autre Terre »