Dominique Pitoiset
Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance. Présenter sous la forme d’un opéra de chambre un problème d’ordre neurologique ! « Et pourtant ça tourne ! » pourrait-on s’exclamer en imitant Galilée. Effectivement, ça marche et ça tourne même, comme la partie centrale de la scène sur laquelle sont installés les sept musiciens qui déchiffrent leur partition et la jouent, tout comme le personnage principal , privé d’une partie de la vision, déchiffre le monde dans lequel il vit grâce au chant et à la musique. Au début, le spectateur a l’impression d’être atteint lui aussi d’une de ces maladies dont le nom savant commence par un a privatif : agnosie, aphasie… Difficile de suivre à la fois la musique jouée sur scène, le jeu et le chant en anglais des acteurs ainsi que la traduction de celui-ci projetée sur un bandeau noir. On se trouve alors en situation de manque, de recherche de sens ; mais on se laisse peu à peu porter par la musique, par le mouvement et par la lumière qui rappelle précisément celle d’Un été à Osage County créé la saison dernière à Bonlieu. La scène baigne littéralement dans ces éléments comme le personnage baigne dans la musique. La lumière apporte chaleur, sens et cohérence à l’ensemble. La disposition des éléments de décor et de jeu sur la scène reflète de manière très pertinente ce qui se joue là : bureau médical à gauche, salle d’examen sur la droite, appartement du personnage principal et musiciens au centre, sur le plateau tournant. La mise en scène de Dominique Pitoiset utilise les passages entre ces trois lieux pour signifier les incohérences, les distorsions, l’incompréhension ou au contraire l’harmonie. Le mouvement fait sens, tout comme la musique.
Cette pièce pose la question de la normalité. Quelle est-elle ? Ce que nous percevons ? Ce que l’autre perçoit ? Ce que nous percevons de lui ?
Très astucieusement la mise en scène projette les ombres des personnages et des musiciens sur le fond de scène et sur les côtés. La réalité serait-elle plus complexe qu’il n’y paraît ?Multiple ?
Dominique Pitoiset fait la démonstration qu’on peut offrir au public un spectacle intelligent, exigeant , sensible et convaincant à la fois. Profondément humain.
Comme seule prescription, le médecin finit par recommander au « malade » : « Davantage de musique . »
> La pièce est jouée à Bonlieu jusqu’au 7 novembre 2015
Cette pièce pose la question de la normalité. Quelle est-elle ? Ce que nous percevons ? Ce que l’autre perçoit ? Ce que nous percevons de lui ?
Très astucieusement la mise en scène projette les ombres des personnages et des musiciens sur le fond de scène et sur les côtés. La réalité serait-elle plus complexe qu’il n’y paraît ?Multiple ?
Dominique Pitoiset fait la démonstration qu’on peut offrir au public un spectacle intelligent, exigeant , sensible et convaincant à la fois. Profondément humain.
Comme seule prescription, le médecin finit par recommander au « malade » : « Davantage de musique . »
A chacun de trouver sa musique.
> La pièce est jouée à Bonlieu jusqu’au 7 novembre 2015
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