Entre stoïcisme et épicurisme, les œuvres d’Isabelle Vougny invitent à une méditation joyeuse.
Vous m’aviez parlé de poules d’eau. Où sont-elles ?
Elles sont cachées dans les toiles sous forme de traits esquissés.
C’est drôle que vous disiez ceci parce que vous aimez autant cacher que montrer ou détourner. Comme vos « Bouillon de culture. »
C’est la soupe primordiale dont nous sommes tous issus et en même temps une piste de réflexion.
Votre désir de retour à la nature est tel que vous exposez des toiles brutes, sans cadre. Libres.
J’aime la toile totalement libre, pas tendue sur un cadre qui a un côté un peu oppressant. Il est nécessaire pour se construire sans doute…Je les appelle mes toiles libres. J’adore peindre sur ces supports parce que je me retrouve debout, au milieu, je marche dessus. Il n’y a aucune préciosité dans mon rapport à la toile. On retrouve dans le châssis habituel un côté un peu corset alors que le matériau de mes toiles est éminemment humble ; il est normalement destiné à faire des routes.
Vous savez, je signe mes toiles VIA, alors utiliser ce matériau est approprié ! Via, en latin la voix, la route, le passage. J’aime ces toiles qu’on peut rouler, mettre sur son chariot pour déménager. C’est sans prétention, solide, ça ne se déforme pas, et ça n’empêche pas la spontanéité.
Et vous savez ce que les acquéreurs font de ces toiles ?
Ils les disposent avec beaucoup de respect sur leurs murs ! Certains sont partis avec leur rouleau de toile moins lourd qu’une paire de skis, ont pris leur avion et m’ont envoyé 24 heures plus tard une photo montrant l’installation sur leur mur blanc à la manière d’une fresque.
Pour voler une toile, c’est pratique. Pas besoin de cutter pour la défaire de son cadre.
Quel honneur si quelqu’un volait l’une de mes toiles comme c’est arrivé pour La Joconde ! (rires).
Parler de matière ou de matériau est intéressant parce qu’il y a la matière de la toile, celle qui renvoie à la nature que vous aimez peindre, celle que vous détournez comme ces codes barres qui , pour moi, peuvent, ainsi présentés, ressembler à des portées musicales : tout est jeu.
Jeux de sens, jeux de mots. J’aime jouer avec le sens des mots et avec les sens, avec l’ombre et la lumière, le mobile et l’immobile…la vie n’est qu’un jeu d’éclairages, de sens, de j’te croise ou j’te croise pas, d’opportunités, de j’tai vu(e) ou j’tai pas vu(e)…
Mots, traits, peinture, tout est signe. Vous les représentez dans une sorte de profusion volontaire qui permet, si on en prend le temps, de voir vos travaux sous des éclairages de sens différents, en se focalisant sur tel élément puis sur un autre. Le regard n’est pas figé.
Comme lorsque l’on regarde la nature. Elle est source d’émotions accessibles à tous, elle suscite un mélange d’émotions dont elle est la source première de laquelle on peut extraire une vitalité qui prend la forme d’un infime reflet qu’on peut grossir, ou bien de trois cailloux qui deviennent des trésors, des micro particules qui dérivent au printemps, des pollens sur une ride d’eau qui deviennent une toile abstraite totalement figurative. Vous les voyez mes grains de pollen devenus des traits ?
Puisqu’on parle de jeu, au bout d’un moment on peut aussi imaginer des nymphéas.
Je pourrais rester 25 ans devant des nymphéas sans m’ennuyer.
Rester un moment devant un tableau est une forme de méditation, comme celle que l’on vit quand on peint ou quand on écrit. Tout le corps et l’esprit y participent. On s’y perd pour s’y retrouver.
Effectivement, pour se trouver il faut d’abord commencer par se perdre, comme à Sevrier au bord du lac où il y a un petit coin de paradis. Il faut travailler avec ce qu’on a sous la main.
Vos tableaux sont un monde. On y entre et on en ressort dans une conversation avec la nature et avec soi.
C’est un passage d’un monde à un autre. Signé « VIA ».
A L’Impérial Palace d’Annecy jusqu’au 30 août 2019
De 17 à 22 heures sauf samedis
Entrée (et sortie !) libre.
Vous m’aviez parlé de poules d’eau. Où sont-elles ?
Elles sont cachées dans les toiles sous forme de traits esquissés.
C’est drôle que vous disiez ceci parce que vous aimez autant cacher que montrer ou détourner. Comme vos « Bouillon de culture. »
C’est la soupe primordiale dont nous sommes tous issus et en même temps une piste de réflexion.
Votre désir de retour à la nature est tel que vous exposez des toiles brutes, sans cadre. Libres.
J’aime la toile totalement libre, pas tendue sur un cadre qui a un côté un peu oppressant. Il est nécessaire pour se construire sans doute…Je les appelle mes toiles libres. J’adore peindre sur ces supports parce que je me retrouve debout, au milieu, je marche dessus. Il n’y a aucune préciosité dans mon rapport à la toile. On retrouve dans le châssis habituel un côté un peu corset alors que le matériau de mes toiles est éminemment humble ; il est normalement destiné à faire des routes.
Vous savez, je signe mes toiles VIA, alors utiliser ce matériau est approprié ! Via, en latin la voix, la route, le passage. J’aime ces toiles qu’on peut rouler, mettre sur son chariot pour déménager. C’est sans prétention, solide, ça ne se déforme pas, et ça n’empêche pas la spontanéité.
Et vous savez ce que les acquéreurs font de ces toiles ?
Ils les disposent avec beaucoup de respect sur leurs murs ! Certains sont partis avec leur rouleau de toile moins lourd qu’une paire de skis, ont pris leur avion et m’ont envoyé 24 heures plus tard une photo montrant l’installation sur leur mur blanc à la manière d’une fresque.
Pour voler une toile, c’est pratique. Pas besoin de cutter pour la défaire de son cadre.
Quel honneur si quelqu’un volait l’une de mes toiles comme c’est arrivé pour La Joconde ! (rires).
Parler de matière ou de matériau est intéressant parce qu’il y a la matière de la toile, celle qui renvoie à la nature que vous aimez peindre, celle que vous détournez comme ces codes barres qui , pour moi, peuvent, ainsi présentés, ressembler à des portées musicales : tout est jeu.
Jeux de sens, jeux de mots. J’aime jouer avec le sens des mots et avec les sens, avec l’ombre et la lumière, le mobile et l’immobile…la vie n’est qu’un jeu d’éclairages, de sens, de j’te croise ou j’te croise pas, d’opportunités, de j’tai vu(e) ou j’tai pas vu(e)…
Mots, traits, peinture, tout est signe. Vous les représentez dans une sorte de profusion volontaire qui permet, si on en prend le temps, de voir vos travaux sous des éclairages de sens différents, en se focalisant sur tel élément puis sur un autre. Le regard n’est pas figé.
Comme lorsque l’on regarde la nature. Elle est source d’émotions accessibles à tous, elle suscite un mélange d’émotions dont elle est la source première de laquelle on peut extraire une vitalité qui prend la forme d’un infime reflet qu’on peut grossir, ou bien de trois cailloux qui deviennent des trésors, des micro particules qui dérivent au printemps, des pollens sur une ride d’eau qui deviennent une toile abstraite totalement figurative. Vous les voyez mes grains de pollen devenus des traits ?
Puisqu’on parle de jeu, au bout d’un moment on peut aussi imaginer des nymphéas.
Je pourrais rester 25 ans devant des nymphéas sans m’ennuyer.
Rester un moment devant un tableau est une forme de méditation, comme celle que l’on vit quand on peint ou quand on écrit. Tout le corps et l’esprit y participent. On s’y perd pour s’y retrouver.
Effectivement, pour se trouver il faut d’abord commencer par se perdre, comme à Sevrier au bord du lac où il y a un petit coin de paradis. Il faut travailler avec ce qu’on a sous la main.
Vos tableaux sont un monde. On y entre et on en ressort dans une conversation avec la nature et avec soi.
C’est un passage d’un monde à un autre. Signé « VIA ».
A L’Impérial Palace d’Annecy jusqu’au 30 août 2019
De 17 à 22 heures sauf samedis
Entrée (et sortie !) libre.
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