Filipandré, comment es-tu devenu dessinateur ? Raconte-moi un peu ça.
Je crois que c’est parce que je m’ennuyais à l’école et que je dessinais pendant les cours. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Je m’ennuyais à l’école.
Qu’en pensaient les enseignants ?
Ils ne s’en rendaient pas compte. Je croise souvent sur le marché une de mes anciennes profs de lycée qui me raconte que je lui avais rendu un travail de sciences naturelles entièrement en bande dessinée. C’était à la fin des années 60 . J’ai participé avec mes dessins à un journal de lycéens, à St Michel. J’avais un regard amusé sur les curés de St Michel.
Le dessin est donc un mode d’expression naturel pour toi, mais au départ tu devais avoir des sources, des repères ?
Mes grands maîtres étaient dans Pilote. J’ai eu la chance de connaître l’époque où Pilote était un hebdomadaire. Je me souviens, il arrivait le dimanche soir , et j’allais le chercher à la gare d’Annecy. Il y avait tout dans Pilote, Lucky Luck, Reiser, Gébé, Achille Talon, Cabu…il y avait vraiment des pointures formidables. J’ai eu la chance un jour de publier un dessin dans Pilote Je suis vachement fier de pouvoir dire que j’ai publié un dessin dans Pilote. Ça devait être en 78.
Je crois que c’est parce que je m’ennuyais à l’école et que je dessinais pendant les cours. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours dessiné. Je m’ennuyais à l’école.
Qu’en pensaient les enseignants ?
Ils ne s’en rendaient pas compte. Je croise souvent sur le marché une de mes anciennes profs de lycée qui me raconte que je lui avais rendu un travail de sciences naturelles entièrement en bande dessinée. C’était à la fin des années 60 . J’ai participé avec mes dessins à un journal de lycéens, à St Michel. J’avais un regard amusé sur les curés de St Michel.
Le dessin est donc un mode d’expression naturel pour toi, mais au départ tu devais avoir des sources, des repères ?
Mes grands maîtres étaient dans Pilote. J’ai eu la chance de connaître l’époque où Pilote était un hebdomadaire. Je me souviens, il arrivait le dimanche soir , et j’allais le chercher à la gare d’Annecy. Il y avait tout dans Pilote, Lucky Luck, Reiser, Gébé, Achille Talon, Cabu…il y avait vraiment des pointures formidables. J’ai eu la chance un jour de publier un dessin dans Pilote Je suis vachement fier de pouvoir dire que j’ai publié un dessin dans Pilote. Ça devait être en 78.
Ton inspiration actuelle vient d’où ? Tu produis pas mal, là ? (Filipandré dessine pendant l’entretien).
C’est le métier qui rentre au bout d’un moment. Le truc, c’est d’avoir un regard un peu décalé. Par exemple, quand je fais des dessins en direct pour des colloques, j’essaie de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Je le fais arriver à leur niveau de conscience alors que ce n’était peut-être pas conscient chez les participants. J’arrive à faire rire les gens avec ça.
Ça relève plutôt du don naturel.
Non, ça se travaille. J’ai appris à travailler vite à la télévision. J’ai collaboré pendant près de vingt ans à 8 Mont Blanc toutes les semaines. En 52 minutes d’émission, je faisais entre 12 et 15 dessins. Je faisais vite, en couleurs, il ne fallait pas que le dessin arrive trop tard. Il fallait même, à la limite, que j’anticipe sur ce que le type allait dire pour qu’il puisse rebondir sur mon dessin ou l’inverse.
Donc la contrainte, parfois, c’est positif.
Il y a une causalité dialectique entre la contrainte et la liberté. Pas de liberté sans contrainte… Pourtant je n’ai pas de plan de carrière. Je ne sais pas ce que c’est. J’ai toujours eu cette chance insolente de pouvoir faire ce qui me plaisait. Parfois c’est cher, parce que t’as pas d’argent..
Maintenant tu es reconnu, établi.
Je vis modestement mais je suis très heureux. J’ai trouvé un équilibre. Dans le métier que je fais, il n’y a pas de classe moyenne.
C’est le métier qui rentre au bout d’un moment. Le truc, c’est d’avoir un regard un peu décalé. Par exemple, quand je fais des dessins en direct pour des colloques, j’essaie de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas. Je le fais arriver à leur niveau de conscience alors que ce n’était peut-être pas conscient chez les participants. J’arrive à faire rire les gens avec ça.
Ça relève plutôt du don naturel.
Non, ça se travaille. J’ai appris à travailler vite à la télévision. J’ai collaboré pendant près de vingt ans à 8 Mont Blanc toutes les semaines. En 52 minutes d’émission, je faisais entre 12 et 15 dessins. Je faisais vite, en couleurs, il ne fallait pas que le dessin arrive trop tard. Il fallait même, à la limite, que j’anticipe sur ce que le type allait dire pour qu’il puisse rebondir sur mon dessin ou l’inverse.
Donc la contrainte, parfois, c’est positif.
Il y a une causalité dialectique entre la contrainte et la liberté. Pas de liberté sans contrainte… Pourtant je n’ai pas de plan de carrière. Je ne sais pas ce que c’est. J’ai toujours eu cette chance insolente de pouvoir faire ce qui me plaisait. Parfois c’est cher, parce que t’as pas d’argent..
Maintenant tu es reconnu, établi.
Je vis modestement mais je suis très heureux. J’ai trouvé un équilibre. Dans le métier que je fais, il n’y a pas de classe moyenne.
J’ai l’impression que tu es plutôt atypique. Je découvre l’endroit où tu vis. Ce n’est pas grand, mais tout est à portée de la main, il y a le paysage…
Ça me désespère parce que j’ai de plus en plus de mal à voyager. Je suis tellement bien chez moi que je me dis « Qu’est-ce que je vais m’emm…à aller ailleurs. D’où l’intérêt de partir. Exactement, le grand intérêt des voyages est d’avoir envie de rentrer.
J’avais envie de te demander comment tu es en dehors de ta profession, mais je vois bien que c’est un tout, une façon d’être.
Comme tout le monde ,non ? (preuve que Filipandré est bien atypique !).
Quel regard portes-tu sur la société actuelle ?
Je suis content d’avoir eu 20 ans en 70/71. Je n’aimerais pas avoir 20 ans maintenant. Autrefois, des amis de mon âge sont partis à Kaboul en auto-stop. J’ai des potes qui ont fait le rallye Paris-Persépolis en 2 chevaux… Je me demande où on peut aller aujourd’hui en stop. Le monde s’est rétréci. C’est peut-être le fait de vieillir, on pense que c’était mieux avant, ce qu’on appelle le misonéisme. L’aventure des jeunes, ce serait de monter une start up et de faire du pognon. On ne leur donne pas d’autres horizons que celui du pognon. Ou alors partir dans une ONG mais c’est toujours très encadré, et puis c’est dangereux.
Qu’est-ce que tu n’as encore jamais dit à personne et que tu pourrais dire là ?
Rien.
Tu ne t’interdis rien, dans tes dessins ?
Je m’adapte aux supports dans lesquels ils sont publiés. Il est vrai qu’il y avait plus de liberté d’expression autrefois, mais la liberté c’est un éternel retour, c’est peut-être allé trop loin et il y a un phénomène de balancier…. les puritains reprennent le dessus.
En livrant ses pensées Filipandré a continué son dessin, étalé de la couleur au pinceau, l’a séchée au sèche cheveux. Une vraie rencontre plus qu’un entretien. Quelqu’un de vrai à une époque où les vraies gens deviennent une denrée rare !
Filipandré expose ses dessins au Café des Arts à Annecy tout le mois d'Août !
Ça me désespère parce que j’ai de plus en plus de mal à voyager. Je suis tellement bien chez moi que je me dis « Qu’est-ce que je vais m’emm…à aller ailleurs. D’où l’intérêt de partir. Exactement, le grand intérêt des voyages est d’avoir envie de rentrer.
J’avais envie de te demander comment tu es en dehors de ta profession, mais je vois bien que c’est un tout, une façon d’être.
Comme tout le monde ,non ? (preuve que Filipandré est bien atypique !).
Quel regard portes-tu sur la société actuelle ?
Je suis content d’avoir eu 20 ans en 70/71. Je n’aimerais pas avoir 20 ans maintenant. Autrefois, des amis de mon âge sont partis à Kaboul en auto-stop. J’ai des potes qui ont fait le rallye Paris-Persépolis en 2 chevaux… Je me demande où on peut aller aujourd’hui en stop. Le monde s’est rétréci. C’est peut-être le fait de vieillir, on pense que c’était mieux avant, ce qu’on appelle le misonéisme. L’aventure des jeunes, ce serait de monter une start up et de faire du pognon. On ne leur donne pas d’autres horizons que celui du pognon. Ou alors partir dans une ONG mais c’est toujours très encadré, et puis c’est dangereux.
Qu’est-ce que tu n’as encore jamais dit à personne et que tu pourrais dire là ?
Rien.
Tu ne t’interdis rien, dans tes dessins ?
Je m’adapte aux supports dans lesquels ils sont publiés. Il est vrai qu’il y avait plus de liberté d’expression autrefois, mais la liberté c’est un éternel retour, c’est peut-être allé trop loin et il y a un phénomène de balancier…. les puritains reprennent le dessus.
En livrant ses pensées Filipandré a continué son dessin, étalé de la couleur au pinceau, l’a séchée au sèche cheveux. Une vraie rencontre plus qu’un entretien. Quelqu’un de vrai à une époque où les vraies gens deviennent une denrée rare !
Filipandré expose ses dessins au Café des Arts à Annecy tout le mois d'Août !
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