Pour Musset, il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. Comme Alexandre devant le nœud gordien, Fabien Ducrot choisit une autre voie.
Fabien, avant que vous ne parliez de polissage de lentilles, vous aviez précisé dans la présentation de cette œuvre que vous aviez poli à la main les lamelles d’acier qui la composent. Spinoza a gagné sa vie en polissant des lentilles optiques. Il semblerait que cette activité a une connotation philosophique que l’on retrouve dans « Horao ».
Je pense évidemment au rapport sujet/objet, une dichotomie qui m’intéresse, aux notions d’activité et de passivité qui correspondent à deux théories du regard qui opposaient les Grecs de l’antiquité ; la lumière qui entre dans l’œil ou bien le feu de celui-ci qui éclaire les objets. Percevoir ou se percevoir à travers participe à ce rapport sujet/objet et permet de prendre conscience de son regard.
Avec d’une certaine manière l’idée d’une naissance. Arriver à la lumière, voir le jour, c’est la naissance.
C’est ce que j’entends par « prendre conscience du regard ». Prendre conscience du filtre que constitue notre rétine.
Et que nous sommes tout entiers.
C’est une œuvre très phénoménologique. Je suis très influencé par les lectures d’Husserl, de Merleau-Ponty.
Et puis, je ne sais pas si le terme est approprié, vous jouez avec la lumière pour créer un trompe l’œil, et pour passer la porte il vaut mieux la contourner. Aller au-delà de ce qui semble être des évidences.
Il faut y ajouter le fait que cette porte tient par elle-même et n’est pas en relation avec des murs. Elle est autonome, ce qui contribue à l’absurdité au sens camusien. La présence de deux portes sur le même cadre fait sens en soi. La réalisation n’a pas besoin d’un extérieur.
Fabien, avant que vous ne parliez de polissage de lentilles, vous aviez précisé dans la présentation de cette œuvre que vous aviez poli à la main les lamelles d’acier qui la composent. Spinoza a gagné sa vie en polissant des lentilles optiques. Il semblerait que cette activité a une connotation philosophique que l’on retrouve dans « Horao ».
Je pense évidemment au rapport sujet/objet, une dichotomie qui m’intéresse, aux notions d’activité et de passivité qui correspondent à deux théories du regard qui opposaient les Grecs de l’antiquité ; la lumière qui entre dans l’œil ou bien le feu de celui-ci qui éclaire les objets. Percevoir ou se percevoir à travers participe à ce rapport sujet/objet et permet de prendre conscience de son regard.
Avec d’une certaine manière l’idée d’une naissance. Arriver à la lumière, voir le jour, c’est la naissance.
C’est ce que j’entends par « prendre conscience du regard ». Prendre conscience du filtre que constitue notre rétine.
Et que nous sommes tout entiers.
C’est une œuvre très phénoménologique. Je suis très influencé par les lectures d’Husserl, de Merleau-Ponty.
Et puis, je ne sais pas si le terme est approprié, vous jouez avec la lumière pour créer un trompe l’œil, et pour passer la porte il vaut mieux la contourner. Aller au-delà de ce qui semble être des évidences.
Il faut y ajouter le fait que cette porte tient par elle-même et n’est pas en relation avec des murs. Elle est autonome, ce qui contribue à l’absurdité au sens camusien. La présence de deux portes sur le même cadre fait sens en soi. La réalisation n’a pas besoin d’un extérieur.
Lucie Cabanes, spécialiste d'art contemporain, Fabien Ducrot, Lionel François directeur des musées et du patrimoine d'Annecy
Cette ouverture pourrait constituer un sexe virtuel puisqu’elle est liée à l’idée de passage.
La Vierge Marie a conçu en recevant la lumière.
Il manque juste la fleur de lys symbole de pureté (rires). Votre œuvre est constituée autant de vide que de plein et c’est ce qui permet toutes ces interprétations.
Oui, on revient à la philosophie et en l’occurrence à Lao Tseu, le vide est aussi important que le plein ; le vide de la porte permet sa fonction comme le vide du vase. C’est aussi un vide virtuel parce que la transparence donne un effet de vide alors que la porte est pleine d’acier, extrêmement lourde.
Est-ce que l’activité même du polissage est philosophique ? Vous parlez de vibration à son propos comme à propos de la lumière.
C’est une activité philosophique, une activité de méditation parce qu’extrêmement mécanique. Il faut être attentif mais l’esprit peut divaguer.
Se voir en croyant observer la transparence des choses. Que regarde-t-on en définitive ? Ne voit-on jamais que soi ? Sommes-nous transparents au monde ou bien la réalité de celui-ci nous échappe-t-elle sans cesse ? Questionnement infini.
Les œuvres qui questionnent, font voyager imagination et neurones, remplissent pleinement leur rôle de réalisations artistiques. En ce sens, il peut aussi être intéressant de procéder par élimination : « Ce n’est pas une machine à trancher simultanément plusieurs tranches de jambon, ni le passage vers les Enfers (quoique). Est-ce une machine à réduire l’ego ? Une évocation des deux colonnes de la mosquée de Kairouan si rapprochées que le passage entre les deux vous permet d’entrevoir une place au paradis ? Une œuvre d’art réalisée par Fabien Ducrot, installée dans la chapelle du Palais de l’Ile, choisie par Yann Bazin et qui, prescience, représenterait le passage de celui-ci vers un autre monde ?
Allez savoir !
Entrer dans un espace resserré pour mieux pouvoir s’en échapper par l’imagination, par l’intelligence qui consiste à créer sans cesse des liens, à lire et à lier.
La Vierge Marie a conçu en recevant la lumière.
Il manque juste la fleur de lys symbole de pureté (rires). Votre œuvre est constituée autant de vide que de plein et c’est ce qui permet toutes ces interprétations.
Oui, on revient à la philosophie et en l’occurrence à Lao Tseu, le vide est aussi important que le plein ; le vide de la porte permet sa fonction comme le vide du vase. C’est aussi un vide virtuel parce que la transparence donne un effet de vide alors que la porte est pleine d’acier, extrêmement lourde.
Est-ce que l’activité même du polissage est philosophique ? Vous parlez de vibration à son propos comme à propos de la lumière.
C’est une activité philosophique, une activité de méditation parce qu’extrêmement mécanique. Il faut être attentif mais l’esprit peut divaguer.
Se voir en croyant observer la transparence des choses. Que regarde-t-on en définitive ? Ne voit-on jamais que soi ? Sommes-nous transparents au monde ou bien la réalité de celui-ci nous échappe-t-elle sans cesse ? Questionnement infini.
Les œuvres qui questionnent, font voyager imagination et neurones, remplissent pleinement leur rôle de réalisations artistiques. En ce sens, il peut aussi être intéressant de procéder par élimination : « Ce n’est pas une machine à trancher simultanément plusieurs tranches de jambon, ni le passage vers les Enfers (quoique). Est-ce une machine à réduire l’ego ? Une évocation des deux colonnes de la mosquée de Kairouan si rapprochées que le passage entre les deux vous permet d’entrevoir une place au paradis ? Une œuvre d’art réalisée par Fabien Ducrot, installée dans la chapelle du Palais de l’Ile, choisie par Yann Bazin et qui, prescience, représenterait le passage de celui-ci vers un autre monde ?
Allez savoir !
« Horao » signifie en grec ancien aussi bien "voir" qu’ "apparaître". L’œuvre rejoint la manifestation « Annecy Paysages » et entre aussi dans le cadre de « Résonance contemporaine » qui consiste à exposer deux œuvres d’art contemporain par an qui puissent entrer en résonance avec la chapelle du Palais de l’Ile.
Entrer dans un espace resserré pour mieux pouvoir s’en échapper par l’imagination, par l’intelligence qui consiste à créer sans cesse des liens, à lire et à lier.
Visites matinales pour apprécier le jeu des lumières de vitraux sur l’œuvre exposée…
Renseignements musees.annecy.fr
Renseignements musees.annecy.fr
Détail avec reflets
Autant d'angles de vue, autant de réalités perçues
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