La Forge / Faverges Seythenex : une idée et un état d’esprit

Philippe, la Forge est née il y a quelques mois seulement. Est-ce qu’on peut dresser un premier bilan ?
Les premiers événements remontent au 21 septembre 2019.Deux bilans sont possibles en parallèle, celui du musée numérique et de la réalité virtuelle qui est ouvert gratuitement à tous publics le samedi après-midi et le samedi matin. Il accueille régulièrement plusieurs dizaines de personnes. Nous voyons maintenant ce qui fonctionne, avec les familles ou bien avec les enfants. La structure accueille des scolaires pendant la semaine ; elle permet d’apprendre de manière très ludique et intergénérationnelle, le samedi matin en particulier. On ne sait pas si ce sont les grands parents qui viennent avec leurs petits enfants ou l’inverse. L’outil numérique et l’approche qu’il propose permet de véritables échanges, les grands parents maîtrisent mieux les contenus, les enfants sont plus à l’aise avec les outils, les tablettes. Certaines familles reviennent tous les samedis parce que le contenu est tellement vaste qu’il y a toujours à découvrir.

La Forge propose aussi beaucoup d’autres activités, théâtre, concerts, conférences…
Les conférences s’inscrivent elles aussi dans le cadre de Micro-Folie, comme le musée numérique et le Fab Lab. Ce dernier est l’élément qui reste réellement à développer, les conférences marchent du tonnerre, elles attirent plus de cent personnes chacune. La formule fonctionne sans doute parce que le format est limité à une heure, suivi d’un pot qui permet d’échanger. Ces conférences s’inscrivent vraiment dans l’éducation populaire.
Le seul bémol serait l’utilisation du bâtiment. Oublions le Caf’Pop… certaines activités sont difficiles en plein hiver.

Il y a la GlaGla Race dans quelques jours sur le lac d’Annecy, du paddle en plein hiver. Inventez un concept froid et concert !
En réalité le problème ne se pose que pour la programmation pour laquelle le public est assis. Nous apprenons au fur et à mesure et nous adaptons avant les travaux qui amélioreront le confort. Tout projet réellement nouveau comporte une part d’apprentissage en temps réel ; on apprend, on avance et on s’adapte.
 

C’est d’ailleurs le plus intéressant, ce qui fait pétiller la vie, de ne pas se contenter de solutions toutes faites et de partir, raisonnablement , à l’aventure.
Nous sommes entrain d’ouvrir le champ des possibilités, ;des partenaires, des citoyens nous font des propositions. Nous entrons dans un moment de très grande liberté créative dont j’assume qu’on ne sait pas précisément comment on va le traiter. Il y aura vraisemblablement des frustrations parce que tout n’est pas possible, mais tout le monde vit cette initiative avec bienveillance et dans un esprit positif. Tellement de choses ont déjà été accomplies en un an !

Revenons en arrière, justement : pourquoi ce projet ?
Il est né de la volonté politique de faire une priorité municipale de la culture populaire qui puisse concerner tout le monde. Il fallait récupérer une usine dès sa fermeture afin d’éviter qu’elle devienne une friche industrielle et , en combinant les deux premières raisons, il nous fallait imaginer de nouveaux développements  collectifs, trouver une démarche entre notre ambition culturelle et le potentiel qui s’offrait à nous : il fallait inventer une solution atypique !
 

Un espace culturel et de rencontres atypique semble assez naturel à Faverges, qui est un lieu de passage et de raccordement entre lac et montagnes ; la géographie conditionne les esprits.
Depuis plusieurs années la municipalité met en avant cette situation : Faverges est au milieu, ce qui permet d’assumer un rôle de polarité au lieu d’être au milieu de rien, ce qui était le cas auparavant.  Faverges compte de nombreux atouts liés à son environnement naturel, bien sûr, mais aussi à la population, à la qualité de nos services, ce qui est propice à construire ensemble ce projet. La Forge est notre initiative la plus visible mais nous travaillons aussi à l’énergie renouvelable, à une grande maison de santé et à bien d’autres choses.
 

Vous évoquez une façon d’être, une disposition d’esprit qui peuvent se décliner de manières différentes.
C’est d’autant plus intéressant que nous sommes sur un territoire et une ville de couleur plutôt conservatrice et que, malgré cela une équipe d’élus et de citoyens dit « Banco », on va construire quelque chose de nouveau ensemble dès que l’occasion leur en est donnée.
 

C’est peut-être le bon moment, entre mondialisation, difficultés de tous ordres et en particulier à l’échelle européenne…
Le retour au territoire est plus que culturel ; c’est pourquoi  La Forge n’est pas qu’un tiers lieu culturel. Il y a une dimension sociale, éducative, économique, environnementale. Nous pensons à en faire le relais de producteurs locaux.
La Forge n’est pas qu’un bâtiment, mais une idée qui rassemble des gens pour les faire avancer ensemble positivement, une idée qui est en cohérence avec le rachat de locaux pour accueillir des artistes, des producteurs locaux.

Une idée et un état d’esprit.