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Move-On Magazine

Le Cinéma d’Animation permet de rester jeune !


Entretien avec Patrick Eveno, dernière édition en tant que directeur de CITIA et du Festival d’Annecy.


| Publié le Mercredi 20 Décembre 2017 |

Patrick Eveno @crédit photo Gilles Piel
Patrick Eveno @crédit photo Gilles Piel
Ni l’un ni l’autre ne font leur âge !
Nous rencontrons Patrick Eveno ce lundi 18 décembre 2017 pour parler, bien sûr du Festival et il nous annonce son départ à la retraite en juin 2018 !
 
Patrick Eveno, 2017 a été un excellent cru. Comment en êtes-vous arrivés à ce niveau ?
Sans fausse modestie, nous sommes les héritiers de personnes qui ont porté cet événement pendant des dizaines d’années et en ont fait ce qu’il est devenu au début des années 2000, c’est-à-dire le plus grand événement mondial dans ce domaine. Nous avons bénéficié de tout ce travail, nous qui sommes là depuis moins longtemps.

Le début des années 2000 n’a pas été aussi faste que ça. Certaines inquiétudes entouraient le marché du film, ce qui a nécessité une vraie remise en question sur notre positionnement, sur notre ambition. L’équipe s’en est saisie et a engagé des réformes profondes qui portent leurs fruits aujourd’hui. Par ailleurs, le cinéma d’animation se porte bien.

C’est une discipline qui se situe au carrefour de nombreuses activités. Mais le mot « équipe » est intéressant.
Totalement. Des orientations sont données par le conseil d’administration, par les collectivités et par le directeur dont la candidature est retenue sur la base d’un projet, mais rien ne serait possible sans l’équipe, au quotidien, toute l’année. La traduction de ce travail d’équipe est remarquable au mois de juin avec le Festival qui propose une offre considérable en de nombreux lieux. Ce serait impossible si tout ceci ne reposait que sur quelques épaules. L’équipe est formée de gens de toutes origines géographiques soudés autour de l’idée que le « client », le festivalier doit être mis au cœur de nos préoccupations.

Si on devait parler de valeurs, ce sont celles que l'on retrouve dans les sports collectifs, la solidarité, même si ce n’est pas le monde des bisounours. Ça s’engueule parfois mais le plaisir et la volonté d’agir, de réaliser ensemble pour aller vers l’excellence transcende les personnes.

Comment expliquer le rayonnement mondial qui s’exprime à partir de racines, d’un noyau local ?
Les gens qui ont créé cet événement à Annecy avaient l’ambition d’en faire un carrefour des créateurs de cinéma d’animation déjà à l’échelle européenne.
Ce Festival est un miracle permanent, surtout dans une ville de la taille d’Annecy. Nos visiteurs étrangers qui viennent de mégalopoles se disent « C’est donc ici que se tient le plus grand Festival de cinéma d’animation du monde ! » en découvrant Annecy.
 

Vous, directeur et toute l’équipe, faites au mieux, mais une part de la magie vous échappe ?
Nous n’avons pas de prise sur certains éléments. La bonne santé du cinéma d’animation en est un. C’est un genre qui suit des cycles, comme le cinéma et l’audio visuel en général.

Vous avez une faculté d’adaptation .
Oui, mais tout de même. Il y a aussi les questions de sécurité qui n’ont pas affecté la fréquentation du Festival ces dernières années. Pour anecdote, je rappelle l’explosion du volcan islandais qui a failli empêcher tous les vols. Les événements extérieurs peuvent peser de façons multiples et il y a aussi les infrastructures annéciennes comme l’hôtellerie qui sont presque à la limite. On y travaille avec les professionnels de l’hôtellerie, du transport, avec les collectivités afin d’optimiser les moyens dont nous disposons aujourd’hui. De nouveaux hôtels devraient être construits, le transport va être adapté.

Citia, le Festival sont au carrefour de nombreuses activités, de structures. Vous êtes par exemple partenaire de « Annecy Mountains » qui vient de voir le jour.
Oui. Si le Festival d’Annecy permet de répondre à l’accueil de 10 000 accrédités, il permet aussi de répondre à beaucoup de questions posées au territoire. Je vois plusieurs intérêts à Annecy Mountains. Le territoire a pu vivre avec l’idée que ses atouts naturels étaient tels qu’il n’y avait pas besoin de les faire valoir, qu’il n’y avait pas lieu de s’en préoccuper. Je me réjouis que les choses soient en train de changer. Nous nous trouvons dans une concurrence internationale, tant pour les événements culturels que pour l’industrie du tourisme. Ceci nous impose une recherche d’excellence qui interdit l’autosatisfaction. Le lac et les montagnes seront toujours là, mais ça peut ne pas suffire. Il nous faut faire du marketing territorial et travailler aussi sur nos handicaps.

L’intérêt d’Annecy Mountains est de se préoccuper du tourisme et de l’économie. Il faut savoir comment on fait s’installer des entreprises sur le bassin d’Annecy et au-delà, à quoi on se heurte lorsque l’on veut les faire venir,  savoir si l’image de ce cadre de vie ne prend pas le pas sur le reste. Annecy Mountains peut permettre de répondre à ces questions.

Lors des premières éditions, on comptait 25 délégations de pays étrangers.
Nous sommes à près de 90 aujourd'hui.

C’est une phase, un palier à franchir ?
On découvre chaque année des pays dont la population est consommatrice de cinéma d’animation mais qui sont aussi des pays de réalisation et de production. En 2018 nous rendrons hommage à l’animation brésilienne, ce qui aurait pu paraître surprenant il y a dix ans. Le Brésil n’est pas le seul exemple. Nous bénéficions donc d’un écosystème favorable mais il n’est pas évident qu’un pays situé aux antipodes ait le réflexe de dire " Il faut venir à Annecy ! "
C’est à nous de les convaincre que leur place est ici et que nous allons faciliter leur entrée dans le concert international.

Il y a vraiment du boulot en dehors du festival. Les liens se tissent toute l’année.
Le Festival est très intense, mais il n’est que l’aboutissement. J’ai déjà un dossier Annecy 2019, même si je ne serai plus là l’année prochaine parce que je partirai à la retraite. On travaille à échéance de deux, trois ans

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