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Fellag, dans votre spectacle vous évoquez un détournement d’avion, alors que vous-même vous détournez le langage, les identités, les objets, les situations avec le colonisé qui aide son colonisateur à se décoloniser…c’est une tournure d’esprit qui vous est naturelle ? Vous la travaillez ?
C’est le résultat d’une écriture, mais je vois la vie comme ça, sinon je ne pourrais pas l’écrire. Je crois à ce que je dis, à ce que j’écris. J’ai une âme, un esprit, un corps et j’écris avec ça.
Comment vous est venu le titre de votre spectacle Bled Runner ?
Rien à voir avec le film Blade Runner, que j’aime beaucoup, par ailleurs. Non, c’est plutôt « Le coureur du bled ».
Vos titres sont toujours de savoureux jeux de mots.
Oui, j’aime jouer avec les mots, créer un jeu de miroir. Tout d’un coup , on inverse le miroir pour que le spectateur se retrouve de l’autre côté de celui-ci, c’est-à-dire à ma place et moi à la sienne.
Ça marche si bien qu’on est parfois perdu.
Tout ceci pour dire que nous sommes des humains, avec des connexions, des interconnexions, des ressemblances, une gémellité, que je peux être l’autre. Ce qui peut me faire dire que la France est une Algérie qui a réussi. Je raconte que je viens d’arriver en France, et pourtant je me sens chez moi.
Tous ces effets de jeu, de décalage, de miroir viennent-ils du fait que vous avez trois cultures, berbère, arabe, française ? Vous voyagez à travers les paysages culturels, linguistiques.
Tout à fait. Et s’il y a un mot pour qualifier l’humour, c’est bien celui de « décalage ».Un incident entraîne un décalage par rapport à la réalité, qui provoque l’humour , mais rend aussi les choses possibles, vraies et intéressantes.
Et puis vous proposez une dimension réellement philosophique. Sans prétention.
Un chercheur au CNRS ou un ouvrier, un professeur, un chauffeur d’autobus peuvent la saisir.
Cette simplicité fait que , quand vous arrivez en scène, on a l’impression d’être avec un ami.
C’est mon désir le plus profond. Je viens rencontrer huit cents amis pour une heure et demie de démocratie absolue avec eux grâce au rire.
Chez vous, le rire s’accompagne de poésie et de tendresse qui réunissent au lieu de séparer.
C’est mon but. Pendant mon spectacle, j’aime huit cents personnes qui me le rendent bien.
Sous le rire, vous soulevez des questions très sérieuses. Vous défendez même l’accent circonflexe !
En fait, les gens réagissent à l’actualité que j’ai réintroduite dans mes textes.
Bled Runner est composé de textes issus de toute votre carrière. C’est un regard rétrospectif.
Oui, mais ce n’est pas un best of qui consiste à choisir le meilleur de ce qu’on a fait, à le mettre bout à bout pour en faire un spectacle. C’est purement technique et plutôt prétentieux parce qu’on choisit le « meilleur ». C’est facile, aussi. Moi, j’ai choisi en fonction des thématiques celles qui parlent le plus aujourd’hui parce que la réalité a évolué. Il y a vingt ans , l’Algérie a vécu le premier printemps arabe. Quand je racontais ça, c’était fort et un peu folklorique à la fois ; aujourd’hui, avec la globalisation, internet, la multitude de chaînes de télé, ces problèmes sont devenus universels. Le folklore a disparu, la réalité est devenue plus forte encore, avec ses drames qui se répondent d’un pays à l’autre et renvoient à notre passé. J’ai donc cherché ces thématiques et je les ai réinventées, réécrites. J’aime les gens et je cherche , comme avec internet, les passages, les connexions entre eux, ce qui permet d’établir des parallèles entre les Algériens qui regardent passer la vie et l’existentialisme, par exemple, à partir de concepts qui sont connus de tous. Sinon on parle pour soi.
Alors que votre récit est en grande partie inventé, vous donnez l’impression de parler vraiment de vous.
Quand on parle de soi de façon profonde, on devient universel, on devient l’autre. Je pars de dix pour cent de biographie, pour le reste j’ai observé . J’assume totalement ce que j’écris, même si ça ne m’est pas arrivé personnellement. C’est pourquoi chacun peut s’y retrouver.
On retrouve votre amour de la langue en Afrique, les conteurs y sont importants.
J’ai beaucoup joué dans les trois pays d’Afrique du nord, la place de la parole y est importante. Je me sens plus maghrébin aujourd’hui – français aussi - , de façon profonde. Je connais profondément la culture tunisienne, son âme ; en Algérie, je connais l’humour de chaque région…..
[ On fait signe à Fellag ; il est attendu ]
L’impression de quitter une personne profondément humaine, attentive , disponible…et drôle même en dehors de la scène.
C’est le résultat d’une écriture, mais je vois la vie comme ça, sinon je ne pourrais pas l’écrire. Je crois à ce que je dis, à ce que j’écris. J’ai une âme, un esprit, un corps et j’écris avec ça.
Comment vous est venu le titre de votre spectacle Bled Runner ?
Rien à voir avec le film Blade Runner, que j’aime beaucoup, par ailleurs. Non, c’est plutôt « Le coureur du bled ».
Vos titres sont toujours de savoureux jeux de mots.
Oui, j’aime jouer avec les mots, créer un jeu de miroir. Tout d’un coup , on inverse le miroir pour que le spectateur se retrouve de l’autre côté de celui-ci, c’est-à-dire à ma place et moi à la sienne.
Ça marche si bien qu’on est parfois perdu.
Tout ceci pour dire que nous sommes des humains, avec des connexions, des interconnexions, des ressemblances, une gémellité, que je peux être l’autre. Ce qui peut me faire dire que la France est une Algérie qui a réussi. Je raconte que je viens d’arriver en France, et pourtant je me sens chez moi.
Tous ces effets de jeu, de décalage, de miroir viennent-ils du fait que vous avez trois cultures, berbère, arabe, française ? Vous voyagez à travers les paysages culturels, linguistiques.
Tout à fait. Et s’il y a un mot pour qualifier l’humour, c’est bien celui de « décalage ».Un incident entraîne un décalage par rapport à la réalité, qui provoque l’humour , mais rend aussi les choses possibles, vraies et intéressantes.
Et puis vous proposez une dimension réellement philosophique. Sans prétention.
Un chercheur au CNRS ou un ouvrier, un professeur, un chauffeur d’autobus peuvent la saisir.
Cette simplicité fait que , quand vous arrivez en scène, on a l’impression d’être avec un ami.
C’est mon désir le plus profond. Je viens rencontrer huit cents amis pour une heure et demie de démocratie absolue avec eux grâce au rire.
Chez vous, le rire s’accompagne de poésie et de tendresse qui réunissent au lieu de séparer.
C’est mon but. Pendant mon spectacle, j’aime huit cents personnes qui me le rendent bien.
Sous le rire, vous soulevez des questions très sérieuses. Vous défendez même l’accent circonflexe !
En fait, les gens réagissent à l’actualité que j’ai réintroduite dans mes textes.
Bled Runner est composé de textes issus de toute votre carrière. C’est un regard rétrospectif.
Oui, mais ce n’est pas un best of qui consiste à choisir le meilleur de ce qu’on a fait, à le mettre bout à bout pour en faire un spectacle. C’est purement technique et plutôt prétentieux parce qu’on choisit le « meilleur ». C’est facile, aussi. Moi, j’ai choisi en fonction des thématiques celles qui parlent le plus aujourd’hui parce que la réalité a évolué. Il y a vingt ans , l’Algérie a vécu le premier printemps arabe. Quand je racontais ça, c’était fort et un peu folklorique à la fois ; aujourd’hui, avec la globalisation, internet, la multitude de chaînes de télé, ces problèmes sont devenus universels. Le folklore a disparu, la réalité est devenue plus forte encore, avec ses drames qui se répondent d’un pays à l’autre et renvoient à notre passé. J’ai donc cherché ces thématiques et je les ai réinventées, réécrites. J’aime les gens et je cherche , comme avec internet, les passages, les connexions entre eux, ce qui permet d’établir des parallèles entre les Algériens qui regardent passer la vie et l’existentialisme, par exemple, à partir de concepts qui sont connus de tous. Sinon on parle pour soi.
Alors que votre récit est en grande partie inventé, vous donnez l’impression de parler vraiment de vous.
Quand on parle de soi de façon profonde, on devient universel, on devient l’autre. Je pars de dix pour cent de biographie, pour le reste j’ai observé . J’assume totalement ce que j’écris, même si ça ne m’est pas arrivé personnellement. C’est pourquoi chacun peut s’y retrouver.
On retrouve votre amour de la langue en Afrique, les conteurs y sont importants.
J’ai beaucoup joué dans les trois pays d’Afrique du nord, la place de la parole y est importante. Je me sens plus maghrébin aujourd’hui – français aussi - , de façon profonde. Je connais profondément la culture tunisienne, son âme ; en Algérie, je connais l’humour de chaque région…..
[ On fait signe à Fellag ; il est attendu ]
L’impression de quitter une personne profondément humaine, attentive , disponible…et drôle même en dehors de la scène.