Retour sur : 1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes à Bonlieu

_ Annecy/Lyon en voiture ?
_ Non, le titre du dernier spectacle de Jacques Gamblin. Vu à Bonlieu le 31 janvier.
_ Ça fait record du monde, ce titre. Mais de quoi ?
_ De rien. De la vie. Record du monde de la vie. J’avais vraiment envie de revoir Gamblin. Il respire l’humanité, une forme de tendresse retenue. Il n’en fait pas trop, ce qui laisse de la place au spectateur pour une vraie rencontre. On avait déjà tout ça dans un film comme « Les enfants du marais ». Et puis on l’a déjà vu à Bonlieu avec François Morel, dans les « Diablogues » de Dubillard. C’était à pisser de rire.
_ Ah bon ?C’est pour cette raison qu’ils ont refait la salle et changé les fauteuils ?
_ Mais non ! C’est juste une façon de parler.
_ Alors, ce spectacle ?
_ Une leçon de vie. Un entraînement collectif, à la vie, exténuant et jouissif.
_ Exténuant pour le public ?
_ Nous, les spectateurs, on n’a pas bougé ; mais sur scène, ça déménageait.
_ Et de les voir bouger, ça t’a fatigué ?
_ Pas de voir bouger un sportif et son entraîneur, non. Mais comme presque tous les bons spectacles, c’est un moment d’initiation, à la transmission, à la vie, qui va bien au-delà du sport.1° phase : accueil bienveillant, musique classique, harmonie . 2° phase : tu désapprends tout au point de ne plus savoir mettre un pied devant l’autre. Ce qui te semblait naturel, spontané, ne l’est plus. 3° phase : tu te retrouves et tu es capable de transposer ce que tu as appris à tous les domaines de la vie. Le spectacle te remue vraiment de l’intérieur. Pour peu que tu repenses à tous les apprentissages que tu as vécus…à l’école, au sport…. « Il faut travailler à ne pas trop vouloir et arriver sans se rendre compte qu’on a marché », lance l’entraîneur.
    Au fond, le vainqueur est celui qui se trouve.
_ Ils ne donneraient pas un peu dans la philo cette saison à Bonlieu ? T’as été dernièrement la quintessence d’un beignet sucré avec Boujenah, un type en suspension avec Novecento et maintenant un sportif de la vie !