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Move-On Magazine

Le groupe Delgrès se fait le héraut d’un héros oublié


De la musique, du cœur, des basses qui portent haut de nobles valeurs


| Publié le Samedi 9 Novembre 2019 |

Le groupe Delgrès ©Remy Solomon
Le groupe Delgrès ©Remy Solomon
Pasacal Danaé et Delgrès seront à Rumilly le 22 novembre 2019
 
Pascal, vous jouez prochainement à Rumilly. Tout près se trouve le Plateau des Glières qui est un haut lieu de la Résistance. On y voit la devise « Vivre Libre ou Mourir ». Ça doit vous dire quelque chose.
J’ai déjà entendu ça quelque part !

Au hasard de vos tournées vous venez redonner du sens à certaines formules, les raviver. C’est ce que vous faites en chantant sous le nom de Delgrès.
C’est faire renaître certaines valeurs, leur donner un coup de projecteur, pour les autres membres du groupe mais essentiellement pour moi. Même si je suis Guadeloupéen d’origine, je ne connaissais pas l’existence de Delgrès jusque tard dans ma vie. Je renoue ainsi des liens avec mes racines guadeloupéennes puisque j’ai vécu en France hexagonale et je permets de découvrir ce personnage qui met en avant des valeurs universelles. Il fait partie de ces gens qui ont pris des positions fortes, parfois au prix du sacrifice ultime.
Ces valeurs, on peut les retrouver en Bretagne, du côté d’Annecy avec le Plateau des Glières…

Delgrès, lui, a changé de camp en cours de route pour défendre une cause plus noble.
C’est là qu’il prend toute sa valeur même dans le monde contemporain. Il a dit « Non ». Il a eu le cran de quitter son rôle de soldat de Napoléon pour se mettre au service de ses convictions et de ses valeurs, auxquelles il a voulu rester fidèle. Cette fidélité à ses idées a été plus forte que sa fidélité à Napoléon. C’est ce qui se passe parfois aujourd’hui.

[Le hasard… fait que cette remarque rejoint parfaitement une réplique qui de « Linda Vista », pièce mise en scène par Dominique Pitoiset dont vous retrouverez la critique sur notre site : « Il vaut mieux être fidèle à des idées qu’à des gens…. »] ...
 

Vous soulignez cette possibilité de dire non. On la retrouve à plusieurs reprises dans les paroles de vos chansons « Je ne peux pas… Je préfère… » C’est à la fois une résistance et le moyen de s’affirmer.
Oui, on s’affirme par la négation, même les enfants passent par l’âge du « Non » pour dire « C’est moi qui décide, si je fais une erreur, c’est mon erreur. »

Et puis vous êtes toujours dans le discours, avec un « Je », un interlocuteur qui interpelle quelqu’un, qui le prie, qui lui résiste. Vous ne racontez pas des histoires mais vous les faites vivre directement.
Oui… je n’avais pas forcément vu les choses comme ça, mais c’est vrai, ça me vient naturellement sous cette forme. Cette conversation fait que ça reste vivant, intemporel. Ce présent du discours nous plonge directement dans l’action, même si elle a eu lieu il y a très longtemps.
 

Le groupe Delgrès ©Remy Solomon
Le groupe Delgrès ©Remy Solomon
On passe de la période de l’esclavage à « Monsieur le Président » dans un raccourci temporel. M. Le Président peut être de bien des pays et d’époques différentes.
Je m’adresse à tous ceux qui sont présidents et aussi à ceux qui aspirent à l’être.

Dans « Respectons-nous », vous dites « Nous avons porté la canne, le bois, le tabac… », finalement il s’agit d’apprendre à se porter soi-même ?
C’est ça, quand on n’est plus obligé de travailler pour les autres, il faut apprendre à travailler pour soi-même. Certains ne savent pas comment faire. C’est le cas des retraités, par exemple. On retrouve cette situation souvent aux Antilles.

Peut-être parce que les gens n’arrivent pas, contrairement à Delgrès, à échapper à leur conditionnement. Un mot sur les instruments ? Comment se fait le choix pour interpréter votre musique et la faire vivre ?
C’est venu de l’histoire avec Delgrès et d’une forme de dialogue rétrospectif ainsi que de cette guitare dobro à Amsterdam. C’est une guitare emblématique. Je commence à faire les premières notes, les premiers mots me viennent en créole et puis je retourne à Paris. J’appelle mon ami Baptiste Brondy qui était le batteur de Rivière Noire, j’adore ce mec, et pour la basse, je me dis que je dois trouver un instrument qui reflète les basses de ma guitare. Je pense à la Nouvelle Orléans, à ces orchestres qu’on voit défiler pour des funérailles. C’est une culture incroyable et le roi de la rue est cet énorme pavillon qu’on appelle soubassophone en France. Quelques copains m’ont alors judicieusement orienté vers Rafgee.
 

Delgrès fera étape au Quai des Arts de Rumilly avant de poursuivre le voyage

21-nov. 2019 VILLEFRANCHE SUR SAONE NOUVELLES VOIX EN BEAUJOLAIS 69
22-nov. 2019 RUMILLY QUAI DES ARTS 74
23-nov. 2019 ANNEMASSE CHÂTEAU ROUGE 74
24-nov. 2019 SEYSSINET PARISET L'ILYADE 38


La chaine Youtube Delgrès

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