Daniel Marchesseau, commissaire de l’exposition Cézanne, a bien voulu présenter celle-ci à Move On magazine
Vous êtes le commissaire de l’exposition Cézanne intitulée Le chant de la terre que propose la Fondation Gianadda jusqu’au 19 novembre 2017. Quel en est l’esprit ?
En ce moment quatre expositions sont consacrées à Cézanne. Il a donc fallu que chacune trouve son territoire. Le musée d’Orsay expose des portraits, qui vont aller ensuite à Londres et à Washington. Le musée de Bâle, qui en avait acheté avant la guerre un ensemble considérable de cent cinquante, propose une exposition d’œuvres réalisées essentiellement sur papier. A Karlsruhe commence dans deux mois une autre exposition.
Cette exposition Cézanne à la Fondation Gianadda vient clore un cycle commencé il y a plus de vingt ans autour de la période impressionniste. Elle constitue la coda de cette suite prestigieuse et variée qui comprend Degas, Van Gogh, Gauguin, Berthe Morisot , Renoir, Monet…
On avait donc gardé pour la fine bouche celui qui est considéré comme le père du XX° siècle.
La réalisation de cette exposition présentait deux difficultés. Le corpus de Monet est composé de trois mille œuvres, celui de Renoir représente quatre mille œuvres, pour Cézanne, c’est moins de mille œuvres. Comme se tiennent quatre expositions en même temps, ça complique la vie, d’autant plus qu’il y a au musée de Philadelphie, à la Bar Foundation, un corpus de quatre-vingt tableaux qui ne sortent jamais. Il a ainsi fallu louvoyer avec les prêteurs pour obtenir ce que nous souhaitions présenter de la manière la plus fidèle possible, un parcours chronologique et complet, sachant qu’il y a en Suisse des œuvres qui n’ont pas été vues depuis longtemps et auxquelles nous avons pu avoir accès, sachant aussi qu’il y a eu une relecture de l’œuvre de Cézanne grâce à un catalogue d’œuvres raisonné accessible on line, gratuit et qui permet de faire des recherches à l’infini.
Ceci nous permet de montrer une dizaine de tableaux qui n’ont jamais été vus et une vingtaine qui n’ont pas été vus depuis plus de cent ans. Cette exposition présente un certain nombre de toiles « neuves »pour le grand public toujours avide de nouveauté.
Vous êtes le commissaire de l’exposition Cézanne intitulée Le chant de la terre que propose la Fondation Gianadda jusqu’au 19 novembre 2017. Quel en est l’esprit ?
En ce moment quatre expositions sont consacrées à Cézanne. Il a donc fallu que chacune trouve son territoire. Le musée d’Orsay expose des portraits, qui vont aller ensuite à Londres et à Washington. Le musée de Bâle, qui en avait acheté avant la guerre un ensemble considérable de cent cinquante, propose une exposition d’œuvres réalisées essentiellement sur papier. A Karlsruhe commence dans deux mois une autre exposition.
Cette exposition Cézanne à la Fondation Gianadda vient clore un cycle commencé il y a plus de vingt ans autour de la période impressionniste. Elle constitue la coda de cette suite prestigieuse et variée qui comprend Degas, Van Gogh, Gauguin, Berthe Morisot , Renoir, Monet…
On avait donc gardé pour la fine bouche celui qui est considéré comme le père du XX° siècle.
La réalisation de cette exposition présentait deux difficultés. Le corpus de Monet est composé de trois mille œuvres, celui de Renoir représente quatre mille œuvres, pour Cézanne, c’est moins de mille œuvres. Comme se tiennent quatre expositions en même temps, ça complique la vie, d’autant plus qu’il y a au musée de Philadelphie, à la Bar Foundation, un corpus de quatre-vingt tableaux qui ne sortent jamais. Il a ainsi fallu louvoyer avec les prêteurs pour obtenir ce que nous souhaitions présenter de la manière la plus fidèle possible, un parcours chronologique et complet, sachant qu’il y a en Suisse des œuvres qui n’ont pas été vues depuis longtemps et auxquelles nous avons pu avoir accès, sachant aussi qu’il y a eu une relecture de l’œuvre de Cézanne grâce à un catalogue d’œuvres raisonné accessible on line, gratuit et qui permet de faire des recherches à l’infini.
Ceci nous permet de montrer une dizaine de tableaux qui n’ont jamais été vus et une vingtaine qui n’ont pas été vus depuis plus de cent ans. Cette exposition présente un certain nombre de toiles « neuves »pour le grand public toujours avide de nouveauté.
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Ce qui offre véritablement un autre regard sur l’œuvre de Cézanne ?
Oui, parce qu’on fait parler ses œuvres, dont un certain nombre de sa période de jeunesse, qui va de 1860 à 1870, jusqu’à la guerre franco prussienne. On a retrouvé un certain nombre de toiles de cette époque qui permettent de mieux comprendre comment cet autodidacte qui a été refusé à l’école des Beaux Arts a travaillé essentiellement avec ses camarades d’aventure, Monet, Renoir, Caillebotte…Chacun épaulait l’autre et sous la conduite de leur aîné Camille Pissaro ils ont découvert la peinture en plein air.
Nous avons pour Le chant de la terre le tout premier tableau de Cézanne et le dernier, Le Cabanon de Jourdan qui vient du musée de Rome. L’exposition permet de suivre thème par thème et décennie par décennie l’évolution de l’artiste dans les trois genres principaux, les paysages, les natures mortes et les portraits ainsi que le cycle des baigneurs et des baigneuses.
J’ai essayé d’être aussi fidèle que possible au déroulé naturel de cet immense peintre qui, par ailleurs, est très solitaire, qui s’exprime très peu, qui va très vite abandonner Paris pour retourner dans sa Provence natale, pour arpenter la montagne Sainte Victoire.
J’ai souhaité aussi montrer des tableaux qui ont un pedigree particulier, comme celui de sa femme Hortense. Grand nombre de ses tableaux figuraient dans les collections de ses amis peintres. Cézanne est le peintre qui a été admiré, respecté, » révérencé »d’abord par ses pairs bien avant que Vollard et d’autres lui consacrent des expositions. La première a d’ailleurs lieu en 1895. Il a alors 55 ans. Degas, par exemple, possédait sept Cézanne alors que les deux peintres n’étaient d’accord sur rien.
Cézanne apportait quelque chose de particulièrement profond.
Oui, on sortait de la simple transcription d’une vision sur la toile. Cézanne, n’était jamais satisfait. Le monde cézannien est assez sombre et correspond à la transcription de son âme intérieure de peintre.
Si j’ai nommé cette exposition Le chant de la terre en hommage à l’œuvre de Mahler, c’est qu’il y a cette même solitude du créateur devant sa toile ou devant l’immensité d’un paysage ou devant l’œuvre symphonique, ou devant un immense orchestre. Il y a là quelque chose de pathétique, mais ce n’est pas tragique : c’est un regard très intériorisé sur le monde, très réfléchi et très savamment orchestré .L’orchestration des couleurs est aussi complexe et subtile que celle d’une portée musicale.
Comme la musique, la peinture est affaire de vibrations. Absolument. Que l’artiste soit peintre ou musicien, il est toujours son propre interprète et également son propre public. Ces vibrations émanent à la fois de l’œuvre, du créateur mais aussi de celui qui la regarde ou l’écoute. Ce qui est bouleversant avec Cézanne c’est qu’on est au plus proche de la vraie vérité, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une nature morte du quotidien le plus humble, sans mondanités. On est au plus près du ressenti d’un artiste, fascinés par cet œil et par cette exigence absolus.
La difficulté était donc d’obtenir auprès de prêteurs des œuvres qui structurent ce puzzle imaginaire et dressent un portrait de l’artiste aussi complet que possible.
Oui, parce qu’on fait parler ses œuvres, dont un certain nombre de sa période de jeunesse, qui va de 1860 à 1870, jusqu’à la guerre franco prussienne. On a retrouvé un certain nombre de toiles de cette époque qui permettent de mieux comprendre comment cet autodidacte qui a été refusé à l’école des Beaux Arts a travaillé essentiellement avec ses camarades d’aventure, Monet, Renoir, Caillebotte…Chacun épaulait l’autre et sous la conduite de leur aîné Camille Pissaro ils ont découvert la peinture en plein air.
Nous avons pour Le chant de la terre le tout premier tableau de Cézanne et le dernier, Le Cabanon de Jourdan qui vient du musée de Rome. L’exposition permet de suivre thème par thème et décennie par décennie l’évolution de l’artiste dans les trois genres principaux, les paysages, les natures mortes et les portraits ainsi que le cycle des baigneurs et des baigneuses.
J’ai essayé d’être aussi fidèle que possible au déroulé naturel de cet immense peintre qui, par ailleurs, est très solitaire, qui s’exprime très peu, qui va très vite abandonner Paris pour retourner dans sa Provence natale, pour arpenter la montagne Sainte Victoire.
J’ai souhaité aussi montrer des tableaux qui ont un pedigree particulier, comme celui de sa femme Hortense. Grand nombre de ses tableaux figuraient dans les collections de ses amis peintres. Cézanne est le peintre qui a été admiré, respecté, » révérencé »d’abord par ses pairs bien avant que Vollard et d’autres lui consacrent des expositions. La première a d’ailleurs lieu en 1895. Il a alors 55 ans. Degas, par exemple, possédait sept Cézanne alors que les deux peintres n’étaient d’accord sur rien.
Cézanne apportait quelque chose de particulièrement profond.
Oui, on sortait de la simple transcription d’une vision sur la toile. Cézanne, n’était jamais satisfait. Le monde cézannien est assez sombre et correspond à la transcription de son âme intérieure de peintre.
Si j’ai nommé cette exposition Le chant de la terre en hommage à l’œuvre de Mahler, c’est qu’il y a cette même solitude du créateur devant sa toile ou devant l’immensité d’un paysage ou devant l’œuvre symphonique, ou devant un immense orchestre. Il y a là quelque chose de pathétique, mais ce n’est pas tragique : c’est un regard très intériorisé sur le monde, très réfléchi et très savamment orchestré .L’orchestration des couleurs est aussi complexe et subtile que celle d’une portée musicale.
Comme la musique, la peinture est affaire de vibrations. Absolument. Que l’artiste soit peintre ou musicien, il est toujours son propre interprète et également son propre public. Ces vibrations émanent à la fois de l’œuvre, du créateur mais aussi de celui qui la regarde ou l’écoute. Ce qui est bouleversant avec Cézanne c’est qu’on est au plus proche de la vraie vérité, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une nature morte du quotidien le plus humble, sans mondanités. On est au plus près du ressenti d’un artiste, fascinés par cet œil et par cette exigence absolus.
La difficulté était donc d’obtenir auprès de prêteurs des œuvres qui structurent ce puzzle imaginaire et dressent un portrait de l’artiste aussi complet que possible.