Dessiner un homme invisible, c’est une gageure ?
Est-ce que c’est compliqué de dessiner un homme invisible ? Oui et non. Il faut faire comprendre au lecteur à travers la narration comment l’homme invisible se trouve à tel endroit de la case, qu’il fait tel geste.
Indirectement ?
Voilà. Il y a des codes graphiques ; le fait de mettre une bulle dans une case où il n’y a rien. On comprend qu’il parle alors qu’on ne le voit pas. Il y a ensuite des effets graphiques, de vitesse qui indiquent une interaction entre le personnage visible et un autre. C’est de la logique et du pragmatisme par rapport à la mise en scène.
Pour vous dessinateur, c’est plutôt agréable.
Effectivement, pour certaines cases il n’y a pas beaucoup de travail mais pour d’autres il faut trouver des astuces suivant que le personnage est ou non devant un décor. Il y a toujours une notion de mise en scène. J’ai accepté de travailler sur ce livre parce qu’il y avait le défi de raconter l’invisible. Dans le cinéma on a des effets spéciaux, des astuces différentes, le mouvement ; mais je considère l’image arrêtée, celle de la BD comme toujours un peu cinématographique. Je suis un peu mon propre réalisateur, je choisis mes cadrages, l’ambiance, la mise en scène.
Est-ce que c’est compliqué de dessiner un homme invisible ? Oui et non. Il faut faire comprendre au lecteur à travers la narration comment l’homme invisible se trouve à tel endroit de la case, qu’il fait tel geste.
Indirectement ?
Voilà. Il y a des codes graphiques ; le fait de mettre une bulle dans une case où il n’y a rien. On comprend qu’il parle alors qu’on ne le voit pas. Il y a ensuite des effets graphiques, de vitesse qui indiquent une interaction entre le personnage visible et un autre. C’est de la logique et du pragmatisme par rapport à la mise en scène.
Pour vous dessinateur, c’est plutôt agréable.
Effectivement, pour certaines cases il n’y a pas beaucoup de travail mais pour d’autres il faut trouver des astuces suivant que le personnage est ou non devant un décor. Il y a toujours une notion de mise en scène. J’ai accepté de travailler sur ce livre parce qu’il y avait le défi de raconter l’invisible. Dans le cinéma on a des effets spéciaux, des astuces différentes, le mouvement ; mais je considère l’image arrêtée, celle de la BD comme toujours un peu cinématographique. Je suis un peu mon propre réalisateur, je choisis mes cadrages, l’ambiance, la mise en scène.
Vous avez parlé de vitesse. L’histoire de ce livre est une sorte de fuite en avant du héros et on a l’impression d’être dans un rallye avec des changements de vitesse permanents, des dérapages…
Oui, la bande dessinée est le rythme, par essence. C’est ce qui permet de raconter l’histoire par étapes et de laisser à l’imagination du lecteur la compléter. On a le luxe de décider d’un temps de pause et puis d’accélérer ensuite les choses.
On passe d’un plan très serré à un plan large. Vous avez une liberté complète ?
Encore une fois, oui et non parce que la mise en scène consiste à trouver ce que raconte le mieux possible une case, quelle en est l’intention, comment la rendre au mieux, quel est le sentiment que doit avoir le lecteur en la parcourant et en passant à la suivante puisqu’il y a l’agencement d’une suite logique d’événements. Aujourd’hui je connais très bien mes codes : un gros plan pour le rendu d’une expression, le déplacement de la caméra dans un sens ou dans un autre.
Oui, la bande dessinée est le rythme, par essence. C’est ce qui permet de raconter l’histoire par étapes et de laisser à l’imagination du lecteur la compléter. On a le luxe de décider d’un temps de pause et puis d’accélérer ensuite les choses.
On passe d’un plan très serré à un plan large. Vous avez une liberté complète ?
Encore une fois, oui et non parce que la mise en scène consiste à trouver ce que raconte le mieux possible une case, quelle en est l’intention, comment la rendre au mieux, quel est le sentiment que doit avoir le lecteur en la parcourant et en passant à la suivante puisqu’il y a l’agencement d’une suite logique d’événements. Aujourd’hui je connais très bien mes codes : un gros plan pour le rendu d’une expression, le déplacement de la caméra dans un sens ou dans un autre.
Comment se fait la relation entre le récit et l’image ?
Avec le scénariste ? On est sur l’adaptation d’un roman. Le scénariste a eu à l’élaguer pour ne garder que le plus important, ce qu’il est possible de mettre en scène. Il m’a fait un découpage des 54 pages par album avec les textes et ensuite c’est un travail de cadrage.
Il arrive que le scénariste voie vos images et vous dise « Non, c’est pas ça ? »
En l’occurrence non. Je lui ai montré mon story board dans un premier temps. Il en était content.
Il s’agit d’une histoire très sombre, tant du côté du héros que des gens autour de lui. Personne n’est montré de manière positive. Il n’y a pas de gagnant.
C’est ce qui en fait une histoire originale. Chez Wells, beaucoup de héros n’ont même pas de nom. Il ne s’agit pas chez lui de s’identifier à un personnage mais de comprendre le fonctionnement de l’humain, de cette humanité qu’il y a en chacun de nous. De montrer au lecteur qu’il y a en chacun de nous ce penchant à la malveillance si nous détenions un pouvoir comme celui de l’invisibilité. Le personnage est pétri de contradictions auxquelles il n’échappe pas en devenant invisible !
Il ne semble pas avoir de conscience, d’éthique.
Il croit que l’invisibilité lui confère l’impunité.
On pense à la mythologie. Chaque fois que les hommes ont voulu s’approprier un pouvoir absolu, ils en ont été punis.
C’est ça. Etre invisible, c’est être au-dessus des autres, ressembler à un dieu. Agir selon ses propres désirs sans tenir compte des autres, se couper d’eux.
La couleur joue aussi un grand rôle dans ces deux volumes. La couverture du premier est froide, elle évoque un spectre, un fantôme, l’hiver ; la deuxième fait penser à une mise à mort, au feu du bûcher.
J’avais effectivement dans l’idée une différence entre les deux volumes. Le premier tome se déroule dans un cadre plutôt mystérieux, glauque, angoissant, dans le froid de l’hiver. Le deuxième est plus rapide, une chasse à l’homme s’organise. Avec le rouge orangé, on est dans le danger, dans le feu.
Vous n’avez pas fait de cauchemars pendant que vous dessiniez L’homme invisible ?
Non, c’est un bon compagnon. J’ai beaucoup apprécié de réaliser ce livre qui renvoie à un univers qui me plaît beaucoup, des vêtements d’époque, des hauts de forme, un cadre victorien. Un véritable dépaysement hors du contemporain, une interaction avec la nature hors de nos moyens modernes.
[ Christophe Regnault a de nombreux projets en cours, des commandes de story boards… À suivre… avec intérêt]
Avec le scénariste ? On est sur l’adaptation d’un roman. Le scénariste a eu à l’élaguer pour ne garder que le plus important, ce qu’il est possible de mettre en scène. Il m’a fait un découpage des 54 pages par album avec les textes et ensuite c’est un travail de cadrage.
Il arrive que le scénariste voie vos images et vous dise « Non, c’est pas ça ? »
En l’occurrence non. Je lui ai montré mon story board dans un premier temps. Il en était content.
Il s’agit d’une histoire très sombre, tant du côté du héros que des gens autour de lui. Personne n’est montré de manière positive. Il n’y a pas de gagnant.
C’est ce qui en fait une histoire originale. Chez Wells, beaucoup de héros n’ont même pas de nom. Il ne s’agit pas chez lui de s’identifier à un personnage mais de comprendre le fonctionnement de l’humain, de cette humanité qu’il y a en chacun de nous. De montrer au lecteur qu’il y a en chacun de nous ce penchant à la malveillance si nous détenions un pouvoir comme celui de l’invisibilité. Le personnage est pétri de contradictions auxquelles il n’échappe pas en devenant invisible !
Il ne semble pas avoir de conscience, d’éthique.
Il croit que l’invisibilité lui confère l’impunité.
On pense à la mythologie. Chaque fois que les hommes ont voulu s’approprier un pouvoir absolu, ils en ont été punis.
C’est ça. Etre invisible, c’est être au-dessus des autres, ressembler à un dieu. Agir selon ses propres désirs sans tenir compte des autres, se couper d’eux.
La couleur joue aussi un grand rôle dans ces deux volumes. La couverture du premier est froide, elle évoque un spectre, un fantôme, l’hiver ; la deuxième fait penser à une mise à mort, au feu du bûcher.
J’avais effectivement dans l’idée une différence entre les deux volumes. Le premier tome se déroule dans un cadre plutôt mystérieux, glauque, angoissant, dans le froid de l’hiver. Le deuxième est plus rapide, une chasse à l’homme s’organise. Avec le rouge orangé, on est dans le danger, dans le feu.
Vous n’avez pas fait de cauchemars pendant que vous dessiniez L’homme invisible ?
Non, c’est un bon compagnon. J’ai beaucoup apprécié de réaliser ce livre qui renvoie à un univers qui me plaît beaucoup, des vêtements d’époque, des hauts de forme, un cadre victorien. Un véritable dépaysement hors du contemporain, une interaction avec la nature hors de nos moyens modernes.
[ Christophe Regnault a de nombreux projets en cours, des commandes de story boards… À suivre… avec intérêt]
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