Lucie exerce au Musée-Château d’Annecy. On rencontre parfois dans le milieu de l’art des gens qui pontifient ; à l’inverse, Lucie Cabanes se met au service de l’art qu’elle aime faire découvrir et partager avec le talent d’une véritable conteuse.
Après cette première discussion, nous pensons la retrouver bientôt pour évoquer le marché de l’art, les expositions.
A suivre donc .
L’art est-il accessible à tous ? Est-il forcément d’un abord compliqué ?
Je suis persuadée qu’on a besoin d’art pour vivre. Des études du début du 20°siècle sur la construction identitaire et le développement de l’humain montrent qu’une vie réduite à la satisfaction des besoins primaires, sans interactions humaines conduit à la mort avant sept ans.
On a besoin d’interaction et la personnalité se crée par le terreau culturel. Parler d’art et de culture est compliqué parce que les gens les associent à quelque chose de très intellectuel, « intellectuel » ayant une connotation de mépris très marquée alors que moi j’y place beaucoup de choses très belles. On a besoin de tout intellectualiser, les rapports humains, l’amour… Pour moi, l’art est la musique, la peinture, mais aussi la manière de se vêtir, de manger, la beauté esthétique visuelle, tout ce qui permet de dégager une émotion pas uniquement collective. Alors qu’on va vers une normalisation, un ultra contrôle de tout, l’art nous permet d’en sortir, d’exercer et de développer notre regard critique.
Je pense que les gens sont souvent perdus en art parce qu’ils ont trop l’habitude qu’on leur dise quoi faire, quoi penser, quoi manger.
Est-ce que c’est principalement le problème de l’art contemporain ?
Non, les gens sont persuadés que, parce qu’ils reconnaissent quelque chose, ils vont comprendre facilement ; c’est ce qui se produit avec les tableaux anciens parce qu’on y reconnaît un monsieur et une madame. Ils sont debout, ils ont de jolis vêtements et basta.
L’un de mes professeurs, monsieur Hazera, qui était artiste peintre, nous expliquait que l’art contemporain est l’art de notre époque. On peut forcément le comprendre puisqu’il utilise tous les outils et tous les codes, tous les objets de notre époque. C’est forcément l’art le plus facile pour nous. Mais il est de bon ton de rire de l’art contemporain comme il est de bon ton de rire des intellectuels. On entend « Ah, mais qu’est-ce qu’ils se prennent la tête ! ». En fait, se prendre la tête, c’est chouette ! Se poser des questions, rire.
Je suis persuadée que l’art est essentiel. Quand on affronte des choses difficiles dans nos vies, l’art nous aide, nous épaule. C’est la catharsis. Et pas uniquement avec l’art contemporain. Je refuse les cloisonnements. Quand j’anime une visite guidée, je fais aussi appel à la littérature, aux arts décoratifs, à la musique dont les gens sont naturellement très proches parce qu’elle fait partie du quotidien. Les arts visuels du quotidien apparaissent, eux, à travers les logiciels ou les appareils photo que l’on a dans nos portables, ou bien par le biais de cartes postales, d’ « œuvres » décoratives achetées en grande surface dont les gens ne savent pas qu’elles sont issues de grandes œuvres réalisées il y a des dizaines d’années et dont elles constituent une sorte de résidu.
Après cette première discussion, nous pensons la retrouver bientôt pour évoquer le marché de l’art, les expositions.
A suivre donc .
L’art est-il accessible à tous ? Est-il forcément d’un abord compliqué ?
Je suis persuadée qu’on a besoin d’art pour vivre. Des études du début du 20°siècle sur la construction identitaire et le développement de l’humain montrent qu’une vie réduite à la satisfaction des besoins primaires, sans interactions humaines conduit à la mort avant sept ans.
On a besoin d’interaction et la personnalité se crée par le terreau culturel. Parler d’art et de culture est compliqué parce que les gens les associent à quelque chose de très intellectuel, « intellectuel » ayant une connotation de mépris très marquée alors que moi j’y place beaucoup de choses très belles. On a besoin de tout intellectualiser, les rapports humains, l’amour… Pour moi, l’art est la musique, la peinture, mais aussi la manière de se vêtir, de manger, la beauté esthétique visuelle, tout ce qui permet de dégager une émotion pas uniquement collective. Alors qu’on va vers une normalisation, un ultra contrôle de tout, l’art nous permet d’en sortir, d’exercer et de développer notre regard critique.
Je pense que les gens sont souvent perdus en art parce qu’ils ont trop l’habitude qu’on leur dise quoi faire, quoi penser, quoi manger.
Est-ce que c’est principalement le problème de l’art contemporain ?
Non, les gens sont persuadés que, parce qu’ils reconnaissent quelque chose, ils vont comprendre facilement ; c’est ce qui se produit avec les tableaux anciens parce qu’on y reconnaît un monsieur et une madame. Ils sont debout, ils ont de jolis vêtements et basta.
L’un de mes professeurs, monsieur Hazera, qui était artiste peintre, nous expliquait que l’art contemporain est l’art de notre époque. On peut forcément le comprendre puisqu’il utilise tous les outils et tous les codes, tous les objets de notre époque. C’est forcément l’art le plus facile pour nous. Mais il est de bon ton de rire de l’art contemporain comme il est de bon ton de rire des intellectuels. On entend « Ah, mais qu’est-ce qu’ils se prennent la tête ! ». En fait, se prendre la tête, c’est chouette ! Se poser des questions, rire.
Je suis persuadée que l’art est essentiel. Quand on affronte des choses difficiles dans nos vies, l’art nous aide, nous épaule. C’est la catharsis. Et pas uniquement avec l’art contemporain. Je refuse les cloisonnements. Quand j’anime une visite guidée, je fais aussi appel à la littérature, aux arts décoratifs, à la musique dont les gens sont naturellement très proches parce qu’elle fait partie du quotidien. Les arts visuels du quotidien apparaissent, eux, à travers les logiciels ou les appareils photo que l’on a dans nos portables, ou bien par le biais de cartes postales, d’ « œuvres » décoratives achetées en grande surface dont les gens ne savent pas qu’elles sont issues de grandes œuvres réalisées il y a des dizaines d’années et dont elles constituent une sorte de résidu.
Dans certains courts métrages d’animation, on reprend des thèmes issus de la mythologie et qui constituent une quinzième main…
Oui, mais j’apprécie beaucoup « Cinquante nuances de Grecs » qui passe sur Arte parce que c’est une réappropriation. Contrairement au résidu, elle est drôle et intéressante. Le résidu est l’équivalent d’une boîte de conserve pour se nourrir. On oublie le goût des choses.
Et de cuisiner soi-même.
Revenir à l’origine, à des choses incarnées nécessite un effort. Pour regarder et apprécier un match de foot, il a fallu en apprendre les règles, c’est la même démarche en art. Tout nécessite un petit effort, c’est la conquête des choses.
Au foot, on refait le match au bar, avec l’art, on refait l’oeuvre en en discutant.
Il faut s’autoriser à aller en art. Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas pour eux. Je viens du milieu de l’agriculture et je trouve qu’il y a un vrai lien entre agriculture et culture, ne serait-ce que dans la précarité commune des agriculteurs et des artistes, dans la lutte pour la qualité et contre la mondialisation et le globalisme. Les deux activités impliquent aussi les notions de recherche et d’échec.
Une autre difficulté à entrer vraiment dans l’art, c’est qu’on confond souvent l’art et le marché de l’art. A la télévision, le plus grand média, on parle d’art essentiellement pour les ventes record ou pour les affluences record dans certaines expositions.
Comme pour Toutankhamon en ce moment.
C’est ce phénomène rock, événementiel. L’art et la culture ont besoin de ces moments de surenchère pour exister mais il faut trouver le juste équilibre. Dans l’édition aussi il faut des ventes record pour pouvoir vendre des œuvres plus difficiles et confidentielles.
Alors dans tout ce contexte, est-ce qu’il y a des moments où tu es plus satisfaite de ton travail, de ta fonction ?
Mon travail est une satisfaction permanente. Je fais le métier que je voulais exercer. Je travaille dans le service public et c’est ce qui correspond à mes valeurs. Je crois profondément à la démocratisation culturelle. Voir comment se transforme le regard de ceux qui pensent que l’art n’est pas fait pour eux quand on les y amène est une satisfaction. C’est ce que j’ai réalisé avec des enfants et que je fais davantage avec des adultes actuellement, avec des conférences, des séances art et yoga, des visites guidées.
Un autre aspect de mon travail auquel je tiens beaucoup est le respect autour des artistes et de leur travail, de leur pensée. Le fait de rendre possible une œuvre quand on monte une exposition.
C'est-à-dire ?
Pour Patricia Cartereau, par exemple. Je lui soumets l’idée d’une exposition parce qu’il y a un lien entre son travail et l’histoire naturelle. Je lui propose de visiter nos réserves, elle tombe en amour avec certaines œuvres, ce qui va impulser certaines réalisations de sa part.
Quand on lui passe commande, on ne sait donc pas précisément ce que sera l’exposition.
Oui, mais j’apprécie beaucoup « Cinquante nuances de Grecs » qui passe sur Arte parce que c’est une réappropriation. Contrairement au résidu, elle est drôle et intéressante. Le résidu est l’équivalent d’une boîte de conserve pour se nourrir. On oublie le goût des choses.
Et de cuisiner soi-même.
Revenir à l’origine, à des choses incarnées nécessite un effort. Pour regarder et apprécier un match de foot, il a fallu en apprendre les règles, c’est la même démarche en art. Tout nécessite un petit effort, c’est la conquête des choses.
Au foot, on refait le match au bar, avec l’art, on refait l’oeuvre en en discutant.
Il faut s’autoriser à aller en art. Beaucoup de gens pensent que ce n’est pas pour eux. Je viens du milieu de l’agriculture et je trouve qu’il y a un vrai lien entre agriculture et culture, ne serait-ce que dans la précarité commune des agriculteurs et des artistes, dans la lutte pour la qualité et contre la mondialisation et le globalisme. Les deux activités impliquent aussi les notions de recherche et d’échec.
Une autre difficulté à entrer vraiment dans l’art, c’est qu’on confond souvent l’art et le marché de l’art. A la télévision, le plus grand média, on parle d’art essentiellement pour les ventes record ou pour les affluences record dans certaines expositions.
Comme pour Toutankhamon en ce moment.
C’est ce phénomène rock, événementiel. L’art et la culture ont besoin de ces moments de surenchère pour exister mais il faut trouver le juste équilibre. Dans l’édition aussi il faut des ventes record pour pouvoir vendre des œuvres plus difficiles et confidentielles.
Alors dans tout ce contexte, est-ce qu’il y a des moments où tu es plus satisfaite de ton travail, de ta fonction ?
Mon travail est une satisfaction permanente. Je fais le métier que je voulais exercer. Je travaille dans le service public et c’est ce qui correspond à mes valeurs. Je crois profondément à la démocratisation culturelle. Voir comment se transforme le regard de ceux qui pensent que l’art n’est pas fait pour eux quand on les y amène est une satisfaction. C’est ce que j’ai réalisé avec des enfants et que je fais davantage avec des adultes actuellement, avec des conférences, des séances art et yoga, des visites guidées.
Un autre aspect de mon travail auquel je tiens beaucoup est le respect autour des artistes et de leur travail, de leur pensée. Le fait de rendre possible une œuvre quand on monte une exposition.
C'est-à-dire ?
Pour Patricia Cartereau, par exemple. Je lui soumets l’idée d’une exposition parce qu’il y a un lien entre son travail et l’histoire naturelle. Je lui propose de visiter nos réserves, elle tombe en amour avec certaines œuvres, ce qui va impulser certaines réalisations de sa part.
Quand on lui passe commande, on ne sait donc pas précisément ce que sera l’exposition.
Tu suscites quelque chose.
Oui. C’est ce qui se passe aussi dans une résidence d’écriture, quelque chose de vivant.
J’ai connu des moments magiques liés aussi à la restauration des œuvres. Même si j’ai une collection d’art contemporain, elle a vocation à devenir patrimoniale et certaines œuvres qui datent des années 70/80 commencent à vieillir. Il est extrêmement émouvant de faire renaître une œuvre sachant qu’une restauration n’est pas fixe, qu’on peut revenir dessus.
Il y a aussi le travail de recherche autour de certains artistes, comme Daniel Pommereulle, nécessaire quand on a mené la restauration de ses œuvres. Il a été une star dans les années 70/80, puis oublié parce qu’il y a ces phénomènes de spéculation. Je suis en contact avec une excellente galerie qui réalise le catalogue raisonné, nous formons une sorte de noyau qui porte la voix de l’artiste lorsqu’il est décédé et nous le défendons petit pas par petit pas.
C’est intéressant de considérer que tu travailles dans un château, une forteresse autrefois fermée sur elle-même alors que tu es en lien permanent avec l’extérieur et que ton activité y rayonne.
En lien permanent avec des artistes avec lesquels j’ai travaillé ou avec qui j’aimerais travailler. Ma vocation ne s’arrête pas aux portes du château. Elle repose sur la passion.
Et le premier contact avec une œuvre vient de l’émotion, des sensations.
Du physique.
On est dans un monde de réactivité émotionnelle immédiate amplifiée par les réseaux sociaux alors que l’art part lui aussi des sensations et des émotions pour nous plonger en nous-mêmes au lieu de produire de l’écume, de la réaction de surface.
Pour moi les réseaux sociaux restent de la virtualité. Le numérique est plutôt de la posture. Dans l’art il est aussi possible d’adopter des postures mais alors on n’entre pas en contact. Je dis souvent qu’entrer en contact avec une œuvre, c’est comme tomber amoureux. Le temps et le lâcher prise sont indispensables. Ça ne marche pas avec toutes les œuvres, comme ça ne marche pas avec toutes les personnes. Il est nécessaire d’éprouver physiquement l’œuvre, de se confronter aux dimensions. En art contemporain, j’ai de très grandes œuvres, des installations, qu’il faut parcourir, il faut lever, baisser les yeux, s’approcher, reculer alors que des études montrent que le temps moyen passé par le public devant une œuvre est de trois secondes. On ne peut pas tout voir, il faut donc choisir, s’installer et prendre le temps d’interagir pour entrer dans l’analyse et l’appropriation.
Retrouver le geste de l’artiste, c’est réincarner l’œuvre. Retrouver le geste artisanal.
Et on revient à l’agriculture.
Giuseppe Penone, artiste de l’arte povera, se revendique de cette agriculture. Il est fils et petit-fils de paysan. Il revendique le geste artisanal dans sa démarche de décroissance. Il cherche une lenteur dans le développement de son œuvre, qui pousse et a besoin d’être vue sur une très longue distance. L’une de ses oeuvres que nous possédons est posée sur des feuilles de laurier sauce qui décroissent, jaunissent. Tout ça rejoint mon terreau familial qui m’invite à cuisiner, à respecter les saisons.
En fait, tu invites le public à cuisiner les œuvres avec toi.
Un autre de mes professeurs disait que pour être un bon artiste il faut être un bon cuisinier. Je ne me retrouve pas forcément dans tout ce qui est produit, il faut y faire son marché.
Un autre élément a participé à ma formation. Didier Arnaudet a été l’un de mes professeurs. Il enseignait l’art contemporain à des étudiants dont certains n’étaient pas dans cette discipline mais des musiciens…Leurs retours étaient parfois très bruts, directs et Didier Arnaudet les accueillait et y répondait avec beaucoup de simplicité. Quant à mon lien avec les artistes, il me vient de Thomas Bernard qui est à la tête d’une des plus grandes galeries parisiennes et qui m’a appris à me mettre en quatre pour accompagner un artiste, la création d’une œuvre.
Il faut rappeler que nos métiers n’existent pas sans les artistes, et qu’ils consistent à faciliter le lien entre l’artiste, l’œuvre et le public. Mon métier est de permettre la rencontre. En gros, je suis agence matrimoniale pour l’art (rire épanoui !).
Oui. C’est ce qui se passe aussi dans une résidence d’écriture, quelque chose de vivant.
J’ai connu des moments magiques liés aussi à la restauration des œuvres. Même si j’ai une collection d’art contemporain, elle a vocation à devenir patrimoniale et certaines œuvres qui datent des années 70/80 commencent à vieillir. Il est extrêmement émouvant de faire renaître une œuvre sachant qu’une restauration n’est pas fixe, qu’on peut revenir dessus.
Il y a aussi le travail de recherche autour de certains artistes, comme Daniel Pommereulle, nécessaire quand on a mené la restauration de ses œuvres. Il a été une star dans les années 70/80, puis oublié parce qu’il y a ces phénomènes de spéculation. Je suis en contact avec une excellente galerie qui réalise le catalogue raisonné, nous formons une sorte de noyau qui porte la voix de l’artiste lorsqu’il est décédé et nous le défendons petit pas par petit pas.
C’est intéressant de considérer que tu travailles dans un château, une forteresse autrefois fermée sur elle-même alors que tu es en lien permanent avec l’extérieur et que ton activité y rayonne.
En lien permanent avec des artistes avec lesquels j’ai travaillé ou avec qui j’aimerais travailler. Ma vocation ne s’arrête pas aux portes du château. Elle repose sur la passion.
Et le premier contact avec une œuvre vient de l’émotion, des sensations.
Du physique.
On est dans un monde de réactivité émotionnelle immédiate amplifiée par les réseaux sociaux alors que l’art part lui aussi des sensations et des émotions pour nous plonger en nous-mêmes au lieu de produire de l’écume, de la réaction de surface.
Pour moi les réseaux sociaux restent de la virtualité. Le numérique est plutôt de la posture. Dans l’art il est aussi possible d’adopter des postures mais alors on n’entre pas en contact. Je dis souvent qu’entrer en contact avec une œuvre, c’est comme tomber amoureux. Le temps et le lâcher prise sont indispensables. Ça ne marche pas avec toutes les œuvres, comme ça ne marche pas avec toutes les personnes. Il est nécessaire d’éprouver physiquement l’œuvre, de se confronter aux dimensions. En art contemporain, j’ai de très grandes œuvres, des installations, qu’il faut parcourir, il faut lever, baisser les yeux, s’approcher, reculer alors que des études montrent que le temps moyen passé par le public devant une œuvre est de trois secondes. On ne peut pas tout voir, il faut donc choisir, s’installer et prendre le temps d’interagir pour entrer dans l’analyse et l’appropriation.
Retrouver le geste de l’artiste, c’est réincarner l’œuvre. Retrouver le geste artisanal.
Et on revient à l’agriculture.
Giuseppe Penone, artiste de l’arte povera, se revendique de cette agriculture. Il est fils et petit-fils de paysan. Il revendique le geste artisanal dans sa démarche de décroissance. Il cherche une lenteur dans le développement de son œuvre, qui pousse et a besoin d’être vue sur une très longue distance. L’une de ses oeuvres que nous possédons est posée sur des feuilles de laurier sauce qui décroissent, jaunissent. Tout ça rejoint mon terreau familial qui m’invite à cuisiner, à respecter les saisons.
En fait, tu invites le public à cuisiner les œuvres avec toi.
Un autre de mes professeurs disait que pour être un bon artiste il faut être un bon cuisinier. Je ne me retrouve pas forcément dans tout ce qui est produit, il faut y faire son marché.
Un autre élément a participé à ma formation. Didier Arnaudet a été l’un de mes professeurs. Il enseignait l’art contemporain à des étudiants dont certains n’étaient pas dans cette discipline mais des musiciens…Leurs retours étaient parfois très bruts, directs et Didier Arnaudet les accueillait et y répondait avec beaucoup de simplicité. Quant à mon lien avec les artistes, il me vient de Thomas Bernard qui est à la tête d’une des plus grandes galeries parisiennes et qui m’a appris à me mettre en quatre pour accompagner un artiste, la création d’une œuvre.
Il faut rappeler que nos métiers n’existent pas sans les artistes, et qu’ils consistent à faciliter le lien entre l’artiste, l’œuvre et le public. Mon métier est de permettre la rencontre. En gros, je suis agence matrimoniale pour l’art (rire épanoui !).
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