Festen ?
Une création qui se recrée à chaque représentation.
Ce n’est pas seulement du théâtre, pas seulement du cinéma vivant, en direct car la somme des deux genres qui contribuent à la réalisation du spectacle est « supérieure à la somme des parties. »
Il faudrait inventer un nom pour désigner ce type de spectacle, d’œuvre qui évoque Picasso par la multiplicité des points de vue adoptés. Est-il d’ailleurs un point de vue que Cyril Teste et le collectif MxM n’aient pas envisagé ? Il serait impossible de les énumérer ; le plus évident est cette double présentation de la réalité jouée sur scène et projetée sur écran dans le même temps. Deux points de vue, deux regards, deux échelles de vision.
Le travail sur le temps, lui, évoque Héraclite. La société danoise et la famille que nous montre Festen n’en finissent plus de se baigner dans la même eau croupissante et de ressasser la même histoire sans surprise qui masque la réalité.
Et soudain, la révélation d’un secret relance le temps, l’Histoire et la vie.
On pense aussi aux Correspondances de Baudelaire et à la synesthésie, les parfums, les couleurs, les sons et le sens se répondent.
Proust est là aussi, bien sûr puisqu’il est question de temps ; mais aussi pour sa recette de l’œuvre d’art qu’il nous livre à travers la présentation du fameux bœuf en gelée de Françoise, ce « Michel-Ange de notre cuisine » qui réussit son chef d’œuvre en gardant à chaque ingrédient son goût particulier et en liant l’ensemble grâce à cette gelée qui s’imprègne de chaque composant.
Le film comme substitut de la gelée alimentaire, il fallait y penser !
Barthes n’est pas loin non plus avec le millefeuille de sens qui composent et recomposent la réalité tue, dissimulée, manipulée, révélée, partagée, reconstituée…
L’association théâtre/cinéma vivant permet de confronter et d’associer le texte préétabli, le jeu de mise en scène, l’improvisation…la trame et la liberté, à l’image de la vie.
Deux phrases ont particulièrement retenu notre attention « Distinguer l’imaginaire de la réalité » d’abord. Mais est-ce possible ? Souhaitable ? Dans quel but ?
Et surtout « Il faut savoir regarder soi-même. »
Regarder soi-même pour être artiste, philosophe, poète, pour être simplement soi, ce que finit par être chacun des personnages à la fin du spectacle et un peu aussi le public. C’est la multiplicité des points de vue, l’éclatement d’une fausse réalité figée jusque là qui donnent à chacun sa véritable place.
Une création qui se recrée à chaque représentation.
Ce n’est pas seulement du théâtre, pas seulement du cinéma vivant, en direct car la somme des deux genres qui contribuent à la réalisation du spectacle est « supérieure à la somme des parties. »
Il faudrait inventer un nom pour désigner ce type de spectacle, d’œuvre qui évoque Picasso par la multiplicité des points de vue adoptés. Est-il d’ailleurs un point de vue que Cyril Teste et le collectif MxM n’aient pas envisagé ? Il serait impossible de les énumérer ; le plus évident est cette double présentation de la réalité jouée sur scène et projetée sur écran dans le même temps. Deux points de vue, deux regards, deux échelles de vision.
Le travail sur le temps, lui, évoque Héraclite. La société danoise et la famille que nous montre Festen n’en finissent plus de se baigner dans la même eau croupissante et de ressasser la même histoire sans surprise qui masque la réalité.
Et soudain, la révélation d’un secret relance le temps, l’Histoire et la vie.
On pense aussi aux Correspondances de Baudelaire et à la synesthésie, les parfums, les couleurs, les sons et le sens se répondent.
Proust est là aussi, bien sûr puisqu’il est question de temps ; mais aussi pour sa recette de l’œuvre d’art qu’il nous livre à travers la présentation du fameux bœuf en gelée de Françoise, ce « Michel-Ange de notre cuisine » qui réussit son chef d’œuvre en gardant à chaque ingrédient son goût particulier et en liant l’ensemble grâce à cette gelée qui s’imprègne de chaque composant.
Le film comme substitut de la gelée alimentaire, il fallait y penser !
Barthes n’est pas loin non plus avec le millefeuille de sens qui composent et recomposent la réalité tue, dissimulée, manipulée, révélée, partagée, reconstituée…
L’association théâtre/cinéma vivant permet de confronter et d’associer le texte préétabli, le jeu de mise en scène, l’improvisation…la trame et la liberté, à l’image de la vie.
Deux phrases ont particulièrement retenu notre attention « Distinguer l’imaginaire de la réalité » d’abord. Mais est-ce possible ? Souhaitable ? Dans quel but ?
Et surtout « Il faut savoir regarder soi-même. »
Regarder soi-même pour être artiste, philosophe, poète, pour être simplement soi, ce que finit par être chacun des personnages à la fin du spectacle et un peu aussi le public. C’est la multiplicité des points de vue, l’éclatement d’une fausse réalité figée jusque là qui donnent à chacun sa véritable place.
Aimé Jacquet avec l'un des acteurs après avoir parlé technique, esprit d'équipe et alchimie avec Cyril Teste
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Festen constitue une révolution par sa narration, par la technique adoptée au service d’un regard nouveau, par sa relation à la réalité, à la notion d’emprise sociale, politique, au visible et à l’invisible, à la vie et à la mort.
A l’heure où l’on se demande s’il faut ou non célébrer mai 68, Cyril Teste et le collectif MxM nous proposent une révolution qui résonne parfaitement avec l’actualité à plusieurs niveaux et rejoint la mythologie quand nous entrons dans le tableau de Corot Orphée ramenant Eurydice des enfers, tableau rendu vivant par la magie de la technique qui donne sens à l’ensemble.
Alors ? Imaginaire ou réalité ?
Drôle comme depuis la Cène il peut se passer bien des choses à table !
Festen ? A voir absolument, à sentir, à déguster et à vivre !
A l’heure où l’on se demande s’il faut ou non célébrer mai 68, Cyril Teste et le collectif MxM nous proposent une révolution qui résonne parfaitement avec l’actualité à plusieurs niveaux et rejoint la mythologie quand nous entrons dans le tableau de Corot Orphée ramenant Eurydice des enfers, tableau rendu vivant par la magie de la technique qui donne sens à l’ensemble.
Alors ? Imaginaire ou réalité ?
Drôle comme depuis la Cène il peut se passer bien des choses à table !
Festen ? A voir absolument, à sentir, à déguster et à vivre !