Rencontre avec Bruno Cottin, commissaire de l’exposition.
Bruno Cottin, l’exposition nous invite à mettre le cap sur trois mille ans d’histoire concernant le Lac d’Annecy. Comment la relation entre les riverains et le lac a-t-elle évolué ?
Il n’y a pas si longtemps au regard d’un historien, c’est-à-dire quelques siècles, le lac était un endroit qu’il ne fallait pas fréquenter, plein de moustiques, de roseaux, un milieu putride. On craignait les eaux stagnantes en général, d’ailleurs Annecy s’est développée au bord d’une eau courante, celle du Thiou. Les eaux stagnantes ne plaisaient pas aux montagnards qu’étaient les habitants de l’époque.
Peu à peu la vision a changé, le lac est devenu plus sympathique à leurs yeux et à ceux des touristes.
Auparavant et pendant longtemps, le lac a servi aux moyens de transports qu’étaient les naus et les bricks.
Effectivement, ces barques voilières traversaient le lac à la vitesse phénoménale de quelques kilomètres à l’heure. Il fallait une semaine pour en parcourir la longueur. Elles transportaient les pierres, le bois, le charbon, toutes les denrées qui alimentaient la ville d’Annecy.
Bruno Cottin, l’exposition nous invite à mettre le cap sur trois mille ans d’histoire concernant le Lac d’Annecy. Comment la relation entre les riverains et le lac a-t-elle évolué ?
Il n’y a pas si longtemps au regard d’un historien, c’est-à-dire quelques siècles, le lac était un endroit qu’il ne fallait pas fréquenter, plein de moustiques, de roseaux, un milieu putride. On craignait les eaux stagnantes en général, d’ailleurs Annecy s’est développée au bord d’une eau courante, celle du Thiou. Les eaux stagnantes ne plaisaient pas aux montagnards qu’étaient les habitants de l’époque.
Peu à peu la vision a changé, le lac est devenu plus sympathique à leurs yeux et à ceux des touristes.
Auparavant et pendant longtemps, le lac a servi aux moyens de transports qu’étaient les naus et les bricks.
Effectivement, ces barques voilières traversaient le lac à la vitesse phénoménale de quelques kilomètres à l’heure. Il fallait une semaine pour en parcourir la longueur. Elles transportaient les pierres, le bois, le charbon, toutes les denrées qui alimentaient la ville d’Annecy.
Vous présentez tous ces types d’embarcations, dont ceux qui servirent en quelque sorte de bus sur le Lac.
Les enfants prenaient le bateau pour aller à l’école, les gens pour aller travailler, pour aller au marché. Des vaches, des ânes étaient transportés grâce aux bateaux, qu’on empruntait aussi beaucoup pour aller à la vogue, à la fête du dimanche.
A une époque, nous nous trouvons dans une zone politique et culturelle dont on sent l’influence.
Effectivement, Nice et Savoie. D’où une grande parenté quant aux formes de voiles et de barques.
Parmi les étapes marquantes, il faut signaler, lors du rattachement de la Savoie à la France, le coup de cœur de l’Impératrice pour le Lac d’Annecy.
Pour célébrer le rattachement, une grande fête nocturne est donnée en l’honneur de Napoléon III et de l’Impératrice, sur des bateaux, avec orchestres et lumignons. L’Impératrice est captivée par le côté romantique et féérique du lac, qui offre des paysages tout à fait particuliers. Elle est charmée au point d’en raconter avec une grande émotion le souvenir dans ses mémoires et d’offrir à la ville d’Annecy un bateau vapeur, le Couronne de Savoie qui servira non seulement aux habitants d’Annecy mais aussi aux premiers touristes qui découvrent la région.
On porte alors un nouveau regard sur le lac d’Annecy, il ne sert plus seulement pour passer d’un point à un autre, mais on en fait le tour et on admire désormais le paysage.
C’est évident pour nous, mais quelle nouvelle idée que le paysage puisse servir au plaisir ! Vers 1860 le paysage apporte du plaisir au voyageur et n’est plus seulement limité à son utilité quotidienne.
Les enfants prenaient le bateau pour aller à l’école, les gens pour aller travailler, pour aller au marché. Des vaches, des ânes étaient transportés grâce aux bateaux, qu’on empruntait aussi beaucoup pour aller à la vogue, à la fête du dimanche.
A une époque, nous nous trouvons dans une zone politique et culturelle dont on sent l’influence.
Effectivement, Nice et Savoie. D’où une grande parenté quant aux formes de voiles et de barques.
Parmi les étapes marquantes, il faut signaler, lors du rattachement de la Savoie à la France, le coup de cœur de l’Impératrice pour le Lac d’Annecy.
Pour célébrer le rattachement, une grande fête nocturne est donnée en l’honneur de Napoléon III et de l’Impératrice, sur des bateaux, avec orchestres et lumignons. L’Impératrice est captivée par le côté romantique et féérique du lac, qui offre des paysages tout à fait particuliers. Elle est charmée au point d’en raconter avec une grande émotion le souvenir dans ses mémoires et d’offrir à la ville d’Annecy un bateau vapeur, le Couronne de Savoie qui servira non seulement aux habitants d’Annecy mais aussi aux premiers touristes qui découvrent la région.
On porte alors un nouveau regard sur le lac d’Annecy, il ne sert plus seulement pour passer d’un point à un autre, mais on en fait le tour et on admire désormais le paysage.
C’est évident pour nous, mais quelle nouvelle idée que le paysage puisse servir au plaisir ! Vers 1860 le paysage apporte du plaisir au voyageur et n’est plus seulement limité à son utilité quotidienne.
A partir de cette époque jusqu’à nos jours, des types de bateaux vont disparaître et d’autres vont les remplacer.
Le France remplace le Couronne de Savoie. C’est un très grand bateau à vapeur qui va marquer la vie de la région pendant de très nombreuses années. Il sera au service des habitants et aussi d’un tourisme plus démocratique. Les hôtels, le chemin de fer se développent, on passe donc plusieurs journées à Annecy alors qu’auparavant n’y passaient que les curistes des villes voisines. Le tourisme moderne est en train de naître.
Le France, duquel un film projeté dans le cadre de cette exposition retrace l’histoire, repose désormais au fond du lac.
C’est un lieu célèbre de plongée, par 42 mètres de profondeur. Ses traces disparaissent, hélas, peu à peu. Aux dires des plongeurs les boiseries encore assez bien préservées dégagent une forte émotion.
En 1984 apparaît un nouveau concept avec le Libellule, qui navigue toujours. La visite de l’Impératrice est à l’origine de la Fête du Lac d’Annecy ; avec le Libellule, on fait la fête sur le lac.
Sur le bateau, avec piste de danse, scène pour petits concerts, restaurant. On est très proche de la philosophie du bateau mouche pour profiter au maximum du lac dans cette ambiance de fête des années 80.
Votre exposition montre aussi les fameuses barques Beauquis.
Nous accordons toute une salle à ces barques qui ont été fabriquées par trois générations de la famille Beauquis. Posséder encore aujourd’hui une barque Beauquis procure une grande fierté. C’est un très bel objet, qui a été fabriqué avec amour et un savoir faire extraordinaire. Chacune d’elle a été aménagée en fonction des attentes de son acquéreur et les connaisseurs peuvent reconnaître précisément les lorsqu’elles naviguent sur le lac. Certaines sont aussi en cours de restauration et deviennent de petits bijoux.
L’exposition est conçue pour intéresser tous les publics.
Elle offre plusieurs lectures. On peut y passer rapidement, regarder les films, les vitrines et saisir les principales thématiques de l’exposition ou alors faire comme certains de nos visiteurs qui épluchent chaque détail. Les enfants y sont les bienvenus car l’exposition offre de nombreuses animations à leur attention.
Bruno Cottin, l’axe de la précédente exposition que vous aviez organisée à propos de la ville d’Annecy était le partage. Axe que nous retrouvons ici. Il vous tient à cœur. C’est vous qui décidez de suivre cette ligne d’exposition en exposition ?
Une exposition est une œuvre personnelle et un travail d’équipe. Un nombre phénoménal de personnes a contribué à cette exposition mais le point de vue d’attaque est le plus souvent très personnel.
La période que nous vivons exige que nous utilisions le passé pour organiser notre action future. D’où la nécessité d’apporter au visiteur des éléments de réflexion qui puissent lui permettre de prendre des décisions éco citoyennes.
Pour l’exposition sur la vieille ville comme pour celle-ci, je connaissais ma conclusion avant de les bâtir ; on trouve le fil conducteur par la suite.
On pourrait s’inspirer des pratiques d’autrefois pour trouver des solutions aux problèmes de circulation et d’embouteillages actuels, par exemple.
On est en train de le faire, avec les navettes. La grande différence est qu’autrefois le ski nautique n’existait pas, ni les pédalos…
On revient à la notion de partage.
Exactement. Avec les gens qui recherchent la tranquillité, les protecteurs de la faune qui veulent qu’on n’empiète pas sur les rives… Le lac constitue un patrimoine dont il faut préserver la richesse et la diversité écologique.
Il devient un espace qu’il faut apprendre à partager en accord avec la nature.
Le France remplace le Couronne de Savoie. C’est un très grand bateau à vapeur qui va marquer la vie de la région pendant de très nombreuses années. Il sera au service des habitants et aussi d’un tourisme plus démocratique. Les hôtels, le chemin de fer se développent, on passe donc plusieurs journées à Annecy alors qu’auparavant n’y passaient que les curistes des villes voisines. Le tourisme moderne est en train de naître.
Le France, duquel un film projeté dans le cadre de cette exposition retrace l’histoire, repose désormais au fond du lac.
C’est un lieu célèbre de plongée, par 42 mètres de profondeur. Ses traces disparaissent, hélas, peu à peu. Aux dires des plongeurs les boiseries encore assez bien préservées dégagent une forte émotion.
En 1984 apparaît un nouveau concept avec le Libellule, qui navigue toujours. La visite de l’Impératrice est à l’origine de la Fête du Lac d’Annecy ; avec le Libellule, on fait la fête sur le lac.
Sur le bateau, avec piste de danse, scène pour petits concerts, restaurant. On est très proche de la philosophie du bateau mouche pour profiter au maximum du lac dans cette ambiance de fête des années 80.
Votre exposition montre aussi les fameuses barques Beauquis.
Nous accordons toute une salle à ces barques qui ont été fabriquées par trois générations de la famille Beauquis. Posséder encore aujourd’hui une barque Beauquis procure une grande fierté. C’est un très bel objet, qui a été fabriqué avec amour et un savoir faire extraordinaire. Chacune d’elle a été aménagée en fonction des attentes de son acquéreur et les connaisseurs peuvent reconnaître précisément les lorsqu’elles naviguent sur le lac. Certaines sont aussi en cours de restauration et deviennent de petits bijoux.
L’exposition est conçue pour intéresser tous les publics.
Elle offre plusieurs lectures. On peut y passer rapidement, regarder les films, les vitrines et saisir les principales thématiques de l’exposition ou alors faire comme certains de nos visiteurs qui épluchent chaque détail. Les enfants y sont les bienvenus car l’exposition offre de nombreuses animations à leur attention.
Bruno Cottin, l’axe de la précédente exposition que vous aviez organisée à propos de la ville d’Annecy était le partage. Axe que nous retrouvons ici. Il vous tient à cœur. C’est vous qui décidez de suivre cette ligne d’exposition en exposition ?
Une exposition est une œuvre personnelle et un travail d’équipe. Un nombre phénoménal de personnes a contribué à cette exposition mais le point de vue d’attaque est le plus souvent très personnel.
La période que nous vivons exige que nous utilisions le passé pour organiser notre action future. D’où la nécessité d’apporter au visiteur des éléments de réflexion qui puissent lui permettre de prendre des décisions éco citoyennes.
Pour l’exposition sur la vieille ville comme pour celle-ci, je connaissais ma conclusion avant de les bâtir ; on trouve le fil conducteur par la suite.
On pourrait s’inspirer des pratiques d’autrefois pour trouver des solutions aux problèmes de circulation et d’embouteillages actuels, par exemple.
On est en train de le faire, avec les navettes. La grande différence est qu’autrefois le ski nautique n’existait pas, ni les pédalos…
On revient à la notion de partage.
Exactement. Avec les gens qui recherchent la tranquillité, les protecteurs de la faune qui veulent qu’on n’empiète pas sur les rives… Le lac constitue un patrimoine dont il faut préserver la richesse et la diversité écologique.
Il devient un espace qu’il faut apprendre à partager en accord avec la nature.
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