Le synopsis
Un homme rentre chez lui au cœur des grands espaces. Il raconte sa vie, qu’il a brûlée par les deux bouts et qui révèle une autre Histoire de l’Amérique. A travers ce testament spirituel et joyeux, il nous invite à revenir à l’essentiel et à vivre en harmonie avec la nature. Cet homme est l’un des plus grands écrivains américains. Il s’appelle Jim Harrison.
Un premier film
Bien connu des amateurs de littérature, François Busnel anime depuis 2008 l’émission “La Grande Librairie” sur France 5. Il a créé et écrit des séries pour Arte, créé et dirigé le magazine trimestriel America, animé l’émission quotidienne “Le Grand Entretien” sur France Inter et dirigé le magazine Lire et le service Livres de l’Express. Il a écrit et réalisé ce premier film pour le cinéma avec Adrien Soland, le réalisateur de “La Grande Librairie” avec lequel il a écrit et réalisé plusieurs documentaires pour France 5.
L'entretien avec François Busnel
Ce film avec Jim Harrison vous suit depuis près de dix ans. Quelle est sa genèse ?
Seule la Terre est éternelle est un film sur notre rapport à la nature et la nécessaire reconnexion au monde sauvage à travers le regard d’un écrivain qui est - je le crois - le plus important des écrivains américains contemporains. En tout cas, celui qui m’a le plus ébloui et dont les livres peuvent aider ceux qui les lisent. Je voulais partager ce que j’ai appris en le lisant et ce que j’ai découvert grâce à lui. Je suis un raconteur d’histoires et le cinéma me semble être l’endroit où l’on peut raconter les plus belles, les plus fortes, tout en proposant une expérience esthétique et émotionnelle inédite. Or l’histoire que je souhaite raconter aujourd’hui est celle de notre rapport au monde : comment habiter poétiquement le monde ? Il y a, dans la vie et dans l’œuvre de Jim Harrison, de nombreux éléments de réponse.
Comment présenter Jim Harrison à ceux qui ne le connaissent pas ?
C’est un des défis du film, qui s’adresse autant à ceux qui ont aimé les romans de Jim qu’à ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui mais sont travaillés par l’idée d’un retour à la terre ou qui cherchent une réponse à la question « que laisserons-nous comme planète en héritage ? ». Jim Harrison est un romancier et un poète de haute sève, au souffle rabelaisien, auteur d’une poignée de chefs-d’œuvre dont certains ont été adaptés au cinéma, il a influencé toute une génération d’écologistes (à commencer par Edward Abbey) mais aussi de féministes. Il a connu la gloire et la détresse, les cimes et la dépression. Il a exploré l’histoire du génocide des Indiens d’Amérique comme peu d’autres avant lui, a célébré le monde sauvage et la gourmandise tout en écrivant des histoires d’une extrême délicatesse sur les blessures intimes... Mais si Jim Harrison est un immense écrivain, il est aussi un être humain intense, démesuré. Ce n’est pas pour rien qu’on l’a surnommé « Big Jim ». Sa vie est un roman. Jim Harrison est cet homme dont la présence au monde me bouleverse, m’aimante et me semble fournir une réponse aux questions du temps présent - l’éco-anxiété que ressentent beaucoup de nos contemporains, notamment. C’est ça que je voulais filmer.
Savait-il qu’il allait mourir ?
Jim avait un sixième sens pour ce genre de choses. Nous avons terminé la première partie du tournage à la fin de l’été 2015 et nous étions convenus de nous retrouver au début du printemps, car je voulais filmer le moment où les neiges fondent dans la Péninsule nord qui est l’un des endroits les moins touristiques des Etats-Unis et sur lequel il a beaucoup écrit. Il est mort le 26 mars 2016, deux semaines avant la reprise du tournage. A son bureau. En écrivant un poème.
Seule la Terre est éternelle est un film sur notre rapport à la nature et la nécessaire reconnexion au monde sauvage à travers le regard d’un écrivain qui est - je le crois - le plus important des écrivains américains contemporains. En tout cas, celui qui m’a le plus ébloui et dont les livres peuvent aider ceux qui les lisent. Je voulais partager ce que j’ai appris en le lisant et ce que j’ai découvert grâce à lui. Je suis un raconteur d’histoires et le cinéma me semble être l’endroit où l’on peut raconter les plus belles, les plus fortes, tout en proposant une expérience esthétique et émotionnelle inédite. Or l’histoire que je souhaite raconter aujourd’hui est celle de notre rapport au monde : comment habiter poétiquement le monde ? Il y a, dans la vie et dans l’œuvre de Jim Harrison, de nombreux éléments de réponse.
Comment présenter Jim Harrison à ceux qui ne le connaissent pas ?
C’est un des défis du film, qui s’adresse autant à ceux qui ont aimé les romans de Jim qu’à ceux qui n’ont jamais entendu parler de lui mais sont travaillés par l’idée d’un retour à la terre ou qui cherchent une réponse à la question « que laisserons-nous comme planète en héritage ? ». Jim Harrison est un romancier et un poète de haute sève, au souffle rabelaisien, auteur d’une poignée de chefs-d’œuvre dont certains ont été adaptés au cinéma, il a influencé toute une génération d’écologistes (à commencer par Edward Abbey) mais aussi de féministes. Il a connu la gloire et la détresse, les cimes et la dépression. Il a exploré l’histoire du génocide des Indiens d’Amérique comme peu d’autres avant lui, a célébré le monde sauvage et la gourmandise tout en écrivant des histoires d’une extrême délicatesse sur les blessures intimes... Mais si Jim Harrison est un immense écrivain, il est aussi un être humain intense, démesuré. Ce n’est pas pour rien qu’on l’a surnommé « Big Jim ». Sa vie est un roman. Jim Harrison est cet homme dont la présence au monde me bouleverse, m’aimante et me semble fournir une réponse aux questions du temps présent - l’éco-anxiété que ressentent beaucoup de nos contemporains, notamment. C’est ça que je voulais filmer.
Savait-il qu’il allait mourir ?
Jim avait un sixième sens pour ce genre de choses. Nous avons terminé la première partie du tournage à la fin de l’été 2015 et nous étions convenus de nous retrouver au début du printemps, car je voulais filmer le moment où les neiges fondent dans la Péninsule nord qui est l’un des endroits les moins touristiques des Etats-Unis et sur lequel il a beaucoup écrit. Il est mort le 26 mars 2016, deux semaines avant la reprise du tournage. A son bureau. En écrivant un poème.
Articles similaires...
-
Ballerina : Ana de Armas danse avec la mort dans le spin-off de John Wick
-
Le Cinéma-Karaoké au Grand Rex de Paris : un concept de folie !
-
Festival de Deauville : Michael Douglas séjourne à l’Hôtel Barrière Le Royal Deauville
-
Insouciant Films : Quand la Jeunesse et l'Innovation Redéfinissent le Cinéma et le Théâtre
-
Le Cinéma en Plein Air à Paris : Un Hommage au Sport
Ce sont donc les dernières images de Jim Harrison ?
Oui. Mais je n’en avais absolument pas conscience en les tournant.
Vous faites la part belle aux gros plans sur le visage de Jim Harrison mais aussi aux plans très larges dès que l’on est dans les grands espaces. Pourquoi ce choix ?
Les grands espaces nous éblouissent parce qu’ils sont sans limites. D’où l’usage des plans très larges, en scope, avec un format d’image que nous voulions, Adrien Soland et moi, en 2.22 car c’est le format qui nous faisait rêver quand, enfants, nous regardions les films américains. C’est aussi le format dans lequel m’apparaissent les images lorsque je lis les romans de Jim Harrison... Mais « les grands espaces », c’est également ce que j’ai toujours vu en contemplant le visage de Jim. Son visage me bouleverse. Ses rides sont des ravines, ses traits sont des cratères, son teint buriné est la Terre... Pour moi, le cinéma sert à cela : quand un visage emplit tout l’écran, que la peau capte les sentiments à la manière d’une pellicule, alors le cinéma vous offre une expérience sensorielle unique.
Pourquoi ce titre, Seule la Terre est éternelle ?
Il s’est imposé un midi où nous cuisinions, au retour de la pêche, dans sa maison de Paradise Valley. C’est le titre d’un chapitre merveilleux de ses Mémoires, En marge, dans lequel il y a cette phrase admirable : « J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, « Courage, seule la Terre est éternelle ! »
Oui. Mais je n’en avais absolument pas conscience en les tournant.
Vous faites la part belle aux gros plans sur le visage de Jim Harrison mais aussi aux plans très larges dès que l’on est dans les grands espaces. Pourquoi ce choix ?
Les grands espaces nous éblouissent parce qu’ils sont sans limites. D’où l’usage des plans très larges, en scope, avec un format d’image que nous voulions, Adrien Soland et moi, en 2.22 car c’est le format qui nous faisait rêver quand, enfants, nous regardions les films américains. C’est aussi le format dans lequel m’apparaissent les images lorsque je lis les romans de Jim Harrison... Mais « les grands espaces », c’est également ce que j’ai toujours vu en contemplant le visage de Jim. Son visage me bouleverse. Ses rides sont des ravines, ses traits sont des cratères, son teint buriné est la Terre... Pour moi, le cinéma sert à cela : quand un visage emplit tout l’écran, que la peau capte les sentiments à la manière d’une pellicule, alors le cinéma vous offre une expérience sensorielle unique.
Pourquoi ce titre, Seule la Terre est éternelle ?
Il s’est imposé un midi où nous cuisinions, au retour de la pêche, dans sa maison de Paradise Valley. C’est le titre d’un chapitre merveilleux de ses Mémoires, En marge, dans lequel il y a cette phrase admirable : « J'ai appris qu'on ne peut pas comprendre une autre culture tant qu'on tient à défendre la sienne coûte que coûte. Comme disaient les Sioux, « Courage, seule la Terre est éternelle ! »