François Morel, vous nous dites que vous avez des doutes. Des doutes existentiels ?
Ce sont les doutes de Raymond Devos, que je partage. C’est d’abord un titre de sketch de Raymond Devos, il a des doutes sur son meilleur copain qu’il a trouvé dans ses pantoufles en rentrant plus tôt que d’habitude, mais plus généralement il a des doutes sur son existence, sur le fait d’être au monde, sur le bien fondé d’une vie… C’est un comique qui n’affirme pas mais qui pose des questions et qui se sert de ses propres inquiétudes pour les partager avec le public.
Votre tour de chant « Une vie » (titre provisoire) rejoint bien cette veine humoristique avec son sous-titre et son esprit.
C’est vrai. Je viens de lire une phrase de Bertrand Russell « Le problème de ce monde est que les fanatiques et les imbéciles sont toujours très sûrs d’eux alors que les gens plus intelligents sont pleins de doutes ». Dans le même domaine il y a toute l’œuvre de Flaubert.
Pour votre spectacle et pour entrer dans la peau de Raymond Devos vous n’avez pas pris trente kilos ?
Pas encore, je fais attention. Mais je n’entre pas dans la peau de Devos, je sers ses textes comme si c’était un auteur, un écrivain. Je n’essaye pas de l’imiter et il est même possible qu’on oublie à un certain moment que c’est du Devos, parce que je le prends en charge ; comme lorsque je joue Molière ou Dubillard, je prends le texte et j’essaye de le ramener à moi.
Le public qui vient vous voir est déjà amateur de Devos, il y a des jeunes qui le découvrent ?
Il y aurait plus de jeunes que ça me plairait davantage. Le théâtre est souvent victime de son succès. Généralement les gens sont contents d’être abonnés et renouvellent leur abonnement régulièrement, ce qui fait que le public de théâtre a tendance à vieillir. Je ne le remarque pas seulement quand je suis sur scène mais aussi quand je suis spectateur. Ceci dit, mon spectacle s’adresse à tout le monde. Il y avait dernièrement beaucoup d’enfants accompagnés par leurs parents dans la salle et ça marche bien auprès d’eux. Il ne faut pas oublier que Devos est un clown.
On a en France une tradition de l’absurde avec Jarry, Ionesco, Beckett… l’absurde de Devos est joyeux, clownesque, donc tout public.
Oui. On a souvent tendance à réduire Devos à un type qui faisait des jeux de mots. Il se sert du langage, bien sûr, mais de beaucoup d’autres choses. Je me souviens d’un type extrêmement généreux sur scène, qui faisait du music hall, c’est-à-dire qui était à la fois musicien, mime, comédien et qui était vraiment dans la complicité avec le public.
Ce sont les doutes de Raymond Devos, que je partage. C’est d’abord un titre de sketch de Raymond Devos, il a des doutes sur son meilleur copain qu’il a trouvé dans ses pantoufles en rentrant plus tôt que d’habitude, mais plus généralement il a des doutes sur son existence, sur le fait d’être au monde, sur le bien fondé d’une vie… C’est un comique qui n’affirme pas mais qui pose des questions et qui se sert de ses propres inquiétudes pour les partager avec le public.
Votre tour de chant « Une vie » (titre provisoire) rejoint bien cette veine humoristique avec son sous-titre et son esprit.
C’est vrai. Je viens de lire une phrase de Bertrand Russell « Le problème de ce monde est que les fanatiques et les imbéciles sont toujours très sûrs d’eux alors que les gens plus intelligents sont pleins de doutes ». Dans le même domaine il y a toute l’œuvre de Flaubert.
Pour votre spectacle et pour entrer dans la peau de Raymond Devos vous n’avez pas pris trente kilos ?
Pas encore, je fais attention. Mais je n’entre pas dans la peau de Devos, je sers ses textes comme si c’était un auteur, un écrivain. Je n’essaye pas de l’imiter et il est même possible qu’on oublie à un certain moment que c’est du Devos, parce que je le prends en charge ; comme lorsque je joue Molière ou Dubillard, je prends le texte et j’essaye de le ramener à moi.
Le public qui vient vous voir est déjà amateur de Devos, il y a des jeunes qui le découvrent ?
Il y aurait plus de jeunes que ça me plairait davantage. Le théâtre est souvent victime de son succès. Généralement les gens sont contents d’être abonnés et renouvellent leur abonnement régulièrement, ce qui fait que le public de théâtre a tendance à vieillir. Je ne le remarque pas seulement quand je suis sur scène mais aussi quand je suis spectateur. Ceci dit, mon spectacle s’adresse à tout le monde. Il y avait dernièrement beaucoup d’enfants accompagnés par leurs parents dans la salle et ça marche bien auprès d’eux. Il ne faut pas oublier que Devos est un clown.
On a en France une tradition de l’absurde avec Jarry, Ionesco, Beckett… l’absurde de Devos est joyeux, clownesque, donc tout public.
Oui. On a souvent tendance à réduire Devos à un type qui faisait des jeux de mots. Il se sert du langage, bien sûr, mais de beaucoup d’autres choses. Je me souviens d’un type extrêmement généreux sur scène, qui faisait du music hall, c’est-à-dire qui était à la fois musicien, mime, comédien et qui était vraiment dans la complicité avec le public.
Dans son regard, dans le timing, dans les pauses, il y avait vraiment la recherche d’un échange avec le public.
C’était un homme de spectacle complet.
Vous lui rendez hommage aussi à travers l’affiche, d’une poésie et d’une simplicité extrêmes. Vous y ressemblez un peu à Jacques Tati.
Ah, c’est pas mal ! Nous parlions des quelques kilos en trop qu’avait Devos et je me suis dit qu’il fallait l’alléger, l’imaginer comme un ballon d’hélium plus que comme quelqu’un de lourd. Comme quelqu’un qui ouvre des portes, des fenêtres vers l’imaginaire, vers le rêve, et j’ai l’impression qu’on en a pas mal besoin.
Finalement « J’ai des doutes » peut s’appliquer à plein de choses.
Je n’aurais jamais appelé un spectacle « J’ai des certitudes ». Certains humoristes en ont. Je n’en fais pas partie.
Vous êtes présent partout, vous écrivez dans un magazine de philosophie, vous dites des textes, des livres, vous tenez des chroniques, vous écrivez des préfaces de livres sur les plantes…
Le livre de Noémie Vialard, une amie.
Vous êtes partout, quel est le fil conducteur ?
Le plaisir de jouer et le plaisir d’écrire. Ou d’avoir écrit, parce que j’ai toujours du plaisir à jouer, pas toujours quand j’écris mais plutôt quand j’ai écrit ce que je voulais ou même quand je suis surpris par ce que j’ai écrit, et qui me dépasse. Le plaisir de partager des émotions.
C’était un homme de spectacle complet.
Vous lui rendez hommage aussi à travers l’affiche, d’une poésie et d’une simplicité extrêmes. Vous y ressemblez un peu à Jacques Tati.
Ah, c’est pas mal ! Nous parlions des quelques kilos en trop qu’avait Devos et je me suis dit qu’il fallait l’alléger, l’imaginer comme un ballon d’hélium plus que comme quelqu’un de lourd. Comme quelqu’un qui ouvre des portes, des fenêtres vers l’imaginaire, vers le rêve, et j’ai l’impression qu’on en a pas mal besoin.
Finalement « J’ai des doutes » peut s’appliquer à plein de choses.
Je n’aurais jamais appelé un spectacle « J’ai des certitudes ». Certains humoristes en ont. Je n’en fais pas partie.
Vous êtes présent partout, vous écrivez dans un magazine de philosophie, vous dites des textes, des livres, vous tenez des chroniques, vous écrivez des préfaces de livres sur les plantes…
Le livre de Noémie Vialard, une amie.
Vous êtes partout, quel est le fil conducteur ?
Le plaisir de jouer et le plaisir d’écrire. Ou d’avoir écrit, parce que j’ai toujours du plaisir à jouer, pas toujours quand j’écris mais plutôt quand j’ai écrit ce que je voulais ou même quand je suis surpris par ce que j’ai écrit, et qui me dépasse. Le plaisir de partager des émotions.
Et des incertitudes dont vous faites finalement quelque chose de positif.
Je pense, oui. On fait toujours rire à partir de choses douloureuses ou inquiétantes ; le fait de les partager nous allège un peu. Pour revenir à l’affiche, j’avais demandé à Pascal Rabaté que Devos nous emmène vers l’imaginaire et vers plus de légèreté.
Nous parlions d’absurde et vous passez en Haute-Savoie et en Savoie prochainement ; Annecy propose encore quelque temps une merveilleuse exposition sur les Shadoks.
Claude Piéplu venait souvent voir nos spectacles. J’avais une très bonne relation avec lui.
On sent que vous partagez le même univers. Actuellement Jean-Marie Gourio et Jean-Michel Ribes travaillent à une adaptation de « Palace » pour le théâtre. Quel souvenir en gardez-vous ?
C’est la première chose importante que j’ai faite pour l’écran, avec des gens que je connaissais et avec lesquels je rêvais de travailler. C’est un souvenir excellent. Il y avait chez Ribes une générosité extraordinaire. Il m’a dit « Tu écris ? Propose-moi des textes pour ton personnage Alfred, le groom, et si ça me plaît, on les tournera ».
La semaine suivante je suis venu avec tout un tas de textes dont certains ont été retenus. Tout d’un coup je faisais partie d’un aréopage de gens que j’aimais beaucoup, Topor, Ribes, Wolinski, Gébé, François Rollin et j’avais la possibilité de jouer avec des gens comme Jean Yanne. C’était formidable.
//////
A Cluses, Théâtre des Allobroges le 25 septembre 2018
Chambéry, Espace Malraux du 21 au 25 novembre 2018
BOURG EN BRESSE - EPCC Théâtre de Bourg en Bresse - 26 et 27 septembre CALUIRE - Le Radiant Bellevue - 29 et 30 sept 2018, 1er octobre
DECINES - Le Toboggan – 2 octobre 2018
Je pense, oui. On fait toujours rire à partir de choses douloureuses ou inquiétantes ; le fait de les partager nous allège un peu. Pour revenir à l’affiche, j’avais demandé à Pascal Rabaté que Devos nous emmène vers l’imaginaire et vers plus de légèreté.
Nous parlions d’absurde et vous passez en Haute-Savoie et en Savoie prochainement ; Annecy propose encore quelque temps une merveilleuse exposition sur les Shadoks.
Claude Piéplu venait souvent voir nos spectacles. J’avais une très bonne relation avec lui.
On sent que vous partagez le même univers. Actuellement Jean-Marie Gourio et Jean-Michel Ribes travaillent à une adaptation de « Palace » pour le théâtre. Quel souvenir en gardez-vous ?
C’est la première chose importante que j’ai faite pour l’écran, avec des gens que je connaissais et avec lesquels je rêvais de travailler. C’est un souvenir excellent. Il y avait chez Ribes une générosité extraordinaire. Il m’a dit « Tu écris ? Propose-moi des textes pour ton personnage Alfred, le groom, et si ça me plaît, on les tournera ».
La semaine suivante je suis venu avec tout un tas de textes dont certains ont été retenus. Tout d’un coup je faisais partie d’un aréopage de gens que j’aimais beaucoup, Topor, Ribes, Wolinski, Gébé, François Rollin et j’avais la possibilité de jouer avec des gens comme Jean Yanne. C’était formidable.
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A Cluses, Théâtre des Allobroges le 25 septembre 2018
Chambéry, Espace Malraux du 21 au 25 novembre 2018
BOURG EN BRESSE - EPCC Théâtre de Bourg en Bresse - 26 et 27 septembre CALUIRE - Le Radiant Bellevue - 29 et 30 sept 2018, 1er octobre
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- VESOUL,
21 et 22 septembre 2018
Théâtre Edwige Feuillère -
EPCC Théâtre de Bourg en Bresse - CALUIRE,
29 et 30 sept, 1er octobre 2018
Le Radiant Bellevu e - Le Toboggan
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5 octobre 2018
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10 novembre 2018
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Theatre de Caen