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Rencontre avec Barbara Polla venue présenter deux artistes de sa galerie



| Publié le Mercredi 13 Janvier 2016 |

Image Barbara Polla © Steeve Iuncker Gomez
Image Barbara Polla © Steeve Iuncker Gomez
Rencontre avec Barbara Polla venue présenter Shaun Gladwell et Mounir Fatmi deux artistes de sa galerie Analix Forever (Genève) à la Fabric de la Fondation Salomon à l’occasion des seize jours d’exposition, d’événements , de performances que l’association imagespassages consacrait à la Fabrique de l’homme moderne.
 
Barbara Polla, vous écrivez, entre autres sur l’homme, la femme, l’art, le travail, le voyage, vous êtes médecin, vous avez fait de la politique…vous êtes hyperactive, vous avez plusieurs vies ?
Je suis très curieuse. Toutes les choses que j’ai eu la chance de pouvoir faire m’ont passionnée. La première, la médecine dans le cadre académique, puis je suis devenue directeur de recherche à l’Inserm, d’abord parce que j’aime beaucoup la France et la culture française. Même si je suis résidente en Suisse, j’ai un pied-à-terre à Paris. Pendant toute une première partie de ma vie j’ai travaillé à Paris parce qu’en Suisse nous n’avons pas l’équivalent de cette merveilleuse institution qu’est l’Inserm. Quand je suis arrivée, je ne connaissais personne ; j’ai présenté mon projet et j’ai été nommée directeur de recherche, ce qui a encore augmenté mon amour pour la France. Mais mon moteur est ma curiosité. Elle n’est jamais assouvie. On ne finit jamais quelque chose, ce n’est pas possible. Chaque fois que j’ai eu l’impression d’avoir fait le tour de mes possibilités dans un domaine, eh bien, ça a été un peu comme de tourner une page dans un livre. Quoique… je dis que j’ai été chercheur, mais je reste médecin, il y a quelque chose dans l’âme qui demeure. J’ai été élue pendant douze ans, aujourd’hui je dirais que je fais de la politique avec l’art. Je m’occupe beaucoup du thème art et prison. Ma prochaine exposition est à Nanterre, de début février jusqu’à fin mai, à La Terrasse, l’espace d’art de Nanterre. Son titre est « Le sens de la peine ». Mon engagement est pour la liberté et je trouve que l’instrument artistique fonctionne mieux entre mes mains que l’instrument politique.

Vous faites de la politique d’une autre façon.
Exactement. Si j’ai eu la chance de faire ces choses différentes, ce n’est pas parce que j’ai plusieurs vies mais parce que la vie est longue et que je me suis passionnée pour la médecine, passionnée pour la recherche, passionnée pour la politique et maintenant, depuis une dizaine d’années, je me consacre vraiment à l’art, à la fois à ma galerie de Genève mais aussi comme commissaire d’exposition.

Vous êtes presque plus au dehors que dans votre galerie.
Un véritable nomadisme s’est installé, en commençant par Paris, puis ailleurs en France, maintenant en Turquie, au Liban.

Vous parlez de curiosité , et le bandeau d’un de vos livres présente cette formule « Le bonheur, c’est le désir ». La curiosité est liée au désir.
Oui, absolument. Cette phrase « Le bonheur , c’est le désir » m’a été dite par un homme. Je l’ai trouvée magnifique comme on trouve toujours magnifique ce qui nous correspond. Le bonheur, le désir, c’est l’élan, le désir de tout, de vivre, de faire, de changer le monde…

Vous ne serez jamais assouvie ?
Non, jamais.(rires)

Les artistes contemporains revendiquent la notion de travail. Philippe Decouflé, tout récemment pour une semaine à Bonlieu dit qu’il « travaille », tout comme Patricia Cartereau qui expose au château. L’un de vos livres s’intéresse au travail dans la société. Le travail est partout. En quoi consiste votre travail de galeriste ?
Ce que je fais est du travail, beaucoup de discipline, d’écoute, de travail de fond. J’ai dû apprendre l’histoire de l’art. Le travail consiste à apprendre et à écouter.

La notion de plaisir transforme celle de travail, non ?
C’est ce que j’allais dire. Pour les autres, je travaille tout le temps, mais écrire est un bonheur, rencontrer un artiste, le découvrir, essayer de comprendre les mécanismes de la création est un bonheur, interagir avec Annie Aguettaz [de l’association imagespassages, qui a rendu possible cette rencontre] est quelque chose d’extraordinaire. Tout ceci est du travail, mais un travail qui me nourrit au lieu de m’épuiser. C’est tout simplement la vie.

Vous fonctionnez à travers des rencontres.
Beaucoup. Pour moi la rencontre est fondamentale parce qu’elle m’inspire. Toutes mes activités sont liées. La médecine, c’est l’écoute de l’autre , l’amour et l’espoir presque utopique que l’autre aille mieux, la recherche est le désir de comprendre, la politique à la fois le désir de comprendre comment fonctionne la société et la même idée utopique qu’on va pouvoir faire mieux, et s’intéresser à l’art , c’est espérer qu’on va pouvoir analyser le monde par un autre biais, avec un autre regard. Là ( à la Fabric de la Fondation Salomon), on parle de la Fabrique de l’homme moderne, inspirée de la Biennale de Lyon,  dont le commissaire, Ralph Rugoff dit que l’art est important pour comprendre le monde. Il est l’une des portes d’entrée. Alors, bien sûr, je ne vais pas avoir le temps de comprendre le monde, mais j’essaie.

Les questions sont aussi importantes que les réponses.
Voilà, il y a toujours de nouvelles questions. Mon parcours comporte une véritable logique.

Et quelle en serait la prochaine étape ?
J’aimerais beaucoup faire de la radio. Toujours dans l’idée de la transmission et faire prendre conscience que la prison, sur laquelle je travaille beaucoup, ce ne sont pas que des murs, mais aussi des barrières mentales, la prison de notre corps, les prisons mentales que nous nous imposons à nous-mêmes. J’essaie constamment d’abattre les prisons, les barrières. J’enseigne à la HEAD à Genève (Haute Ecole d’Art et de Design). J’essaie d’apprendre à mes étudiants à abattre les murs. Je ne sais plus de qui est cette phrase qui dit que chaque mur qu’on abat devient un pont. A la radio, j’aimerais faire des entretiens, des rencontres à faire partager.

Vous avez écrit deux livres dont les titres sont Tout à fait homme et Tout à fait femme. Le prochain sera Tout à fait quoi ?
Tout à fait désir. Le désir vital. Le désir de créer .La libido au sens le plus large. Le désir de manger, de bouffer le monde, de partir, de bouger, de faire, de travailler, de s’épuiser, de se reconstituer…le désir de tout. De retarder la mort. C’est ce que Pascal Quignard dit lorsqu’il écrit que les artistes sont les meurtriers de la mort. Créer, c’est faire obstruction au temps et à la mort.

D’où vient le nom de votre galerie genevoise Analix Forever ?
La galerie a ouvert en 1991 dans le laboratoire de chimie et de criminologie d’un oncle éloigné ; le premier à avoir eu dans les années 50, à Genève, un spectromètre à rayons X, avant l’Université. D’où le nom du laboratoire, Analix, analyse aux rayons X. Et Forever, c’est parce que c’est pour toujours.
 

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