« Viens voir les écrivains, voir les magiciens… ils ont installé leurs tréteaux… » Aurait pu chanter Aznavour…
Ils sont là. Le public, les lecteurs aussi. Comme cette dame qui a fait plus de 500 kilomètres pour rencontrer Philippe Besson. On se presse pour obtenir une dédicace de Didier Decoin qui prend un moment pour chacun, on discute ici ou là, on échange des impressions. Le stand de Maureen Dor et Christine Davenier respire la fraîcheur, les enfants y sont heureux.
Quand on ne se presse pas pour obtenir des dédicaces, c’est que le public est attiré par les conférences sous les immenses chapiteaux : « Viens voir les écrivains…. ». On découvre un Laurent Gerra moins assuré qu’à la télé, c’est qu’il ne joue pas. Tous sont disponibles. L’écrin que constitue la baie de Talloires doit y être pour quelque chose.
Nous avons en avons profité pour nous entretenir avec quelques auteurs !
Quand on ne se presse pas pour obtenir des dédicaces, c’est que le public est attiré par les conférences sous les immenses chapiteaux : « Viens voir les écrivains…. ». On découvre un Laurent Gerra moins assuré qu’à la télé, c’est qu’il ne joue pas. Tous sont disponibles. L’écrin que constitue la baie de Talloires doit y être pour quelque chose.
Nous avons en avons profité pour nous entretenir avec quelques auteurs !
Rencontre avec Alexandre Duyck pour L’irrésistible ascension écrit avec Soazig Quéméner
chez Flammarion.
Comment ce livre a-t-il démarré ?
On a commencé il y a un an pour douze mois de campagne présidentielle. On voulait raconter ce qu’on croyait être au départ la revanche Hollande/Sarkozy, ce que tout le monde attendait à l’époque et rien ne s’est passé comme prévu. On s’est donc retrouvés embarqués dans cette aventure passionnante qui a connu un rebondissement chaque jour, une nouvelle affaire, un favori qui s’écroulait dans les sondages et on a observé dans le même temps la longue montée en puissance d’Emmanuel Macron.
Comment avez-vous vécu personnellement cette aventure ?
On n’a pas voulu faire partie de la troupe de journalistes qui accompagnait les candidats de meeting en meeting parce qu’on n’aurait pas eu grand-chose d’original à raconter. On a choisi de passer beaucoup de temps avec des conseillers, dans les QG de campagne de tous les candidats, les principaux en tout cas, on est retourné voir les gens pour décortiquer, analyser…et puis on a passé de plus en plus de temps dans le QG de En marche.
Comment définiriez-vous votre travail ?
C’est un travail de journaliste, un très long reportage sur douze mois à travers les QG, les candidats, que ce soit Le Pen, Mélanchon…
Mais quand vous avez commencé, vous étiez sûrs que votre travail aboutirait à un livre ?
Oui, parce que nous avions décidé de suivre cette campagne présidentielle jusqu’au soir du 2° tour. Ce qu’on ne pouvait pas deviner, c’est que le scénario allait se décider au fur et à mesure.
C’était mieux qu’espéré.
Ah oui, franchement !
Pour votre couverture, vous avez choisi le meeting où Emmanuel Macron tente d’imiter Patrick Bruel et Casser la voix.
C’était Porte de Versailles. On s’est dit « Il se passe un truc, il est complètement possédé. » Et puis il nous a dit par la suite qu’il n’avait pas de retour micro dans l’oreille. Il pensait qu’on ne l’entendait pas. Quand il voit les images il a presque honte parce qu’il se voit comme un fou furieux.
Ce moment lui a peut-être été bénéfique, finalement.
Oui, il se lâche, il est vraiment humain.
chez Flammarion.
Comment ce livre a-t-il démarré ?
On a commencé il y a un an pour douze mois de campagne présidentielle. On voulait raconter ce qu’on croyait être au départ la revanche Hollande/Sarkozy, ce que tout le monde attendait à l’époque et rien ne s’est passé comme prévu. On s’est donc retrouvés embarqués dans cette aventure passionnante qui a connu un rebondissement chaque jour, une nouvelle affaire, un favori qui s’écroulait dans les sondages et on a observé dans le même temps la longue montée en puissance d’Emmanuel Macron.
Comment avez-vous vécu personnellement cette aventure ?
On n’a pas voulu faire partie de la troupe de journalistes qui accompagnait les candidats de meeting en meeting parce qu’on n’aurait pas eu grand-chose d’original à raconter. On a choisi de passer beaucoup de temps avec des conseillers, dans les QG de campagne de tous les candidats, les principaux en tout cas, on est retourné voir les gens pour décortiquer, analyser…et puis on a passé de plus en plus de temps dans le QG de En marche.
Comment définiriez-vous votre travail ?
C’est un travail de journaliste, un très long reportage sur douze mois à travers les QG, les candidats, que ce soit Le Pen, Mélanchon…
Mais quand vous avez commencé, vous étiez sûrs que votre travail aboutirait à un livre ?
Oui, parce que nous avions décidé de suivre cette campagne présidentielle jusqu’au soir du 2° tour. Ce qu’on ne pouvait pas deviner, c’est que le scénario allait se décider au fur et à mesure.
C’était mieux qu’espéré.
Ah oui, franchement !
Pour votre couverture, vous avez choisi le meeting où Emmanuel Macron tente d’imiter Patrick Bruel et Casser la voix.
C’était Porte de Versailles. On s’est dit « Il se passe un truc, il est complètement possédé. » Et puis il nous a dit par la suite qu’il n’avait pas de retour micro dans l’oreille. Il pensait qu’on ne l’entendait pas. Quand il voit les images il a presque honte parce qu’il se voit comme un fou furieux.
Ce moment lui a peut-être été bénéfique, finalement.
Oui, il se lâche, il est vraiment humain.
Rencontre avec Didier Decoin pour Le bureau des jardins et des étangs chez Stock
Le bureau des jardins et des étangs est à la fois un roman, un conte, une fable, un poème…
J’ajouterais que c’est aussi une estampe japonaise. Les estampes japonaises m’ont beaucoup inspiré. Ce livre se situe à une époque révolue, il y a mille ans à peu près, sur laquelle nous n’avons pas d’autre documentation que des estampes. Il s’agit donc aussi d’une description inspirée d’estampes que j’ai eu l’occasion de voir.
D’où vous en est venue l’idée, qui sort tout à fait de l’ordinaire ?
Jeune adolescent, je me suis passionné pour la guerre du Pacifique. Je comprenais la mentalité des combattants américains puisqu’une partie de ma famille est américaine. Mais je me demandais comment les Japonais peuvent être un peuple d’un tel raffinement avec l’ikebana, l’origami…qui a pu tomber dans de tels excès de cruauté. Pour comprendre, il faut lire. J’ai commencé à lire des livres japonais qui m’ont entraîné jusqu’aux journaux des dames de cour d’une époque lointaine et j’ai eu envie d’écrire un livre qui récupère un peu cette époque-là. J’ai quand même mis douze ans pour l’écrire, pour traduire cette sorte de schizophrénie entre la perfection de la cité impériale et l’extraordinaire misère dans laquelle végétaient les paysans.
Vous inversez la relation entre le bas et le haut de cette société grâce à votre héroïne.
Quand j’ai commencé l’écriture de ce livre, on parlait déjà du problème des migrants. J’ai toujours pensé qu’ils nous apportent quelque chose. Mon personnage arrive dans la cité impériale sale, sentant mauvais…mais elle apporte en même temps quelque chose d’inouï. Elle est la seule qui va pouvoir illustrer le rêve de l’empereur. Les migrants arrivent, eux, avec leur désespérance, leurs peurs, mais ils nous apportent quelque chose. C’est ce que je voulais dire. L’autre est toujours un cadeau, il n’y a pas que les rois mages qui apportent des cadeaux.
On part donc de cette époque ancienne, révolue, dans une autre culture, pour arriver à la nôtre.
Tout à fait. C’est ce que j’ai essayé de faire.
Une véritable force se dégage de votre livre. Celle des émotions, des relations et aussi des forces telluriques qui collent parfaitement au pays mais sont aussi une métaphore, un bouleversement.
Un tremblement de terre, de vie, de civilisation.
Le bureau des jardins et des étangs est à la fois un roman, un conte, une fable, un poème…
J’ajouterais que c’est aussi une estampe japonaise. Les estampes japonaises m’ont beaucoup inspiré. Ce livre se situe à une époque révolue, il y a mille ans à peu près, sur laquelle nous n’avons pas d’autre documentation que des estampes. Il s’agit donc aussi d’une description inspirée d’estampes que j’ai eu l’occasion de voir.
D’où vous en est venue l’idée, qui sort tout à fait de l’ordinaire ?
Jeune adolescent, je me suis passionné pour la guerre du Pacifique. Je comprenais la mentalité des combattants américains puisqu’une partie de ma famille est américaine. Mais je me demandais comment les Japonais peuvent être un peuple d’un tel raffinement avec l’ikebana, l’origami…qui a pu tomber dans de tels excès de cruauté. Pour comprendre, il faut lire. J’ai commencé à lire des livres japonais qui m’ont entraîné jusqu’aux journaux des dames de cour d’une époque lointaine et j’ai eu envie d’écrire un livre qui récupère un peu cette époque-là. J’ai quand même mis douze ans pour l’écrire, pour traduire cette sorte de schizophrénie entre la perfection de la cité impériale et l’extraordinaire misère dans laquelle végétaient les paysans.
Vous inversez la relation entre le bas et le haut de cette société grâce à votre héroïne.
Quand j’ai commencé l’écriture de ce livre, on parlait déjà du problème des migrants. J’ai toujours pensé qu’ils nous apportent quelque chose. Mon personnage arrive dans la cité impériale sale, sentant mauvais…mais elle apporte en même temps quelque chose d’inouï. Elle est la seule qui va pouvoir illustrer le rêve de l’empereur. Les migrants arrivent, eux, avec leur désespérance, leurs peurs, mais ils nous apportent quelque chose. C’est ce que je voulais dire. L’autre est toujours un cadeau, il n’y a pas que les rois mages qui apportent des cadeaux.
On part donc de cette époque ancienne, révolue, dans une autre culture, pour arriver à la nôtre.
Tout à fait. C’est ce que j’ai essayé de faire.
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Rencontre avec Eric Bouhier pour son Dictionnaire amoureux de San Antonio.
Eric Bouhier, votre livre paraît dans l’excellente collection des Dictionnaires amoureux. Frédéric Dard y a vraiment sa place.
C’était un homme de bonté, de générosité. Tous ceux qui l’ont connu personnellement le disent. Il avait aussi envie d’être aimé.
Sa créativité débordante en matière de langage est aussi une forme d’amour, de générosité ?
Je dirais qu’elle vient davantage de l’imagination. Sa générosité s’est manifestée autrement, dans sa vie personnelle. Frédéric Dard a toujours été mal à l’aise d’avoir abandonné ses parents qui l’ont confié à sa grand-mère quand il avait six ans. Il a culpabilisé toute sa vie comme s’il avait abandonné, lui, ses parents. Il en a fait une sorte de quête de l’autre à travers ses bouquins, jusqu’à la fin de sa vie. Pour beaucoup, San Antonio est resté de la littérature de gare. Ils ne sont pas allés voir ce qu’il y a de plus profond, de plus humaniste dans son œuvre alors qu’on comprend dans n’importe quel San Antonio , dès la dixième page que l’intrigue, on s’en fiche, que les mots sont de l’amusement, que le sexe relève de l’imagination débridée, qu’il est là pour faire rire…et le reste, c’est son angoisse, son amour de la vie, des femmes, des émotions.
Vous en parlez avec une vraie passion.
Je le lis depuis cinquante ans. Je l’ai découvert quand j’étais adolescent, l’âge où l’on cherche des maîtres à penser. Dès que j’ai compris ce que représentait cette rencontre avec un écrivain, ça a été fini…ou plutôt, ça a commencé !
fete-du-livre-talloires.com
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