Lümé au Rock'n Poche 2023 : un mélange de genres audacieux. Notre rencontre.

Lümé - Rock'n Poche 2023 © Cavalière C&L

Avec plus de vingt ans d'expérience en écriture et en chant, Stéphanie Quastana nous livre un cri d'amour accompagné de musiciens talentueux, dont Jonathan Delachaux à la clarinette et au saxophone, Sébastien Venturini au banjo, Nicolas Penz à la contrebasse, Alexandre Saintives à la guitare et Florent Tissot à la batterie.

Bienvenue au Rock'n Poche, qu'en pensez-vous de ce "petit" festival ?
Nico : J'avais un mauvais pressentiment, mais en fait c'est super (rire). C'est un petit festival à taille humaine, donc on est vraiment proches. Les bénévoles sont super sympas et se donnent à fond. Je trouve qu'il y a vraiment une bonne ambiance ce soir, en tout cas pour de vrai. Je suis allé voir Tiken Jah Fakoly tout à l'heure, au début, c'était génial. Tout le monde est déguisé, il y a une super ambiance.
Stéphanie : Nous préférons venir ici, dans ce festival, plutôt que d'aller dans de grands festivals.

C'est votre première fois au Rock’n Poche ?
Nico : Non. Cela fait 22 ans que nous avons joué…
Stéphanie : Ouais, c'est ça, un revival !

Et du coup ça fait quoi ?
Nico : Nous sommes très contents. Oui, c'est cool. C'est un plaisir. Je ne sais pas combien de temps nous jouerons encore ensemble, mais cela fait déjà 22 ans que nous jouons ensemble. Donc c'est déjà bien. Nous sommes donc très contents. Certains m'ont dit "vous n'avez pas régressé parce que vous êtes encore sur la petite scène". J'ai répondu que c'était gentil de le voir ainsi car nous aurions pu être sur la grande scène et progresser. En fait, nous avons stagné, mais nous sommes toujours là. (rires - pour comprendre la stabilité du groupe dans la durée, le groupe a un humour très humble) "Tu ne mets pas ça non plus" (rires). Mais oui, nous étions là en 2001. Il y avait déjà plein de gens qui n'étaient pas encore nés. Qui sont là ce soir.
Stéphanie : Ouais, tu m'étonnes.

Comment s'est passé cet été et comment se déroule-t-il pour vous ?
Nico : À notre rythme. Il y a eu des festivals à Zurich. Nous avons fait 2-3 choses. Mais ce n'est pas une super année non plus. J'ai joué à un festival berlinois, par exemple. Et connais-tu Nouvel Assaut ? Cela a été une année plus calme, mais nous en avions besoin.

C'est vous qui l'avez décidé ? Ou ça s'est composé comme ça ? Vous aviez besoin de faire une pause ?
Stéphanie : Moi, j'ai malheureusement perdu un membre de ma famille en octobre dernier. J'ai donc décidé de prendre les choses plus calmement cette année. Je ne voulais pas me surcharger. Nous ne sommes pas des machines. J'avais besoin de vivre... C'est pourquoi je n'ai pas cherché à démarcher autant. Nous avons également décidé de ne pas trop nous investir. C'est bien ainsi, nous restons à une échelle humaine. C'est peut-être pour cela que nous sommes sur cette scène (rire). Mais tout de même ! Nous assumons notre choix de privilégier nos vies de famille et d'avoir d'autres projets. Nous ne voulions pas devenir des machines industrielles. C'est ce qui fait notre force... Nous sommes fiers de cela.
Nico : Bien sûr, nous sommes toujours là. Nous faisons partie du paysage musical savoyard depuis 24 ans maintenant. Nous avons rencontré Alex, Stéphanie et Seb il y a 24 ans. D'autres ne sont plus avec nous. Ils ne sont pas morts, mais ils sont partis. Cela fait presque un quart de siècle que nous faisons de la musique ensemble. Nous ne savons pas encore combien de temps cela durera. Il y a des hauts et des bas, mais nous sommes toujours là. Nous sommes comme une sorte de chewing-gum de la musique, collés à la culture savoyarde. (Rire)

Lümé - Rock'n Poche 2023 © Cavalière C&L

Petite famille ou grand groupe de copains ?
Nico : En ce moment, on ne sait pas trop. À la base, nous sommes une famille musicale. Nous sommes de vrais potes. Les amis se disputent, c'est comme ça. Nous sommes de vrais amis. Quand nous avons rencontré Stéphanie, elle avait à peine 18 ans. Elle n'était même pas majeure quand nous l'avons rencontrée. Elle avait 17 ans et demi. Moi, je suis le plus âgé. Je vais avoir 49 balais. Voilà.

Comment avez-vous créé ce groupe ? Votre rencontre ?
Nico : Elle jouait de la guitare sur les marches de la MJC d'Annemasse. C'est comme dans les films, comme dans un film de Woody Allen.

Comment vous avez fait pour mélanger tous ces styles ? Pour que ça marche et que ça fasse cet effet waouh ?
Stéphanie : Il y en a un qui a fait un tour du monde et qui a ramené un charango. On aime déjà beaucoup la musique du monde et le jazz manouche. On a tous ces influences différentes et on les amène dedans parce qu'on aime bien ce mélange-là. J'ai grandi dans un quartier, il n'y avait pas beaucoup de Français, c’était plutôt multi-culturel. Et puis, on a tous des musiques de tous bords. Ça se fait naturellement. Après, on avait un pote, Samy, qui faisait de la guitare et qui était là. Mais maintenant, il est parti à Montréal. Mais il faisait de la guitare un peu rebeu. Et puis, on a gardé aussi ça. Rebeu, un peu à l'africaine. Tous ces mélanges-là. On aime bien aussi.

Vous venez de sortir un nouvel album. Du coup, quel en est l'essence ?
Stéphanie : C'est un peu, malgré les gouffres de la vie, c'est en sortir la transformation qu'on fait. Quand on se plante, et ça nous arrive souvent, qu'est-ce qu'on en tire comme ça ? Qu'est-ce qu'on en tire comme petite lumière ? Avec quoi on revient finalement ?…
Nico : … Ce disque, on s'est fait plaisir parce qu'on avait séquestré l'ingénieur du son dans notre local. Il n'avait plus de local à lui. Donc, on l'avait chez nous. Et c'était pendant la Covid. Nous avons obtenu de notre tourneur une dérogation écrite pour pouvoir l’enregistrer. Parce qu'à l'époque, tu ne pouvais pas te déplacer. Je ne sais pas si tu t'en souviens. Il nous a fait un papier pendant toute la durée de l'enregistrement. Du coup, ça a duré 4 mois. C'était cool parce qu'on a pris notre temps. Steph a réenregistré plein de fois les morceaux jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite. On s'est fait plaisir. On a pris une chorale gospel pour un morceau. On a fait venir plein de potes et on s'est lâchés. L'essence de ce disque, c'est qu'on a eu beaucoup de liberté et beaucoup d'ouverture.