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Move-On Magazine

Le Château de Montrottier, de l’exotisme savoyard pur jus


Dépaysement total à vingt minutes d’Annecy, à Lovagny. Un lieu à visiter.


| Publié le Vendredi 26 Juillet 2019 |

Arnaud Delerce nous fait visiter le château de Montrottier, lieu unique et original qui mêle l’Histoire, la culture, l’exotique au surprenant.

Un véritable voyage autour du monde entre les murs d’un château. Indescriptible !
 
La Tour des Religieuses est accessible en visites guidées uniquement. Son premier intérêt saute aux yeux : un escalier sans moyeu central qui, vu d’en bas, s’offre au regard comme un coquillage. Etonnant de légèreté alors que l’ensemble est à vocation défensive avec des archères, des ouvertures très étroites.

La première vocation du château était d’ordre militaire, à un endroit où le Fier se resserre. C’était un lieu de circulation entre Rumilly, Genève, Annecy… Autrefois ce secteur comptait une demi-douzaine de maisons fortes. Seul Montrottier a survécu, qui était aussi un lieu de justice et de perception de l’impôt.

Comme le territoire connaît une paix relative par rapport au reste du pays pendant la Guerre de Cent Ans, la vocation militaire a tendance à disparaître assez vite au profit d’un lieu de résidence.

Dans cette tour sont conservées les collections qui ont appartenu à la famille Frerejean qui a été propriétaire du château au 19ème siècle et à laquelle a succédé Léon Mares.
Les Frerejean étaient maîtres de forge, d’où leur passion pour les armes.
 
Le foisonnement des objets, ici comme dans les autres salles, permet à chacun, guide, visiteur d’y trouver ses entrées en fonction de sa culture, de ses goûts personnels et d’y faire son chemin à sa manière ; qu’il s’agisse d’adultes, d’enfants, chacun peut y trouver son compte.

Le Château de Montrottier, de l’exotisme savoyard pur jus
Dans cette salle, Arnaud Delerce apprécie particulièrement un « chapeau chinois », instrument de percussion de la Légion Etrangère que l’on voit lors des défilés, ou bien ces revolvers « de dame » qui éveillent l’imagination…
 
Tout est présenté comme il y a un siècle, c’est ce qu’exigent les dispositions testamentaires du dernier propriétaire qui décède en 1916 et lègue le château à l’Académie Florimontane avec l’obligation de l’ouvrir au public.

Ce qui pourrait passer pour un obstacle à une forme d’évolution, puisque la scénographie des musées ne cesse d’évoluer, constitue un témoignage.
Il y a trois ans, une réflexion a été menée sur ce thème et il a été décidé de ne rien modifier. Alors que notre époque est au minimalisme, cette profusion interroge sur l’évolution d’un musée. Nous essayons de ne pas tomber dans le désuet mais d’aller plutôt vers le vintage…

Un peu kitch.
Il reste beaucoup de choses à découvrir et à comprendre, comme cette vitrine qui fait référence à la franc-maçonnerie et ce motif de pélican qui nourrit ses petits.
[Nous voici maintenant au 2ème étage de la Tour des Religieuses, dans une pièce qui renvoie culturellement à la fin du 19°siècle alors que la France et l’Europe s’ouvrent sur le monde.]
On découvre les peuples, les civilisations, et quand, comme les propriétaires du château, on ne voyage pas…

On fait venir le monde à soi.
Avec la volonté de voir représenter ici tous les continents et toutes les cultures.

Montrottier devient le centre du monde.
Incontestablement. Ces collections, ce cabinet de curiosités sont un signe extérieur de prestige ; Léon Marès y tient salon. Beaucoup de pièces exposées en vitrine sont exceptionnelles, comme ces armures de samouraï mais ma préférence va à ce coffre surmonté d’un bouddha. L’an dernier un visiteur japonais est tombé en arrêt devant la statue qui, d’après lui, daterait du 15ème siècle et serait d’origine nippone, ce qui est inhabituel.

Ce bouddha est seul dans son coin. Face à la profusion, il représente la sagesse et la méditation. Les visiteurs vous apprennent parfois des choses sur les pièces exposées : les discussions doivent être passionnantes.
 
Oui, on glane des anecdotes qui enrichiront les visites à venir. Puisqu’il est impossible d’être exhaustif, ce sont les anecdotes qui constituent le fil des visites.

De la même manière, nous avons appris que sur deux kimonos exposés, l’un appartenait au chef et l’autre au subalterne.

Ces objets racontent des histoires.
C’est le « work in progress » de Montrottier ! Je découvre encore quelque chose chaque jour.

Ce jeu d’échecs est magnifique.
Je lui préfère ce personnage qui souffle dans une corne pour vendre ses masques.
[Nous quittons la Tour de Religieuses et ses escaliers en colimaçon pour la terrasse.]
L‘histoire de Montrottier peut se lire à la largeur de ses fenêtres.

Plus c’est ouvert, plus c’est récent ?
Oui. De droite à gauche on voit bien la différence entre la fonction défensive et la fonction résidentielle.

Avec une galerie à l’italienne.
Qui est due à l’une des dernières propriétaires du château au milieu du 19ème siècle, Mathilde de Rochette, une femme assez extravagante qui portait des pantalons, fumait la pipe, conduisait son attelage…

On retrouve dans la juxtaposition des styles architecturaux et des époques ce côté collectionneur.
C’est effectivement le cas de ce donjon qui n’a aucune véritable fonction.

L’architecture, la situation, les collections et les histoires qu’elles suscitent font de Montrottier un endroit réellement unique et très riche…
(La salle des bronzes vaut par sa conception et par les pièces d’une finesse incroyable qu’elle expose au public. Une drôle de grenouille étrangement posée au pied d’une statue attire notre regard.)
Elle fait partie d’un jeu de piste que nous proposons aux enfants ;
nous voulons vraiment faire de Montrottier un lieu de visite familiale et rivaliser avec les Gorges du Fier voisines.
Nous proposons cette salle à la location pour des événements afin d’équilibrer notre budget qui repose essentiellement sur les billets achetés par le public.
 
(Certaines salles demeurent d’ailleurs fermées parce qu’elles nécessitent des soins, de la restauration. L’une d’elles abrite un « relief du Mont Blanc » ayant appartenu à Horace Bénédict de Saussure. Et Arnaud Delerce de montrer alors deux menus correspondant à des rencontres organisées par Léon Marès dans le cadre de « La Falabrego », société des Méridionaux vivant en Savoie et saluée par Frédéric Mistral.)

Non seulement Montrottier recevait des collections du monde entier mais l’esprit pouvait y être à la fête, au partage et à l’ouverture.
Nous essayons d’en rendre l’esprit lors des visites.
 

Arnaud Delerce et le bouddha
Arnaud Delerce et le bouddha


Détail d'un bronze
Détail d'un bronze

La galerie
La galerie


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