"La rose et la hache" Shakespeare revu par Carmelo Bene, mis en scène par Georges Lavaudant
De l’art de prendre un texte, de le presser et de le faire exploser pour en exprimer, pour en faire jaillir tout le sens en un rythme propre, inventé pour cette rencontre entre le texte, la langue, la représentation : un concentré syncopé, stroboscopé en une ronde infernale que met en branle une paranoïa effrénée qui ne cesse que faute de monture :
Et dire que nous en avons eu à profusion dans nos lasagne sans le savoir !
Cette folie furieuse, perverse, qu’incarne Richard III, pénètre tout par l’ambition, par le pouvoir, par le sexe, transformant chacun en un verre où boire selon le caprice :
Ivresse de télescopages permanents traduits par les affrontements entre personnages, par la ronde des langues, français, anglais, italien – car on massacre sur des airs de mandoline - ,par les mouvements syncopés sur musique africaine ou bien l’explosion stroboscopée d’une somptueuse beauté qui constitue l’acmé de la pièce et de la folie. Inversion de la puérilité et de l’âge adulte, des sexes (Georges Lavaudant interprétant Marguerite), opposition ombre/lumière, couleur/noir, normalité/monstruosité.
La mise en scène , le jeu de tous les acteurs, leur diction sont d’une précision extrême.
Dans Nietzsche et la philosophie, Deleuze écrit « La bêtise n’est pas une erreur, ni un tissu d’erreurs. On connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont fait tout entier de vérités. »
Richard III argumente sans répit, sans repos, trouve explication à tout, mais son raisonnement tourne dans un vase clos, celui de sa folie. La précision de la mise en scène, des enchaînements, la somptueuse économie de moyens, la métaphore des verres qui tiennent lieu de décor principal montrent que la mécanique la plus précise peut fonctionner au service de démarches monstrueuses et nous invitent à transposer ce Richard III à d’autres moments de l’Histoire afin de ne pas en être victimes : Hitler ? Démocratures actuelles ?
Couronnes, costumes ne sont que représentation du pouvoir, et le pouvoir n’est-il pas, finalement, que représentation ?
Pour la folie, les autres ne sont que le moyen de se mettre en scène soi-même, les autres transformés en objets….en statistiques, en chiffres désormais ?
La mise en scène de Georges Lavaudant amplifie la portée du texte pourtant riche, le fait exploser et par certains décalages, par l’humour, par l’excès souligne le vice qu’il porte.
A Bonlieu les 20 et 21 novembre 2018
« Un cheval !Mon royaume pour un cheval ! »
Et dire que nous en avons eu à profusion dans nos lasagne sans le savoir !
Cette folie furieuse, perverse, qu’incarne Richard III, pénètre tout par l’ambition, par le pouvoir, par le sexe, transformant chacun en un verre où boire selon le caprice :
« Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse »
Ivresse de télescopages permanents traduits par les affrontements entre personnages, par la ronde des langues, français, anglais, italien – car on massacre sur des airs de mandoline - ,par les mouvements syncopés sur musique africaine ou bien l’explosion stroboscopée d’une somptueuse beauté qui constitue l’acmé de la pièce et de la folie. Inversion de la puérilité et de l’âge adulte, des sexes (Georges Lavaudant interprétant Marguerite), opposition ombre/lumière, couleur/noir, normalité/monstruosité.
La mise en scène , le jeu de tous les acteurs, leur diction sont d’une précision extrême.
Dans Nietzsche et la philosophie, Deleuze écrit « La bêtise n’est pas une erreur, ni un tissu d’erreurs. On connaît des pensées imbéciles, des discours imbéciles qui sont fait tout entier de vérités. »
Richard III argumente sans répit, sans repos, trouve explication à tout, mais son raisonnement tourne dans un vase clos, celui de sa folie. La précision de la mise en scène, des enchaînements, la somptueuse économie de moyens, la métaphore des verres qui tiennent lieu de décor principal montrent que la mécanique la plus précise peut fonctionner au service de démarches monstrueuses et nous invitent à transposer ce Richard III à d’autres moments de l’Histoire afin de ne pas en être victimes : Hitler ? Démocratures actuelles ?
Car comme pour carnaval est roi celui qui occupe la place de roi.
Couronnes, costumes ne sont que représentation du pouvoir, et le pouvoir n’est-il pas, finalement, que représentation ?
Pour la folie, les autres ne sont que le moyen de se mettre en scène soi-même, les autres transformés en objets….en statistiques, en chiffres désormais ?
La mise en scène de Georges Lavaudant amplifie la portée du texte pourtant riche, le fait exploser et par certains décalages, par l’humour, par l’excès souligne le vice qu’il porte.
Un bijou de monstruosité magistralement éclairé.
A Bonlieu les 20 et 21 novembre 2018
Articles similaires...
-
Anne de Bretagne : Une Fresque Théâtrale entre Histoire et Tragédie
-
We are Wolves, une pièce de théâtre féministe
-
Pierre Richard sur scène à Thônes, un spectacle qui revisite son image
-
NEOLITHICA (LE GRAND SECRET) : Un Spectacle Itinérant qui Révèle les Origines du Pouvoir
-
Joseph Paleni continue de cultiver son jardin