Deux citations de Stephen Hawking pour servir d’introduction à une nouvelle conversation avec Stéphane Sauzedde, directeur de l’ESAAA.
Il est d’autres réseaux, comme le Rezo des Fondus, par exemple, ou bien celui qui se développe sur le site des Marquisats.
Stéphane Sauzedde, vous parlez d’école en transition à propos de l’ESAAA.
L’ESAAA est une école en transition parce qu’elle forme de jeunes artistes, designers pour le monde qui vient, ce qui est la base de tout enseignement supérieur.
Le réchauffement climatique va modifier de manière considérable les coordonnées de notre rapport à la nature, au vivant, à la biodiversité, à nos voisin-e-s, aux ressources. Face à ce futur incertain mais déjà écrit pour ce qui concerne l’augmentation des températures et la modification d’une partie de la biodiversité, nos étudiants d’aujourd’hui, professionnels de demain, doivent être équipés.
Être en transition, c’est donner des outils à des étudiant-e-s pour qu’ils puissent demain opérer avec une empreinte carbone minimale, un rapport au vivant conscient, un souci du bien commun…. c’est une transition globale qui porte autant sur l’institution que sur une logique de projection vers un avenir incertain.
« C’est le passé qui nous dit qui nous sommes. Sans lui, nous perdrions notre identité ».Alors que les réseaux sociaux créent des relations d’autant plus superficielles qu’elles sont nombreuses, dans une réactivité hors sol, l’épidémie actuelle, d’une certaine façon, remet en question ce maillage de plus en plus vaste qui nous submerge.
« L’intelligence est la capacité de s’adapter au changement ».
Il est d’autres réseaux, comme le Rezo des Fondus, par exemple, ou bien celui qui se développe sur le site des Marquisats.
Stéphane Sauzedde, vous parlez d’école en transition à propos de l’ESAAA.
L’ESAAA est une école en transition parce qu’elle forme de jeunes artistes, designers pour le monde qui vient, ce qui est la base de tout enseignement supérieur.
Le réchauffement climatique va modifier de manière considérable les coordonnées de notre rapport à la nature, au vivant, à la biodiversité, à nos voisin-e-s, aux ressources. Face à ce futur incertain mais déjà écrit pour ce qui concerne l’augmentation des températures et la modification d’une partie de la biodiversité, nos étudiants d’aujourd’hui, professionnels de demain, doivent être équipés.
Être en transition, c’est donner des outils à des étudiant-e-s pour qu’ils puissent demain opérer avec une empreinte carbone minimale, un rapport au vivant conscient, un souci du bien commun…. c’est une transition globale qui porte autant sur l’institution que sur une logique de projection vers un avenir incertain.
Puisque nous parlons de transition, nous pourrions évoquer le projet qui se dessine aux Marquisats.
Si nous sommes dans un moment de transformation sociétale, cette transition ne se fait pas avec deux ou trois personnes qui expliquent ensuite au reste du monde quelle est la vérité ; ça se fait plutôt dans des logiques collectives, pas à pas, par petits gestes, dans une logique de tiers lieu en ce qui concerne le site des Marquisats.
Un tiers lieu permet à des personnes de se retrouver en dehors du lieu de leur travail ainsi qu’en dehors de leur lieu de vie personnel, un lieu tiers où peuvent être débattues, fabriquées, mises en scène des choses qui importent pour tous les amateurs que nous sommes, de musique, de nourriture, de relations sociales. Un tiers lieu est un mélange de l’agora des Grecs, du forum des Latins et des MJC d’il n’y a pas si longtemps.
Le tiers lieu comporte cette dimension d’utopie qui accompagne la rencontre. Nous orientons les Marquisats vers un tiers lieu culturel dans le prolongement de l’histoire culturelle locale : Annecy a accueilli toutes sortes de mouvements de jeunesse populaire, Peuple et Culture, des mouvements confessionnaux, le scoutisme qui voulaient reconstruire après guerre une société pacifiste, humaniste, de fraternité qui dépasserait les logiques nationalistes qui avaient conduit au chaos de la guerre. C’est d’ailleurs pour cette raison que la MJC des Marquisats a été d’emblée internationale.
Ce moment de l’après-guerre est très important, il a marqué ce territoire. Beaucoup de personnes ont grandi avec cette MJC et ce moment de création de sensibilité et d’intelligence : il est important d’accuser aujourd’hui réception de cette histoire, de la première MJC qui prévalut au plan conceptuel et de celle qui lui succéda de 1965 à 1993. Elle fut le centre de la jeunesse où se côtoyaient du cinéma, de la musique, des arts plastiques, des réunions syndicales, politiques. Nous sommes héritiers des grandes idées de cette époque auxquelles je tiens beaucoup, de ce qu’a mis en place le Conseil National de la Résistance, de cet esprit mais aussi de cette pratique multiple où les disciplines, les générations se croisent comme elles l’ont fait à la MJC des Marquisats pendant une trentaine d’années.
Si nous sommes dans un moment de transformation sociétale, cette transition ne se fait pas avec deux ou trois personnes qui expliquent ensuite au reste du monde quelle est la vérité ; ça se fait plutôt dans des logiques collectives, pas à pas, par petits gestes, dans une logique de tiers lieu en ce qui concerne le site des Marquisats.
Un tiers lieu permet à des personnes de se retrouver en dehors du lieu de leur travail ainsi qu’en dehors de leur lieu de vie personnel, un lieu tiers où peuvent être débattues, fabriquées, mises en scène des choses qui importent pour tous les amateurs que nous sommes, de musique, de nourriture, de relations sociales. Un tiers lieu est un mélange de l’agora des Grecs, du forum des Latins et des MJC d’il n’y a pas si longtemps.
Le tiers lieu comporte cette dimension d’utopie qui accompagne la rencontre. Nous orientons les Marquisats vers un tiers lieu culturel dans le prolongement de l’histoire culturelle locale : Annecy a accueilli toutes sortes de mouvements de jeunesse populaire, Peuple et Culture, des mouvements confessionnaux, le scoutisme qui voulaient reconstruire après guerre une société pacifiste, humaniste, de fraternité qui dépasserait les logiques nationalistes qui avaient conduit au chaos de la guerre. C’est d’ailleurs pour cette raison que la MJC des Marquisats a été d’emblée internationale.
Ce moment de l’après-guerre est très important, il a marqué ce territoire. Beaucoup de personnes ont grandi avec cette MJC et ce moment de création de sensibilité et d’intelligence : il est important d’accuser aujourd’hui réception de cette histoire, de la première MJC qui prévalut au plan conceptuel et de celle qui lui succéda de 1965 à 1993. Elle fut le centre de la jeunesse où se côtoyaient du cinéma, de la musique, des arts plastiques, des réunions syndicales, politiques. Nous sommes héritiers des grandes idées de cette époque auxquelles je tiens beaucoup, de ce qu’a mis en place le Conseil National de la Résistance, de cet esprit mais aussi de cette pratique multiple où les disciplines, les générations se croisent comme elles l’ont fait à la MJC des Marquisats pendant une trentaine d’années.
Le site des Marquisats est désormais appelé à devenir une transition, un lien entre la ville d’Annecy et la nature.
Le tiers lieu des Marquisats est constitué de bâtiments qui permettent la rencontre de la musique portée par le Brise Glace, la jeunesse portée par la résidence étudiante et jeunes travailleurs, le sport porté par la base nautique et par le tennis, le design porté par l’ESAAA mais c’est aussi un rapport singulier, investi, important avec tout l’environnement naturel.
Beaucoup ont oublié qu’il y avait aux Marquisats un parc délimité dont des grilles et un panneau rappellent l’existence de la première habitation privée du site, le clos Loeffer. Le parc a disparu du regard, de la mémoire des Annéciens ainsi que du service environnement et biodiversité de la ville d’Annecy.
Nous travaillons avec la ville pour rendre accessibles à partir du tiers lieu la forêt, des espaces de prairies, de clairières ; tous les partenaires sont actuellement en train de préparer la circulation dans ces espaces qui ouvriront à la culture, à de petits concerts, des lectures ou récitations de poésies, des performances, du théâtre dans ces lieux forestiers. Le jardin et les vignes plantées à l’ESAAA sont pour nos designers un espace d’expérimentation en lien avec le végétal qui se verra prolongé par un jardin partagé dont le principe sera décliné en d’autres endroits de la ville d’Annecy. Un parc, en somme, où on pourra voir, faire des choses, des moments de rencontre comme une fête du printemps, la récolte qui renvoient à une vie villageoise mais peuvent cohabiter avec notre mode de vie urbain et permettront de faire venir des personnes qui ne seraient pas venues naturellement discuter de design ou de problèmes numériques dans notre fablab, ni écouter un concert au Brise Glace. Nous voulons susciter un brassage des populations.
Pour celles et ceux qui souhaitent suivre nos actions ainsi que l’avancement des idées que j’évoque, notre tiers lieu est visible sur notre site web esaaa.fr
Il est aussi question de récupérer les matériaux utilisés par les étudiants afin qu'ils alimentent une ressourcerie organisée avec Bazar sans Frontières, d'un lieu de restauration ouvert à tous dans le cadre d'Annecy Tennis...les idées ne manquent pas.
À suivre...
Le tiers lieu des Marquisats est constitué de bâtiments qui permettent la rencontre de la musique portée par le Brise Glace, la jeunesse portée par la résidence étudiante et jeunes travailleurs, le sport porté par la base nautique et par le tennis, le design porté par l’ESAAA mais c’est aussi un rapport singulier, investi, important avec tout l’environnement naturel.
Beaucoup ont oublié qu’il y avait aux Marquisats un parc délimité dont des grilles et un panneau rappellent l’existence de la première habitation privée du site, le clos Loeffer. Le parc a disparu du regard, de la mémoire des Annéciens ainsi que du service environnement et biodiversité de la ville d’Annecy.
Nous travaillons avec la ville pour rendre accessibles à partir du tiers lieu la forêt, des espaces de prairies, de clairières ; tous les partenaires sont actuellement en train de préparer la circulation dans ces espaces qui ouvriront à la culture, à de petits concerts, des lectures ou récitations de poésies, des performances, du théâtre dans ces lieux forestiers. Le jardin et les vignes plantées à l’ESAAA sont pour nos designers un espace d’expérimentation en lien avec le végétal qui se verra prolongé par un jardin partagé dont le principe sera décliné en d’autres endroits de la ville d’Annecy. Un parc, en somme, où on pourra voir, faire des choses, des moments de rencontre comme une fête du printemps, la récolte qui renvoient à une vie villageoise mais peuvent cohabiter avec notre mode de vie urbain et permettront de faire venir des personnes qui ne seraient pas venues naturellement discuter de design ou de problèmes numériques dans notre fablab, ni écouter un concert au Brise Glace. Nous voulons susciter un brassage des populations.
Pour celles et ceux qui souhaitent suivre nos actions ainsi que l’avancement des idées que j’évoque, notre tiers lieu est visible sur notre site web esaaa.fr
Il est aussi question de récupérer les matériaux utilisés par les étudiants afin qu'ils alimentent une ressourcerie organisée avec Bazar sans Frontières, d'un lieu de restauration ouvert à tous dans le cadre d'Annecy Tennis...les idées ne manquent pas.
À suivre...
Stéphane Sauzedde évoque l’après-guerre et le foisonnement culturel qui s’épanouit à Annecy. Voici quelques courts extraits de la conférence que donna à ce sujet Michel Vinaver le 12 mai 2015 au Château d’Annecy.
Quand, un samedi ou un dimanche matin de l’été 1954, pour la première fois j’ai passé la porte du Château où nous sommes, je ne savais pas la vision qui m’attendait…
Je ressentais une émotion. Je me doutais ce matin-là confusément que j’étais au cœur d’une aventure collective que traversaient ces quelque cent personnes de tous âges et provenances, de tous métiers, de toutes conditions, aventure dont la traversée allait chez certains laisser des traces durables dans leur caractère, dans leur vie. Une expérience initiatique. Je subodorais que l’aventure serait aussi celle d’une ville entière….
Michel Vinaver d’évoquer Peuple et Culture, le GAT (Groupe d’Action Théâtrale, Paul Thisse,Gabriel Monnet…
On a perdu aujourd’hui jusqu’au souvenir qu’a existé l’institution, remarquable, des instructeurs nationaux, créée en 1945 pour favoriser l’exercice des diverses pratiques artistiques par les non-professionnels, par tout-un-chacun. Et notamment le théâtre…D’autres disciplines artistiques avaient leurs instructeurs nationaux et proposaient des stages destinés aux amateurs : cinéma, photo, radiophonie…
Quand, un samedi ou un dimanche matin de l’été 1954, pour la première fois j’ai passé la porte du Château où nous sommes, je ne savais pas la vision qui m’attendait…
Je ressentais une émotion. Je me doutais ce matin-là confusément que j’étais au cœur d’une aventure collective que traversaient ces quelque cent personnes de tous âges et provenances, de tous métiers, de toutes conditions, aventure dont la traversée allait chez certains laisser des traces durables dans leur caractère, dans leur vie. Une expérience initiatique. Je subodorais que l’aventure serait aussi celle d’une ville entière….
Michel Vinaver d’évoquer Peuple et Culture, le GAT (Groupe d’Action Théâtrale, Paul Thisse,Gabriel Monnet…
On a perdu aujourd’hui jusqu’au souvenir qu’a existé l’institution, remarquable, des instructeurs nationaux, créée en 1945 pour favoriser l’exercice des diverses pratiques artistiques par les non-professionnels, par tout-un-chacun. Et notamment le théâtre…D’autres disciplines artistiques avaient leurs instructeurs nationaux et proposaient des stages destinés aux amateurs : cinéma, photo, radiophonie…
Michel Vinaver cite le manifeste du PEC rédigé par Thisse et Bernard Bing, reprenant Marx « Une transformation profonde des hommes est nécessaire, qui ne peut se traduire que par un mouvement pratique et non par une révolution »
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« Culture », « peuple »... le PEC a inauguré… une période dans la France d’après la Seconde guerre mondiale, d’une si intense et si durable efflorescence de la culture toutes barrières sociales mises entre parenthèses, champs comprenant, aux côtés du théâtre, le cinéma, avec le ciné club le plus important de la France métropolitaine, fondé et dirigé par Henri Moret, et la création du Festival international du cinéma d’animation, par l’équipe Moret-Gondran ; la musique, avec AJA, l’étincelant Annecy Jazz Action ; et le Musée, avec le très innovant conservateur, Jean-Pierre Laurent, organisant de décoiffantes expositions ici-même. La photographie n’est pas en reste avec Odesser, avec Littoz-Barritel. Il n’est pas jusque dans la publicité, dans le design, qu’un vent d’expérimentation et de liberté souffle dans Annecy, avec les créations de Léo Gaget, d’André Paccard…
Que serait-il bon, à mon sens, de retenir de cette histoire ?
La capacité à galvaniser une collectivité de gens, un corps social, grand ou petit, une équipe, une ville…
Les mots qui me viennent à l’esprit renvoient aux arts de la métallurgie. Galvaniser mais aussi souder. Pour un temps ou durablement.
Mais il y faut un terreau. Un contexte. En 1945 c’était la Résistance, encore toute chaude. Aujourd’hui, est-il utopique de penser qu’une autre forme de résistance est en train de prendre… ?
Que serait-il bon, à mon sens, de retenir de cette histoire ?
La capacité à galvaniser une collectivité de gens, un corps social, grand ou petit, une équipe, une ville…
Les mots qui me viennent à l’esprit renvoient aux arts de la métallurgie. Galvaniser mais aussi souder. Pour un temps ou durablement.
Mais il y faut un terreau. Un contexte. En 1945 c’était la Résistance, encore toute chaude. Aujourd’hui, est-il utopique de penser qu’une autre forme de résistance est en train de prendre… ?