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Move-On Magazine

MeeO, Mon Ecole Extra-Ordinaire


MeeO accueille des enfants atypiques dans une école atypique au centre d’Annecy-le-Vieux


| Publié le Dimanche 9 Février 2020 |

Eugénie et Félicie entre Isabelle Pochat Cotilloux et Stéphanre Thébaut ©J-Marc Favre
Eugénie et Félicie entre Isabelle Pochat Cotilloux et Stéphanre Thébaut ©J-Marc Favre
Quand les autistes et autres « profils particuliers » laissés trop souvent dans l’ombre émergent en pleine lumière, cela fait du bien à tout le monde.
 
Rencontre avec Félicie Petit pour parler de cette création originale qui répond de son mieux à l’originalité de chacun des enfants qu’elle accompagne dans son ouverture à soi et au monde.
Nous avons essayé de garder dans la transcription de notre conversation la spontanéité et l’énergie d’une directrice hors normes, ce qui explique l’emploi d’un « Je » très présent dans cet échange, mais essentiellement au service des autres, avec la volonté de montrer que l’exemple de MeeO peut et doit être partagé.
MeeO est née d’une exclamation de Brune lorsqu’elle a eu connaissance du projet de sa maman, aussitôt devenu « Mon Ecole Extra - Ordinaire… »
En mars 2020 Glisse en Cœur et le Grand Bornand seront aux côtés de MeeO pour la 13e édition de l’événement caritatif N° 1 de la montagne française !
Paradoxalement, ce qui fait de MeeO une école véritablement extraordinaire repose sur une approche tout ce qu’il y a de plus ordinaire et naturelle : le rythme, le degré d’attention possible de chacun y sont respectés, tout est adapté aux jeunes élèves.
Les deux bâtisses qui accueillent MeeO au cœur d’Annecy-le-Vieux foisonnent de recoins où s’isoler, se concentrer. On n’y entend pas de sonnerie qui imposerait le même tempo à tous mais l’heure qui sonne au clocher voisin.
Une école « inclusive » ? Il semble bien !
Au cœur de la vie.
 
Félicie, nous avions fixé le jour de cette rencontre, en décembre 2019, pour parler de MeeO  depuis quelque temps déjà et nous avons été rattrapés par l’actualité. Vous avez vu hier le film « Hors Normes ».
Qui m’a transportée. « Hors Normes » se vit chez nous sous la forme de « Extra - ordinaire ». Nous vivons aussi le combat de la marginalisation des personnes avec handicap. Le film montre le cas de jeunes adultes. Tout son intérêt et son humanité résident dans le fait qu’il présente les faits et les personnes in situ. Les spectateurs sont transportés par ces personnes, comme sont transportés les intervenants extérieurs quand ils découvrent les enfants de notre école .Ici, pour éviter les situations qu’expose le film, nous les prenons un peu en amont. On sait que, dans les prises en charge de l’autisme et du neuro développement, plus les troubles sont accompagnés de manière efficace dès le plus jeune âge, plus l’enfant a des chances d’être autonome et d’avoir une vie adaptée ; je n’aime pas dire « Une vie ordinaire ou normale ».
   A MeeO l’idée n’est d’ailleurs pas d’être dans la norme, de « normaliser » l’enfant. Il s’agit de lui faire prendre conscience de qui il est, avec toute sa richesse, avec ses difficultés et d’utiliser ses richesses pour pallier ses difficultés de manière qu’il soit adapté au monde qui l’entoure quand il le faut en s’autorisant à être lui le plus souvent possible. Nous devons lui permettre de trouver son équilibre.

Le gouvernement actuel semble vouloir agir dans votre sens.
Doucement mais sûrement ! On a pris tout de même trente ans de retard par rapport à nos amis québécois ou belges.

Pourquoi ce retard ?
C’est assez simple, la France a fait la place belle aux psychanalystes et à la vision psychanalytique de l’autisme.

On a même culpabilisé les parents.
La France est encore très engluée dans ces idées-là alors que l’on sait qu’il s’agit de troubles du neuro développement ; c’est un fonctionnement du cerveau différent, en aucun cas une maladie et encore moins une maladie psychiatrique. C’est une autre manière de voir les choses. D’autres pays ont été conscients de ceci bien avant nous, ils ont mis en place des prises en charge et des méthodes efficaces. Au Québec, par exemple, de jeunes adultes s’en sortent très bien aujourd’hui.

En créant MeeO, vous avez pris les devants. Comment cette école est-elle née ?
De nouveau un parallèle entre « Hors Normes » et MeeO s’impose. On y découvre des individus profondément touchants, qui ne savent pas tricher, sans filtres, ce qui nous plonge en permanence dans des émotions démesurées, up and down. On donne énormément à ces personnes parce qu’il est impossible de tricher avec elles, mais elles vous le rendent au centuple. C’est pour cette raison que les équipes tiennent le choc malgré un quotidien lourd et difficile.
La création de Meeo…
La nécessité d’agir ! Parce que pour ma fille Brune l’école a très vite été un obstacle insurmontable. Elle n’a pas de troubles de comportement mais de nombreux troubles d’apprentissage.

Ce sont parfois les apprentissages qui ont un trouble et ne sont pas adaptés.
Je m’en suis rendue compte par la suite. Comme beaucoup de mamans, j’ai arrêté de travailler pour m’occuper de Brune et de ses trois frères et sœurs, surtout d’elle. En CP, elle avait 9 heures de classe, ce qui n’est pas suffisant pour pouvoir s’intégrer et apprendre, même lorsque l’on n’a pas de difficultés. L’après-midi, j’étais une maman « couteau suisse ». Inoxydable comme doivent l’être toutes les mamans d’enfants autistes.
Notre vie était rythmée de rendez-vous parce que ces enfants ont des besoins extrêmement larges pour évoluer de manière optimale et homogène : psychomotricité, psychologue, ergothérapie, orthophoniste. Il leur faut aussi apprendre à communiquer.
Mais il faut aussi arriver à se faire entendre. J’avais ma conviction que Brune était autiste… mais on n’écoute jamais les mamans. Et quand le diagnostic d’autisme a enfin été posé, on m’a dit que mon enfant ne guérirait jamais.

La philosophie de Meeo  ©Paul Rassat
La philosophie de Meeo ©Paul Rassat
Il n’y a jamais eu d’approche positive ?
Jamais ! Elle ne pourra pas faire de vélo, elle ne pourra pas nager. Ne pas, ne plus, ne jamais. Pour s’en sortir, on a sacrément intérêt à être positif soi-même et à croire en son enfant.

A travers ces difficultés, vous avez appris énormément de choses. Comment définiriez-vous l’autisme ?
Le degré de sévérité et l’évolution des troubles d’un individu à l’autre font qu’il est difficile de réduire l’autisme à une seule définition pertinente pour tous. On parle plutôt du Spectre de l’Autisme qui recouvre un large éventail de troubles. Leur persistance conduit à un diagnostic d’autisme.
Ces troubles limitent la qualité de la communication et les interactions sociales observées dans des contextes variés, ils restreignent aussi les comportements et les centres d’intérêt à un mode répétitif.
 
Comme l’autisme est très complexe, ceci rend les choses peu faciles d’abord. L’accompagnement ne s’invente pas, il faut forcément s’y former. Les parents sont de plus en plus experts puisqu’ils ne trouvent pas de professionnels pour les accompagner. Chaque accompagnement doit être individualisé et évoluer sans cesse.

C’est ce que ne fait pas l’enseignement traditionnel.
Qui n’a aucune connaissance de l’autisme. Il y en a déjà très peu dans le domaine des soins de premier niveau, chez les médecins de quartier, les pédiatres. L’autisme n’est pratiquement pas abordé lors des études de médecine qui durent pourtant dix ans.

Et le mot « autiste »  est utilisé comme une insulte.
Ce que j’ai découvert aussi. En tout cas le diagnostic d’autisme met les médecins très mal à l’aise parce qu’il n’y a pas de moyens pour le traiter. Ils ne savent pas vers qui envoyer les familles.

A condition d’être averti, on peut repérer des signes d’autisme et il vaut mieux que le diagnostic intervienne le plus tôt possible.
Le médecin scolaire, l’infirmière scolaire, le personnel de petite enfance peuvent être alertés. Je fais actuellement un gros lobbying pour pouvoir intervenir auprès des crèches. Les Suisses ont ouvert à Genève un centre dans lequel le dépistage intervient avant l’âge d’un an.
On parle ici de dépistage qui pourra permettre de mettre en place un suivi adapté, pas de diagnostic.

Votre école est appelée à avoir des liens avec d’autres structures.
Bien sûr ! Avec l’idée qu’on se cantonne aujourd’hui au primaire et au collège parce que l’urgence explose à ces niveaux. Les enfants avec autisme ne seraient scolarisés qu’à hauteur de 20%. 80% sont donc, au mieux, chez eux, au pire dans des institutions telles que l’hôpital de jour. C’est ce dont parle le film « Hors Normes » et c’est ce qui m’a touchée au plus profond de moi parce que je l’ai vécu avec mon enfant ; c’est ce qu’Eugénie, la Présidente de MeeO a vécu aussi avec son enfant.

On évoque plutôt le rôle des mamans.
Il y a heureusement quelques papas mais ils sont trop rares. Les enfants avec autisme dorment peu, par séquences d’une demi-heure, ils hurlent beaucoup, ils détestent prendre leur bain, ils ont horreur d’être changés, douchés. Le lien avec la maman ne se fait pas, ce qui est très déroutant. C’est encore plus difficile avec le papa.

Au lieu de continuer à subir, vous avez pris l’initiative pour transformer les choses de manière positive.
Pour plusieurs raisons. D’abord mon éducation. J’ai eu des parents formidables, une maman éducatrice Montessori, ce qui était avant-gardiste. Elle nous a élevées au sens presque philosophique du terme. Un enfant est un individu ! Nous avons été élevées, ma sœur et moi, avec beaucoup de respect et d’amour et cette idée « Deviens qui tu es ; nos enfants ne nous appartiennent pas. »

A l'Impérial, pour le lancement de Glisse en Coeur 2020. Photo © J-Marc Favre
A l'Impérial, pour le lancement de Glisse en Coeur 2020. Photo © J-Marc Favre
C’est la philosophie qui anime votre école et qui est affichée partout.
Chacun y met tout son cœur. Les neuro sciences nous confirment aujourd’hui qu’il est primordial d’apporter de l’amour à un enfant. Un enseignant peut intervenir avec passion, faire passer ce qu’il dit de son cerveau à son cœur avant de l’offrir prémâché à l’enfant. L’apprentissage doit réunir les nourritures spirituelle et intellectuelle, sinon il est inefficace.
Il faut aussi aimer ces jeunes pour ce qu’ils sont, comme ils sont, les accueillir au jour le jour là où ils en sont.

Au lieu de demander à un individu de s’adapter à un système, vous mettez en place un « bricolage permanent » qui s’adapte à l’individu. Hors système. C’est une conversation qui se construit à chaque instant.
Un jour après l’autre, une heure après l’autre pour certains enfants. Le projet MeeO est de l’individuel dans le groupe, l’accueil de l’enfant là où il en est, émotionnellement aussi.

Votre objectif est que ces enfants regagnent ensuite les structures plus classiques ?
L’objectif final est qu’ils trouvent leur place, malgré tout, dans un système. Il ne faut pas les marginaliser mais les aider à comprendre qui ils sont, à s’aimer tels qu’ils sont pour mieux s’ouvrir au monde et aimer les autres. Leur place peut être une école ordinaire, une formation.

Vous créez donc des passerelles avec les structures de l’Education Nationale pour être une école crédible.
Notre section primaire s’adosse au Cessad, le  Service d'éducation spéciale et de soins à domicile [ Petit clin d’œil amusé de notre part à la foultitude d’acronymes qui envahit le monde de l’éducation, spécialisée ou non, le monde des soins, et qui donne une scène de jeu amusante dans le film « Hors Normes »], ce qui nous apporte une reconnaissance et une pérennisation.

Le fait que les locaux de MeeO vous sont prêtés par la mairie d’Annecy-le-Vieux constitue déjà une forme de reconnaissance.
Bien sûr, cette mise à disposition des locaux est une forme de reconnaissance, et puis j’ai aussi, dans un premier temps de MeeO, répondu à un appel à projet de l’Agence Régionale de Santé lié à l’autisme et à la prise en charge pluridisciplinaire de l’enfant avec autisme. L’ARS a subventionné en partie MeeO comme projet innovant et structure expérimentale.
Cette reconnaissance a répondu à une attente puisque, sans aucune communication sur le projet, nous étions déjà 19 familles la première année. Trois ans plus tard, nous sommes 50, et 50 autres sur liste d’attente.
Si je souhaite communiquer aujourd’hui, c’est pour dire que c’est possible, que ça fonctionne, lancez-vous ! Il faut des forces vives dans d’autres régions, il faut que les ARS, qui sont régionales, soutiennent la création de projets partout.
Pour revenir à la création de MeeO, tout est parti de Brune qui a aujourd’hui presque12 ans. Nous nous sommes retrouvées sans solution après son CP. J’ai donc mis fin à mon travail professionnel pour pouvoir enseigner à la maison et lui permettre d’avancer à son rythme en s’appuyant sur ses capacités qui sont importantes. Elle est une artiste incroyable, elle chante extrêmement bien, elle est musicienne, sa vie tourne autour des couleurs, de la peinture. Mais il lui fallait d’abord des bases, lire, écrire, compter. Elle est très vite entrée dans la lecture dès lors qu’elle a eu des outils adaptés, qu’on a pu aller à son rythme, qu’elle n’avait plus les stimulations d’une classe trop remplie.

On parle d’autisme mais ce que vous énoncez est valable finalement pour tous les individus.
C’est ce qui a été fondamental pour le projet. Nous avons fait l’école à la maison de septembre à janvier, jusqu’au jour où elle a été en larmes parce que ses frères et sœurs partaient à l’école, le cartable sur le dos. Elle m’a dit « Maman, c’est tellement injuste ! J’aimerais redevenir une vraie petite fille. » Ça m’a fait l’effet d’un pétard sous le derrière. Et c’est donc le lendemain matin que je me suis levée avec la décision d’agir.
J’ai d’abord prospecté à droite et à gauche, en Belgique et au Québec pour voir comment ça se passe. J’ai même pensé « Partons là-bas avec nos 4 loulous… »

Mais la raclette vous aurait manqué.
Oui. Plus sérieusement, le Français est râleur, je me suis dit qu’il fallait arrêter de râler, me retrousser les manches et foncer.

Il est impossible de mener seule un tel projet.
Il ne faut pas être seule mais j’avance rapidement et il m’est difficile de travailler à plusieurs pendant le temps de maturation. J’ai lu, j’ai mangé mon congé maternité en bouquins, j’ai rencontré le plus de gens possible, je me suis rendue à des conférences.    
Le plus intéressant est d’ouvrir des portes très différentes de manière à se faire sa propre opinion. Je ne voulais pas m’inspirer de structures qui ne sont que dans un seul chemin, une seul approche ou technique. 
Le Québec s’est ouvert depuis quelques années à la pluridisciplinarité et s’est créé des boîtes à outils avec des éléments venus de partout. C’est ce comportement qui m’a plu. L’idée de MeeO est de s’informer constamment.

Plus tard, vous deviendrez une vieille conférencière !
Je ne crois pas, j’ai besoin d’être dans l’action, de voir les enfants, je suis dans le lien. Je n’ai pas de science et rien à apprendre aux autres. Je ne me retrouve pas dans les systèmes pyramidaux avec un chef, un sous chef et un larbin, je ne peux pas. Je suis pour les entreprises nouvelles. Je ne parle pas de mon personnel mais d’une équipe ; chacun peut y passer de poste en poste en fonction de son potentiel. Le monde de l’entreprise doit absolument devenir humain.
L’avenir et le progrès sont d’abord humains et ne dépendent pas des technologies.
Les jeunes n’ont plus envie de vivre l’entreprise de la même manière que les générations précédentes. Après avoir fait des études, on largue son boulot pour devenir boucher, boulanger…

Voire Président de la République…
Cette dimension de curiosité, d’ouverture m’a permis de créer des boîtes à outils et de mieux définir mon projet en éliminant ce que je ne voulais pas retenir de ce que je voyais. Quand j’ai estimé que mon projet était bien ficelé, je l’ai présenté aux politiques locaux, notamment Monsieur Accoyer et aussi au Département, à la Région.

Il vous a fallu combien de temps pour ficeler votre dossier ?
C’est le projet de toute une vie mais il m’a fallu six mois de réflexion intensive pour le concevoir, suivis d’un an pour l’installation concrète, la mise aux normes… J’ai exercé plusieurs métiers dans ma vie professionnelle. Tous m’ont servi pour mener à bien ce projet.

En fait, vous n’avez aucun mérite ! (rires). C’est la nécessité qui vous a poussée.
Je le ressens comme ça. J’ai trouvé un sens à ma vie, j’ai trouvé ma juste place, tout roule. C’est ce qui me permet de me donner à fond sans ressentir de fatigue, sans bravos.

Vous illustrez ce que vous mettez en place pour les enfants que MeeO accueille : il n’y a pas de méthode préétablie mais un parcours.
Effectivement. Avec mon projet, j’ai rencontré des associations locales qui s’occupent de toutes sortes de troubles « dys », liés à un haut potentiel, à l’hyperactivité…Tout se rejoint ! Et contrairement aux idées reçues, il est bénéfique de faire vivre ensemble des enfants à profils différents. C’est un peu ce qu’on retrouve dans le film « Hors Normes. »

Alors que la plupart des démarches reposent sur le cloisonnement, la séparation.
Parce que c’est rassurant alors que la vie n’est belle que quand on sort de son petit cercle de sécurité qui est surtout rabougri.
Revenons au départ. L’école ouvre, l’association démarre avec des gens très proches, des membres de la famille. Il a fallu ensuite élargir ce cercle, c’est ce qu’a permis la rencontre d’Eugénie Juin qui est l’actuelle présidente. Avec son enfant, elle a eu un parcours symptomatique de la France. Un diagnostic de maladie psychiatrique au départ, hospitalisation, pas de scolarisation, des crises, de la violence, des sédatifs.

Plus on entre dans ces pratiques, plus les troubles augmentent.
C’est ce que montre bien le film. On voit qu’il y a un mieux-être en ouvrant les portes des hôpitaux et en faisant sortir les enfants. Eugénie a décidé de signer toutes les décharges pour faire sortir son fils de l’hôpital, de l’inscrire à l’école alors qu’à 12 ans  il n’avait jamais été scolarisé. Il a maintenant 20 ans, prépare un bac pro et ça se passe très bien.
Quand je lui ai parlé du projet, elle s’est immédiatement engagée à mes côtés.
Toutes les familles qui nous confient leur enfant sont passées par là, et ne veulent plus le vivre.
Le système français ne nous laisse plus la possibilité de réfléchir par nous même. Il vous dit où doit aller votre enfant, on vous offre le taxi, on vient chercher votre enfant comme un sac à patates le matin, le soir on vous le livre : c’est révoltant.

Félicie Petit. Photo © J-Marc Favre
Félicie Petit. Photo © J-Marc Favre
Vous n’êtes jamais passée pour une personne fantasque, bizarre ?
MeeO est très cadrée. Il y a énormément de margoulins dans le domaine de l’autisme parce qu’on manque de bons professionnels. Les parents font comme ils peuvent, s’adressent à un hypnotiseur, à quelqu’un qui leur promet la guérison de leur enfant à raison de 150 euros la séance.
MeeO met en place des techniques éducatives sérieuses et n’est pas un projet en marge de l’Education Nationale, avec laquelle je souhaite marcher main dans la main. Il y faut encore un peu de temps pour des raisons de terminologie d’abord, pour la raison plus grave que les enfants qui sortent des structures de L’Education Nationale ne sont plus comptabilisés. Ils n’existent pas. Ainsi le problème est évacué. Chaque structure, ARS ou autre, ne regarde la question qu’à travers sa propre grille sans échanger aucune donnée avec d’autres structures. L’ARS récupère les cas critiques qui relèvent du domaine de la santé et avec lesquels on ne sait plus quoi faire, la MDPH récupère les parents en pleurs. Ces structures ont un regard plus proche de la réalité que celui de l’Education Nationale qui, pour l’instant, nous ferme ses portes en avançant qu’il n’y a pas de besoin et que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
 

Tout système tend d’abord à se perpétuer avant de se soucier de son efficacité.
L’idée du système n’est pas de trouver l’endroit approprié à l’enfant, qui va lui permettre d’évoluer, mais de proposer quelque chose aux parents pour montrer qu’il y a toujours une solution. 
La véritable solution est toujours de partir de l’enfant, du souhait des familles et d’une véritable discussion avec toutes les parties concernées.
Franchement, je n’ai rien inventé, MeeO est simplement du bon sens.

C’est sans doute ce qui a convaincu M. Accoyer. Il était mon médecin ORL quand j’étais petite fille. Je l’ai rencontré pour lui dire que je ne trouvais pas de solution pour Brune alors qu’il était à l’Assemblée Nationale. Je voulais que les politiques connaissent la situation et la souffrance des enfants et des familles concernés par l’autisme. Il m’a vite contactée pour me présenter d’autres mamans, dans son bureau. Il a été le fédérateur, très à l’écoute, humain. Nous n’étions plus dans le domaine politique, il s’agissait de briser cette solitude dont souffraient toutes les mamans réunies.
Je me suis vite rendue compte que ces femmes, pour la plupart, étaient seules, démunies.

C’est ce qui vous a poussée à trouver des solutions. M. Accoyer n’avait pas une arrière-pensée en vous mettant en relations avec d’autres mamans ?
Peut-être, parce que la mienne avait été très active dans le domaine de la petite enfance et M. Accoyer l’avait contactée pour qu’elle accueille quelques enfants à profil particulier dans une structure sous forme de halte garderie.
J’ai la chance de savoir m’exprimer, d’avoir une famille géniale qui m’épaule…
Quand mon projet a été abouti, je l’ai déposé sur le bureau de M. Accoyer. Il m’a rappelée deux jours plus tard pour me donner son accord et me proposer un coup de main. Je lui ai alors demandé des locaux, dans lesquels nous discutons aujourd’hui et qui accueillent MeeO.
[La conversation continue un bon moment. Il y est question du regard des autres, de stratégie mentale et de bien d’autres sujets qui nécessiteront sans doute une autre conversation un de ces jours pour voir comment se porte MeeO]

 

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